Tortues, abeilles et panthères : quand les espèces « éteintes » réapparaissent | EntomoNews | Scoop.it
Récemment, trois espèces que l’on croyait éteintes ont à nouveau montré signe de vie. Est-il réellement possible d’avoir la certitude qu’une espèce est morte ?

 

Par David Roberts, 12.04.2019

 

"Comme dans un film de zombies, certaines espèces que l’on croyait éteintes semblent ressusciter d’entre les morts. Entre le 21 février et le 4 mars dernier, trois de ces « redécouvertes » ont ainsi attiré l’attention : celle de la tortue de Fernandina dans les îles Galápagos (Chelonoidis phantasticus), dont la dernière apparition datait de 1906 ; celle de l’abeille géante Wallace (Megachile pluto), supposément disparue en 1980 ; celle enfin de la panthère nébuleuse de Taïwan (Neofelis nebulosa brachyura), que l’on n’avait plus revue depuis 1983 et qui avait été officiellement déclarée éteinte en 2013.

Disparition du dernier individu

Ces redécouvertes soulignent combien nos connaissances sur certaines des espèces les plus rares sont minces ; elles interrogent aussi la manière dont nous les déclarons éteintes. La liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature permet de tenir un registre mondial des espèces menacées et de mesurer le risque qu’elles disparaissent. L’organisation a élaboré une liste de critères pour déterminer le statut de menace d’une espèce, qui n’est considérée éteinte que « lorsqu’il n’y a plus de doute raisonnable sur la mort du dernier individu ».

Selon la liste rouge, une telle affirmation exige que :

« des enquêtes exhaustives dans l’habitat connu ou probable de l’espèce, réalisées à des moments appropriés et dans l’ensemble de son aire de répartition historique aient échoué à relever un seul individu. Ces observations doivent être menées dans un cadre temporel adéquat au regard du cycle et du mode de vie de l’espèce ».

Étant donné toutes les preuves – ou plutôt l’absence de preuves – exigées, il paraît étonnant que des espèces puissent être déclarées éteintes. Car pour comprendre si une espèce a disparu, il faut aussi connaître ses habitudes dans le passé.

 

Les observations à un moment et un endroit donnés nous renseignent sur la survie d’une espèce ; mais lorsque celle-ci se fait rare, les observations se font évidemment moins fréquentes, jusqu’à ce que l’on se demande si cette espèce existe toujours.

 

On se base en général sur le temps écoulé depuis la dernière apparition de l’animal pour mesurer la probabilité d’extinction d’un groupe, mais il est rare que l’individu alors observé soit effectivement le dernier du taxon. Car bien des espèces persistent probablement des années sans être vues."

(...)

 

 

[Image] La plus grande abeille au monde était présumée éteinte avant sa redécouverte en Indonésie en février 2019. Stavenn/Wikipedia, CC BY-SA