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Fessenheim: une loi s’impose pour tenir la promesse d’une fermeture fin 2016

Fessenheim: une loi s’impose pour tenir la promesse d’une fermeture fin 2016 | Home | Scoop.it

La promesse de François Hollande de fermer fin 2016 la centrale alsacienne de Fessenheim apparaît intenable avec les procédures actuelles, nécessitant un recours à la loi jugé «très vraisemblable» mardi par le PDG d’EDF, Henri Proglio.

Selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), il faut compter un délai difficilement compressible de cinq ans pour déclarer un réacteur français administrativement fermé car il faut deux ans pour que l’opérateur constitue un dossier solide et environ trois ans après le dépôt du dossier jusqu’au décret d’arrêt définitif.

«C’est un ordre de grandeur, mais il ne peut pas être beaucoup réduit», a confirmé dans un entretien à l’AFP le directeur général de l’ASN, Jean-Christophe Niel.

Un calcul d’écolier suffit alors à conclure qu’en l’état actuel des choses, Fessenheim ne pourra probablement pas être fermée avant 2018.
Cette perspective suscite l’inquiétude des opposants au nucléaire, inquiets de voir la seule promesse concrète de François Hollande en vue de l’objectif de 50% d’électricité nucléaire en 2025 menacée par une éventuelle défaite de la gauche lors des rendez-vous électoraux de 2017.

Le gouvernement, qui a maintenu le calendrier d’une fermeture fin 2016, s’oriente donc vers la solution d’une loi l’autorisant à fermer une centrale nucléaire, alors qu’aujourd’hui seul l’exploitant, c’est-à-dire EDF, peut amorcer la procédure (hors arrêt ordonné par l’ASN pour raisons de sûreté).

Cette possibilité figure dans la synthèse du «débat national sur la transition énergétique», qui doit déboucher cet automne sur un projet de loi devant être discuté au Parlement l’an prochain et dans lequel devrait figurer la fermeture de la plus vieille centrale de France (36 ans d’activité).

«Il est très vraisemblable qu’une loi prévoira la fermeture de Fessenheim», a d’ailleurs souligné dans un entretien au Monde (daté mercredi) le PDG d’EDF. M. Proglio a assuré que celle-ci serait «respectée» par son groupe.

EDF indemnisée

Après avoir montré un entrain limité, le géant français de l’électricité, qui exploite les 19 centrales et 58 réacteurs nucléaires hexagonaux, a annoncé mardi avoir commencé à travailler sur le dossier de fermeture.

«Mes équipes ont commencé à travailler avec Francis Rol-Tanguy», le délégué interministériel à la fermeture et à la reconversion du site, a indiqué M. Proglio, sans plus de précisions.

«Il y a effectivement un travail qui s’effectue», a confirmé à l’AFP M. Rol-Tanguy.

Selon «Monsieur Fessenheim», le calendrier du gouvernement est bien «crédible» mais «effectivement suppose un passage par la loi sur la transition énergétique». Cette façon d’accélérer le processus ne devra pas se faire au détriment de la sécurité nucléaire, a souligné l’ASN.

«Si le gouvernement et le Parlement décident d’introduire de nouvelles dispositions, nous n’avons pas d’avis là-dessus», a déclaré M. Niel.

«En revanche, on sera très attentifs à ce que cela n’obère pas la sûreté et qu’on puisse faire notre travail d’autorité de sûreté indépendante», a-t-il prévenu.

La loi devra aussi être solide juridiquement pour éviter d’être torpillée par un recours, fréquent dans le domaine de l’énergie.
A la volonté politique et à la faisabilité technique de fermer Fessenheim s’ajoute un troisième critère: le coût financier.

EDF, qui vient de décrocher auprès de l’ASN l’autorisation d’exploiter les deux réacteurs de 900 mégawatts de Fessenheim jusqu’en 2022-2023, compte bien être indemnisée pour son manque à gagner.

Aucun chiffre n’a été avancé officiellement --"c’est à discuter. Je n’ai pas commencé cette discussion, les chiffres que l’on peut lire ici ou là n’ont donc aucun fondement», a dit M. Proglio mardi, mais la facture pourrait se chiffrer en milliards d’euros.

Plusieurs groupes allemands et suisses (EnBW, Alpiq, Axpo et BKW), qui financent la centrale à hauteur de 32,5%, en échange d’une part équivalente de sa production, pourraient eux aussi demander des compensations.

Or plus Fessenheim sera fermée tôt, plus cette indemnisation du manque à gagner grossira, un enjeu lourd en période de disette budgétaire.
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FACE À L'URGENCE ÉCOLOGIQUE ET À L'INACTION DES DIRIGEANTS, COMMENT AGIR ?

Soutenez Blast, nouveau média indépendant : https://www.blast-info.fr/soutenir

Nous faisons aujourd’hui face à l’un des plus grands défis que l’humanité n’a jamais affronté : l’urgence écologique. Et alors que nous devons mettre toute notre énergie pour éviter l’ingérable et gérer l’inévitable, on en parle si peu et si mal !

Face au déni climatique, à l’inaction politique, il est difficile de ne pas se sentir impuissants. Et pourtant, c’est maintenant ou jamais. Cette vidéo vous propose donc un tour d’horizon des actions à entreprendre pour agir face à l’urgence écologique et accompagner la bascule de notre société… Mais sans oublier que les actions individuelles ne peuvent pas tout ! Et que c’est un changement systémique que réclament les scientifiques.

Pour aller plus loin :

Échelle individuelle :
Calculer son empreinte carbone https://nosgestesclimat.fr
Actions simples : https://bonpote.com/10-actions-simples-pour-devenir-ecolo/
Conseils pour agir pour le climat (mode de vie, changement de banques, associations) : https://reseauactionclimat.org/agir/
Toutes les façons de passer à l’action https://www.racinesderesilience.org
Livre : Petit manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782330101442-petit-manuel-de-resistance-contemporaine-cyril-dion/

Niveau professionnel :
Conseils https://bonpote.com/ecologie-dois-je-quitter-mon-travail/
Se faire accompagner pour changer de métier https://shiftyourjob.org
https://monjobdesens.com
Organiser une fresque : https://fresqueduclimat.org/organisations/
https://www.resistanceclimatique.org/inventons_nos_vies_bas_carbone
Bilan carbone : https://www.cabinet-espere.fr https://www.carbone4.com/training

Médias
Documentaires à voir https://www.imagotv.fr/documentaires
Nouveau hors série de Socialter sur les utopies https://fr.ulule.com/comment-nous-pourrions-vivre/
https://le1hebdo.fr
https://vert.eco
https://humeco.fr/

Nouveaux imaginaires à découvrir et relayer
Livres et maison d’édition: https://www.lamersalee.com/a-propos/
Films https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=227320.html

Désobéissance civile :
https://extinctionrebellion.fr
https://anv-cop21.org
https://scientistrebellion.com
Livre : Comment saboter un pipeline ? de Andreas Malm

Alternatives :
BD La recomposition des mondes de Alessandro Pignocchi
Podcast sur les éco lieux https://shows.acast.com/tas-de-beaux-lieux
https://francetierslieux.fr/les-tiers-lieux-en-france/
Documentaire ZAD : une vie à défendre ​​https://www.youtube.com/watch?v=4nUIGhvPHhA

Entretiens Blast pour aller plus loin :
Affronter le chaos qui vient : mode d’emploi avec Arthur Keller https://www.youtube.com/watch?v=zxYQxhgYpss&t=1629s
Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce avec Corinne Morel Darleux
https://www.youtube.com/watch?v=TpXagsfoc70
L’enquête glaçante sur les multinationales qui brûlent notre planète avec Mickael Correia
https://www.youtube.com/watch?v=o7QM8cSr_yg&t=1124s
Le changement peut se faire au niveau local avec Kevin Vacher
https://www.youtube.com/watch?v=MxqCRVCZcI8&t=4s
Projets polluants : guide pour résister face aux multinationales et aux Etats avec François Verdet
https://www.youtube.com/watch?v=oKQ-qsLLgV0

Journaliste : Paloma Moritz
Montage : Estelle Fromentin
Images : Arthur Frainet
Son : Marius Pruvot
Graphisme : Adrien Colrat
Diffusion : Maxime Hector
Production : Thomas Bornot
Direction des programmes : Mathias Enthoven
Rédaction en chef : Soumaya Benaissa

Le site : https://www.blast-info.fr/
Facebook : https://www.facebook.com/blastofficiel
Twitter : https://twitter.com/blast_france
Instagram : https://www.instagram.com/blastofficiel/

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Sur terre, en mer, la planète cuit

Sur terre, en mer, la planète cuit | Home | Scoop.it

De la Chine au Mexique en passant par l’Inde et l’Algérie, les records de températures tombent les uns après les autres en ce mois de juin. Même les océans surchauffent.

Le monde est entré dans la fournaise. Les observations de ces dernières semaines ne laissent plus de place au doute : la planète se réchauffe. En cette mi-juin, l’enchaînement des records de chaleur est frappant, tout comme le fait qu’aucun continent ne soit épargné — y compris les zones sous-marines.

« Le monde vient de connaître son début juin le plus chaud jamais enregistré, après un mois de mai qui était seulement 0,1 °C plus frais que le record », expliquait Samantha Burgess, directrice adjointe du Copernicus Climate Change service (C3S), le 15 juin dernier. Un rapport du service européen montre que la température moyenne mondiale a dépassé de plus de 1,5 °C la température préindustrielle pendant quelques jours de juin. Le phénomène El Niño – qui a officiellement commencé selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) – participe à cette situation hors norme.

