Vers une société post-salariale ? | Economie Responsable et Consommation Collaborative | Scoop.it

Journaliste spécialiste des questions économiques et industrielles, ancien rédacteur en chef de L’Usine Nouvelle, Jean-Pierre Gaudard a une conviction qu’il partage dans un essai vigoureux et perspicace : la fin du salariat a commencé. Pourtant à l’œil nu, les chiffres le démentent : le CDI est massivement installé dans la société française. Après tout, le travail dit précaire ne représente environ que 12 % des emplois de salariés, soit un peu plus de 3,1 millions de personnes.
 
Mais si l’on suit la progression de ce type de travail, dans les années 1980, il ne concernait que 5 % des emplois. Or, dans le flux d’emplois proposé en 2012, les trois quarts des embauches s’effectuent en effet sous la forme de « contrats atypiques ». Les CDD côtoient ainsi le travail intérimaire et les temps partiels non choisis, avec une mention spéciale pour les contrats d’une durée d’une semaine (+ 120 % entre 2000 et 2010). Ces statuts ont fait émerger, ces dernières années, une catégorie dite de « travailleurs pauvres », c’est-à-dire des personnes qui ne parviennent pas à vivre correctement de leur travail, soit 8 % de la population active. En période de crise, les plus fragiles sont les « outsiders » qui voient leur emploi détruit et leur capacité de rebond amoindri. Pour cet observateur, cette crise dissimule une véritable mutation du travail, de son organisation et de sa conception.