Les députés ont retoqué les propositions de parlementaires qui souhaitaient supprimer les dispositions du projet de loi Fioraso sur une plus grande utilisation de l'anglais dans l'enseignement.
Les députés ont précisé mardi 14 mai les conditions d'une plus grande utilisation de l'anglais dans l'enseignement supérieur, et ont retoqué en commission les propositions de parlementaires PS, UMP et FG qui souhaitaient supprimer les dispositions sur le sujet prévues par un projet de loi. Ce texte, porté par la ministre de l'enseignement supérieur Geneviève Fioraso, étend en effet les exceptions à l'enseignement en français, notamment dans le cadre d'accords avec des universités étrangères ou de programmes financés par l'Union européenne.
Plusieurs intellectuels se sont prononcés contre cette initiative ces dernières semaines et l'Académie française a demandé au gouvernement de renoncer. D'aucun soulignent que la loi Toubon de 1994 écrit expressément que la langue de l'enseignement est le français et prévoit déjà des exceptions.
La ministre a un peu regretté le caractère "passionné" de ce débat et "la focalisation médiatique sur le sujet", mais s'est dite ouverte à des "améliorations". "Personne ne s'est offusqué qu'on enseigne en anglais dans les écoles de commerce", a-t-elle lancé, se disant "confiante dans la force du français", alors que lui était opposée "une atteinte à la francophonie".
Le député UMP Daniel Fasquelle a, lui, mis en avant "la perte d'influence" de la France et dit craindre une "perte de la maîtrise technique et scientifique dans un certain nombre de domaines". "Michel Serres (philosophe) a très bien expliqué que c'est par ce biais qu'on déstabilise des langues et qu'elles finissent par disparaître", a-t-il argumenté. Au nom d'une quarantaine de députés PS, le député Pouria Amirshahi (Français établis à l'étranger – Maghreb et Afrique de l'Ouest) a estimé, citant les printemps arabes, que cet article ne donnait pas un "signal favorable", notamment dans les territoires qui se "réorganisent". La députée communiste Marie-George Buffet a également plaidé en faveur d'une suppression.
"On est un peu faux-cul : à Sciences Po où j'enseigne on parle en anglais mais à l'université on n'a pas le droit de parler l'anglais, mais les élites oui", s'est au contraire exclamé Jean-Yves Le Déaut (PS) venu au soutien de la ministre. "Ce n'est pas avec cette disposition qu'on revient en arrière", a renchéri le rapporteur du texte, Vincent Feltesse (PS)...
Via Vincent DUBOIS