Ukraine/Donbass : Washington se prépare à faire la guerre à la Russie | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass : Washington se prépare

à faire la guerre à la Russie

 

Le FMI est venu à la rescousse de l’Ukraine « proeuropéenne » à deux doigts de la faillite financière, après une déroute militaire rarement égalée. Cela permettra au régime de durer encore un peu, jusqu’à l’été, le temps de se préparer à une revanche militaire dans le Donbass. Washington s’y apprête dès à présent, et commence même à mettre en condition son opinion publique quant à une guerre éventuelle directement contre la Russie. Sur le terrain, l’accalmie est toute relative, et pour la 10e fois, Kiev a annoncé avoir tué Arsen Pavlov dit Motorola… Et pour la 10e fois, Arsen Pavlov est ressuscité. Cela devient une habitude chez lui…

 

Afin d’inverser la situation militaire en Ukraine, il serait nécessaire de tuer le plus grand nombre de Russes possible, a osé affirmer un général américain sur Fox News, chaîne proche de l’extrême droite néoconservatrice. Les États-Unis doivent aider Kiev à tuer le plus de soldats russes possible, estime le général Bob Scales, analyste de la chaîne de télévision : « Le seul moyen permettant aux États-Unis d’exercer leur influence et de renverser la situation dans la région est de commencer à tuer des Russes. Tuer autant de Russes qu’il faut pour empêcher les médias de Poutine de dissimuler le fait que ceux-là regagnent leur patrie dans des sacs mortuaires. […]

 

Cependant, vu le niveau du soutien que nous apportons à l’Ukraine et la possibilité des Ukrainiens de contrattaquer les 12.000 soldats russes retranchés sur leur territoire (sic), il est malheureusement peu probable que cela puisse arriver », a conclu Bob Scales.

 

Une déclaration qui n’est pas anodine et qui explique en partie la forte présente de « contractors » et autres « conseillers » occidentaux (et plus particulièrement américains) sur le sol ukrainien. Une déclaration qui est à prendre avec la plus grande considération puisqu’elle s’insère dans une campagne de mise en condition de l’opinion publique américaine en prévision d’une possible guerre ouverte contre la Russie de la part des États-Unis. Rappelons-nous qu’à partir de fin 2001 – début 2002, de semblables propos, mêlant outrance, affabulations et désinformation, avaient été tenus sur Fox News par d’anciens militaires américains ou d’ex-conseillers à la Maison-Blanche et au Pentagone sur l’Irak de Saddam Hussein.



75 millions de dollars pour continuer la guerre


On peut légitimement craindre que Kiev utilise son financement spécial accordé par le FMI pour ses opérations militaires dans le Donbass. Le conseil d’administration du FMI a approuvé un programme d’assistance financière à l’Ukraine de 17,5 milliards de dollars sur quatre ans, avec une première tranche d’aide de 5 milliards de dollars. Comme l’a déclaré Christine Lagarde, au cours de l’année en cours, l’Ukraine recevra 10 milliards de dollars.

 

Le vice-président américain Joe Biden vient de confirmer à Porochenko que les États-Unis vont augmenter leur aide militaire à Kiev de 75 millions de dollars. Il est question de fournir en plus à la dictature « proeuropéenne » 30 Humvees blindés M114 et 200 autres en version classique, ainsi que des systèmes de communication, des radars de contre-batterie et d’autres équipements comme des drones. Ces matériels pourraient arriver en Ukraine dans les prochaines semaines.

 

Une information qui intervient au moment où la présence de « contractors » occidentaux opérant dans les rangs des forces de Kiev est une fois de plus confirmée. Pour la période allant du 2 mai 2014 au 15 février 2015, environ 1.200 mercenaires étrangers insérés dans les rangs des troupes ukrainiennes ont été soit tués, soit blessés, dont :

— 394 Polonais de la société de guerre privée ASBS Othago ont été tués ou blessés

— 180 mercenaires américains de Greystone ont été tués ou blessés, de même que 269 employés d’Academi (ex Blackwater) et 25 agents de la CIA et de la Sécurité nationale des États-Unis.

 

En outre, environ 25 % des effectifs présents avant l’offensive sur le chaudron de Debaltsevo (soit quelque 2.200 individus) étaient affiliés de près ou de loin à l’OTAN où étaient des mercenaires étrangers. Soit : une vingtaine de militaires appartenant ou ayant appartenu aux forces spéciales (SAS, SBS…) du Royaume-Uni, une quinzaine de membres des Forces spéciales des États-Unis (Rangers, Green Berets…), une dizaine ayant appartenu à la Légion étrangère, une dizaine de Polonais, une dizaine d’Israéliens (sans doute des personnels de sociétés d’armement), une dizaine de Croates.

