Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
686.4K views | +1 today
Follow
Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
La Gazette des campus de LLN et de WSL-UCL ainsi que diverses infos intéressantes visant la vérité ou l'autre vérité (qui que ce soit qui la dise, mais sans forcément prôner l'auteur).  -  Duc
Curated by Koter Info
Your new post is loading...
Your new post is loading...
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Quel monde après le 11 janvier ?

Quel monde après le 11 janvier ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

 

Quel monde commun après le 11 janvier ?

 

Les défis de nos sociétés démocratiques sont énormes. Pour les relever, il convient de réfléchir à nos responsabilités collectives et à n‘éluder aucun des éléments qui fournissent une base à la terreur. Opinion de Mohamed Nachi, professeur de sociologie à l’Université de Liège et Matthieu de Nanteuil, professeur de sociologie à l’Université catholique de Louvain.

 

Nous écrivons à deux voix pour dire ce métissage, cet entremêlement des destins et des cultures que les assassins de « Charlie Hebdo » ont voulu bâillonner.

 

À deux voix. Arabe et Européenne, Tunisienne et Française. Vivant en Belgique, au cœur de l’Europe. Façonnés par la culture islamique et la culture chrétienne. Convaincus, ensemble, des acquis de la raison et de l’humanisme des Lumières, dans toutes les cultures.

 

À deux voix, pour chercher à relever ensemble les défis qui attendent nos sociétés démocratiques — et ils sont nombreux. La force de la marche du 11 janvier 2015 ne fut pas seulement le nombre : la « marche républicaine » a débordé la République. Elle avait lieu à Berlin, Dublin, Stockholm, Le Caire, Tunis, Beyrouth… Et Bruxelles, capitale d’un continent qui se cherche. En cela, elle met à l’épreuve une certaine conscience de l’universel. Elle oblige chacun de nous à réfléchir à ce qui nous rassemble, par-delà nos différences. Mais aussi à regarder en face cette part obscure de notre modernité, sans laquelle nous n’aurions pas connu les drames de ces derniers jours.

 

 

Wahhabisme et géopolitique

 

À ceux — notamment chez les jeunes — qui douteraient de la nécessité de la réaction qui prévaut ces jours-ci, il importe de rappeler un point souvent passé sous silence dans les analyses actuelles : ce n’est pas l’islam comme tel qui interdit les représentations du Prophète — celles-ci sont présentes dans la tradition chiite par exemple —, mais son dévoiement dans le wahhabisme, ce mouvement rigoriste né au XVIIIe siècle qui utilise la troisième religion du Livre au service d’une vision littéraliste absurde, capable de remettre en cause les bases élémentaires de notre monde commun. Dans d’autres circonstances, d’autres religions n’ont pas échappé à de tels dévoiements — dans un entretien récent, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik mentionne l’exemple de l’Inquisition. Aujourd’hui, ce rigorisme est entré en connexion avec des conditions géopolitiques particulières, déjà largement répertoriées : la déstructuration de la société irakienne par l’invasion américaine, dont il faut rappeler qu’elle reposa sur un mensonge et fut décidée en dehors de la légalité internationale ; une complicité organisée entre les économies occidentales et les pétrodollars — à travers les réseaux de l’Arabie Saoudite et du Qatar — ; la déchéance de toute dignité dans les prisons de Guantanamo ou Abu Ghraïb… Ce n’est pas chacune de ces dimensions prise isolément qu’il faut regarder en face, mais leur interaction. On a là des éléments qui ont fourni une base à la terreur.

 

 

Qu’est-ce que la terreur ?

 

Il convient pourtant de s’interroger : « Qu’est-ce que la terreur ? » La première réponse serait celle d’un mal radical, ontologique, présent dès l’origine de la condition humaine et qui échapperait à l’entendement. Un mal « essentialisé », que seul le recours à une civilisation supposée « vertueuse » permettrait d’éradiquer. Ce fut la rhétorique de l’Axe du mal développée par les néoconservateurs américains, sous la houlette de G. W. Bush, à la suite des événements du 11 septembre 2001. On sait à quoi cela a mené. Mais la seconde réponse n’est pas moins problématique. Elle soutient que le basculement dans une violence radicale ne serait « que » le fruit d’une série de dégradations en chaîne, mêlant, dans le cas présent, précarité, islamophobie, laïcité autoritaire, etc. C’est confondre les causes et le contexte. La terreur s’autoalimente. Elle ne cherche pas à servir un projet politique en « passant » par la violence — comme peuvent le faire des mouvements politico-militaires à visée nationaliste (ETA, Farc, pour prendre deux exemples très actuels). Il est d’ailleurs frappant que ces deux mouvements soient chacun engagés dans des cessez-le-feu unilatéraux, au moment où sont commis les actes barbares que nous relatons ici. La fonction de la terreur est l’installation d’un régime de terreur. On peut à ce propos reprendre ce que disait Hannah Arendt du totalitarisme : le système totalitaire finit par détruire ceux-là mêmes qui ont œuvré à sa mise en place. C’est exactement ce qui se passe avec Daech ou Al Qaïda aujourd’hui, capables de massacrer leurs propres membres, y compris des enfants innocents. La terreur est le nouveau visage du totalitarisme dans une société globale, à la fois marchandisée et technicisée, où nous nous côtoyons sans nous rencontrer. Rien, absolument rien, ne saurait la justifier.