« Une chaleur folle » même à haute altitude 

En Inde, la canicule s’est installée depuis le 15 juin dans deux États les plus peuplés du pays. Elle a déjà tué près de 100 personnes dans l’Uttar Pradesh et le Bihar. Le 18 juin, la température a atteint 42,2 °C dans la ville de Ballia, dépassant de 4,7 °C la normale saisonnière. Une chaleur amplifiée par un taux d’humidité de 25 %. « Cela ne s’est jamais produit à Ballia, rapporte un habitant de cette ville d’Uttar Pradesh auprès de Associated Press. Je n’ai jamais vu autant de gens mourir à cause de la chaleur. Les gens ont peur de sortir. Les routes et les marchés sont en grande partie déserts. »

Le climatologue Maximiliano Herrera, qui publie chaque jour sur son compte Twitter les records de températures à travers le monde, ne chôme pas. Le 19 juin, il alerte sur une vague de chaleur en Asie Centrale. La carte qu’il publie, constellée de rouge foncé, fait froid dans le dos : ce jour-là, il a fait 48,7 °C en Iran, avec « une chaleur folle à haute altitude ». Ainsi, 46,7 °C ont été relevés à Tabas, ville située à 710 mètres et, deux jours plus tôt, 46,4 °C à Khor, à 921 mètres d’altitude.

@extremetemps

L’altitude ne change pas la donne non plus en Mongolie, où les 40 °C pourraient être atteints au-dessus de 1 000 mètres dans les prochains jours. Le 19 juin fut aussi la journée des records dans la péninsule coréenne : « Les plus importants records de chaleur de l’histoire climatique du mois de juin ont été établis à Chunggang en Corée du Nord avec 36,6 °C et à Jeogeup en Corée du Sud avec 34,9 °C. » En Chine, dans la province de Xinjiang, on a approché les 45 °C. « L’air chaud devrait atteindre la capitale, Pékin, où les températures devraient grimper jusqu’à 40 °C », anticipe Maximiliano Herrera.

Les vagues de chaleur en plein été ne sont pas inhabituelles en Chine, en particulier dans l’ouest et le sud du pays, mais cette année, la chaleur est plus précoce. Et fait surtout suite à plusieurs épisodes extrêmes. En janvier, un record de froid de -53 °C avait été battu à Mohe, à la frontière avec la Russie. En Russie justement, le thermomètre grimpe dangereusement aussi. La Sibérie a ainsi vécu ses heures les plus chaudes au début du mois de juin. Le 7 juin, on relevait par exemple plus de 40,1 °C à Kljuci, une ville du Kamtchatka ou encore 39,5 °C à Rubcovsk, dans l’Altaï.

Des milliers d’oiseaux morts de faim sur les côtes du Pacifique

Plus près de chez nous, l’Algérie suffoque depuis le week-end dernier. Dans certaines régions de l’est et du centre du pays, les températures ont atteint 44 °C. En mai, ces mêmes régions ont connu des pluies torrentielles. Dans la partie sud de l’Afrique, le 18 juin, la station météo de Pamandzi, à Mayotte, a battu son record mensuel pour un mois de juin avec 31,7 °C, relève le prévisionniste de Météo France Étienne Kapikian.

De l’autre côté de l’océan Atlantique, la situation est tout aussi critique. Au nord, le Canada est frappé par les pires mégafeux de son histoire, tandis qu’en Amérique latine, Mexico étouffe sous l’effet de la chaleur et de la pollution. C’est le troisième épisode caniculaire que subit le Mexique depuis le début de l’année. Huit personnes sont mortes. La faune est aussi touchée.

Au Bangladesh, début juin. Plusieurs régions du monde sont frappées de phénomènes climatiques extrêmes. © Munir uz zaman / AFP

Des milliers d’oiseaux, notamment des puffins fuligineux, ont échoué sur les côtes du pays. Le même phénomène a été constaté au Pérou et au Chili, début juin. Les autorités mexicaines expliquent que ces morts massives sont très probablement la conséquence d’un réchauffement des eaux de l’océan Pacifique à cause d’El Niño. Selon elles, les eaux de surface étant plus chaudes, les poissons descendent plus profondément, ce qui prive les oiseaux de nourriture.

Une « canicule marine » extrême autour de l’Écosse

Si le Pacifique est en surchauffe, l’Atlantique Nord n’est pas en reste. Le 18 juin, ce dernier atteignait la température de 23,05 °C, soit +1,22 °C par rapport aux normales, détaille l’agroclimatologue Serge Zaka. « Il n’y a aucun précédent en juin. De très loin », souligne-t-il dans un tweet, graphique à l’appui. On parle de « canicule marine ». La NOAA l’a classée en catégorie extrême (catégorie 5) autour de l’Écosse.

Les scientifiques redoutent que les records ne continuent à être dépassés au cours des prochains mois. « D’ici l’automne, avec l’installation de El Niño, la température moyenne terrestre devrait peu à peu s’éloigner de la norme, estime Serge Zaka. Si bien que les modèles saisonniers proposent des cartes lunaires où il n’y a plus aucune compensation : 90 % de la Terre est au-dessus des normes ! »

 

20 juin 2023

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Énergie : Enedis pourra éteindre les ballons d’eau chaude en milieu de journée

Énergie : Enedis pourra éteindre les ballons d’eau chaude en milieu de journée | Home | Scoop.it

À partir du 15 octobre, le distributeur d’électricité Enedis pourra couper l’alimentation électrique des ballons d’eau chaude entre 12 et 14 heures, en cas de pic de consommation. Sont concernés 4,3 millions de clients avec un abonnement « heures pleines/heures creuses méridiennes ». L’objectif de la mesure : faire des économies d’énergie et éviter les coupures d’électricité cet hiver. Une économie d’au moins 2,5 gigawatts pourrait être réalisée jusqu’à 13 heures, soit l’équivalent de la consommation de Paris.

Mais les consommateurs pourront-ils continuer d’avoir de l’eau chaude toute la journée ?

Pas d’inquiétude sur ce point, rassure le réseau de transport d’électricité (RTE), à l’initiative de la mesure dans le cadre du plan sobriété.

 

Dans un récent tweet, RTE explique que « les chauffe-eaux seront actionnés au moins 6 heures par jour, principalement la nuit », ce qui devrait permettre de compenser la coupure entre 12 et 14 heures. Il ne devrait pas non plus y avoir d’incidence sur les tarifs de l’électricité ni sur le fonctionnement des autres appareils comme le frigo ou la télévision.



5 octobre 2022

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COP28 : qui aurait pu prédire une telle issue ?

COP28 : qui aurait pu prédire une telle issue ? | Home | Scoop.it

La COP28 à Dubaï vient de se terminer et c’est l’heure du bilan.

La présidence de la COP a annoncé un accord historique, mentionnant les énergies fossiles. La presse française s’est immédiatement emparée de la nouvelle en en faisant un gros titre, reprenant mot pour mot la communication de la présidence de la COP28. Mais le diable se cache dans les détails.

Et ici, il y a beaucoup de détails.

S’il est facile de déclarer “que les COP ne servent à rien”, la réalité est bien plus complexe et d’innombrables sujets y sont abordés, sujets qui n’avanceraient jamais autant sans ces COP. Où en sommes-nous depuis la COP27 ? Avons-nous encore une chance de maintenir un réchauffement mondial à +1.5°C depuis le début de l’ère industrielle ?

Retour dans cet article sur les sujets incontournables : sortie des énergies fossiles où chaque mot compte (phase out, phase down, unabated, etc.), pertes et préjudices, global stocktake, le fonds d’adaptation, la finance climatique, le “Heath Day”… deux longues semaines aussi épuisantes que passionnantes à suivre.

Avant propos

La COP28 a été entachée par de nombreux scandales avant et pendant les négociations. La compagnie pétrolière des Emirats Arabes Unis qui se sert de la COP28 pour négocier des contrats pétroliers, les 2 500 lobbyistes de l’industrie fossile sur place, le chef de l’OPEP qui demande à ses membres de refuser tout accord ciblant l’énergie fossile… une COP dite inclusive mais où seulement 15 femmes chefs d’Etat participent à la COP sur 133 personnes.

Le Sultan Al Jaber, président de la COP28, s’est aussi permis la première semaine des négociations de déclarer qu’il n’y a pas de preuve scientifique derrière la demande de sortir des énergies fossiles… avant d’ajouter que la sortie des énergies fossiles signifierait que le monde retourne à l’âge des cavernes.

Deux remarques à cela. La première, la menace du retour à l’âge de pierre ou des cavernes est un grand classique des discours de l’inaction climatique. Cela permet de faire peur à la population et de freiner tout changement structurel. Ensuite, il y a bien sûr des preuves scientifiques de la nécessité de réduire tout de suite et drastiquement la production d’énergies fossiles. Une centaine de scientifiques ont publié une lettre ouverte dès le lendemain pour le rappeler et cette lettre comporte plus de mille signataires une semaine après.

Le président de la COP28 peut en revanche jouer sur les mots, car il existe bien des scénarios où les énergies fossiles joueraient un rôle dans la transition énergétique afin de tendre vers la neutralité carbone, même dans des scénarios où le réchauffement mondial serait de +1.5°C. Ces scénarios sont même présents et synthétisés dans le dernier rapport du GIEC. Non seulement ces scénarios prévoient une baisse drastique de la production des énergies fossiles, mais ils sont hautement hypothétiques car ni la capture ni la séquestration de carbone ne répondent aujourd’hui aux promesses.

En effet, d’après le dernier rapport du Global Carbon Project 2023, les niveaux actuels d’élimination du dioxyde de carbone basés sur la technologie (c’est-à-dire à l’exclusion des moyens fondés sur la nature tels que le reboisement) s’élèvent à environ 0,01 million de tonnes de CO2, soit plus d’un million de fois inférieur aux émissions actuelles de CO2 fossile.

Quand les émissions mondiales de CO2 sont encore en hausse en 2023, doit-on vraiment compter sur des paris technologiques hautement hypothétiques et faire confiance aux entreprises fossiles qui mentent depuis des décennies sur leurs activités et les conséquences qu’elles ont sur le réchauffement climatique ?

Les émissions mondiales de CO2 en hausse en 2023.
Crédit : Global Carbon Projet, 2023

La COP28 n’est pas là pour tout solutionner

L’ONU n’est pas un gouvernement et ne peut, par conséquent, rien imposer aux pays. Les Etats sont souverains. “Accuser les COP, et donc 198 pays, de ne pas tout régler quand  on arrive déjà pas à s’entendre entre nous, c’est assez hypocrite“, déclare un spécialiste des négociations climatiques pour Bon Pote.

