... Les Arthropodes constituent de loin le phylum le plus diversifié du règne animal, et devraient logiquement y tenir une place importante. Pourtant, en France, seuls quatre ordres comportent des espèces inscrites dans les textes réglementaires nationaux et européens. Le phylum des Arthropodes y est donc très peu représenté comparativement aux Vertébrés.
Publications scientifiques du Muséum National d'Histoire Naturelle
Naturae 2022 (4) - Pages 43-99
Publié le 23 février 2022
"Cet article questionne la place des Arthropodes dans les études d’impacts, leur utilité pour identifier des enjeux sur leurs habitats, et propose de nouveaux groupes qui pourraient apporter un complément à la fois taxinomique et écologique. L’examen d’un échantillon de 50 études d’impact montre que seuls trois principaux groupes y sont étudiés, tous comportant des espèces protégées : les papillons diurnes (Rhopalocères et Zygaena), les Odonates (Odonata) et les Orthoptères (Orthoptera) ; ainsi que quelques Coléoptères saproxylophages réglementés.
Un effet « vase clos » probablement inhérent à la réglementation s’observe, car ces groupes sont ceux sur lesquels les connaissances progressent le plus et qui font l’objet de la plupart des évaluations de type Liste rouge. Ce déséquilibre entre les groupes abordés dans les études d’impact et la diversité réelle des Arthropodes continentaux, de leurs spécialisations et fonctions écologiques, de leurs particularités de répartition, induit que leurs enjeux sont évalués de manière inégale selon les habitats et secteurs géographiques concernés."
(...)
- Version HD (PDF/A) https://sciencepress.mnhn.fr/sites/default/files/articles/hd/naturae2022a4pdfa.pdf
CONCLUSION
Le présent article permet de dresser un premier bilan sur
l’approche des Arthropodes continentaux au sein des volets
naturels d’études d’impact. Le triptyque constitué par les papillons diurnes, Odonates et Orthoptères a été largement priorisé jusqu’ici, en partie en raison des protections réglementaires attribuées à certaines espèces. Le constat est que depuis d’assez nombreuses années, la prise en compte s’est clairement élargie à l’ensemble de ce triptyque et non uniquement aux espèces réglementaires.
De cette priorisation, il résulte que les enjeux inhérents à certains habitats naturels ont été bien soulignés jusqu’ici, notamment pour les milieux prairiaux (type E du niveau 1 d’EUNIS), les landes, fourrés et garrigues (F), et les milieux dulcicoles (C) ; plus secondairement pour les tourbières et les marais (D) et pour les arbres isolés et alignements d’arbres (G5.1). En revanche, on ne peut pas en dire autant pour les milieux marins (A), les milieux côtiers (B), les milieux sans végétation (H) et les habitats forestiers fermés du type G, qui s’avèrent particulièrement dépourvus d’espèces à enjeux notables chez les papillons diurnes, les Odonates et les Orthoptères. Pour ces derniers groupes d’habitats, il serait nécessaire d’en élargir l’étude à d’autres groupes d’Arthropodes terrestres pour remédier aux sous-évaluations des enjeux de conservation. La conservation de nombreuses espèces menacées en France, en particulier dans les milieux déjà soumis à forte pression anthropique, en dépend fortement.
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Pour en savoir plus :
EUNIS - Typologie - Classification des habitats EUNIS
https://inpn.mnhn.fr/habitat/cd_typo/7
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Sur le même thème :
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https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/insectes-1-2-insectes-disparaissent-chaque-annee-68949/
- Insect decline in the Anthropocene: Death by a thousand cuts | PNAS, 11.01.2021 https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2023989118
(Re)lire aussi :
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