Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
686.4K views | +0 today
Follow
Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
La Gazette des campus de LLN et de WSL-UCL ainsi que diverses infos intéressantes visant la vérité ou l'autre vérité (qui que ce soit qui la dise, mais sans forcément prôner l'auteur).  -  Duc
Curated by Koter Info
Your new post is loading...
Your new post is loading...
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Vidéo - Étienne CHOUARD - Les gros malins de la théorie du Complot

Vidéo - Étienne CHOUARD - Les gros malins de la théorie du Complot | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : pluxactu.com


 

 

Vidéo - Étienne CHOUARD -

Les gros malins de la théorie du Complot

 

Étienne Chouard est un enseignant en économie et en droit dans un lycée et un blogueur français. Depuis lors Étienne Chouard, qui déclare « chercher la cause principale des injustices sociales », étudie différents régimes démocratiques et constitutions. Il défend notamment le système du tirage au sort et soutient qu’une nouvelle assemblée constituante devrait être basée sur cette méthode. Il dénonce fréquemment le « sabordage monétaire » que constitue selon lui l’abandon de la création monétaire publique vers les banques privées. Dans une moindre mesure il soutient également l’idée du revenu de base inconditionnel. (Wikipedia)

 

 

>>> Voir la vidéo ici

 

Vidéo ajoutée par MrJulio1906 sur YouTube le 21 février 2013.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Livre : « Manifeste pour la Vraie Démocratie » d’André Tolmère

Livre : « Manifeste pour la Vraie Démocratie » d’André Tolmère | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Livre : « Manifeste pour la Vraie Démocratie » d’André Tolmère

 

La démocratie en France, nous sommes maintenant nombreux à savoir que ça n’existe pas, et que ça n’a jamais existé. Le seul exemple qu’il nous reste de l’Histoire, c’est Athènes, dont le fonctionnement sera largement repris comme modèle au cours du livre. Certains, par fatalisme, se disent qu’une réelle démocratie, à l’inverse du système de gouvernement représentatif aux allures démocratiques, n’est que pure utopie. Toutefois, à travers cet essai, l’auteur va tenter de prouver à ces sceptiques l’aisance avec laquelle nous pourrions mettre en place, dès à présent, un système réellement démocratique.

 

« La politique est au cœur de tous les problèmes. On ne peut rien changer sans changer la politique, et on ne peut changer la politique sans changer ses règles du jeu. Il ne pourra y avoir un réel renouvellement de la politique si l’on ne remet pas en question l’ordre établi par les jeux politiciens. Il faut en arriver à une rénovation radicale de la politique et redonner ses lettres de noblesse à une démocratie qui a singulièrement besoin de redorer son blason. »

 

André Tolmère semble avoir étudié la théorie révolutionnaire, puisque selon lui, c’est l’aspect politique qui prévaut sur l’aspect social. Son point de vue est net, il faut avant tout retirer le pouvoir des mains des politiciens qui sont totalement corrompus ou fous, et complètement névrosés par la qualité de leurs privilèges sur leurs concitoyens. L’auteur défend un point de vue très proche du principe anarchiste, qui veut que tout pouvoir corrompe et que toute autorité qui s’impose est nécessairement illégitime. Selon lui, il est donc primordial d’arrêter de concentrer le pouvoir dans les mains d’une petite caste, et il est urgent que les citoyens s’organisent pour reprendre leur place dans la vie politique du pays.

 

« Le pouvoir crée une inégalité entre celui qui le détient et celui qui n’en est pas pourvu. Il donne à l’un la possibilité de dominer l’autre qui ne peut que subir. Ceci, quelle que soit sa nature : pouvoir de l’argent, pouvoir de la force ou de l’intelligence, pouvoir hiérarchique (dans l’entreprise ou dans l’appareil d’État), pouvoir politique. »

 

L’essayiste nous explique en détail, parfois même un peu trop d’ailleurs, que c’est l’objectif fondamental des politiciens que de diviser pour mieux régner, et que cela est même intrinsèque à leur fonction. Il met à nu de nombreuses idées, dont par exemple celle que l’accès au travail et aux promotions se ferait sur la base de la méritocratie ; en citant le Principe de Peter il nous démontre que les politiciens n’ont pas cette position grâce à leur compétence, mais plutôt grâce à leur incompétence. L’auteur prouve à qui avait encore besoin de voir cela prouvé, que l’unique capacité que les politiciens possèdent, c’est de se faire élire, et réélire malgré les scandales judiciaires.