 

 

Sur la vulnérabilité de nos sociétés

 

En revanche — et ce point est décisif, car il engage directement notre responsabilité collective —, la terreur puise dans les failles de nos sociétés les « éléments » nécessaires à sa mise en œuvre : un climat délétère et des jeunes désœuvrés, pouvant basculer dans le fanatisme. Ici, nous ne pouvons pas esquiver des questions qui dérangent. En l’espace de quelques décennies, nos sociétés sont redevenues massivement inégalitaires. Elles fabriquent l’exclusion et la relégation de multiples manières. Malgré leur inventivité, les nouvelles technologies y ont créé une gigantesque agora virtuelle, dans laquelle des propos haineux circulent en l’absence de toute morale publique… Ces sociétés créent des zones grises où s’agrège un ensemble de facteurs qui nourrissent le ressentiment, la haine, la violence.

 

Une société comme la société française, où les jeunes des quartiers déshérités sont laissés à l’abandon, où la diversité des formes de vie musulmane est niée au profit d’amalgames réducteurs, où se déploie un antisémitisme insupportable autant qu’inacceptable et où, enfin, nous avons tant de mal à nous engager sur la voie de l’échange interculturel, cette société est traversée par des vulnérabilités que nous ne pouvons plus laisser de côté. Mais ceci est également vrai de la société européenne dans son ensemble — il suffit de voir ce qui vient de se passer en Allemagne comme les tensions que connaît la Belgique depuis plusieurs années. Et comment ignorer que les politiques d’austérité, qui obligent certaines populations à vivre en dessous du seuil de pauvreté, ne soient pas à leur tour un élément essentiel du problème ?

 

Le travail qui nous attend est donc considérable. À l’extérieur, il réclame une critique accrue des stratégies internationales qui reposent trop souvent sur des complicités mortifères. Le rôle des médias est décisif, mais celui des sociétés civiles également. À l’intérieur, il suppose de repenser nos liens les plus ordinaires. Sachons nous retrouver dans nos différences, nos controverses. Les musulmans de France et d’Europe doivent puiser dans les règles de la démocratie l’espace pour une parole responsable, un humanisme assumé. Mais cela vaut aussi pour les autres traditions religieuses. Nous attendons de toutes les religions qu’elles éradiquent leurs propres extrémismes et ouvrent la voie à un dialogue approfondi entre foi et raison, sur la voie d’Averroès, Spinoza ou Péguy, par exemple. La laïcité est fondamentale, mais devra s’accompagner d’un désir de découvrir l’autre plutôt que de seulement coexister avec lui. Notre lien aux sociétés civiles non européennes — à commencer par les sociétés arabo-musulmanes — devra lui aussi s’approfondir, en rendant compte du chemin qu’elles-mêmes accomplissent pour résister à l’obscurantisme ou promouvoir la démocratie, comme ce qui est en train de se passer en Tunisie aujourd’hui. Il faudra être attentif à leurs succès comme à leurs morts — combien de citoyens démocrates assassinés au Maghreb et au Machrek, que les médias occidentaux ignorent ? Enfin, les débats sur la justice sociale devront retrouver une place essentielle, sans quoi l’exclusion continuera de faire le lit du fanatisme et de l’ignorance.

 

Si l’union entre des forces politiques adverses est si importante aujourd’hui, c’est à condition qu’elle puisse, demain, nourrir des espaces publics de discussion, générer une inventivité culturelle nouvelle, des formes plus profondes de solidarité. Ne nous le cachons pas, la tâche est immense. Elle suppose de remettre en circulation une parole plurielle, à la fois non consensuelle et respectueuse, dans ces lieux de la société où nous avons désappris à nous parler : à l’école, dans les prisons, au travail. Et sur les réseaux sociaux. Mais c’est une tâche qui ne peut plus attendre.

 

Mohamed Nachi et Matthieu de Nanteuil ont contribué à « La vulnérabilité du monde. Démocraties et violences à l’heure de la globalisation », Presses universitaires de Louvain, 2013.

 

 

Par la Rédaction de lalibre.be – le 14 janvier 2015

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

TROIS BOURREAUX DU PEUPLE PALESTINIEN À PARIS LE 11 JANVIER : QUELLE HONTE !

TROIS BOURREAUX DU PEUPLE PALESTINIEN À PARIS LE 11 JANVIER : QUELLE HONTE ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Légende et source photo : Naftali Bennett, Benjamin Netanyahu and Avigdor Lieberman - www.haaretz.com

 

TROIS BOURREAUX DU PEUPLE PALESTINIEN À PARIS LE 11 JANVIER : QUELLE HONTE !

