L'impact des médicaments sur l'environnement étudié dans des rivières artificielles | EntomoNews | Scoop.it
Les effets secondaires des médicaments sur l'homme sont bien référencés. Des cours d'eau artificiels permettent désormais de les mesurer sur les écosystèmes fluviaux. Plongée en eaux contaminées.

 

Par Alain Geffard, 25.02.2021

 

"Les services rendus par les écosystèmes aquatiques sont d’une importance capitale, qui conduit à une attente sociétale forte quant au maintien de leur qualité. Or ces milieux sont le réceptacle d’un grand nombre de substances contaminantes émises par les activités humaines. Les effluents issus des stations d’épuration se révèlent être une source majeure et chronique de pollution, en particulier par des molécules dites « émergentes », catégorie qui inclue les médicaments et dont les impacts sur l’environnement sont très mal connus.

 

Pour mieux appréhender les effets possibles de ces molécules contaminantes, un volet du projet européen de coopération INTERREG DIADeM (pour Développement d’une approche intégrée pour le diagnostic de la qualité des eaux de la Meuse) s’est attaché à étudier les effets d’un mélange de cinq molécules – le paracétamol (analgésique), l’irbesartan (antihypertenseur), le diclofénac (anti-inflammatoire), le naproxène (anti-inflammatoire) et la carbamazépine (neuroleptique) – sur différentes espèces, et tout particulièrement sur un mollusque bivalve très étudié en écotoxicologie aquatique : la moule zébrée ou dreissène (Dreissena polymorpha).

Un cocktail de médicaments toxique pour les organismes de nos rivières ?

Tenir compte de la complexité d’un écosystème aquatique tout en contrôlant le facteur contaminant est impossible en rivière étant donné la présence de beaucoup d’autres molécules (hydrocarbures, métaux, pesticides…). Le consortium du projet a donc réalisé, entre octobre 2017 et octobre 2018, une expérimentation originale en créant des rivières artificielles (mésocosmes) afin de tester une gamme de concentrations représentatives des concentrations environnementales médianes ou de celles de rivières très contaminées.

 

 

Les polluants réduisent l’immunité

En parallèle, le projet s’est également intéressé aux cellules assurant l’immunité chez les invertébrés : les hémocytes. L’intégrité de l’ADN de ces cellules a été évaluée par le test dit « des comètes » : si l’ADN est fragmenté, on observe une allure de comète, avec l’ADN intact dans la tête et les fragments dans la queue de la « comète » (« tail DNA »). À 8 et 23 semaines d’exposition, on observe une augmentation du pourcentage d’ADN dans la queue de comète, en particulier chez les organismes exposés à la condition C. Cela traduit un endommagement de l’ADN donc une génotoxicité de l’environnement sur les hémocytes de ces organismes.

 

[Image] Quésako? Épisode 4. Médicaments dans l'eau, une vie insoupçonnée - YouTube, 05.09.2013 https://www.youtube.com/watch?v=FNz6dasEGTk

 

Depuis quelques années, nos eaux sont menacées par une nouvelle forme de pollution, celle des rejets médicamenteux. A qui ou quoi doit-on imputer ce phénomène ? Quels sont les effets sur notre écosystème ? Dans le cadre d’un programme européen INTERREG, le projet DIADeM vise à développer une approche intégrée pour le diagnostic de la qualité des eaux de la Meuse. Alain Geffard, professeur et directeur de l’unité Stress Environnementaux et BIOsurveillance des milieux aquatiques à l’Université de Reims Champagne-Ardenne et Patrick Kestemont, professeur et directeur de l’Unité de Recherche en Biologie environnementale et Evolutive à l’Université de Namur nous parlent de ce projet rassemblant un consortium de partenaires français et wallons.

 

[repéré via] @Agrodoc Ouest
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