 

« L’État n’est qu’une façade derrière laquelle agissent des hommes. Le pouvoir de l’État est aux mains des hommes politiques qui recherchent la position de leader. Président élu ou dictateur, cela revient au même : les citoyens fondus dans la masse doivent suivre et subir. »

 

Militant pour que le pouvoir revienne aux citoyens, il est évident que ce livre dénonce l’absence totale de possibilité pour ceux-ci de participer à la vie politique du pays, même au plus petit échelon. Il ne semble plus être à démontrer que l’élection, principe antidémocratique, vise à créer une aristocratie, c’est-à-dire un gouvernement des meilleurs, puisque par définition quand on vote, on essaye de voter pour le « moins pire ».

 

Nous nous souvenons tous du référendum pour une Constitution Européenne, celle-ci fut refusée par les Français, mais adoptée par leurs « représentants ». Et les exemples se multiplient, qui peuvent être recensés en bon nombre et amène l’auteur à conclure que les institutions qui sont supposées être un minimum démocratique, sont constamment bafouées, ou sont truquées de base, afin de ne jamais exprimer la volonté réelle des citoyens.

 

« L’exemple français est presque une caricature, mais la plupart des pays prétendument démocratiques ne se demandent pas plus que nous quelles sont les institutions susceptibles de favoriser le plus largement possible la démocratie. Ils préfèrent toujours des institutions qui renforcent le pouvoir politique d’une oligarchie au détriment  des citoyens auxquels on donne, de loin en loin, au gré des consultations, un os à ronger électoral. Le procédé est redoutablement efficace puisqu’il empêche le peuple, chien docile de ses maîtres, d’aboyer trop fort ou de devenir enragé et de les mordre. Pire : les maîtres, même s’ils changent de temps en temps, ce qui constitue une suprême astuce pour satisfaire et endormir le vilain toutou, tirent de l’animal toute leur légitimité dont ils se parent et qu’ils retournent contre lui pour mieux le mater. »

 

Donc, c’est là que se trouve l’utopie : croire fermement, et avec conviction que le changement peut se produire par les urnes. L’idée de notre auteur, et c’en est une qui ne date pas d’hier, puisqu’elle était déjà développée par Gracchus Babeuf en 1796, c’est que la base de la démocratie c’est l’égalité politique. Selon ces deux écrivains, la liberté politique découle de l’égalité, et non l’inverse, et c’est pourquoi ils désirent ériger en principe fondateur d’une réelle démocratie ceci : 1 citoyen = 1 citoyen. Actuellement, dans le système de gouvernement représentatif, aristocratique et oligarchique, 1 citoyen équivaut à 1 voix. L’auteur explique d’ailleurs qu’aux élections législatives par exemple, chaque voix ne se vaut pas, et qu’en fonction de la région où le votant se trouve, il aura un vote plus ou moins important, c’est-à-dire que son vote vaudra plus ou moins de députés que quelqu’un qui voterait dans une autre région.

 

« En 2002, l’UMP et l’UDF réunissent 50% des suffrages aux législatives et raflent 70% des sièges à l’Assemblée Nationale. Le Front National, avec un potentiel de 18% obtenus à la présidentielle, est laminé et n’obtient pas le moindre député. Les “démocrates” qui se réjouissent de ce résultat devraient plutôt s’inquiéter : leur démocratie est bien malade. »

 

Même ceux qui disent défendre la démocratie et la République mentent. C’est évident, si la démocratie c’est le pouvoir du peuple par le peuple, que l’élection c’est le moyen de connaitre l’opinion du peuple, alors s’opposer, ou ne pas faciliter l’expression représentative et proportionnelle de la volonté des citoyens, ne serait-ce pas cela être anti-démocrate ? L’idée que Marine Le Pen puisse partager des idées avec nous est cocasse, surtout lorsque l’on s’intéresse à sa vision géopolitique, néanmoins il est évident que pour quiconque se revendique démocrate, et adopte la fable de l’élection avec candidats comme moyen de déterminer avec exactitude la volonté des citoyens, ne pas avoir presque 20% des citoyens représentés par le pouvoir législatif est au moins un déni de démocratie, si ce n’est, pour les plus candides, une violation de l’État de droit. Faudrait-il déjà, pour les moins candides, que ce fameux État de droit existe.