Par le Bureau National de l’UJFP (*)

 

 

Benjamin Nétanyahou, Avigdor Lieberman et Naftali Bennett représentent le 11 janvier l’État d’Israël à la grande manifestation européenne de riposte aux fusillades contre Charlie Hebdo et contre le magasin casher à Paris. Ces trois personnages sont des criminels de guerre qui relèvent de la Cour Pénale Internationale pour les meurtres de masse commis à Gaza et ailleurs.

 

Ce sont trois sinistres artisans de la volonté d’Israël d’écraser le peuple palestinien : Nétanyahou, le dirigeant des massacres à Gaza, Lieberman et Bennett, deux ministres colons, l’un prévoit l’expulsion de tous les Palestiniens, y compris ceux qui vivent en Israël et l’autre se vante d’avoir tué des Palestiniens.

 

Ce qui est tout aussi grave, c’est la signification que leur présence confirme, concernant la nature de cette manifestation.

C’est pourquoi nous exhortons les diverses associations amies du peuple palestinien qui comptent se rendre à cette manifestation à reconsidérer leur décision.

 

La manifestation devait être soi-disant « d’unité nationale » contre le terrorisme et pour la liberté d’expression. Elle sera en réalité une représentation des « valeurs du monde civilisé occidental » contre les « menaces terroristes du monde arabo-musulman », une manifestation bien dans la tonalité du « choc des civilisations » qui d’après nos gouvernants, même quand ils se défendent de diffuser ce point de vue, régit le monde actuel.

 

En fin de compte tous ceux qui souhaitaient manifester demain leur solidarité avec les victimes de ces terribles attentats et pensaient sincèrement montrer une société française unie contre le crime, se sont fait confisquer leur manifestation par les organisateurs autoproclamés d’une grande messe de « l’Axe du Bien » : le gouvernement, ses amis et tous ses concurrents de droite – hormis le Front National, dont l’idéologie n’a nul besoin d’invitation pour prospérer. Les grands alliés internationaux seront présents : ces mêmes représentants d’État dont les politiques contre les peuples ont permis l’apparition du terrorisme djihadiste, les courants islamophobes, les amis de l’État d’Israël et bien sûr les représentants de cet État.

 

Quant aux populations « dangereuses », postcoloniales, jeunes, éventuellement porteuses de signes ostentatoires musulmans, elles subiront le dispositif de contrôle renforcé dans la période qui s’ouvre. Nous ne pouvons oublier qu’à tous ceux-là les manifestations de solidarité et la liberté d’expression ont été interdites, l’été dernier, pendant l’opération « Bordure de protection » menée contre Gaza par les trois invités israéliens de demain.

 

Les représentants d’Israël ont commencé à faire de grands appels à la population juive française, déclarant qu’elle est victime d’un déferlement antisémite sans précédent, pour qu’elle émigre en Israël, pays « de grande liberté ». Les dirigeants israéliens mettent sciemment en danger les Juifs français par la peur et l’incitation au départ.

 

 

 

Par le Bureau National de l’UJFP (*) - le 11 janvier 2015

 

 

(*) L’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) a été fondée à Paris en avril 1994 — lors de la fête de Pessah 5754 — comme section de l’Union Juive Internationale pour la Paix (UJIP) disparue depuis. En 2002 elle est devenue membre fondateur de la Fédération des Juifs européens pour une Paix juste (EJJP). Conscients de nos histoires, nous assumons notre rôle d’agir pour « créer un monde meilleur ». 

Le sionisme a abouti à la création de l’État d’Israël qui nie le peuple palestinien et ses droits. 

Le conflit entre Israéliens et Palestiniens ne peut donc être résolu qu’en mettant un terme à la domination d’un peuple par un autre, par la mise en œuvre du droit à l’autodétermination pour le peuple palestinien et du droit à créer son propre État indépendant. Aucune solution juste et durable n’est possible sans un retrait total d’Israël de tous les territoires qu’il occupe depuis 1967 et sans le droit au retour des réfugiés palestiniens et sans la fin de l’apartheid israélien qui fait de sa population palestinienne des citoyens de seconde zone. 

La forme étatique que les peuples de la région établiront dépendra de leur volonté et de l’évolution de leurs relations.

Nous militons pour qu’elles évoluent dans le sens de l’égalité des droits de tous les habitants, d’une coopération mutuelle et d’une justice sociale ouvrant à la voie de la paix. 

L’UJFP regroupe des membres, Juifs ou non, qui œuvrent ensemble pour le « vivre ensemble » en France comme au Proche-Orient pour que des voix juives laïques et progressistes se fassent entendre, et sont partie prenante des combats contre tous les racismes et toutes les discriminations.

(Source : http://www.ujfp.org/spip.php?article66)

No comment yet.