Les COP donnent le momentum et cadre international pour agir ensemble efficacement et équitablement, et ne servent pas de satisfecit pour se dire que le problème va se régler tout seul. Ce qui est certain, c’est que les engagements actuels des Etats sont très insuffisants, comme le rappelle le dernier rapport 2023 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions de l’UNEP.

Dans l’état actuel des choses, la mise en œuvre intégrale des contributions déterminées au niveau national (CDN) inconditionnelles faites dans le cadre de l’Accord de Paris mettrait le monde sur la bonne voie pour limiter la hausse des températures à 2,9 °C par rapport aux niveaux préindustriels au cours de ce siècle. La mise en œuvre intégrale des CDN conditionnelles ramènerait cette hausse à 2,5 °C.

Rapport 2023 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions
Source : UNEP

En outre, il est facile de pointer du doigt les Saoudiens, les Chinois, les Indiens ou les Américains qui feraient tout pour bloquer les négociations et organiser la sortie progressive des énergies fossiles. Il est en revanche un peu moins aisé de faire une auto-critique de la France ou de l’Europe, pourtant très loin d’être irréprochables. Plus globalement, comment peut on espérer qu’un pays très pauvre qui repose sur les énergies fossiles signe un engagement contraignant sans autre solution pour les besoins vitaux de sa population ?

A nouveau, les COP sont l’un des rares endroits où l’on entend les voix des pays du Sud et où la justice climatique est évoquée. Prenez simplement les discussions climatiques en France, dans les médias où dans les discours politiques, ce n’est quasiment jamais à l’agenda. Les pays du Sud y viennent avec l’espoir d’y obtenir quelque chose. Ils ont bien plus de poids aux COP qu’à Davos ou à l’OMC. Oui, il faut attendre plus des COP, mais en attendre un miracle, c’est ne pas comprendre la complexité des négociations climatiques.

A lire : les négociations de la COP26 et de la COP27

Le fonds des Pertes et Préjudices enfin créé

L’expression pertes et préjudices est utilisée pour décrire la manifestation des impacts du changement climatique qui ne sont pas ou ne peuvent pas être évités par les efforts d’adaptation et d’atténuation (c’est-à-dire la réduction des émissions). Beaucoup considèrent les Loss and Damage (pertes et préjudices) comme le 3e volet important de la politique du changement climatique, avec l’atténuation et l’adaptation.

Attendu depuis plus de 10 ans, le fonds des Pertes et Préjudices a été créé dès le premier jour de la COP28. Une décision forte le premier jour pour envoyer un signal et créer une dynamique pour le reste de la COP. D’après Stefan Aykut, spécialiste des négociations internationales et auteur de Gouverner le climat, ce n’est pas une surprise :

Depuis la conférence de Paris en 2015, les sommets sur le climat ne sont pas seulement conçus pour produire des textes juridiques, mais aussi pour élaborer des récits et des symboles afin d’influencer les attentes des politiciens, des investisseurs et des sociétés civiles

Les récits et les symboles sont importants dans la nouvelle gouvernance climatique parce que (1) l’architecture de l’Accord de Paris est volontaire. En l’absence d’engagements contraignants, la mise en œuvre repose sur des facteurs “doux” tels que la pression et la confiance du public. (2) Les messages positifs ont également été identifiés comme essentiels pour influencer les entreprises et les investisseurs

Montant pour le Fonds des Pertes et Préjudices par pays, en bleu ciel, au 9 décembre 2023. Crédit : nrdc.org

Dès sa création, les Emirats Arabes Unis ont abondé le fonds de 100 millions de dollars, suivi par l’Allemagne pour le même montant et la France pour 100 millions d’euros. Au 9 décembre, les pays avaient promis environ 700 millions.

Un montant cependant ridicule comparé aux estimations du coût économique des pertes et préjudices dans les pays en voie de développement qui vont de 290 à 590 milliards de dollars d’ici 2030. D’autant plus ridicule si l’on compare ce chiffre aux centaines de milliards de profits des entreprises d’énergies fossiles réalisés chaque année…

Le premier “Health Day” d’une COP

Le 3 décembre s’est tenue la première journée entièrement dédiée aux enjeux de santé au sein d’une COP (COP28 Health Day). L’occasion de mettre sous les projecteurs les liens entre changements climatiques et santé en annonçant la signature par plus de 120 pays d’une Déclaration sur le Climat et la Santé, qui reconnaît la menace que représente le changement climatique pour la santé, les bénéfices sanitaires que représenteraient des réductions massives et rapides des émissions de gaz à effet de serre, et la nécessaire transformation des systèmes de santé en vue de leur résilience et leur décarbonation.

La journée a également vu l’annonce de la mobilisation d’1 milliard de dollars par des gouvernements, des institutions internationales et des acteurs non étatiques sur les enjeux santé-climat. Dans un contexte où la reconnaissance de la crise climatique comme une crise sanitaire ne s’est que trop fait attendre, l’initiative, accompagnée de sa Déclaration, ne peut en soi qu’être une bonne chose.

Selon Kévin Jean, maître de conférences en épidémiologie au Conservatoire national des arts et métiers à Paris, il faut rester lucide : “une telle Déclaration sans engagements climatiques forts (et respectés!) des mêmes États signataires tient du vœu pieux. Et à y regarder de plus près, la Déclaration elle-même peut sembler en demi-teinte : accent mis très largement sur l’adaptation plutôt que l’atténuation, aucune mention des énergies fossiles…

Des gouvernements fautifs ?

Ajouter à cela qu’elle n’a été signée que par 124 pays, avec des absents de poids, notamment l’Inde, ou quelques un des géants des énergies fossiles (Russie, Arabie Saoudite, Qatar). Une Déclaration qui, si elle n’est pas contraignante, reste engageante : reste à espérer que la reconnaissance des liens entre santé et climat puisse servir d’appui, notamment à la société civile, pour exiger des politiques climatiques à la hauteur.

Au vu de l’imbrication des enjeux climat et santé, on peut considérer les gouvernements comme doublement fautifs vis à vis de leurs populations : fautifs de ne pas les protéger face aux risques existentiels de demain, mais également fautifs de ne pas mettre en place des politiques climatiques qui permettraient d’améliorer dès aujourd’hui la santé publique.

Le bilan mondial, l’un des résultats les plus attendus de la COP28

Le bilan mondial (Global Stocktake, GST) est un point de contrôle quinquennal qui a été convenu dans l’Accord de Paris de 2015. Son objectif est d’aider les gouvernements à suivre et à évaluer leurs progrès en matière d’action climatique et à renforcer l’ambition climatique au fil du temps. Le GST se concentre sur trois aspects : l’atténuation, l’adaptation et le financement.

Le bilan mondial n’évalue pas les progrès réalisés par les différents pays individuellement, mais l’effet global des mesures prises jusqu’à présent, ce qui incite les États à revoir à la hausse leurs propres objectifs nationaux, appelés “contributions déterminées au niveau national” ou “CDN”. C’est prévu depuis l’Accord de Paris, dont vous pouvez lire les détails dans cet article.

Une fois le bilan mondial achevé, les pays auront deux ans pour soumettre à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) leurs contributions déterminées au niveau national mises à jour et décrivant les mesures qu’ils entendent prendre pour renforcer leur action. La deuxième révision des CDN aura donc lieu d’ici 2025 et la COP30, et deuxième bilan mondial aura lieu lors de la COP33 en 2028.

Comprendre les termes phase down / phase out / abated/unabated

Mettre toutes les énergies fossiles dans le texte final est au cœur de toutes les attentions et négociations. Mais qu’elles soient mentionnées n’est pas une fin en soi, car cela dépend des mots qui accompagnent cette présence. Ainsi, et depuis Glasgow, les négociations portent entre autres sur les tournures suivantes : fossil fuel “phase out”, “phase down”, et “unabated”.

Il n’y a pas de définition officielle sur ce que signifie “phase out”. Les avis oscillent entre “sortie définitive”, donc plus d’énergies fossiles, et une réduction très importante. L’expression “phase down” pourrait quant à elle être traduite par une simple réduction de la production d’énergies fossiles, sans en indiquer le montant.

Si ces expressions ne sont pas claires pour vous, c’est probablement normal, car ce n’est également pas clair pour certains scientifiques. Phase out = plus du tout d’énergies fossiles, dès 2050 ?

Comme le rappelle Glen Peters, il n’existe pas de scénario pris en compte par le GIEC avec un réchauffement mondial limité à +1.5°C où les énergies fossiles disparaissent à 100%. Ce point est évoqué dans le chapitre 6 du 3eme groupe de travail du GIEC, où l’avenir des énergies fossiles est évoqué :

L’utilisation mondiale de combustibles fossiles devra diminuer considérablement d’ici 2050 pour limiter le réchauffement à 2°C (>67%), et elle devra diminuer substantiellement d’ici à 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5°C (>50%), avec un dépassement nul ou limité. (confiance élevée)

6.7.4 Les combustibles fossiles dans une transition à faible intensité de carbone
Source : Chapitre 6, WG3, page 699

Si les termes restent flous, c’est aussi parce qu’ils contentent la majorité des Etats et permettent ensuite de jouer sur les mots. Il est certain que “réduction de la production d’énergies fossiles par X% d’ici 2050 et X% d’ici 2030” serait beaucoup plus clair… et bien plus engageant. Sans trajectoire, et juste une date, les Etats et entreprises exportatrices d’énergies fossiles pourraient très bien continuer leurs activités jusqu’en 2049 sans changement structurel, puisqu’elles “auraient le temps”.

Unabated / Abated

L’expression “Unabated” correspond aux émissions de gaz à effet de serre par la combustion d’énergies fossiles, en l’occurrence le charbon, le gaz et le pétrole. “Abated” signifie que ces infrastructures sont accompagnées par des technologies de capture et/ou de séquestration du carbone. L’enjeu est ici de savoir dans quelle proportion. Des discussions ont lieu sur le sujet depuis la COP26 à Glasgow, et ce fut la même chose lors de la COP27.

