Pollinisateurs sauvages à risque - Le même destin tragique que l’abeille domestique ? | EntomoNews | Scoop.it
Il est possible de poser des actes concrets pour protéger ces alliées, mais avec l’aide des gouvernements

 

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Pendant que les apiculteurs s’acharnent à rebâtir leurs colonies perdues, qui s’occupe des pollinisateurs sauvages ? Ces espèces hébergées par les milieux naturels sont-elles aussi en train de dépérir ?

 

À l’échelle mondiale, quelque 17 000 espèces de pollinisateurs sauvages ont été identifiées, dont 3500 en Amérique du Nord. Au moins 1000 de ces espèces sont présentes au Canada, dont plus de 350 au Québec. Depuis le milieu des années 1990, des baisses de population de ces pollinisateurs ont été signalées sur pas moins de quatre continents.

 

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La protection et le maintien des populations naturelles locales s’avèrent des stratégies durables de conservation des pollinisateurs. Or, une des signataires de la présente lettre, Madeleine Chagnon, qui s’intéresse aux effets des insecticides néonicotinoïdes systémiques sur les abeilles, a publié avec sa collègue Monique Boily une étude dans laquelle elles réitèrent leurs inquiétudes par rapport à la présence même de ces composés chimiques dans l’environnement pour la survie des pollinisateurs. En effet, à partir de biomarqueurs, l’étude a démontré une hausse de l’activité de l’enzyme AChE chez les abeilles qui étaient exposées au pollen de plants de maïs qui avaient été ensemencés avec des graines enrobées de ces pesticides systémiques de la famille des néonicotinoïdes. Ainsi traitée, la plante récupère une dose mortelle de l’insecticide, ce qui la protège des insectes ravageurs. Malheureusement, ce produit se retrouve aussi, à plus faibles doses, dans le pollen et le nectar des plantes. Basé sur les résultats de nombreuses études importantes, l’usage de ces insecticides fait présentement l’objet d’un moratoire dans plusieurs pays du monde.

 

Il existe bien sûr d’autres causes possibles du déclin des pollinisateurs, incluant la perte de diversité des ressources florales, les pathogènes et les parasites. Cependant, des études ont démontré que l’exposition, même sous-létale, à ces pesticides neurotoxiques pourrait accentuer les effets néfastes de ces autres facteurs de stress. Des études sont en cours au laboratoire de Valérie Fournier de l’Université Laval pour vérifier les risques d’exposition des abeilles domestiques et sauvages aux poussières de semences contenant des néonicotinoïdes, lors des semis de maïs, de soya et de canola.

 

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Madeleine Chagnon - Entomologiste et chercheuse associée au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal

Christine Gingras - Directrice générale adjointe de Nature Québec