 

« Jean-Jacques Rousseau, en son temps, déplorait le recours à la représentation. S’inclinant devant l’incontournable obstacle, il préconisait le mandat impératif. Les représentants élus étaient obligés d’appliquer à la lettre le mandat reçu de leurs électeurs. Les démocrates du dix-huitième siècle, admirateurs de l’Antiquité, n’étaient pas des partisans de la démocratie grecque. Le pouvoir démesuré qu’elle accordait au peuple les effrayait. Il y a une aversion totale et une méfiance absolue des révolutionnaires américains et français pour le modèle démocratique athénien. Car ces messieurs les révolutionnaires étaient issus des élites bourgeoises, et ils entendaient bien faire prévaloir leurs ambitions et les étendre»

 

Premièrement nous ne sommes pas dans un État représentatif du peuple, et deuxièmement, nous ne devrions pas souhaiter nous y trouver. Le seul « joker » qui assurerait la réelle représentativité des opinions exprimées par les citoyens, c’est celui qui est invalidé par l’article 27 de la Constitution de 1958, à savoir le mandat impératif. Le mandat impératif, c’est ce qui permettrait aux citoyens de rédiger le programme des élus, de le leur donner, et de les obliger à le respecter. Ajoutons à cela l’idée des élections sans candidat, on pourrait s’attendre à un résultat assez surprenant. François Hollande, Jacques Chirac, le président français d’origine hongroise N.Sarkozy, ou François Mitterrand auraient-ils été élus sans rédiger leurs mensonges électoraux, et sans faire campagne pour rendre ceux-ci crédibles ?

 

« Le citoyen se trouve pris dans un piège schizophrénique : d’une part, il reconnaît l’État et il en a besoin, d’autre part il se sent écrasé par un appareil d’État tout-puissant. Sur le plan politique, cette schizophrénie est nourrie par l’ambiguïté et le paradoxe du statut des élus. Les élus sont les “représentants du peuple” (article 3 de la constitution de 1958) qui exercent un “mandat” (article 27). Ce mandat établit un contrat politique entre l’élu et ses électeurs. Or, non seulement ce contrat n’est pas impératif, l’élu n’est en rien obligé de se conformer aux engagements solennellement souscrits auprès de ses électeurs, mais de surcroît, élu d’une circonscription, il ne la représente pas, car il est censé être le représentant de toute la nation ! »


L’élection sans candidats, c’est un moyen de s’assurer de limiter le pôle aristocratique de ce système représentatif, afin de mettre l’accent sur le côté démocratique, mais c’est en plus un moyen d’économiser beaucoup d’argent en frais de campagnes remboursés par le contribuable. Pourquoi les politiciens ne font pas cette proposition, s’ils sont certains de leur popularité auprès du peuple, sans avoir à occuper incessamment leur poste de télévision pendant 6 mois, et si – mais ça on en doute tout de même moins – ils désirent réellement et sincèrement réduire les dépenses publiques pour le bien de la population ?

 

« Hors de là, point de salut ! On a réussi à persuader des millions, des milliards d’individus que la démocratie, c’est le suffrage universel. Non. La vraie démocratie, c’est le tirage au sort. Pourquoi a-t-on oublié que c’est le suffrage universel qui a amené au pouvoir un Adolf Hitler, dans un régime démocratique, la république de Weimar (Buchenwald n’est situé qu’à quelques kilomètres de Weimar) qui, à lui tout seul, a provoqué le plus grand cataclysme du vingtième siècle ? »

 

Mais allons encore plus loin que les élections sans candidat, puisque c’est ce que André Tolmère fait. Si l’on désire une réelle représentativité des citoyens dans le corps législateur, pourquoi ne pas tout simplement en tirer au sort ? L’idée de l’Assemblée Constituante tirée au sort, sous contrôle des citoyens, reprise notamment par Étienne Chouard lors de ses conférences commence à faire son chemin. Le hasard n’est-il pas le meilleur garant, quand on observe que l’élection ou la nomination restent toujours des principes très aristocratiques, d’une sélection totalement aléatoire, qui ne pourrait donc donner lieu à aucune discrimination, et qui offrirait à chaque citoyen l’opportunité de participer à la vie politique de son pays.

 

« On qualifie généralement d’utopique un système ou un projet irréalisable. L’ennui, c’est que cette utopie a fonctionné, et plutôt bien, pendant plus d’un siècle, il y a 2500 ans. Bizarrement, aujourd’hui ce ne serait plus possible ? L’argument tombe tout seul. Mais c’est ce même argument qui est constamment repris et asséné depuis plus de deux siècles, depuis les révolutions américaine et française : “La démocratie directe n’est pas applicable… Cela pouvait fonctionner dans le cadre d’une petite cité comme Athènes, mais c’est impossible pour un grand pays…” et hop, on a escamoté le plus important, le recours au tirage au sort, qui élimine les “élites”. Rappelons encore qu’Athènes, au cinquième siècle avant Jésus-Christ, n’était pas un village, mais une grande ville pour l’époque, une cité État, dont la population atteignait 200.000 habitants. La grande majorité des Athéniens était très attachée aux valeurs de la démocratie, les vraies, indissociables du tirage au sort. »