Ces expressions ont par ailleurs été inscrites 5 fois dans le résumé pour les décideurs du 3e volet du dernier rapport du GIEC, celui portant sur les solutions. Une définition est même donnée en note de bas de page : “pour que les émissions soient considérées comme “réduites” (abated), il faut qu’au moins 90 % des émissions de combustibles fossiles provenant des centrales électriques soient capturées et que 50 à 80 % du méthane provenant de l’approvisionnement en énergie soit capturé

Source : Résumé pour les décideurs, WG3, page 28

Des chercheurs ont depuis tenté de donner une définition exacte des termes. Il est indispensable qu’une définition claire soit connue et partagée par tous les Etats afin d’éviter de justifier la continuité d’activités très émettrices de GES.

Que dit l’Accord final ?

Au début des négociations, plusieurs options sont posées sur la table. Nous avons même eu droit à une option avec “a phase out of fossil fuels in line with best available science”, ce qui signifie une sortie des énergies fossiles, comme l’option 1 ci-dessous.

Crédit : Simon Evans

A 48h de la fin officielle de la COP28, nous étions déjà dans un tout autre monde. Le texte temporaire proposé par la présidence avait déjà fait enlever les mentions de “phase out” et “phase down” des énergies fossiles, laissant “la possibilité” aux Etats de baisser la production et la consommation d’énergies fossiles.

Et voici la version finale du texte, publiée dans la nuit du 13 décembre. Voici ci-dessous une analyse des points principaux (tout en rappelant que chaque page de l’Accord mériterait un article dédié) :

  • La proposition de “reducing both production and consumption of fossil fuels” est passée à transitioning away”, c’est-à-dire de “réduire la production et la consommation d’énergies fossiles” à “engager une transition”. Beaucoup plus vaste, moins contraignant.
  • Le gaz et le pétrole ne sont toujours pas mentionnés explicitement.
  • Le gaz pourrait en revanche tout à fait correspondre à transitional fuels pour assurer la “sécurité énergétique”. La fameuse énergie de transition dont chaque nouvelle infrastructure nous éloignerait de l’Accord de Paris ? L’avocat Seb Duyck a souligné à juste titre que ce sont les mêmes mots utilisés par la compagnie pétrolière nationale des Emirats Arabes Unis ADNOC… ce qui devrait inquiéter tout le monde :
Source : X
  • Le texte indique “calls on”, donc “invite” les Etats à faire des efforts. Le terme “calls on” est très faible dans le jargon des COP. La suite est tout aussi intéressante : il insiste sur la souveraineté des Etats, “faire des efforts, de façon souveraine”. La mention de responsabilité commune mais différenciée n’apparaît pas (Common But Differentiated Responsabilites).
  • Pas de cible particulière pour la baisse des émissions de méthane. C’est pourtant un élément clef pour la neutralité carbone, comme l’avait souligné le rapport du GIEC. Les autres gaz comme le protoxyde d’azote ou les gaz fluorés ne sont plus dans la version finale.
  • Le texte actuel invite les parties à tripler les capacités de production d’énergies renouvelables d’ici 2030 et à doubler l’efficacité énergétique. Il reconnaît également que les coûts des énergies renouvelables diminuent rapidement.
  • Concernant le charbon, pas vraiment d’amélioration depuis la COP27 : ” Accelerating efforts towards the phase-down of unabated coal power”. Vous savez maintenant que ce vocabulaire n’engage pas à grand chose
  • Les solutions technologiques ont une place prépondérante dans l’accord. Commentaire d’Arnaud Gossement, Avocat et professeur associé à l’université Paris I Droit de l’environnement et de l’énergie : “la capture et le stockage de carbone est la grande gagnante de cette COP28, et qui servira surtout à extraire les dernières gouttes de pétrole”.
  • Concernant l’adaptation, le texte a été réduit et ne contient plus de formulation sur les objectifs et les délais, ni sur les conclusions du GIEC selon lesquelles il existe des limites à l’adaptation.

Le manque de soutien financier est également criant, notamment pour tenir les objectifs de sortie des énergies fossiles. Les promesses faites sont dérisoires et ne permettent pas de financer la transition prévue par l’Accord de Paris, alors que nous en avons les moyens. Les pays du Nord ont ici une lourde responsabilité, en prenant en compte leurs émissions historiques et leurs capacités à financer la transition.

Si nous reconnaissons que tout le monde est responsable du réchauffement climatique, rappelons que tout le monde n’est pas responsable à la même échelle et surtout n’a pas les mêmes capacités financières pour réussir sa transition. Cela sera l’une des priorités de la COP29

Tout reste à faire

Difficile de résumer une COP, l’avant, le pendant et les déclarations suivant la signature de l’Accord en un article. Certains parleront d’un accord historique qui mentionne les énergies fossiles. D’autres diront que c’est beaucoup de bruit pour rien, de la “novlangue”, et que les pays exportateurs d’énergies fossiles ont eu ce qu’ils voulaient.

Il aura fallu attendre la COP26 pour voir une énergie fossile, le charbon, être mentionnée dans un accord. Lors de la COP28 à Dubaï, ce sont cette fois les énergies fossiles qui sont mentionnées, sans que les mots gaz et pétrole n’apparaissent. Un “progrès” notable, prenant en compte le chemin pour y arriver. Mais à l’heure où les énergies fossiles font des millions de morts chaque année, il est normal d’exiger plus. En l’état actuel des choses, certains pays insulaires disparaitraient, et ils l’ont fait savoir.

John Kerry en pleine discussion à la COP28 avec les Saoudiens sur les termes exacts concernant les énergies fossiles dans le texte final. Crédit : Fiona Harvey sur X

L’accord final contentera beaucoup de monde, notamment dans les pays riches, et pour cause. Il est possible de faire du cherry-picking, de choisir ce qui vous arrange, y compris de continuer à produire des énergies fossiles. Mais le texte reste vague sur la mise en œuvre en termes d’obligations et surtout de financements (équitables) nécessaires. La transition écologique n’aura jamais lieu si ces deux éléments ne sont pas pris en compte.

Le scientifique Glen Peters est allé jusqu’à appeler la COP28 “Conference of Petrostates” (COP). Allez savoir si cela changera à la COP29 qui aura lieu à Bakou en Azerbaïdjan, pays dont l’économie dépend à plus de 60% de ses exportations de gaz et de pétrole et dont 97% de sa consommation d’énergie primaire vient des énergies fossiles.

 

December 13, 2023

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COP28 Des ex-ministres de l’Ecologie font le bilan (calmement)

COP28 Des ex-ministres de l’Ecologie font le bilan (calmement) | Home | Scoop.it
  • La COP28 s’est ouverte la semaine dernière à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
  • 20 Minutes a rencontré les ex-ministres de l’Ecologie Barbara Pompili, François de Rugy, Corinne Lepage et Yves Cochet.
  • « Good COP » ou « Bad COP » ? Ils nous répondent sur les enjeux et les limites de ces grandes conférences sur le climat.

« J’ai peur que ce soit la COP du pétrole ». Ils ont été aux manettes et connaissent bien ces grands rassemblements sur le climat. Alors que la COP28 s’est ouverte la semaine dernière à Dubaï, aux Émirats arabes unis, 20 Minutes est allé à la rencontre d’anciens ministres de l’Ecologie.

Barbara Pompili, François de Rugy, Corinne Lepage et Yves Cochet ont répondu face caméra à nos questions.

Choisir Sultan al Jaber, directeur général d’une compagnie pétrolière, pour présider cette COP, est-ce un bon symbole ? Faut-il prévoir des sanctions pour les pays signataires des accords ? Et pourquoi ne pas taxer les plus grandes fortunes ? Les ex-membres du gouvernement reviennent sur les enjeux et les limites de ces grandes conférences environnementales.

 

Alors, « good COP » ou « bad COP » ?

Jacques Le Bris's insight:

NDC : cliquez sur ce lien pour avoir accès à la vidéo.

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COP28 : "On ne peut pas louper le coche des 2 degrés", estime Corine Lepage, co-Présidente de Cap écologie

COP28 : "On ne peut pas louper le coche des 2 degrés", estime Corine Lepage, co-Présidente de Cap écologie | Home | Scoop.it

L'avocate et ancienne ministre de l’Environnement Corinne Lepage, en 2021.

 

L'ancienne ministre Corine Lepage estime "qu'on a les capacités de réaliser l'objectif de 2030 en matière d'énergie renouvelable, c'est-à-dire de tripler. On peut le faire, on a déjà quasiment tout ce qu'il faut pour y arriver !"

 

"On ne peut pas louper le coche des 2 degrés", a déclaré sur franceinfo dimanche 3 décembre Corine Lepage, ancienne ministre de l’Environnement, co-Présidente de Cap21, écologiste et députée européenne de 2009 à 2014, alors que la COP28 entame sa deuxième semaine lundi, à Dubaï. "Je pense qu'il faut arrêter de dire que l'on va pouvoir arriver à 1,5 degré, ce n'est plus possible", a insisté la co-présidente.

En 2015, l'accord de Paris visait à contenir le réchauffement "bien en-deçà de 2 degrés" par rapport à la période pré-industrielle, et si possible à 1,5 degré.

 

"Je crois beaucoup au renouvelable", a poursuivi Corine Lepage, "il faut se concentrer là-dessus". L'ancienne ministre estime "qu'on a les capacités de réaliser l'objectif de 2030 en matière d'énergie renouvelable, c'est-à-dire de tripler. On peut le faire, on a déjà quasiment tout ce qu'il faut pour y arriver !" 

En ce qui concerne les enjeux de grands rendez-vous tels que les COP, Corine Lepage rappelle que "c'est là que les pays du Sud et les premiers pays concernés peuvent s'exprimer". Par ailleurs, elle se réjouit de la présence, pour la première fois, des collectivités territoriales au banc des négociations, "c'est très important", parce que c'est à leur niveau "que les choses se font matériellement", explique Corine Lepage.

