Ukraine/Donbass : augmentation de l’intensité des affrontements sur la ligne de contact | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Ukraine/Donbass : augmentation de l’intensité des affrontements sur la ligne de contact

 

Le front du Donbass se réchauffe très sérieusement, à tel point que des unités républicaines, jusqu’alors placées en retrait, seraient sur le point de remonter en ligne (certaines, comme la brigade « Vostok » le sont déjà). Une hausse inquiétante de l’intensité des combats qui intervient justement au moment où l’OTAN déploie ses troupes terrestres dans l’ouest de l’Ukraine, en Galicie. Les observateurs de l’OSCE auront beau compiler point par point les preuves des innombrables violations des accords de Minsk (voir ici) par la junte, cela ne changera strictement rien aux événements qui vont très prochainement suivre. Les combats à grande échelle reprendront bientôt, très bientôt.

 

Le commandement de l’OTAN entend mettre en place une tête de pont opérationnelle en Ukraine, sous couvert de la formation des unités de l’armée et de la garde nationale du régime. Les mouvements de troupes canadiennes, américaines et britanniques de ces dernières semaines, en provenance du territoire polonais et sur les aéroports de Lviv, de Kiev et de Kharkov, semblent confirmer ces informations.

 

On note en outre, au sein des colonnes de l’US Army, la présence d’importants moyens de commandement et de logistique inhérents aux postes de commandement de campagne (générateurs tractés, PC tactiques modulaires – Tactical HQ —, moyens de transmission satellitaires, hôpitaux de campagne, etc.) de brigades motorisées ou aéromobiles. Il apparaît que ce sont des éléments de la 173e brigade aéromobile, initialement basée à Vicenza en Italie, qui composent la base opérative de ce déploiement qui n’en est qu’à ces débuts.

 

Il s’agit in fine d’une opération de déstabilisation générale de l’Europe centrale. Car ce déploiement US ne concerne pas seulement l’Ukraine : des unités américaines sont en ce moment en Roumanie, dans les États baltes et en Pologne.

 

 

 

 

Le quotidien de la ligne de front

 

D’une manière générale, l’intensité des attaques à l’artillerie lourde de la part des forces de Kiev, sur l’ensemble des principaux points de la ligne de front, est en hausse depuis 24 heures, sauf à de très rares exceptions. Il en est de même quant à l’intensité des accrochages, surtout au niveau de la zone de l’aéroport de Donetsk (après une baisse relative de l’intensité des combats signalée avant-hier).

 

Sur la partie nord, la zone de la « Piste Bahmutka » reste toujours un secteur où la tension est particulièrement importante. Près de Krymskoe, sur la Seversky Donets, le « bataillon Kiev-2 » et plusieurs compagnies de la 24e brigade continuent de mettre la pression sur les forces républicaines. Quotidiennement, on signale des accrochages et des tirs d’artillerie (généralement de mortiers de 120). La zone est constamment survolée par des drones d’observation ukrainiens.

 

Durant les 24 dernières heures, plusieurs tentatives de reconnaissances offensives kiéviennes ont été stoppées par les forces de Nouvelle Russie. Bilan : une vingtaine de blessés du côté de Kiev, et notamment 4 BTR, 1 BMP, 1 char et 1 MT-LB ont été endommagés. Les forces républicaines ont eu 8 blessés, 2 BTR, 2 BMP et 1 BRDM endommagés. Ce matin, 6 km à l’est de Krymskoe sur la rivière Donets, vers 10 h 30, un très important accrochage a eu lieu sur le village de Trehizbenke, occasionnant des combats de rues et des tirs de mortiers lourds et de canons de 23 mm. On note l’arrivée sur ce secteur du front du Donbass de renforts républicains mécanisés prêts à intervenir en cas de dégradation de la situation.

 

Sur Gorlovka, la tension ne baisse toujours pas sur la partie nord-ouest de la ville : hier soir, on signalait des tirs d’artillerie des forces de Kiev dans cette zone. Il est probable qu’une partie des tirs d’artillerie et des accrochages soient directement dus à une consommation excessive d’alcool de la part des troupes kiéviennes. Une hypothèse soulevée aujourd’hui par le commandant adjoint du ministère de la Défense de la République populaire de Donetsk, Eduard Basurin. Il est évident que la discipline au sein de l’armée de Kiev laisse nettement à désirer et c’est un euphémisme.