Ceci explique l’intense activité diplomatique des dirigeants de l’Ouest pour faire cesser, en vain, l’offensive.


 


Tension au nord de Lugansk et à l’est de Mariupol

 

On note, ces dernières 24 heures, d’importants mouvements de batteries d’artillerie ukrainiennes sans pour autant être en mesure de savoir si elles se positionnent ou se retirent du front. Il s’agit pour l’essentiel de batteries Uragan (220 mm) du 27e régiment d’artillerie de Sumy, de batteries Smerch (300 mm) de la 13e brigade, de batteries mécanisées d’automoteurs 2S3 Akatsiya (152 mm), et de batteries tractées de 152 mm Giasint-B.

Dans le secteur de Donetsk, les observateurs de l’OSCE ont pu noter la présence de plusieurs dizaines de batteries lourdes ukrainiennes qui n’avaient pas encore été déplacées.


Sur la ligne de front, en dépit du refus des forces de Kiev de respecter les accords de Minsk en retirant leur arsenal, on note une très relative accalmie dans les accrochages et les tirs d’artillerie. À signaler, tout de même, un renforcement des effectifs des forces de Kiev au nord du front. Près de Stanitsa Luganskaya et de Shachtye, au cours de la dernière semaine les troupes ukrainiennes ont très sérieusement augmenté d’environ 2 500 combattants et 150 à 170 équipements divers leurs capacités offensives dont 6 lanceurs Grad. Selon les observations des forces de Nouvelle Russie, les Ukrainiens se prépareraient essentiellement à renforcer leur défense, avec la mise en place de postes de contrôle supplémentaires, de nouveaux réseaux de tranchées, de bunkers, de champs de mines.

 

 

 

Autre point chaud : la ligne de contact à l’est et au nord-est de Mariupol, passant par Pavlopol, Kominternovo et Shirokino. En milieu d’après-midi, le 10 mars, des éléments d’« Azov » ont tenté une reconnaissance offensive sur Shirokino. L’unité néonazie a maintenant engagé trois compagnies de combat, en fait les deux compagnies d’infanterie dont dispose le bataillon et une section de reconnaissance renforcée.


Encore une preuve que les combats ne sont pas de tout repos pour les agresseurs kiéviens : le « régiment » (sic) « Azov » reconnaît avoir des « dizaines de pièces d’équipement endommagées » qui auraient « besoin de réparation » suite aux affrontements de ces derniers jours. L’équipe technique de l’unité aurait déjà réparé une petite partie du matériel roulant endommagé, mais manquerait de compétences et de techniciens.


L’artillerie lourde ukrainienne n’est toujours pas retirée de la zone d’affrontement : ainsi, les forces de Kiev au contact sur la ligne Pavlopol – Kominternovo – Shirokino bénéficient de l’appui d’au moins trois batteries de BM-21 : à Gnutovo (3 km au nord-ouest de Kominternovo) il y a 4 lance-roquettes multiples de 122 mm BM-21 ; au nord du village de Stary Krym (nord-ouest de la banlieue de Mariupol) une nouvelle batterie d’artillerie BM-21 vient d’être positionnée et à 6 km au nord-est du village Starognatovka (à 7 km au nord-ouest de Granitnoe), là encore une section de BM-21 a été mise en batterie.

 

 

Dans le paradis « proeuropéen » de l’Ukraine béhachélisée…

 

Le gouverneur de la région de Dniepropetrovsk, l’oligarque israélo-ukraino-chypriote Ihor Kolomoisky, fourrier de Praviy Sekor et des « bataillons » d’extrême droite (« Azov », « Aydar », « Dnepr-1 »…), vient de lancer une opération de captation de propriétés à grande échelle ayant appartenu à d’anciens responsables ou proches du parti des Régions de Yanoukovitch, au risque d’entrer en conflit avec le président Petro Porochenko en personne. La Verkhovna Rada, grâce au lobbying de députés élus grâce à l’entremise de Kolomoisky (dont nombre d’extrémistes comme Yaroch), vient de créer une commission spéciale sur les grandes privatisations destinée à remettre en cause ces dernières et, de fait, à permettre au groupe financier de Kolomoisky de s’accaparer nombre d’entreprises à bon prix. Ce dernier peut aussi compter sur ses « bataillons » pour faire pression sur le pouvoir kiévien en cas de résistance éventuelle de ce dernier.