 

 

Jacques Le Bris's insight:

à lire aussi RECIT. COP28 à Dubaï : les ministres de l'Ecologie racontent 40 ans de tergiversations de la France face au réchauffement climatique

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"L'effondrement climatique a commencé" : 2023 bat tous les records de chaleur

"L'effondrement climatique a commencé" : 2023 bat tous les records de chaleur | Home | Scoop.it

La température moyenne mondiale en juin, juillet et août était de 16,77 degrés Celsius, battant le précédent record de 2019.

 

"L'effondrement climatique a commencé", a déploré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, dans un communiqué en réaction à l'annonce du record mondial de températures pendant l'été de l'hémisphère nord par l'observatoire européen Copernicus.

 

"L'effondrement climatique a commencé", a déploré mercredi 6 septembre le secrétaire général de l'ONU António Guterres dans un communiqué en réaction à l'annonce du record mondial de températures pendant l'été de l'hémisphère nord.

"Notre climat implose plus vite que nous ne pouvons y faire face, avec des phénomènes météorologiques extrêmes qui frappent tous les coins de la planète", a-t-il ajouté, rappelant que "les scientifiques ont depuis longtemps mis en garde contre les conséquences de notre dépendance aux combustibles fossiles".

L'été (juin-juillet-août) a connu les températures mondiales moyennes les plus élevées jamais mesurées, a annoncé mercredi l'observatoire européen Copernicus, pour qui 2023 sera probablement l'année la plus chaude de l'Histoire.

Canicules, sécheresses, inondations ou incendies ont frappé l'Asie, l'Europe et l'Amérique du Nord sur cette période, dans des proportions dramatiques et souvent inédites, avec leur prix en vies humaines et en dégâts sur les économies et l'environnement. 

 
 

L'été le plus chaud jamais mesuré

L'hémisphère sud, où nombre de records de chaleurs ont été battus en plein hiver austral, n'a pas été épargné.

"La saison juin-juillet-août 2023", qui correspond à l'été dans l'hémisphère Nord, où vit la grande majorité de la population mondiale, "a été de loin la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, avec une température moyenne mondiale de 16,77 °C", a annoncé Copernicus. 

C'est 0,66 °C au-dessus des moyennes de la période 1991-2020, déjà marquée par l'élévation des températures moyennes du globe en raison du réchauffement climatique causé par l'activité humaine. Et largement au-dessus – 2 dixièmes environ – du précédent record de 2019.

Juillet avait été le mois le plus chaud jamais mesuré, août 2023 est désormais le deuxième, précise Copernicus. 

Et sur les huit premiers mois de l'année, la température moyenne du globe est "seulement 0,01 °C derrière 2016, l'année la plus chaude jamais mesurée".

El Niño

Ce record ne tient plus qu'à un fil, au vu des prévisions saisonnières et du retour en puissance dans le Pacifique du phénomène climatique El Niño, synonyme de réchauffement supplémentaire.

Et "compte tenu de la chaleur en excès à la surface des océans, il est probable que 2023 sera l'année la plus chaude (...) que l'humanité ait connue", a déclaré à l'AFP Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus.

La base de données de Copernicus remonte jusqu'en 1940, mais peut être comparée aux climats des millénaires passés, établis grâce aux cernes des arbres ou aux carottes de glaces et synthétisés dans le dernier rapport du groupe d'experts climat de l'ONU (Giec).

Sur cette base, "les trois mois que nous venons de vivre sont les plus chauds depuis environ 120 000 ans, c'est-à-dire depuis le début de l'histoire de l'humanité", affirme Mme Burgess.

Avec AFP

 

 

Publié le : 06/09/2023

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Comment les records de chaleur mondiaux quotidiens sont-ils établis?

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Record de chaleur début juillet 2023

 

Washington (AFP) – Des annonces de records de chaleur mondiaux quotidiens se sont succédé cette semaine, selon des outils fournissant des données préliminaires. Si ceux-ci peuvent livrer un premier avertissement sur un épisode de chaleur extrême, ils doivent être pris avec précaution, soulignent les experts du climat.

 

- Qui produit ces données?

L'université du Maine, aux Etats-Unis, a mis en place un site internet appelé Climate Reanalyzer, permettant de visualiser la courbe de la température moyenne au niveau mondial, pour chaque jour de l'année depuis 1979.

Lundi 3 juillet, cette courbe a atteint un plus haut, à 17,01°C. Ce record a depuis été de nouveau dépassé mardi (17,18°C), et jeudi (17,23°C).

L'observatoire européen du changement climatique Copernicus, qui a un outil similaire, a confirmé les records de lundi, puis de mardi, quoiqu'avec des valeurs légèrement différentes (16,88°C, et 17,03°C respectivement).

 
 
 

 

- Sur quoi s'appuient-elles?

Ces estimations sont produites par des outils dits de "réanalyse", qui combinent des mesures de températures observées (par des stations météo, des satellites...), et leur interprétation par un modèle informatique.

Les différents modèles utilisés expliquent les différences dans les valeurs obtenues.

L'université du Maine s'appuie sur des données publiques de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA).

L'agence, qui a reconnu que de nombreux records de températures étaient actuellement enregistrés localement à travers le monde, s'est toutefois distancée des résultats de l'université, disant ne pas pouvoir "valider la méthodologie ou les conclusions", et préférer se concentrer sur des records mensuels et annuels.

Le fait que Copernicus ait livré des résultats similaires montre toutefois que les données publiées peuvent "être prises au sérieux", a déclaré à l'AFP Zeke Hausfather, climatologue à l'organisation Berkeley Earth.

L'outil européen (nommé ERA5) est considéré par les scientifiques comme "le plus fiable", a-t-il précisé.

 

- Pourquoi prendre ces records avec précaution?

Il s'agit d'estimations, qui ne sont "pas des records officiels", a souligné auprès de l'AFP le développeur du site Climate Reanalyzer, Sean Birkel.

"Je pense que l'accent devrait être mis sur les records à l'échelle annuelle et mensuelle", qui sont eux soigneusement vérifiés, a ajouté ce chercheur à l'université du Maine. De telles validations ne sont pas possibles pour des données en quasi-temps réel, faute de temps.

Jeudi, Copernicus a séparément publié son analyse pour le mois dernier, annonçant qu'il s'agissait du mois de juin le plus chaud jamais enregistré. Une analyse mensuelle similaire de NOAA est attendue la semaine prochaine.

Ces rapports se fondent eux "uniquement sur des observations" de terrain, qui sont en outre "bien plus nombreuses" que celles injectées dans les outils de réanalyse, a expliqué Zeke Hausfather.

En règle générale, les experts du climat préfèrent se concentrer sur les tendances et changements de long terme, afin d'éliminer les variations simplement liées à la météo.

En outre, la température moyenne mondiale est une donnée "abstraite" qui n'est pas forcément parlante pour le grand public, relève Zeke Hausfather. "Personne ne vit à la moyenne mondiale."

 

- Quelle utilité de ces données quotidiennes?

Malgré tout, ces données journalières "peuvent permettre de commencer à identifier des événements extrêmes" qui pourraient "avoir une importance du point de vue du climat", a jugé Sean Birkel.

Les records préliminaires détectés peuvent ensuite être recoupés à l'aide d'autres bases de données, et permettre de lancer l'examen des facteurs causant cette hausse des températures, a-t-il souligné.

"Ces records provisoires sont une autre preuve des transformations dans les tendances mondiales climatiques, à cause du changement climatique et de l'épisode El Nino en cours", a déclaré dans un communiqué Omar Baddour, de l'Organisation météorologique mondiale.

Ils sont "le signe que nous nous dirigeons vers une période très chaude à la surface du globe", a abondé Zeke Hausfather. "A ce rythme, il paraît de plus en plus probable que 2023 devienne l'année la plus chaude depuis les premiers relevés", en 1880.

 

AFP

 

Publié le : 07/07/2023

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Qu'est-ce que la courbe de Keeling et pourquoi sa tendance est-elle inquiétante pour la Terre ?

Qu'est-ce que la courbe de Keeling et pourquoi sa tendance est-elle inquiétante pour la Terre ? | Home | Scoop.it

Sur ce graphique de la NASA, on peut voir l'augmentation incessante du dioxyde de carbone au cours des 100 dernières années, par rapport à 800 000 ans, grâce à l'analyse des bulles d'air piégées dans la glace.

 

En 1958, Charles Keeling arrive à Hawaï avec un objectif en tête : enregistrer la concentration de CO2 dans l'atmosphère terrestre. C'est ainsi qu'est né l'un des graphiques les plus célèbres de la planète.

 

En 1958, Dave Keeling a commencé à mesurer le CO2 à l'observatoire de Mauna Loa à Hawaï. Cette étape est considérée comme le début de la recherche moderne sur le changement climatique.

Pour sa thèse de doctorat, Charles David (Dave) Keeling a entrepris d'étudier les équilibres entre le carbonate dans les eaux de surface, le calcaire et le dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique. Pour ce faire, il a dû construire un appareil de précision pour mesurer le CO2 extrait de l'air et d'échantillons d'eau acidifiée.

En 1953, il commence à prélever des échantillons à Pasadena, en Californie, où il constate d'importantes variations de la concentration de CO2, qu'il attribue aux industries de la région. Pour obtenir des échantillons moins "pollués", il se rend à Big Sur, une région peu peuplée de Californie où les montagnes s'élèvent à pic sur l'océan Pacifique. Les résultats ne le satisfont toujours pas et il entreprend de nouvelles mesures.

 

Keeling a convaincu l'US Weather Service et la Scripps Institution of Oceanography de l'université de San Diego de créer un programme mondial visant à mesurer la concentration de CO2 dans l'atmosphère dans des endroits éloignés du globe, tels que le pôle Sud et l'île d'Hawaï.

L'observatoire de Mauna Loa est un site de référence pour l'échantillonnage du CO2. En raison de son emplacement, les échantillons d'air obtenus ne sont pas influencés par les sources locales de pollution ou la végétation, ce qui permet d'obtenir des mesures représentatives.

