A la réouverture des banques ce jeudi à Nicosie, un peu d'attente mais nulle panique.
Le grand «bank run» n’aura pas eu lieu à Chypre. Du moins pas physiquement, si l’on en juge par les files d’attente finalement plutôt calmes et limitées ce jeudi devant les banques de Nicosie. Après douze jours de fermeture forcée, les établissements devaient rouvrir ce jeudi à midi, avait confirmé mercredi soir la Banque centrale. Mais de strictes restrictions ont été mises en place pour éviter des retraits massifs: les retraits sont limités à 300 euros par personne et par jour, les virements à l’étranger à 5 000 euros par mois, par personne et par banque, et les voyageurs quittant l’île ne peuvent porter sur eux plus de 1 000 euros en espèces (détail des mesures ici).
Un peu avant l’heure, de petites files ont commencé à se former devant les agences, sous l’œil des vigiles postés là depuis 7 heures du matin. Devant la banque Laiki d’une avenue du sud de la ville, ils sont une quinzaine à patienter à l’heure dite. Pareil devant les agences alentour, un peu plus dans le centre. Grande sacrifiée du plan de restructuration, la Laiki, deuxième banque du pays, sera scindée en deux, sa partie «saine» devant être absorbée par la Bank of Cyprus.
Helena, la cinquantaine, est arrivée une heure en avance devant son agence. Ancienne secrétaire, elle n’a plus de travail et vit avec les 400 euros qu’elle reçoit de l’Etat. Sans carte de crédit, sans pouvoir retirer au guichet et sans pouvoir déposer son chèque de pension, elle était coincée depuis douze jours. «Une amie m’a prêté 50 euros pour pouvoir tenir la semaine. Là, j’espère pouvoir retirer 200 euros, sur mes 1 000 euros d’économie.» Derrière elle, un homme en costard, nerveux. Gérant d’une agence de voyage, il veut déposer des chèques. «On a une date limite pour payer les compagnies d’avion. Si je ne peux pas payer, je risque de perdre ma licence.»
Via Vincent DUBOIS