 

Le Manifeste pour la Vraie Démocratie appelle à la formation d’un Mouvement des Citoyens pour la Vraie Démocratie, appelé MCVD, il appelle les personnes soucieuses de la vie politique de leur pays, de leur région, ou même de leur quartier à s’organiser et à se former en groupe-citoyens. Bien que la lecture de cet ouvrage puisse être un peu difficile, de par des aspects parfois redondants, et cela surtout pour les gens déjà sensibles aux problématiques de démocratie réelle et de tirage au sort, il reste un très bon moyen d’aborder le sujet et recense une quantité d’arguments et de contre-arguments assez impressionnante, ce qui permettra de convaincre n’importe quelle personne de bonne foi, que la première vraie démocratie en France est possible, souhaitable, et qu’il faut travailler ensemble afin de la mettre en place.

 

Le livre peut être lu ici :

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/Manifeste_pour_la_vraie_democratie.pdf

 

 

PAR ARBY - cercledesvolontaires.fr – le 1er juin 2015.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Vidéo - Étienne Chouard brise l’omerta sur le système politique français

Vidéo - Étienne Chouard brise l’omerta sur le système politique français | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : capture d'écran de la vidéo ci-dessous



Vidéo - Étienne Chouard brise l’omerta sur

le système politique français

 


« Le capital doit se protéger par tous les moyens possibles, à la fois par la combinaison et la législation. Les dettes doivent être collectées, les hypothèques saisies le plus rapidement possible. Lorsque, en vertu de la loi, les gens perdront leurs maisons, ils deviendront plus dociles et plus faciles à gouverner grâce au bras fort du gouvernement mis en œuvre par un pouvoir central de la richesse sous le contrôle de grands financiers. Ces vérités sont bien connues parmi nos principaux hommes qui sont maintenant engagés dans la formation d’un impérialisme pour gouverner le monde. En divisant les électeurs par le système des partis politiques, nous pouvons les amener à dépenser leur énergie en se battant pour des questions sans importance. C’est donc par l’action discrète que nous pouvons obtenir pour nous-mêmes ce qui a été si bien planifié et ainsi accompli avec succès. »

Norman Montagu, gouverneur de la Banque d’Angleterre, s’adressant à l’association des Banquiers des États-Unis, New York 1924.

 

 

 

 

Le gouvernement français a censuré plusieurs fois cette vidéo. Elle montre en quelques arguments imbattables, comment fonctionne réellement le système politique français, et démontre pourquoi nous ne sommes pas en démocratie !

 

 

Par crashdebug.fr – juin 2015.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

France - L’État contre la République

France - L’État contre la République | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le 27 janvier 2015, le président François Hollande rendait les « complotistes » d’aujourd’hui responsables des crimes commis hier par les nazis contre les juifs d’Europe. Il appelait à leur interdiction d’expression.

 

 

France - L’État contre la République

Par Thierry Meyssan (*) -

 

À la demande du président François Hollande, le Parti socialiste français vient de publier une Note sur le mouvement international « conspirationniste ». Son but : préparer une nouvelle législation lui interdisant de s’exprimer.

 

Aux États-Unis, le coup d’État du 11 septembre 2001 a permis d’établir un « état d’urgence permanent » (Patriot Act) et de lancer une série de guerres impériales. Progressivement, les élites européennes se sont alignées sur leurs homologues d’outre-Atlantique. Partout, les citoyens s’inquiètent d’être abandonnés par leurs États et remettent en question leurs institutions. Cherchant à se maintenir au pouvoir, les élites sont désormais prêtes à utiliser la force pour bâillonner leurs oppositions.

 

Le président de la République française, François Hollande, a assimilé ce qu’il nomme les « théories du complot » au nazisme, puis a appelé à empêcher leur diffusion sur internet et les réseaux sociaux.

 

Ainsi a-t-il déclaré le 27 janvier 2015 au Mémorial de la Shoah :

« [L’antisémitisme] entretient les théories du complot qui se diffusent sans limites. Théories du complot qui ont, dans le passé, conduit déjà au pire » (…) « [La] réponse, c’est de prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux. Or, nous devons nous souvenir que c’est d’abord par le verbe que s’est préparée l’extermination. Nous devons agir au niveau européen, et même international, pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes Internet qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement » [1].

 

Plusieurs ministres ont également conspué ce qu’ils appellent les théories du complot comme autant de « ferments de haine et de désintégration de la société ».