En mars 1958, les données sur le CO2 ont commencé à être enregistrées à Mauna Loa et, le premier jour, Keeling a détecté une concentration atmosphérique de CO2 de 313 parties par million (ppm). Il a alors découvert un schéma : la concentration de CO2 à Mauna Loa avait augmenté de 1 ppm en avril 1958 pour atteindre un maximum en mai, puis elle a commencé à diminuer jusqu'à atteindre un minimum en octobre. Ensuite, la concentration a de nouveau augmenté et a répété le même schéma saisonnier en 1959. Keeling avait daté la variation saisonnière du CO2 dans l'atmosphère terrestre.

"Nous avons été témoins pour la première fois de la manière dont la nature extrait le CO2 de l'air pour la croissance des plantes pendant l'été et le restitue chaque hiver successif". Dave Keeling.

Mais en 1959, la concentration moyenne de CO2 avait augmenté et elle a encore augmenté en 1960. Cela a incité Keeling à annoncer sa deuxième découverte : l'augmentation du CO2 atmosphérique due à la combustion de combustibles fossiles par l'industrie et aux changements dans l'utilisation des sols.

 

Pourquoi la courbe de Keeling est-elle importante ?

Ce sont ces deux découvertes importantes qui ont donné naissance à la célèbre "courbe de Keeling", qui a maintenant 65 ans et qui représente l'un des enregistrements géophysiques les plus importants jamais réalisés. Depuis lors, l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère s'est poursuivie sans relâche, ce qui explique la hausse de la température moyenne mondiale, liée notamment à l'utilisation croissante des combustibles fossiles.

Courbe de Keeling, indiquant la concentration de dioxyde de carbone en mai 2023, mesurée à l'observatoire de Mauna Loa. Source : Scripps Institution of Oceanography at UC San Diego : Scripps Institution of Oceanography de l'Université de Californie à San Diego

À ce jour, la science n'a trouvé aucun autre argument aussi convaincant pour expliquer le réchauffement climatique actuel, qui est environ 10 fois plus rapide que le taux moyen de réchauffement depuis l'ère glaciaire.

La forme en "scie" de la courbe de Keeling marque la variation saisonnière du CO2 ; la courbe ascendante indique que l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère ne s'arrête pas.

Rappelons que le dioxyde de carbone est un gaz à effet de serre à longue durée de vie qui réchauffe la planète. La science a déterminé que le CO2 généré par l'activité humaine a augmenté 250 fois plus vite que celui provenant de sources naturelles depuis la dernière période glaciaire.

 

Cette augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère entraîne une hausse des températures moyennes mondiales, connue sous le nom de "réchauffement climatique". Ce réchauffement à long terme de la planète, le plus rapide des 65 derniers millions d'années, entraîne des modifications des conditions météorologiques, une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et de leurs conséquences, ce que nous appelons le "changement climatique".

 

La vitesse de ce changement climatique pousse les espèces à la limite, les obligeant à s'adapter, à migrer ou à mourir. En fin de compte, cette courbe nous montre à quel point nous sommes amicaux et respectueux du monde qui nous entoure.

Souvenirs de l'avenir

Lorsque l'homme a atterri sur la lune en 1969, la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère était d'environ 324,6 ppm et la température moyenne de la planète était de 11,1ºC. Lors de la chute du mur de Berlin en 1989, la concentration était de 356 ppm et la température moyenne mondiale de 11,2 °C. Lorsque le COVID-19 est apparu en 2019, la concentration de CO2 atteignait 411,7 ppm et la température moyenne mondiale 12,0ºC.

Les données pour 2022 indiquent 418,6 ppm de CO2 dans l'atmosphère, avec une température moyenne mondiale de 13,3ºC. On estime que d'ici 2050, elle pourrait atteindre 450 ppm (2ºC) et qu'il est très probable qu'elle atteigne 500 ppm (3ºC) avant la fin du siècle.

Bien qu'à des époques géologiques antérieures, les concentrations de CO2 aient été plus élevées qu'aujourd'hui, nous sommes la première génération d'humains à vivre dans un monde avec un tel niveau de CO2 dans l'atmosphère.

 

La science n'hésite pas à rendre l'activité humaine responsable de cette situation qui, pour de nombreux scientifiques, marque le début de l'Anthropocène, une nouvelle ère géologique où l'accumulation rapide de gaz à effet de serre et les dommages irréversibles causés par la consommation excessive de ressources naturelles modifient le climat de la Terre et affectent sa biodiversité.

 

Les analyses géologiques montrent que les niveaux actuels de CO2 sont les plus élevés des 4,5 derniers millions d'années. À cette époque géologique, le Pliocène, le niveau moyen de la mer était environ 25 m plus élevé qu'aujourd'hui. Et la température était supérieure de 2°C à 3°C à celle de l'ère préindustrielle. Si nous regardons notre passé, nous verrons notre avenir.

 

Mauricio Saldivar

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« Nous avons les moyens de protéger la biodiversité, mais nous ne le voulons pas »

« Nous avons les moyens de protéger la biodiversité, mais nous ne le voulons pas » | Home | Scoop.it

Alors que l’on sait précisément quelles mesures pourraient permettre de préserver la biodiversité, nous persistons à ne pas les prendre, constate le magistrat Marc Clément. Comme si l’ours blanc sur sa banquise nous touchait plus que l’espèce rare qui disparaît près de chez nous.

 

Depuis l’étude allemande de 2017 évaluant à 80 % la chute de la biomasse des insectes volants en Allemagne en vingt-cinq ans, les études produites ne font que confirmer l’accélération de ce déclin. La nouvelle devrait être terrifiante, car les insectes jouent un rôle fondamental pour tous les écosystèmes puisque les oiseaux, les chauves-souris, la pollinisation, notamment, en dépendent. Mais si la prise de conscience du changement climatique commence à produire quelques résultats, encore insuffisants, la protection de la biodiversité n’a pas engagé une mobilisation comparable. Pourquoi sommes-nous incapables d’agir ?

 

Aucune amélioration

Il est plus que certain que le développement de l’agriculture intensive, combiné à l’artificialisation des sols ou encore la perte de zones humides, est à l’origine du phénomène. Et il nous faut mesurer que la dernière décennie n’a apporté aucune amélioration en la matière ! Bien au contraire, malgré des plans divers, la situation a très largement empiré. En dépit du plan Écophyto, mis en œuvre depuis 2008 avec des financements très conséquents, dont l’objectif était une réduction sur dix ans de 50 % du recours aux pesticides, la Cour des comptes soulignait en 2019 que l’utilisation de ces produits avait progressé de 12 % entre 2009 et 2016 !

Nous n’en sommes même pas au stade d’une stabilisation de l’usage de ces produits, et l’interdiction des néonicotinoïdes pour le traitement des betteraves, sous la pression de la Cour de justice de l’Union européenne, déchaîne l’opposition des agriculteurs concernés, qui plaident pour un report de la mesure.

 

Incapables de changer de modèle agricole

Alors que le secteur agricole dégage un excédent commercial de l’ordre de 1 milliard d’euros par an, revenir pour l’utilisation de produits phytosanitaires au niveau de l’année 2000 ou même de l’année 1990 ne signifie pas l’apparition de la famine en France mais, dans le pire des cas, du fait de rendements plus faibles, un moindre excédent commercial.

 

 

Il faut donc faire le constat que nous sommes aujourd’hui incapables de changer de modèle agricole, comme en témoigne la déclinaison française de la politique agricole commune européenne, qui s’appuie sur le label « Haute Qualité Environnementale », bien peu ambitieux, alors que le soutien à l’agriculture biologique diminue.

Nous avons les moyens

Pourtant, contrairement au changement climatique, nous avons les moyens de modifier radicalement le cours des événements puisque, pour l’essentiel, nous disposons de tous les leviers d’action. La résilience de la nature lui permet de retrouver des couleurs si nous acceptons de retenir nos coups. Les sommes à engager sont pour une large part déjà mobilisées dans le cadre des politiques de soutien à l’agriculture et, par ailleurs, le coût de la pollution de l’eau est bien payé aujourd’hui par le consommateur.

 

 

À supposer que l’augmentation du coût des produits agricoles soit la conséquence d’une moindre utilisation des produits phytosanitaires, leur utilisation massive induit également des coûts de dépollution et conduira à l’avenir à des tensions toujours plus fortes sur la ressource en eau, qui devront être payées par le consommateur. Au total, c’est bien un choix collectif qui est fait de privilégier une vision de court terme refusant d’engager la transition agricole nécessaire.

Fixer des règles contraignantes

Le constat pourrait être le même lorsqu’on s’intéresse à l’artificialisation des sols ou au développement d’infrastructures routières, comme le soulignent régulièrement les avis de l’Autorité environnementale. Dans une situation où l’accumulation de projets aux effets limités conduisent par leur addition à un désastre, il faut fixer des règles contraignantes. L’État devrait être ce garant de l’intérêt collectif à court, moyen ou long termes. Nous n’y sommes pas encore.

 

 

C’est en effet une malédiction pour la biodiversité que chacun ne se sente concerné qu’à une échelle abstraite : la disparition des ours blancs nous émeut, mais renoncer au développement d’une autoroute du fait de la présence du Grand Hamster, par exemple, paraît inconcevable, la protection de quelques animaux semblant terriblement dérisoire au regard des intérêts économiques en présence.

 

 

Marc Clément,

 

le 13/03/2023

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Comment les banques françaises réchauffent la planète

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C’est l’un des sujets les moins médiatisés et pourtant absolument crucial. Les banques réchauffent la planète et continuent de le faire sans jamais avoir de compte à rendre.

La 13e édition du rapport Banking on Climate Chaos vient d’être publiée et les chiffres sont comme chaque année faramineux. Un seul suffit à comprendre l’ampleur du désastre : les banques françaises ont alloué plus de 350 milliards de dollars aux énergies fossiles entre 2016 et 2021, dont 130 milliards aux 100 entreprises développant le plus de nouveaux projets d’énergies fossiles. Tout cela après l’Accord de Paris. C’est un scandale, et le mot est très certainement un euphémisme.

Tout le monde doit s’approprier les chiffres de ce rapport. Aussi bien les activistes climat que toutes les personnes qui ont un compte en banque. L’activité des banques a un impact dramatique sur le climat, la biodiversité, mais aussi sur de nombreux pays et peuples qui souffrent directement et indirectement de leurs activités.

