Polystyrènophagie (bis) | EntomoNews | Scoop.it

Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - Épingle publiée dans le n° 198 (3e tr. 2020)

 

"Les déchets de matière plastique se retrouvent partout sur la Planète, en éléments plus ou moins grossiers, pouvant servir de support à une vie animale ou contaminant leur nourriture. Encore un signalement : en Antarctique, sur l’île du Prince Édouard (au sud des Malouines), une plaque de polystyrène « styrofoam » ayant servi de mousse d’isolation dans le bâtiment, échouée sur la plage, s’est révélé porteuse d’un micro-écosystème, comportant des collemboles (entognathes).


Dix-huit d’entre eux, de l’espèce Cryptopygus antarcticus (Isotomidés) furent examinés par Elisa Bergami et ses collaborateurs, de l’université de Sienne (Italie). L’observation au microscope infrarouge à transformation de Fourier révéla des fragment de polyéthylène dans leur tube digestif, difficiles à distinguer des matières organiques mais bien caractérisés.


La plaque de 30 x 30 cm et de 5 cm d’épaisseur était colonisée par des algues, des mousses et des lichens, milieu favorable au collembole. En rapprochant la taille des fragments plastiques de celle de ses mandibules, les chercheurs hypothétisent que l’entognathe grignote et érode ainsi le polystyrène. Le styrofoam est formé d’un agrégat de billes hydrophobes séparées par des espaces remplis d’air, favorables au développement d’un biofilm appétant.


Le polyéthylène n’est pas digéré et ne pourrait avoir d’effets néfastes sur le succès reproductif du collembole qu’indirectement.
Cet animal, en fragmentant le polluant, aide à sa dissémination et à sa transmission le long du réseau trophique.


En tous cas, la présence de détritus de polyéthylène, issus des stations de recherche, des bases aériennes et aussi des installations touristiques, fragilise un peu plus un continent jusque-là préservé des activités humaines et menacé par le réchauffement."


Article source (gratuit, en anglais) : doi.org/10.1098/rsbl.2020.0093

 

  

[Image] Detection of PS traces in Antarctic collembolans.


Précédemment : « Polystyrènophagie ».