 

Sachant que le président Hollande appelle « théorie du complot » l’idée que les États, quels que soient leurs régimes – y compris les démocraties –, ont une propension spontanée à agir dans leur intérêt et non pas dans celui de leurs administrés, on peut en conclure qu’il s’est livré à cet amalgame pour justifier d’une éventuelle censure de ses opposants.

 

Cette interprétation est confirmée par la publication par la Fondation Jean-Jaurès, think tank du Parti socialiste dont M. Hollande était le Premier secrétaire, d’une note intitulée « Conspirationnisme : un état des lieux » [2].

 

Laissons de côté les relations politiques de François Hollande, du Parti socialiste, de la Fondation Jean-Jaurès, de son Observatoire des radicalités politiques et de l’auteur de la note et concentrons-nous sur son message et son contenu idéologique.

 

 

Définition des « théories du complot »

 

Les expressions « théories du complot » et « conspirationnisme » se sont développées en France à la suite de la publication de mon livre sur l’impérialisme états-unien post — 11-Septembre, L’Effroyable imposture [3]. À l’époque, nous avions du mal à comprendre ce qu’elles signifiaient, car elles renvoyaient à l’histoire politique américaine. Aux États-Unis, on appelait couramment « conspirationnistes » ceux pour qui le président Kennedy n’avait pas été assassiné par un seul homme, mais par plusieurs, formant une conspiration (au sens judiciaire). Avec le temps, ces expressions sont entrées dans la langue française et se sont superposées avec des souvenirs des années 30 et de la Seconde Guerre mondiale, ceux de la dénonciation du « complot juif ». Ces expressions sont donc aujourd’hui polysémiques, évoquant parfois la loi du silence états-unienne et, à d’autres moments, l’antisémitisme européen.

 

Dans sa note, la Fondation Jean-Jaurès donne sa propre définition du « conspirationnisme ».

 

C’est « un récit « alternatif » qui prétend bouleverser de manière significative la connaissance que nous avons d’un événement et donc concurrencer la « version » qui en est communément acceptée, stigmatisée comme « officielle » » (p. 2).

 

Observons que cette définition ne s’applique pas qu’aux délires de malades mentaux. Ainsi, Platon affirmait avec le mythe de la caverne remettre en cause les certitudes de son temps ; Galilée avec sa thèse héliocentrique défiait la lecture que son époque faisait de La Bible ; etc.

 

Pour ma part et puisque l’on voit en moi le « pape du conspirationnisme » ou plutôt l’« hérésiarque », selon le mot du philosophe italien Roberto Quaglia, je réaffirme mon engagement politique radical, au sens du radicalisme républicain français, de Léon Bourgeois [4], de Georges Clemenceau [5], d’Alain [6] et de Jean Moulin [7]. Pour moi, comme pour eux, l’État est un Léviathan qui par nature abuse de ceux qu’il gouverne.

 

Comme républicain radical, je suis conscient que l’État est l’ennemi de l’intérêt général, de la Res Publica ; raison pour laquelle je souhaite non pas l’abroger, mais le dompter. L’idéal républicain est compatible avec divers régimes politiques — y compris avec la monarchie, comme l’ont acté les auteurs de la Déclaration de 1789.

Cette opposition, que le Parti socialiste actuel conteste, a tellement marqué notre histoire qu’en 1940 Philippe Pétain abrogea la République pour proclamer l’« État français ». Dès sa prise de fonction présidentielle, j’ai dénoncé le pétainisme de François Hollande [8]. Aujourd’hui, M. Hollande se réclame de la République pour mieux la combattre et son inversion des valeurs plonge le pays dans la confusion.

 

 

Qui sont les « conspirationnistes » ?

 

Les « conspirationnistes » sont donc des citoyens qui s’opposent à la toute-puissance de l’État et qui souhaitent le placer sous surveillance.

 

La Fondation Jean-Jaurès les décrit en ces termes :

« [C’est une] mouvance hétéroclite, fortement intriquée avec la mouvance négationniste, et où se côtoient admirateurs d’Hugo Chávez et inconditionnels de Vladimir Poutine. Un milieu interlope que composent anciens militants de gauche ou d’extrême gauche, ex — « Indignés », souverainistes, nationaux-révolutionnaires, ultranationalistes, nostalgiques du IIIe Reich, militants anti-vaccination, partisans du tirage au sort, révisionnistes du 11 — Septembre, antisionistes, afrocentristes, survivalistes, adeptes des « médecines alternatives », agents d’influence du régime iranien, bacharistes, intégristes catholiques ou islamistes » (p. 8).