 

Le tribunal de district d’Odessa a refusé de rendre publics les résultats de l’enquête médico-légale sur les corps de 48 victimes mortes dans des conditions tragiques lors de l’incendie du siège des syndicats le 2 mai 2014 qui avait été attaqué par des extrémistes de Svoboda, de Praviy Sektor, des Patriotes ukrainiens et de l’UNA-UNSO. L’objectif pour le pouvoir est d’enterrer cette affaire en catimini parce qu’elle met en cause nombre de personnalités politiques au pouvoir à Kiev, dont de très nombreux élus de la Rada.


Le régime autoritaire de Kiev entend mettre en place un vaste plan de renforcement du contrôle des médias et même des consciences d’ici quelques semaines. Avec l’intention de « contrer la propagande russe », le pouvoir kiévien va mettre en place une politique de bourrage de crâne digne des pires dictatures du XXe siècle. C’est tout d’abord en direction des médias (du moins ceux qui sont encore tolérés dans le pays) que des « recommandations » très particulières vont être assénées, en privilégiant le modèle occidental de désinformation qui a cours.

 

La « matière » journalistique ne sera fournie que par le « centre de surveillance » mis en place par la junte, ce qui ne devrait pas affecter l’immense majorité des correspondants occidentaux qui ne prennent généralement pas la peine de sortir de leur hôtel de luxe pour rédiger leurs articles…

 

Il s’ensuivra très rapidement une interdiction totale des chaines russes et russophones dans les régions de Lugansk et de Donetsk, grâce notamment au remplacement des tours de Starobilsk, Kramatorsk, Lisichansk, Konstantinovka, Debaltsevo, Artemovsk, Popasna, Krasnoarmisk et une augmentation de la puissance des émetteurs contrôlés par Kiev. Toute une batterie de mesures de rétorsion pour les réfractaires sont prévues, comme la suppression de la licence télévisuelle ou encore des peines de prison.

 

Kiev prévoit de diffuser de plus en plus d’émissions de propagande sur ses chaînes de télévision, auxquelles s’ajouteront au moins 50 % de programmes en langue ukrainienne et 50 % d’autres issus de programmes de l’UE et des pays membres de l’OTAN (dont les États-Unis). Ces programmes devant vanter les succès de « l’intégration européenne », même si les supermarchés présentent des étales désespérément vides et que l’économie s’est effondrée en à peine un an…

 

À cela, s’ajoutera la diffusion de films et de documentaires à « haute valeur ajoutée » ventant les mérites des « nationalistes ukrainiens », y compris ceux impliqués dans la collaboration avec l’Allemagne hitlérienne comme Bandera, stigmatisant le peuple, la langue et la culture russes, réécrivant à l’occasion l’histoire, y compris en niant la participation active de ces « nationalistes ukrainiens » à la Shoah, afin de montrer finalement que l’Ukraine est le dernier rempart européen contre les Mongols, Asiates et autres « sous-hommes » de l’Est…

 

En matière d’information stricto sensu concernant la guerre civile à l’est du pays, seuls les « succès » (ou prétendus tels) de l’armée ukrainienne et des « bataillons » répressifs seront mis en avant et couvriront quelque 60 à 70 % du temps d’antenne des journaux télévisés et des émissions politiques. Bien évidemment, les pertes subies par les troupes de Kiev et la situation militaire réelle devront être soigneusement falsifiées dans la présentation qui en sera faite. Il n’est pour l’instant pas prévu de renommer le centre de propagande kiévien chargé de superviser cet hallucinant bourrage de crâne du nom du Dr. Josef Göbbels.

 

Et encore un « suicide » inopiné d’un opposant à la junte ayant été proche du pouvoir précédent ! Aleksandr Peklushenko, 59 ans, l’ex-gouverneur de la région Zaporozhye, a été retrouvé mort à son domicile dans le village de Sunny. Selon les informations préliminaires, la cause du décès serait due à une blessure par balle à la nuque. Il s’agit de la 7e mort suspecte d’un ancien dirigeant ou proche du pouvoir déchu lors du coup d’État du Maïdan depuis le début de cette année. Et ce n’est certainement pas le dernier.

 

 

 

Par Jacques FrèreNationsPresse.info – le 12 mars 2015