Avant-Propos : contexte et mise en perspective

Avant d’entrer dans le détail des chiffres et des ordres de grandeur, il y a au moins 3 éléments importants à connaître.

Premièrement, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a déclaré en 2021 que “l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050 – auquel 44 des 60 banques concernées par ce rapport se sont engagées – ne nécessite “aucun nouveau champ pétrolier ou gazier“. Aucun signifie AUCUN. Nous allons pourtant constater que les banques ont partout dans le monde massivement soutenu les entreprises qui font le plus pour ouvrir de nouveaux champs pétroliers et gaziers.

Deuxièmement, comme souligné par  Welsby & al. , « pour conserver 50% de chance d’arriver à une température de +1.5 °C, 90 % du charbon et 60 % du pétrole et du gaz connus doivent rester dans le sol ». Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il n’y a pas 150 solutions : mettre fin à notre dépendance aux énergies fossiles.

Troisième et dernier point, ce rapport insiste sur notre dépendance aux énergies fossiles dans laquelle les banques ont une responsabilité directe. Cette dépendance est non seulement responsable du changement climatique (rapports du GIEC), mais aussi indirectement de guerres comme récemment en Ukraine. L’expérience nous montre que malgré les annonces en fanfare de neutralité carbone en 2050 faites en 2021, le jeu du business as usual (et donc de l’inaction climatique) a été quasi systématiquement préféré au respect de l’Accord de Paris.

Une chose est désormais certaine : toute banque soutenant une entreprise qui développe les énergies fossiles est à l’origine du chaos climatique.

Comment lire ce rapport ?

Ce rapport présente le financement des banques commerciales et d’investissement pour l’industrie des énergies fossiles, et analyse les 60 plus grandes banques pertinentes du monde en termes d’actifs. Il agrège leurs principaux rôles en matière de prêts et de souscriptions de dettes et d’émissions d’actions.

La majorité du financement bancaire des énergies fossiles a pris la forme de souscription d’obligations et d’actions, et non de prêts. Cela indique une énorme faille pour toute politique bancaire qui ne s’applique qu’au portefeuille de prêts de la banque. Rappelons que leurs engagements de neutralité carbone ne couvrent globalement que le bilan, car leurs obligations sont plus larges : adoption de cibles de décarbonation et baisse d’exposition.

Financement des énergies fossiles par catégorie d’actifs, 2016-2021
Source : Banking on Climate Chaos 2022

Concernant le périmètre, environ 2 700 filiales de 1 635 sociétés mères sont concernées, chacune ayant reçu un financement dirigé par l’une des 60 banques analysées et qui sont impliquées dans l’extraction, le transport, la transmission, la combustion, le commerce ou le stockage de toute énergie fossile ou d’électricité d’origine fossile.

Passons désormais aux montants…

Des ordres de grandeur criminels

Les chiffres qui vont suivre sont si importants qu’il est difficile d’imaginer ce que cela représente. Ils devront systématiquement être mis en face de chaque promesse, chaque parole des responsables “green”, “RSE”, “banque d’un monde qui change”. Voici quelques ordres de grandeur choquants du rapport, liste non exhaustive :

  • Le financement des énergies fossiles par les 60 plus grandes banques du monde a atteint 4 582 milliards de dollars au cours des six années qui ont suivi l’adoption de l’Accord de Paris.
  • Pour la seule année 2021, 742 milliards de dollars de financement des énergies fossiles.
  • AUCUNE BAISSE notable des financements en 2021 comparé à 2020, et compte tenu des projets déjà et entreprises déjà financés, il y a un risque que 2022 ne soit pas une année favorable au climat.
Montant des prêts et souscriptions au secteur des énergies fossiles de 2016 à 2021
Source : Banking on Climate Chaos 2022
  • Les banques américaines continuent d’être les pires, avec les quatre premiers financeurs au monde (JPMorgan Chase, Citi, Wells Fargo et Bank of America), suivis par Morgan Stanley et Goldman Sachs dans le top 14. Ces six banques ont fourni 29 % du financement des énergies fossiles recensé en 2021.
  • L’expansion pétrolière et gazière est remarquablement concentrée : les 20 premières entreprises sont responsables de plus de la moitié du développement des ressources et de plus de la moitié des dépenses d’investissement dans l’exploration.

Le classement ci-dessous liste les banques qui ont le plus financé les énergies fossiles depuis 2016 :

Cliquez sur l’image pour agrandir
Classement des banques qui ont le plus financé les énergies fossiles
Source : Banking on Climate Chaos 2022

Les banques françaises, une honte internationale

Impossible n’est pas Français ! Malgré les centaines d’alertes des scientifiques sur les conséquences mortelles du réchauffement climatique, les grandes banques françaises continuent de jouer un rôle clé dans l’expansion fossile. Depuis la COP21 :

  • Elles ont accordé 131 milliards de dollars de financement aux 100 entreprises qui développent le plus de nouveaux projets d’énergies fossiles.
  • Elles font de la France le 3e pays à soutenir le plus le développement des énergies fossiles, derrière les États-Unis et la Chine.
  • La place de Paris représente le 1er soutien de l’Union européenne à l’industrie des énergies fossiles, et talonne de très près celle de Londres. 87 % de ces capitaux proviennent de seulement 3 banques : BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole.
  • Crédit Agricole est le 4ème banquier de Gazprom depuis 2018, et premier de Total

Mention spéciale à BNP Paribas, qui nous fait l’honneur de se distinguer. La banque est le 5e financeur mondial du développement des énergies fossiles, après 4 banques états-uniennes. BRAVO ! Ou plutôt pas bravo, c’est une honte internationale. Seul Bruno Le Maire, ministre de l’économie bloqué en 1970, peut se réjouir d’une telle prouesse.

Notons que BNPP est même première en Arctique, région qui se réchauffe 3 à 4 fois plus vite que le reste de la planète et dont l’évolution inquiète au plus haut niveau les climatologues. Mais que représente la survie d’une partie de l’humanité comparé au profit et à la joie des actionnaires ?

Banques, énergies fossiles et guerres

La Global Oil & Gas Exit montre que le développement des industries pétrolière et gazière est remarquablement concentré : les 20 premières entreprises sont responsables de plus de la moitié des ressources en cours de développement et des dépenses d’exploration de nouvelles réserves. Le soutien des banques à ces entreprises est également remarquablement concentré : les 10 premiers banquiers de ces 20 premières entreprises sont responsables de 63 % du financement des grandes banques de ces entreprises.

Le graphique ci-dessous est remarquable, et montre bien que l’enjeu dépasse celui des banques : il englobe tout le système économique mondial. Vous reconnaitrez des noms d’entreprises qui financent au quotidien des dictatures et parfois des guerres, comme la Russie qui a envahi l’Ukraine il y a désormais plus d’un mois.

Source : Banking on Climate Chaos 2022
Cliquez ici pour un panel interactif

TotalEnergies, Gazprom, Saudi Aramco, BP, ExxonMobil, Qatar Energy, PetroChina… que des entreprises bienveillantes qui sont sans aucun doute LA solution au réchauffement climatique, à en croire leurs présidents respectifs qui n’ont cessé de le répéter lors de la COP26. Une hypocrisie mise en lumière plus d’une fois, sans que cela ne crée une réelle indignation générale.

La Banque Postale, seule contre exemple ?

D’après l’Oil and Gas Policy Tracker, aucune banque française n’a mis en place de politique d’exclusion robuste, limitant de manière significative les soutiens aux principales entreprises responsables de l’expansion pétro-gazière. Non seulement les mesures prises par les grandes banques françaises ne couvrent que certaines parties de l’industrie pétrolière et gazière, mais elles n’impactent aucunement les majors du secteur qui prévoient encore des plans d’investissements massifs dans les énergies fossiles, y compris non conventionnelles.

Aucune, sauf La Banque Postale. Il y a quelques mois, la banque a annoncé une politique novatrice qui suspend son soutien à toutes les entreprises qui développent le pétrole et le gaz, et qui engage la banque à abandonner complètement le financement du pétrole et du gaz d’ici 2030. C’est un engagement fort pour une banque dont les actifs s’élèvent à 901,7 milliards de dollars. A suivre bien sûr, les promesses n’engagent que celles et ceux qui y croient.

Dans une moindre mesure, des banques telles que le Crédit Agricole et Nordea Bank ont pris des engagements similaires concernant le charbon. Le Crédit Mutuel a également adopté une politique d’exclusion du financement des promoteurs de mines de charbon, d’usines et d’infrastructures, mais n’a pas encore inscrit sur une liste noire complète les sociétés d’expansion pétrolière et gazière. De biens maigres consolations lorsque l’on connait les ordres de grandeur et les profits engrangés par les 60 banques de ce rapport.

Existe-t-il des solutions ?

Le rapport indique 4 mesures à prendre pour garder une chance de respecter l’Accord de Paris. Celles-ci sont obligatoires si nous souhaitons limiter le réchauffement à +1.5°C :

  • Interdire tout financement pour tous les projets d’expansion des énergies fossiles et pour toutes les entreprises qui étendent l’extraction et l’infrastructure des énergies fossiles tout au long de la chaîne de valeur.
  • Commencer immédiatement à réduire à zéro tout financement des énergies fossiles, selon un calendrier explicite et aligné sur la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C, en commençant par l’extraction et l’énergie du charbon, ainsi que le financement des projets existants et des entreprises actives dans le pétrole des sables bitumineux, le pétrole et le gaz de l’Arctique, le pétrole et le gaz offshore, le pétrole et le gaz fracturés et le GNL.
  • Mesurer, fixer et publier des objectifs pour annuler l’impact climatique absolu de l’ensemble des activités de financement sur un calendrier aligné sur 1,5°C, y compris des objectifs à court, moyen et long terme.
  • Interdire tout financement de projets et d’entreprises qui violent les droits humains, y compris les droits des autochtones. Respecter pleinement tous les droits humains, en particulier les droits des peuples autochtones, y compris leurs droits à l’eau et à leurs terres et le droit à un consentement libre, préalable et éclairé, tel qu’énoncé dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Les solutions sont évidentes et connues depuis des décennies. Ce n’est qu’une question de volonté politique. Les dirigeants qui jouent la carte du chantage à l’emploi écologique jouent en réalité le jeu de l’inaction et ne seront probablement plus aux responsabilités pour en assumer les conséquences.