 

On notera les amalgames et les injures de cette description visant à discréditer les personnes qu’elle désigne.

 

 

Les mythes des « conspirationnistes »

 

La Fondation Jean-Jaurès poursuit son dénigrement en accusant les « conspirationnistes » d’ignorer les réalités du monde et de croire naïvement en des mythes éculés. Ainsi, nous croirions au « complot sioniste mondial », au « complot illuminati » et au « mythe Rothschild » (p. 4). Et pour créditer ces trois affirmations, elle ne cite qu’un exemple relatif au seul « mythe Rothschild » : le blogueur Étienne Chouard — dont le travail ne porte pas simplement sur la République, mais va bien au-delà pour traiter de la Démocratie [9] — affirme que la loi Pompidou-Rothschild de 1973 est à l’origine de la dette de la France. Et la Fondation de réfuter cette affirmation en citant une tribune publiée par Libération.

 

On notera ici que l’exemple d’Étienne Chouard nous laisse sur notre faim à propos des deux autres mythes cités. Surtout, la Fondation s’adresse à des ignorants qui n’ont pas lu la réponse de M. Chouard à la tribune de Libération [10], ni la contribution du « conspirationniste » Michel Rocard [11]. En effet, de ce débat, il ressort bien que la loi de 1973 a permis l’explosion de la dette française au profit de banques privées, ce qui aurait été impossible auparavant.

 

 

La « complosphère »

 

Pour la Fondation Jean-Jaurès, les intellectuels conspirationnistes seraient « essentiellement Nord-Américains. Citons en particulier Webster Tarpley et William Engdhal (tous deux anciens membres de l’organisation politico-sectaire américaine dirigée par Lyndon LaRouche), Wayne Madsen (WayneMadsenReport.com), Kevin Barrett (VeteransToday.com) ou encore Michel Chossudovsky (Mondialisation.ca). Avec leurs homologues européens, ces derniers forment une sorte d’Internationale à laquelle Thierry Meyssan, le président du Réseau Voltaire, a tenté de donner une forme concrète en novembre 2005, en réunissant à Bruxelles une « conférence anti-impérialiste » – « Axis for Peace » – dont la liste des participants se lit comme un who’s who des auteurs conspirationnistes les plus en vue de l’époque » (p. 8).

 

Observons d’abord que la Fondation Jean-Jaurès ne doit lire que le français et l’anglais, et n’avoir que survolé la liste des participants d’Axis for Peace, pour croire que le phénomène qu’elle décrit ne concerne que la France, le Canada et les États-Unis, alors qu’il comprend une très importante littérature en allemand, en arabe, en espagnol, en italien, en persan, en polonais, en portugais et en russe ; langues qui sont d’ailleurs majoritaires à Axis for Peace.

 

Notons aussi le caractère malveillant de l’allusion à « l’organisation politico-sectaire américaine dirigée par Lyndon LaRouche ». En effet, Webster Tarpley et William Engdhal ont quitté cette organisation, il y a plus de 20 ans. Et à l’époque où ils en étaient membres, ce parti était représenté en France aux congrès d’une formation d’extrême gauche.

 

Un peu plus loin, la Fondation Jean-Jaurès ne manque pas de citer l’humoriste Dieudonné M’Bala M’Bala, dont l’État tente d’interdire les spectacles, le sociologue Alain Soral, dont le site internet (EgaliteEtReconciliation.fr) obtient des records d’audience en France, et Alain Benajam (facebook.com/alain.benajam), président du Réseau Voltaire France et représentant du gouvernement Novorossien du Donbass.


En 1989, l’ancien chef du Renseignement états-unien en Europe, Irwing Brown, révélait aux journalistes Roger Faligot et Rémi Kauffer avoir recruté Jean-Christophe Cambadélis lorsqu’il militait chez les trotskistes lambertistes. 25 ans plus tard, M. Cambadélis est devenu Premier secrétaire du Parti socialiste français.

 

 

Les idées politiques des « conspirationnistes »

 

Après ces apéritifs, la Fondation Jean-Jaurès en vient au cœur du débat, celui des idées politiques. Il définit ainsi celles des « conspirationnistes » :

 

 « l’effacement de toute distinction de nature entre régimes autoritaires et démocraties libérales (réputées plus « totalitaires » que les pires des totalitarismes) » ;

 « [l’opposition à] toute législation antiraciste sous prétexte de défense de la « liberté d’expression » » ;

 « [le rejet de] la pertinence du clivage droite-gauche, le véritable clivage étant celui qui sépare « le Système » (ou « l’Empire », ou « l’Oligarchie ») de ceux qui lui résistent » ; (p. 8)

 « l’idée que le sionisme est un « projet de domination » du monde » (p. 9).

