L'ambre libanais, formidable machine à remonter le temps | EntomoNews | Scoop.it

 

Un colloque international sur l’étude des insectes contenus dans l’ambre a récemment eu lieu à Jbeil, rassemblant des experts scientifiques de quelque 22 pays.

 

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Ce n’est pas un hasard si ce colloque, qui a lieu environ tous les trois ans, s’est déroulé cette année au Liban. Dany Azar nous explique que cela fait longtemps qu’il tente de réunir les experts dans ce pays, et pour cause : c’est l’un des lieux privilégiés des gisements d’ambre au monde. Autant Vincent Perrichot que Michael Engel expliquent pourquoi : l’ambre du Liban est le plus ancien au monde à contenir des insectes, d’où le fait qu’il intéresse au plus haut point des scientifiques du monde entier.


Ce n’est pas seulement l’ancienneté de nos gisements d’ambre, mais l’ère à laquelle ils ont été formés, qui les rend si précieux pour les scientifiques. Un soupçon de fierté dans la voix, Dany Azar explique que ce n’est qu’au Liban que l’on trouve de l’ambre (contenant des insectes) datant du crétacé inférieur, c’est-à-dire d’environ 135 à 125 millions d’années. Pourquoi est-ce si fascinant ? Parce que c’est l’époque à laquelle apparaissent les premières plantes à fleurs (90 % de notre flore actuelle), en d’autres termes où le monde a connu un de ses grands bouleversements environnementaux.


« Si on veut comprendre pourquoi cette évolution a eu lieu, il faut étudier les insectes piégés dans l’ambre de cette époque, explique Dany Azar. Comme on sait, il existe une relation très intime entre les plantes à fleurs et les insectes, qui sont responsables de 90 % de la pollinisation. Il se trouve que l’ambre du Liban est le seul qui date de cette période et qui contienne des insectes, donc le seul à fournir ce genre d’informations. C’est une pure chance. »

 

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L’entomologiste est intarissable sur cette richesse unique dont la nature a doté le Liban. « Dans nos recherches sur l’ambre libanais, nous avons fait des découvertes fascinantes, dont un grand nombre de nouveautés mondiales, affirme-t-il. Ces découvertes sont la clé de voûte pour comprendre l’évolution de plusieurs familles d’insectes de notre époque. À titre d’exemple, les plus anciens papillons du monde sont préservés dans l’ambre du Liban, le plus ancien accouplement d’insectes y a été observé, le plus ancien parasitisme connu au monde (un acarien se nourrissant sur un insecte), le plus ancien lézard, le plus ancien gastéropode (escargot), les plus anciens phlébotomes (genre de petits moustiques qui peuvent transmettre des maladies)... Nous avons trouvé des espèces d’insectes que nous ne soupçonnions pas dater de cette époque, parfois même de nouveaux genres, de nouvelles familles. »

 

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