INNOVER OU PÉRIR : LA GRÈCE ÉCHAPPERA-T-ELLE AU NÉANT ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : Temple d’Apollon sur l’Acropole de Rhodes

 

 

INNOVER OU PÉRIR : LA GRÈCE ÉCHAPPERA-T-ELLE AU NÉANT ?

Apollon reviendra sur l’Acropole !

Par Auran Derien

 

La population grecque retourne à la pauvreté absolue, comme d’ailleurs tous les peuples d’Europe depuis que les « banksters » ont pris le pouvoir. Pourquoi donc se laisser mourir ? Le terrorisme économique fonctionne selon la logique du maître et de l’esclave, ainsi que l’enseigna Aristote. L’esclave est le seul à pouvoir changer de situation s’il se rebelle ; la révolte se prépare et il faut des appuis pour rompre les chaînes de l’horreur occidentale. La Russie montre qu’on peut installer un nouveau système de paiement, indépendant des « banksters » actuels. La Chine enseigne qu’il faut taper sur les points faibles, lesquels tiennent à la sclérose institutionnelle de la finance mondialiste. L’innovation dans le système monétaire, dans la fiscalité, dans la protection sociale sont la voie à suivre, qui donnera l’exemple à l’humanité civilisée et trouvera des appuis.

 

Le problème grec soulève cependant la question des méthodes crapuleuses inhérentes à l’occident. Les participants de Davos, Bilderberg et autres lieux de l’impensée appliquent deux principes : la corruption et la menace. En Grèce, il doit en être ainsi. Les nouveaux responsables ont été certainement menacés, eux, leurs familles voire le peuple entier, en même temps que des comptes bancaires ou autres actifs s’ouvrent ici ou là s’ils acceptent l’obscurantisme de la finance qui les détruit. Les nouveaux dirigeants n’ont d’autres possibilités, s’ils sont de véritables élites, que d’adopter les exemples de Poutine, de la Chine, de la France du Général de Gaulle, de l’Inde de Gandhi contre les Anglais, etc. Tous fournissent des instruments pour la résistance. Trois innovations, en particulier, attendent que des humains se dressent contre l’inhumanité.

 

 

Trois innovations fondamentales

 

1 - La monnaie complémentaire

 

On enseigne, à juste titre, que la monnaie remplit dans la société la fonction du sang pour l’organisme. Or, la théorie des monnaies complémentaires existe, simplement sa mise en œuvre se fait attendre (Philippe Derudder et André-jacques Holbecq : Une monnaie nationale complémentaire. Ed.Yves Michel, 2010). C’est le moment. La monnaie sociétale complémentaire à l’Euro, que les Grecs pourraient de nouveau appeler Drachme, serait émise par l’État à hauteur des besoins déterminés par les projets décidés. Elle serait gratuite (ne produit pas d’intérêts) et à cours forcé, permanente (ce n’est pas une dette), électronique et nominative, non convertible et non spéculative (La dernière partie du livre formule, en 55 articles, les règles de mise en œuvre et de fonctionnement de cette monnaie sociale complémentaire). 

 

Depuis que Washington a coupé le lien entre la création de dollars et le stock d’or, ils ont endetté le monde en dollar, qui ne leur a rien coûté, mais demandent de rembourser avec les richesses qui viennent du travail de multiples générations. L’endettement de la Grèce, comme de la France et de tout autre pays a été effectué en monnaie de singe laquelle, comme l’alchimie des escrocs du XVIIIe siècle, permet de voler aux Grecs leurs plages, terrains, hôtels et biens physiques (sans parler de leur or). Il est légitime et légal de dénoncer ce vol en bandes organisées et de participer à l’œuvre de salubrité mondiale qu’accomplit le Tribunal International des Peuples sur la dette, lorsqu’il déclare que « toute la dette extérieure, étant illégitime et inexistante, doit être révoquée et annulée immédiatement » (Raisons et déraisons de la dette. Centre Tricontinental. L’Harmattan, 2002).

 

 

2 - Une fiscalité adaptée à une société de production et de libertés

 

Celle-ci existe, fut abordée de manière exhaustive par Maurice Allais qui la résuma dans l’opuscule « Pour la réforme de la fiscalité » (Maurice ALLAIS : Pour la réforme de la fiscalité. Ed.Clément Juglar, 1990). La mise en place d’un impôt sur le capital s’accompagne d’une suppression de l’impôt sur le revenu, des impôts sur les bénéfices et de ceux qui frappent les mutations. Le capital taxé s’entend « valeur des seuls biens physiques ». Cet impôt payé par toute personne physique ou morale serait exigible dès qu’existe une appropriation des biens physiques, que ces biens procurent ou non un revenu effectif. Le taux de cet impôt annuel serait de l’ordre de 2 %. Il ne frapperait finalement que les intérêts et les rentes. Son incidence directe serait nulle : aucune modification de l’investissement, des prix des actifs, ni de l’offre de capital. Indirectement, cet impôt n’affectant pas les entrepreneurs dynamiques, il pousserait à investir et accroîtrait l’efficacité globale de l’économie.

 

 

3 - La fin des retraites, dont l’origine est la stupidité du système de répartition et la criminalité des gestionnaires de fonds donne le départ à une réforme économiquement bien fondée, que le Professeur Jacques Bichot a exposé dans son ouvrage « Quelles retraites en l’an 2000 ? » (Jacques Bichot : Quelles retraites en l’an 2000 ? Ed.Armand Colin, 1993). 

 

Tout système de retraite repose sur des investissements qui permettent de produire, à long terme, le montant des pensions. Dans un cas on capitalise du capital physique et financier, dans l’autre du capital humain, démographique. Un peuple acquiert des droits sur l’avenir en mettant au monde des enfants, en les éduquant et en finançant cela par des impôts et cotisations. Si les Grecs ne veulent pas s’acheminer vers la disparition définitive de leur retraite, ils doivent fonder celle-ci sur le principe de l’échange entre générations : les droits de chacun sont à calculer au prorata de l’investissement démographique réalisé. Ce principe est inspiré de la justice en tant qu’équité, lorsqu’une personne reçoit en proportion de ce qu’elle apporte. Les adultes doivent retrouver, à la retraite, l’équivalent de ce qu’ils auront fait pour le développement des générations qui leur succèdent.

 

 

Quelles solutions ?

 

Les solutions existent, mais la finance occidentale bloque toute évolution hors de ce qu’elle contrôle. Il en résulte un primitivisme intellectuel, tant les astuces mafieuses ne sauraient constituer un paradigme organisationnel. Entre la démographie mondiale qui donne un poids croissant à l’Asie, le maintien de traditions qui ne s’enracinent pas dans la bigoterie et le travail d’élites indépendantes, le chemin est balisé qui conduit à libérer les peuples de l’usure, les protéger de l’éradication programmée, faire germer une nouvelle civilisation. Ce serait un honneur d’assister au retour de la lumière grecque.

 

 

 

Par Auran Derien - metamag.fr – le 13 avril 2015.