La Fondation Jean-Jaurès cible précisément les sujets de conflit, mais grossit le trait pour discréditer ses opposants. Par exemple, personne ne s’est opposé à la législation antiraciste, mais uniquement et exclusivement à la disposition de la loi Fabius-Gayssot qui punit de prison le débat sur l’extermination des juifs d’Europe [12]

 

 

Qu’est-ce que le sionisme ?

 

La Fondation se livre alors à une très longue analyse de mes travaux sur le sionisme. Elle les défigure puis les commente :

 

« L’antisionisme revendiqué ici par Thierry Meyssan n’a pas de rapport avec la critique d’une politique conjoncturelle, celle des gouvernements qui ont pu se succéder à la tête de l’État d’Israël. Il ne relève pas d’un anticolonialisme que satisferait le retrait d’Israël des territoires occupés à l’issue de la guerre des Six Jours et la création d’un État palestinien. Il ne procède pas non plus d’un internationalisme qui tiendrait en suspicion, par principe, tout mouvement national d’où qu’il vienne puisque, précisément, il ne tient pas le sionisme pour un mouvement national. Cet antisionisme de facture paranoïaque ne prétend pas combattre le sionisme envisagé dans la diversité de ses expressions historiques, mais une hydre fantasmatique qui serait à la source du malheur du monde » (p. 9).

 

En voulant conclure sur ce débat et en lui donnant une place considérable dans son analyse, la Fondation Jean-Jaurès en souligne l’importance. Je défends en effet une position jusqu’ici absente du débat politique occidental [13] :


 Le premier chef d’État ayant affirmé son intention de rassembler les juifs du monde entier dans un État qui serait le leur fut Lord Cromwell au XVIIe siècle. Son projet, clairement explicité, consistait à utiliser la diaspora juive pour étendre l’hégémonie anglaise. Ce projet a été défendu par tous les gouvernements britanniques successifs et inscrit par Benjamin Disraeli à l’ordre du jour de la Conférence de Berlin.


Theodor Herzl lui-même était un disciple de Cecil Rhodes, le théoricien de l’Empire britannique. Herzl avait proposé au départ de créer Israël en Ouganda ou en Argentine, pas du tout en Palestine. Lorsqu’il est parvenu à faire adhérer des militants juifs au projet britannique, il a acheté des terres en Palestine en créant l’Agence juive dont les statuts sont la copie intégrale de la société de Rhodes en Afrique australe.


 En 1916-17, le Royaume-Uni et les États-Unis se sont réconciliés en s’engageant ensemble à créer l’État d’Israël, c’est la Déclaration Balfour pour Londres et les 14 points de Wilson pour Washington.

Il est donc parfaitement absurde de prétendre que Herzl a inventé le sionisme, de dissocier le projet sioniste du colonialisme britannique, et de nier que l’État d’Israël est un outil du projet impérial commun de Londres et de Washington.

 

La position du Parti socialiste sur ce sujet n’est pas innocente. En 1936, il proposait avec Léon Blum de transférer les juifs allemands au sud du Liban de manière à ce que ce territoire soit annexé par Israël lorsque celui-ci serait créé [14]. Cependant le projet fut rapidement écarté par le haut-commissaire français à Beyrouth, le comte Damien de Martel de Janville, parce qu’il violait à l’évidence le mandat de la Société des Nations. Aujourd’hui le lobby israélien, créé en 2003 au sein du Parti socialiste, alors que François Hollande était Premier secrétaire, s’appelle donc naturellement Cercle Léon-Blum.

 

 

Remarques conclusives

 

En 2008, le professeur Cass Sunstein, conseiller du président Barack Obama et époux de l’ambassadrice US aux Nations unies, avait rédigé une note similaire [15].

 

Il écrivait :

 

« Nous pouvons facilement imaginer une série de réponses possibles.

 1. Le gouvernement peut interdire les théories de la conspiration.

 2. Le gouvernement pourrait imposer une sorte de taxe, financière ou autre, sur ceux qui diffusent de telles théories.

 3. Le gouvernement pourrait s’engager dans un contre discours pour discréditer les théories du complot.

 4. Le gouvernement pourrait engager des parties privées crédibles à s’engager dans un contre-discours.

 5. Le gouvernement pourrait s’engager dans la communication informelle avec les parties tierces et les encourager ».

 

En définitive, le gouvernement des États-Unis avait décidé de financer des individus, à la fois chez lui et à l’étranger, pour perturber les forums des sites internet « conspirationnistes » et pour créer des groupes leur apportant la contradiction.

