Duflot, des ordonnances entre béton et verdure | Immobilier | Scoop.it

La ministre du Logement présente jeudi les ordonnances pour favoriser la construction. Elle préconise de densifier les villes tout en préservant les campagnes.

... Au menu : les ordonnances, annoncées mi-mars par François Hollande, qui doivent alléger les normes de construction...

 

La chasse aux mètres carrés dans les centres-villes

Un premier lot de mesures vise à densifier les villes frappées par une pénurie de logements, comme en Île-de-France, dans le Sud-Est ou en Haute-Savoie. Comment ? En accordant des dérogations pour transformer les bureaux en logements. La mesure aura pour effet d'augmenter les règles de densité d'habitations par rapport aux bureaux dans les villes. Un parc qui représente 2,5 millions de mètres carrés pour la seule Île-de-France. La ministre va aussi proposer de limiter les places de stationnement pour les voitures. Dans plusieurs agglomérations, une règle vieille de cinquante ans impose jusqu'à 3 places par logement ! Et certains maires créent plus de places de parking que de besoin pour éviter que les voitures ne stationnent dans les rues. Ce plafond sera réduit à une place dans les centres-villes afin de gagner en surface constructible. Ces mesures s'appliqueront par ordonnance aux plans locaux d'urbanisme (PLU), le principal outil des édiles pour aménager leur territoire.

 

Densifier les banlieues

... À sa manière, la ministre revisite l'éphémère relèvement de 30 % des droits à construire de Nicolas Sarkozy. Elle préconise d'aligner la hauteur des habitations pour "gagner" quelques étages supplémentaires et combler les "trous" entre les immeubles. "Il ne s'agit pas de construire des tours mais de rajouter quelques étages", rassure son entourage. "Ce sera surtout utile en périphérie des grandes villes, où les habitations sont souvent à deux ou trois étages." Autre proposition : supprimer la surface minimale attribuée à chaque pavillon. Depuis 2003, les maires imposaient sur leur territoire un nombre maximal de maisons pour préserver les paysages et éviter trop d'urbanisation. Cette fois, c'est l'inverse : la ministre souhaite concentrer davantage d'habitations sur une même zone.
Elle en attend aussi un effet ­antispéculation. "Elle espère peser sur les prix de la pierre qui restent élevés dans les périphéries", confirme un de ses proches. Mais la demande est si forte que le rapport de force peinera à s'inverser. Il faudrait un vrai "choc" d'offre de logements, estiment les professionnels. Malgré un plan qui répond à leurs demandes, les promoteurs se montrent réservés. "L'effet sera perceptible dans plusieurs années, juge Guy Nafilyan, patron de Kaufman & Broad. Il manque des décisions d'urgence pour construire le million de logements manquants." Il faudrait, selon lui, que les maires ouvrent massivement leurs plans locaux d'urbanisme pour dégager en nombre des terrains constructibles.

 

Des gages aux écolos

Cécile Duflot a aussi souhaité donner des gages à ses amis Verts. En imposant que les terrains classés "à bâtir" depuis plus de dix ans soient automatiquement reclassés en zone naturelle. Celle qui s'était proclamée ministre "des villes et des campagnes" souhaite sanctuariser des terrains agricoles et éviter une rétention du foncier qui pousse à la spéculation...