L’apoptose, une forme de mort cellulaire programmée, joue un rôle clé dans le développement et l'homéostasie des organismes multicellulaires en contrôlant le nombre et l'organisation des cellules dans les tissus et les organes. Les protéines de l’apoptose ont fait l’objet de nombreuses études au cours des dernières décennies. Ces études se sont particulièrement concentrées sur les mammifères ou certains organismes modèles (e.g. le nématode Caenorhabditis elegans ou la mouche Drosophila melanogaster). Étonnement, les protéines de l’apoptose n’ont été analysées que dans un nombre limité d’espèces d’insectes, ce qui restreint notre compréhension de leur rôle physiologique chez ces organismes qui représentent pourtant 85% de la biodiversité animale. Des chercheurs de l’UMR BF2i, en collaboration avec les Universités de Leuven et d’Oxford, viennent de découvrir que, chez les pucerons, les protéines inhibitrices de l’apoptose (IAP) ont subi une grande expansion génique et des modifications structurales suggérant de nouveaux rôles pour ces protéines, en lien avec le grand potentiel invasif de ces insectes ravageurs des cultures.
Les IAP chez les insectes : inhibiteurs de l’apoptose mais pas que !
INRAE INSTIT. Publié le 10 février 2021
"L’apoptose figure parmi les formes de mort cellulaire programmée les plus conservées dans l’arbre du vivant et intervient dans des processus aussi divers que le développement embryonnaire, la métamorphose ou l’immunité. Chez tous les organismes, l’activation de l’apoptose semble impliquer un même ensemble de protéines, parmi lesquelles les caspases (protéines effectrices de l’apoptose, capables de cliver de nombreux composants cellulaires) et les IAP (protéines inhibitrices de l’apoptose, capables de bloquer l’action des caspases et donc l’apoptose). Ces protéines n’ont été étudiées que chez une dizaine d’insectes, bien loin des 1 million d’espèces estimées ! Pourtant, grâce à des initiatives récentes comme le i5k (projet visant à séquencer 5000 génomes d’arthropodes), plus de 400 génomes séquencés d’insectes sont aujourd’hui disponibles, un nombre qui augmente de jour en jour et rend envisageable des études élargies à un nombre beaucoup plus conséquent d’organismes. La présente étude, publiée le 7 décembre 2020 dans la revue PNAS, est la première à analyser d’un point de vue évolutif et fonctionnel la voie de l’apoptose chez un insecte hémiptère, le puceron du pois, Acyrthosiphon pisum. Elle a permis la découverte d’une amplification exceptionnelle des IAP et de l’émergence de nouvelles fonctions chez cet insecte."
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Références :
Ribeiro Lopes M., Parisot N., Gaget K., Huygens C., Peignier S., Duport G., Orlans J., Charles H., Baatsen P., Jousselin E., Da Silva P., Hens K., Callaerts P., Calevro F. (2020)
- Evolutionary novelty in the apoptotic pathway of aphids. Proceedings of the National Academy of Sciences USA, 117, 32545-32556. doi : 10.1073/pnas.2013847117
Mais aussi :
Ribeiro Lopes M., Parisot N., Callaerts P., Calevro F. (2019) Genetic diversity of the apoptotic pathway in insects. Dans : Evolutionary Biology Book series: Evolution, Origin of Life, Concepts and Methods (ed. Pontarotti P.), 253-285, Springer Nature Switzerland AG. doi : 10.1007/978-3-030-30363-1_13
'apoptose' in EntomoNews
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