 

Ceci n’ayant pas suffi, la France est appelée à prendre des mesures autoritaires. Comme par le passé, les élites françaises, dont le Parti socialiste forme l’aile prétendument de gauche, se sont placées aux ordres de la principale puissance militaire de l’époque, en l’occurrence les États-Unis.

 

Pour la mise en œuvre de ce projet, il reste à définir quelle instance, nécessairement administrative, sera chargée de la censure et quels en seront les critères. Ne soyons pas naïfs, nous nous approchons d’une inévitable épreuve de force.

 

 

 

PAR THIERRY MEYSSAN (*) — RÉSEAU VOLTAIRE INTERNATIONAL | DAMAS (SYRIE) — LE 9 MARS 2015

 

 

(*) Thierry Meyssan : consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

 

 

Document joint :

 

Conspirationnisme : un état des lieux », par Rudy Reichstadt, Fondation Jean-Jaurès, Parti socialiste, 24 février 2015.

(PDF - 159.3 ko)

 

 

Notes :

[1] « Discours de François Hollande au Mémorial de la Shoah », par François Hollande, Réseau Voltaire, 27 janvier 2015.

[2] « Conspirationnisme : un état des lieux », par Rudy Reichstadt, Observatoire des radicalités politiques, Fondation Jean-Jaurès, Parti socialiste, 24 février 2015.

[3] L’Effroyable Imposture suivi de Le Pentagate, par Thierry Meyssan, Nouvelle réédition, entièrement réactualisée et annotée, éditions Demi-Lune.

[4] Léon Bourgeois, sculpteur français (1851-1925). Théoricien du « solidarisme » (que les socialistes actuels confondent avec la Fraternité). Il fut président du Parti radical, président du Conseil des ministres, premier président de la Société des Nations et lauréat du prix Nobel de la paix en 1920. Avec l’aide du Tsar Nicolas II, il posa le principe des arbitrages entre États, dont la Cour internationale de Justice des Nations unies est l’aboutissement actuel.

[5] Georges Clemenceau (1841-1929). Il défendit les Communards face à la droite et combattit la gauche socialiste de Jules Ferry aussi bien contre son projet de colonisation que contre sa vision de la laïcité. Alors que, durant la Grande Guerre, le pays semblait vaincu, il devint président du Conseil et le conduisit jusqu’à la victoire.

[6] Alain, philosophe français (1868-1951), co-fondateur du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA). Il milita pour une république protectrice de la liberté, strictement contrôlée par le peuple.

[7] Jean Moulin, haut fonctionnaire (1899-1943). Il prit le parti des Républicains espagnols et organisa illégalement, malgré le gouvernement socialiste neutre, un trafic d’armes pour résister aux Franquistes. Durant l’Occupation de la France, il dirigea le Conseil national de la Résistance, y incluant toutes les sensibilités politiques à l’exception de celle qui s’était battue aux côtés des Franquistes. Arrêté par les nazis, il mourut sous la torture.

[8] « La France selon François Hollande », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 30 juillet 2012.

[9] La République veille à ce que le Pouvoir serve l’Intérêt général. La Démocratie exige que le Pouvoir soit exercé par tous les citoyens.

[10] « Analyse des réflexions de Monsieur Beitone sur la prétendue rumeur d’extrême droite à propos de la loi de 1973 », par Étienne Chouard, 30 décembre 2011.

[11] Émission Mediapolis sur la radio Europe 1, le 22 décembre 2012, l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard était l’invité de Michel Field et d’Olivier Duhamel.

[12] De nombreux responsables politiques se sont vainement opposés à cette loi, dont l’ancien président Jacques Chirac, et les anciens Premiers ministres Dominique de Villepin et François Fillon.

[13] « Qui est l’ennemi ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 août 2014.

[14] My Enemy’s Enemy : Lebanon in the Early Zionist Imagination, 1900-1948, par Laura Zittrain Eisenberg, Wayne State University Press (1994). Thèse de doctorat vérifiée par Itamar Rabinovitch côté israélien et Kamal Salibi côté libanais.

[15] « Conspiracy Theories », Cass R. Sunstein & Adrian Vermeule, Harvard Law School, January 15, 2008.

Koter Info's insight:



Pour approfondir le sujet "conspirationnisme", je vous invite à lire :


- Le « conspirationnisme » La grande tarte à la crème

 

- Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 1/2)

 

- Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 2/2)


- Dix « théories du complot » qui se sont avérées être exactes


- Les conspirationnistes sont sains.


No comment yet.