 

On notait hier matin une nette diminution de l’intensité des combats de la part des forces de Kiev dans la région de Donetsk. Le ministère de la Défense de la RPD a souligné que c’était la première fois depuis trois jours que l’intensité des affrontements décroissait. L’attaque localisée de Kiev sur la zone de la capitale du Donbass était alors tout simplement en train de s’épuiser. Selon le commandant de l’unité spéciale « Varyag », Aleksandr Matyushin, les « troupes ukrainiennes ont abandonné leurs tentatives de briser [la] ligne de défense » des FAN dans la zone de Peski et de Spartak, afin d’y établir une tête de pont au niveau de l’aéroport, puis de pousser plus avant en direction du centre de l’agglomération de Donetsk. Ce matin encore, au petit jour, plusieurs accrochages ont été signalés au sud-est d’Avdeevka. Depuis, les frappes d’artillerie ont repris, de même que les affrontements. Les positions républicaines de Spartak jusqu’à Peski en passant par l’aéroport sont tenues par les éléments de la brigade « Vostok » et du bataillon renforcé « Somali ».

 

 

 

En ce qui concerne la situation sur Peski, la reprise du village semble très compromise pour les FAN : après les avancées significatives de l’hiver dernier, les troupes de Kiev ont profité de la trêve de Minsk 2 pour reprendre très progressivement l’avantage sur une zone semi-urbaine qui forme une sorte de boyau est-ouest, traversé par une coupure humide et bordé d’importantes zones minées. Les forces ukrainiennes contrôlent désormais Peski à environ 90 %, tandis que les forces républicaines s’accrochent à la sortie est du village.

 

L’importance de cette petite agglomération tient à ce qu’elle contourne par le sud la zone aéroportuaire et pourrait permettre aux troupes ukrainiennes de contourner l’est de Peski, à l’entrée de Donetsk. Pour ce faire, les forces de Kiev ont maintenu un certain nombre de positions d’artillerie lourde (dont des obusiers de 122 et de 152 mm et des BM-21) au nord et à l’ouest de Donetsk.

 

Autre secteur très important pour Kiev : la zone de Granitnoe, au sud-est de Volnovakha, entre Donetsk et Mariupol. Le commandement ukrainien considère ce secteur comme stratégiquement important sur le sud du front, situé au point le plus étroit entre la ligne de contact et la frontière russe. Une percée ukrainienne sur cette zone pourrait couper les forces de Nouvelle Russie concentrées plus au sud vers Shirokino, de l’ensemble des forces républicaines du Donbass. On comprend mieux le sens du maintien de la pression ukrainienne sur ce village côtier a priori peu stratégique. Il est bien évident que les FAN maintiennent sur zone des éléments mécanisés prêts à intervenir si besoin.

 

 

Assassinats et répression de printemps

 

Oles Bouzina a été assassiné à Kiev avant-hier matin en pleine rue devant chez lui.


Les assassinats politiques se poursuivent en Ukraine béhachélisée : Olga Moroz, rédactrice en chef de Neteshinsky Gazette, a été retrouvée sans vie dans son appartement avec des traces de mort violente. Il s’agit d’une campagne d’élimination physique des opposants revendiquée par une « Armée insurrectionnelle ukrainienne » (en référence à l’UPA de la Seconde Guerre mondiale) qui affirme vouloir « assassiner un certain nombre de politiciens de l’opposition et des journalistes, qui se sont rendus coupables d’activités anti-ukrainiennes et antinationales. »

 

Il y a de fortes chances qu’il s’agit là d’un faux-nez grossier du SBU, la police politique de la junte soumise à l’antenne kiévienne de la CIA. Anton Gerashenko, le conseiller très spécial du ministre des Affaires intérieures, si proche des milieux néonazis et des néobandéristes, s’est empressé de désigner « les Russes » comme étant les auteurs de ces crimes… comme à son habitude. Un élément de plus qui accrédite notre thèse !

 

 

La répression politique est telle en Ukraine « proeuropéenne » que les Républiques populaires de Lugansk et de Donetsk doivent désormais accueillir des milliers de réfugiés qui fuient la tyrannie béhachélo-compatible de Kiev. Cette vague d’assassinats ciblés n’est qu’une partie émergée de l’iceberg.

 

À Odessa, les arrestations massives se multiplient. Une manifestation contre la hausse des tarifs des services publics, les faibles retraites et les salaires en baisse a été durement réprimée après que plusieurs dizaines de personnes aient été interpellées préventivement quelques heures avant la démonstration de rue. Les forces du ministère des Affaires intérieures étaient secondées par des nervis armés de Praviy Sektor et d’AutoMaidan (proche de Svoboda et des Patriotes ukrainiens via Andryi Dzidzia qui est depuis membre du « bataillon » de néonazis « Azov »).

 

Sous couvert de lutte contre le « séparatisme », on s’en prend aux plus fragiles de la société ukrainienne, à ceux qui protestent contre la casse sociale « proeuropéenne » et la misère insufflée par le régime en place.

 

Partout on traque, partout on arrête, partout on interdit, partout on réprime, partout on torture (la systématisation des mauvais traitements aux détenus par les forces répressives de la junte a été dénoncée à plusieurs reprises par des ONG occidentales). La démocratie avance à la Schlague…

 

 

 

Par Jacques Frère – NationsPresse.info – le 18 avril 2015.