Le mot de la fin

Les dirigeant(e)s des banques du monde entier ont le devoir de faire plus. De faire mieux que des promesses qu’ils ne tiendront jamais, ou de jouer l’avenir de la planète sur des promesses technologiques dans lesquelles ils n’investissent même pas de manière significative. Le devoir moral de ne pas laisser une Terre inhabitable pour une partie de l’humanité dans les années à venir. Si la plupart des décideurs ne seront plus là pour être jugés, pouvoir prendre sa retraite autrement qu’avec 50 degrés l’été en France ne semble pas être l’idée la plus stupide qui soit.

Tous les citoyen(nes) doivent s’approprier les ordres de grandeur de financement des banques aux énergies fossiles et demander des comptes aux banques, y compris les banques françaises qui participent activement au réchauffement de la planète. Aussi, et par conséquent, toute personne qui vient relativiser la nécessaire baisse de financement des énergies fossiles est un ou une ennemi(e) du climat, et a probablement des intérêts à jouer le statu quo.

Le GIEC l’a rappelé dans son dernier rapport : “tout retard supplémentaire dans l’action mondiale concertée et anticipée en matière d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique manquera une brève occasion, qui se referme rapidement, de garantir un avenir vivable et durable pour tous”.

 

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Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Je réponds à vos (premières) questions sur l'écologie.

A la veille de l'ouverture de la COP27, le sommet international sur le réchauffement climatique, Emmanuel Macron avait fait une promesse sur Twitter. "Vous avez des questions sur l'action que nous menons pour l'écologie ? Posez-les-moi. Je prendrai le temps de vous répondre", avait lancé le président de la République. Ses premières réponses à ces interpellations "plus ou moins précises et plus ou moins sympathiques", ont été mises en ligne dimanche 13 novembre dans une vidéo d'une douzaine de minutes.

 

 

Abonnez-vous à ma chaîne : https://www.youtube.com/c/EmmanuelMacron?sub_confirmation=1

00:00 - Introduction
00:19 - Pourquoi faut-il attendre la catastrophe pour agir ?
01:49 - Comment peut-on se faire condamner deux fois pour inaction climatique tout en ayant l'audace de faire croire qu'on peut se justifier sur Twitter ?
03:46 - Pouvez-vous citer une seule action réelle, forte, déterminante, qui ne soit pas juste de la com', que vous menez pour l'écologie ?
04:46 - Quand allez-vous appliquer les mesures proposées par la Convention citoyenne pour le climat et respecter votre parole ?
05:55 - Saviez-vous que la France représente seulement 0,9% des émissions de CO2 sur la planète et la Chine 30% à elle seule ?
08:20 - Avons-nous tout fait pour que notre maison ne brûle plus autant ?
09:56 - Comment pouvons-nous éviter le gâchis à la cantine ?
11:03 - Comment peut-on unir les pays du monde avec des actions en faveur de la planète alors que nous sommes actuellement dans un climat de grande tension géopolitique ?

 

Jacques Le Bris's insight:

Franceinfo a relevé trois affirmations inexactes du chef de l'Etat.

L'une des procédures juridiques contre l'Etat pour inaction climatique concerne bien son quinquennat

Ses propos. Le président de la République a répondu à une question sur la double condamnation de l'Etat français pour inaction climatique, dans les dossiers Grande-Synthe et Affaire du siècle. "Nous nous sommes fait condamner pour inaction climatique sur la période 2015-2018" quand "la France n'a pas été au rendez-vous des objectifs", a répliqué le président Macron, estimant que cette condamnation n'était "pas pour [sa] pomme" malgré son rôle dans le précédent quinquennat, à l'Elysée puis comme ministre de l'Economie.

La vérification. Emmanuel Macron a raison de dire que la condamnation dans le dossier Affaire du siècle repose sur la période précédant son premier quinquennat. Mais l'autre procédure, le dossier Grande-Synthe (Nord), est un peu plus complexe. Le Conseil d'Etat ne s'est pas arrêté à la période 2015-2018 pour enjoindre le gouvernement à faire des efforts supplémentaires dans la lutte contre le réchauffement climatique. "Prétendre que ce dossier concernerait une période passée est inexact, recadre pour franceinfo Corinne Lepage, avocate de la commune de Grande-Synthe (et ancienne candidate à la présidentielle de 2002). Il concerne la période présente et future, la capacité de la France à respecter ou non ses obligations pour 2030, et pour l'instant, c'est non."

En novembre 2020, dans une première décision, l'instance avait pointé un décret du 21 avril 2020 "ayant reporté après 2020 et notamment après 2023 une partie de l'effort de réduction des émissions devant être réalisé". Avec ce décret, le gouvernement avait décidé de s'autoriser à polluer un peu plus à court terme sur la période 2019-2023 (-6%) et de rattraper ce retard dans la période suivante (-12%). Une erreur pour le Conseil d'Etat, qui estimait en juillet 2021 "qu'il ressort des différents éléments transmis (...) que cet objectif de réduction de 12% ne pourra[it] être atteint si de nouvelles mesures [n'étaient] pas adoptées à court terme". La date limite pour prendre de nouvelles mesures avait été fixée au 31 mars 2022. Jugeant que rien n'avait été fait, Corinne Lepage a de nouveau saisi le Conseil d'Etat le 1er avril. Cette procédure, qui va prendre quelques mois, est toujours en cours.

La baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France se fait à un rythme insuffisant

Ses propos. Dans la foulée de sa réponse sur l'inaction climatique, Emmanuel Macron multiplie les arguments laissant penser que la France est dans les clous de ses objectifs de réduction des émissions de gaz effet de serre, le moteur du réchauffement climatique. "On a mis les bouchées doubles, il y a une preuve, elle est simple : durant le quinquennat passé, 2017-2022, on a réduit deux fois plus vite nos émissions qu'on ne l'avait fait dans les cinq années passées. Deux fois plus vite", se félicite-t-il, avant d'ajouter : "L'objectif qui était le nôtre en 2020, qui était de baisser de 20% nos émissions, nous l'avons atteint dès 2019, c'est-à-dire avant les fermetures liées au Covid".

La vérification. Sur la trajectoire de la France, le dernier rapport du Haut Conseil pour le climat, instance indépendante créée par le président de la République en 2018, est très clair : "La réponse de la France au réchauffement climatique progresse, mais reste insuffisante." Sur l'accélération de la réduction des émissions vantée par Emmanuel Macron, le HCC relève que "le rythme de réduction estimé sur la période 2019-2021 (-1,9% par an) est proche du rythme observé sur la décennie 2010-2019 (-1,7 % par an)". Pour le moment, la France est bien dans les clous du budget carbone qu'elle s'est fixé pour la période 2019-2023, mais c'est "principalement dû aux effets de la pandémie de Covid-19, ainsi qu'au relèvement du plafond d'émissions du deuxième budget carbone lors de la révision de la SNBC2".

Surtout, le Haut Conseil rappelle que la France va devoir revoir ses objectifs à la hausse. L'Union européenne a adopté un objectif plus ambitieux de réduction pour 2030, passant de -40% à -55%. Comme tous les Etats membres, la France va devoir revoir ses objectifs à la hausse. "Ceci implique un doublement du rythme annuel de réduction des émissions pour atteindre environ -16 Mt d'équivalent CO2 (-4,7%) en moyenne sur la période 2022-2030, ce qui doit être comparé aux réductions annuelles observées de -8,1 Mt éqCO2 (-1,7%)", avertit le HCC.

Les mesures de la Convention citoyenne pour le climat ont été largement édulcorées

Ses propos. Parmi les questions sélectionnées, celle du blogueur Bon Pote demandant à Emmanuel Macron quand il compte "respecter [sa] parole" et "appliquer les mesures proposées par la Convention citoyenne pour le climat". "On a dit oui à 146 propositions [sur 150] et on avance", lui répond Emmanuel Macron, en citant quelques mesures comme l'interdiction de certains vols intérieurs ou le moratoire sur la création de zones commerciales en périphérie des villes.

La vérification. Au départ, le président de la République avait promis de soumettre "sans filtre" les propositions de la Convention au Parlement ou à référendum. A l'arrivée, les 150 citoyens tirés au sort avaient jugé très durement la manière dont le gouvernement avait repris leur travail : 2,5 sur 10. En analysant la loi Climat et résilience, principal vecteur de ce travail, franceinfo avait constaté que 22% des 46 mesures reprises l'avaient été sans modification. Les autres étaient tronquées ou édulcorées, avec une réduction de leur périmètre ou un allongement des délais.

L'interdiction de certains vols intérieurs citée par Emmanuel Macron est une bonne illustration de ce constat. Les participants à la Convention proposaient d'interdire les trajets réalisables en moins de quatre heures de train, le curseur a été rabaissé à 2h30 par le gouvernement. Cela "concerne huit liaisons qui ne représentaient en 2019 que 10% du trafic de passagers aérien métropolitain", constatait le Haut Conseil pour le climat. En septembre 2022, le site Reporterre remarquait que cette interdiction n'était toujours pas entrée en vigueur, bloquée au niveau européen.

Le moratoire sur les zones commerciales dont parle le président de la République est, lui aussi, une version amoindrie d'une mesure proposée par la Convention citoyenne, celle d'"interdire toute artificialisation des terres tant que des réhabilitations ou friches commerciales, artisanales ou industrielles sont possibles dans l'enveloppe urbaine existante". Comme l'explique Actu-Environnement, les entrepôts logistiques et les surfaces de moins de 10 000 m² ne sont pas concernées. "80% des projets de surfaces commerciales se trouvent en dessous, la moyenne des surfaces commerciales étant de 2 000 m²", critiquait à l'époque le Réseau Action Climat.

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