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Les Wallons plus tolérants que les Flamands ?


Les Wallons ne sont pas spécialement plus tolérants que les Flamands. C’est l’un des constats que l’on peut lire dans le dernier ouvrage paru aux Presses universitaires de Louvain.

 

Cette publication, coordonnée par Benoît Rihoux, Virginie Van Ingelgom et Samuel Defacqz, chercheurs au Centre de science politique et de politique comparée de l’UCL, rassemble une vingt politologues issus de plusieurs pays et de différentes générations.


L’ambition de l’ouvrage est double : d’une part, il examine les évolutions intervenues, depuis les années 1970, dans cinq champs de la science politique : l’étude du système politique « Belgique » ; les études électorales, les systèmes électoraux et les enquêtes d’opinion ; les questions d’identité et de légitimité politiques, en Belgique, mais aussi dans le contexte de l’intégration européenne ; la politique comparée et les méthodes comparatives ; et la polémologie et l’étude des conflits. Ce faisant, il s’interroge aussi sur la manière dont la science politique s’est structurée au cours des dernières décennies. D’autre part, il analyse la contribution spécifique d’André-Paul Frognier dans la construction de la légitimité de la science politique depuis les années 1970, dans son rôle de chercheur-entrepreneur dépassant les clivages disciplinaires, méthodologiques et nationaux.

 

Parmi les points forts du livre :

 

  • le comportement électoral des Belges
  • Comme le démontrent nombre de publications d’André-Paul Frognier (UCL), depuis les années » 70, le comportement électoral des Belges (et des Wallons en particulier) continue à être largement déterminé par des variables « lourdes » (statut socioéconomique, rapport à la religion) – en ce sens, l’électeur belge et wallon reste assez « classique », et malgré l’émergence de partis nouveaux, protestataires, etc. Le contraste persistant entre les caractéristiques des électeurs socialistes et libéraux en est l’illustration la plus forte.
  • les attitudes à l’égard de l’UE
  • Il n’y a pas de « vases communicants » entre l’identification supranationale (européenne, en particulier) et l’identification nationale – la croissance de l’identification des citoyens à l’Europe s’est plutôt faite au détriment des identités régionales. Les citoyens européens (et Belges en particulier) ne sont pas de plus en plus critiques vis-à-vis de l’UE, ou de plus en plus anti-UE – une proportion croissante d’entre eux sont plutôt « UE-indifférents ».
  • les opinions publiques flamande et wallonne
  • Contrairement aux idées reçues, sur plusieurs questions concrètes de redistribution économique, de soutien de l’État-providence, etc., les électeurs flamands et wallons sont très proches (les Flamands ne sont pas significativement plus « de droite » ou « libéraux » socio-économiques que les Wallons). Les électeurs wallons ne sont pas plus tolérants ou ouverts aux « étrangers », à l’immigration, etc. que les électeurs flamands ; ils ne sont pas non plus moins islamophobes. Ce qui diffère, c’est la nature de la « menace » perçue : une menace plus culturelle (linguistique, identitaire) du côté flamand, et une menace plus socio-économique (emploi, aide sociale) du côté wallon.
  • les identités territoriales et la légitimité du système politique belge
  • Contrairement aux idées reçues, aussi bien en Flandre qu’en Wallonie, le sentiment d’identification à la Belgique augmente depuis les années 1990 ; et contrairement aux idées reçues, le sentiment d’identification à la région n’augmente pas en Flandre durant les dernières années. Donc : les identités politiques régionales ne prennent pas du tout l’ascendant sur les identités politiques nationales. Par contre, les élites politiques flamandes s’identifient nettement plus fortement à la Flandre que leurs électeurs. Le sentiment d’identification à la Région wallonne/à la Communauté française, parmi les électeurs wallons, est toujours resté très bas, produisant un déficit identitaire pour ces échelons de pouvoir au Sud du pays. Il continue même à baisser. Tant les électeurs flamands que wallons se préoccupent très peu des questions institutionnelles, de la réforme de l’État, etc. – la performance perçue des politiques publiques en matière socio-économique, de sécurité ou d’environnement est beaucoup plus importante à leurs yeux. Par contre, une partie des élites politiques flamandes priorisent les questions institutionnelles.



 Livre : « La légitimité de la science politique. Construire une discipline, au-delà des clivages », au Presses universitaires de Louvain.

 

 


Par l’Université catholique de Louvain – mai 2015.