Le sommet du G20 débute ce jeudi 3 octobre sur fond de crise européenne déclenchée par les soubresauts politiques en Grèce. Des développements qui ne sont pas sans incidence sur les priorités des participants à ce rendez-vous des puissants.
Par Sébastian SEIBT (texte)
Cette fois-ci, à Cannes, ce n’est pas du cinéma. La célèbre station balnéaire du sud de la France accueille les 3 et 4 novembre les chefs d’État et de gouvernement des pays membres du G20 pour un sommet de toutes les crises.
L’économie mondiale montre des signes inquiétants de ralentissement et l'ouragan politique déclenché par l'annonce d'un référendum grec sur le plan de sauvetage européen ont plongé les marchés ainsi que les décideurs politiques européens dans le désarroi.
Le coup d’éclat du Premier ministre grec, Georges Papandréou, le 31 octobre, a chamboulé l’agenda de tous les participants du G20. Parmi les 20 chefs d’État et de gouvernement présents à ce rendez-vous des puissants, six seront particulièrement observés. Outre le président français et chef d'orchestre du sommet, Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande, Angela Merkel, le président chinois, Hu Jintao, le président des États-Unis, Barack Obama, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, et le Premier ministre grec vont tous essayer de faire entendre leur différence. Au risque de créer une véritable cacophonie. Revue de détails des priorités des six protagonistes de cette grosse production à l’affiche à Cannes.
Silvio Berlusconi, Italie
Le président du Conseil italien arrive au G20 dans une position délicate. Il doit convaincre que l'Italie, troisième pays le plus endetté au monde, ne sera pas le prochain pays à devoir être renfloué. Mais il n'a pas de nouvelles mesures à proposer. Silvio Berlusconi avait, certes, réuni son cabinet le 2 novembre pour "accélérer la cadence" des réformes destinées à réduire les déficits, mais il n'a pas obtenu ce qu'il voulait.
Silvio Berlusconi espérait pouvoir légiférer par décrets, mais son gouvernement lui a opposé une fin de non-recevoir. Le cabinet a uniquement accepté le principe d'un amendement fourre-tout et aux contours flous à la loi de finances. Personne ne sait vraiment aujourd'hui à quoi va ressembler l'effort italien pour réduire ses déficits.
George Papandréou, Grèce
L'homme par qui le chaos est arrivé. Le Premier ministre grec doit désormais gérer les retombées diplomatiques de sa décision controversée d'organiser un référendum sur le plan de sauvetage européen du 27 octobre.
Georges Papandréou a dû se rendre dès le 2 novembre à Cannes, où s'est tenu un mini-sommet de crise avec Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.
Ces derniers ont clairement indiqué au chef du gouvernement grec que le référendum changeait la donne : "Les Européens et le FMI ne pourront envisager de verser la sixième tranche du programme d'aide à la Grèce que lorsque la Grèce aura adopté l'ensemble du paquet du 27 octobre et que toute incertitude sur l'issue du référendum aura été levée", a ainsi déclaré Nicolas Sarkozy à l'issue des discussions.
Un chantage par le chéquier qui a d'ores et déjà poussé Georges Papandréou à préciser les contours de son référendum. C'est surtout un Premier ministre très fragilisé politiquement en Grèce qui va défendre à Cannes sa politique.
Barack Obama, Etats-Unis
Observateur plutôt que leader. Tel est le rôle que devrait tenir Barack Obama durant le G20 de Cannes. Le problème du président des États-Unis est qu'il "n'a pas d'argent à mettre sur la table pour aider l'Europe", résume au site américain Politico l'ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI) Simon Johnson.
Chez lui, son projet de loi sur l'emploi se heurte à l'opposition des élus républicains au Congrès et l'économie du pays a du mal à redémarrer. Autant de raisons qui font que les autres chefs d'État présents au G20 n'attendent rien de Barack Obama.
En revanche, le président américain va probablement regarder de très près les négociations entre les Européens et les Chinois. Une aide financière substantielle de Pékin à la zone euro renforcerait l'influence chinoise en Europe au détriment de celle des États-Unis. Mais Barack Obama a-t-il vraiment les moyens de s'y opposer ?
Hu Jintao, Chine
Le dirigeant chinois est l'homme à séduire pour les Européens. Ils cherchent à le convaincre de participer à hauteur de 100 milliards d'euros au plan de sauvetage de la zone euro. Hu Jintao se sait en position de force. Du coup, il multiplie les déclarations qui peuvent sembler contradictoires. Oui, "la Chine veut d'une zone euro stabilisée". Et donc prête à sortir le chéquier ? Pas si vite. Hu Jintao a également indiqué que c'était "surtout à l'Europe de régler son problème de dettes".
Une manière de dire aux Européens que même si la Chine a un intérêt commercial à ce que l'Europe soit forte, elle ne déliera pas aussi facilement les cordons de sa bourse.
Angela Merkel, Allemagne
Le coup d'éclat grec du référendum a permis à la chancelière allemande de revêtir, une fois encore, son costume de championne de la rigueur européenne. Elle a été, dans la nuit du 2 au 3 novembre, la première responsable politique européenne à évoquer sans broncher la possible sortie de la Grèce de la zone euro.
"Notre priorité est avant tout la stabilité de l'euro", a-t-elle ainsi déclaré. Une manière de dire que le sauvetage de la Grèce n'est que secondaire. Une prise de position qui a déjà valu à Angela Merkel les félicitations de président américain. Barack Obama a, en effet, loué les "qualités de meneuse" de la chancelière allemande.
Nicolas Sarkozy, France
En tant qu'hôte de ce G20, le président français voulait que ce sommet soit consacré aux grandes questions d'économie mondiale. La décision prise le 31 octobre par le Premier ministre grec d'organiser un référendum sur le plan de sauvetage européen adopté le 27 octobre a contrarié les plans français.
Nicolas Sarkozy n'est pas arrivé à Cannes en position de force avec, comme il l'espérait, une "solution globale, ambitieuse et crédible" à la crise de la zone euro dans ses valises. De réunions en discussions bilatérales, il va devoir surtout expliquer comment sortir du bourbier grec.