Un an après la "fin du monde", Bugarach a repris "sa vie calme" | Bugarach | Scoop.it

Près d'un an jour pour jour après la "fin du monde" annoncée, le village audois de Bugrarach a repris "sa vie calme", alors que le compte à rebours de la prochaine apocalypse a déjà commencé.

Le 21 décembre 2012, Bugarach était sur le pied de guerre, attendant une foule d'illuminés pensant que le village niché dans les Corbières était un des seuls endroits sur Terre qui échapperait à la fin des temps. Des dizaines de gendarmes quadrillaient le secteur, les habitants excédés étaient terrés chez eux. Plus de 300 journalistes du monde entier se filmaient les uns les autres à défaut de mettre en boîte la cohorte de fanatiques que craignait voir débarquer le maire Jean-Pierre Delord.
Car pour seul visionnaire présent à Bugarach, il y avait Oriana, bien connu dans la région. Ravi, "ce designer de soucoupes volantes" livrait alors à tous les micros son inerprétation de l'apocalypse, en fait une révélation qui "fait l'effet de 10 000 orgasmes d'un coup".

"Une belle kermesse"

Aujourd'hui, les ruelles de ce village de 200 âmes, objet d'un extraordinaire tapage médiatique depuis 2010, sont désertes. Il y a trois ans, le maire avait dit sa hantise de voir débarquer des vagues d'illuminés soucieux déchapper à la 183e apocalypse prédite depuis la chute de l'Empire romain. Bugarach et son pic majestueux, point culminant du massif des Corbières avec ses 1231 mètres, figurent parmi les lieux sacrés qui échapperaient à la fin du monde, prétendaient alors les prophètes de l'internet librement inspirés du calendrier maya.
Las, "la fin du monde, elle est pour nous. Plus personne ne s'intéresse à nous", déclare aujourd'hui d'une boutade Jean-Pierre Delord, assumant avoir tiré la sonnette d'alarme. "J'ai mis la pression à travers les médias pour que les autorités assurent la sécurité du village et ça a marché", explique-t-il. "C'était un non événement qui était un événement quand même. C'était une belle kermesse, on a bien rigolé".

Un soufflé qui retombe

Dès le 22 décembre, tout est "retombé comme un soufflé", confirme Sébastien Lanoye, le sous-préfet de Limoux. "Bugarach et ses alentours ont repris la petite vie calme qui est la leur même s'il y a dans les environs des populations un peu marginales".
De fait, disent les habitants, les touristes ne sont pas venus en masse découvrir à quoi ressemble ce village dont on a tant parlé. Ils veulent y voir la patte du mauvais temps au printemps et de la crise économique.

Sigrid Benard, gérante de la Maison de la randonnée, fermée pour l'hiver, explique de son côté qu'en dépit du retour de la clientèle de randonneurs et "d'ésotériques" qui avaient fui le bruit et la fureur, la saison a été mitigée. "Il y a eu des retombées économiques et il y en aura encore", assure le maire.
Le village, qui dispose d'une centaine de lits marchands, compte sur la beauté intrinsèque de la nature, sa colonie de vautours et ses orchidées sauvages, pour attirer les touristes. Et aussi sur son pech au profil inoubliable qui cacherait un "garage à ovnis", réputé envoyer des ondes magnétiques.

Le magot de l'abbé Saunière

Patrice Etienne, gérant du relais de Bugarach (vente de souvenirs et d'escursions), veut rebondir avec "l'écotourisme" et jouer la carte de l'environnement et de l'histoire dans cette région cathare, où certains recherchent encore le mystérieux magot de l'abbé Béranger Saunière, dans le village voisin de Rennes-le-Château.

En attendant, sur internet, divers apôtres de l'apocalypse y vont déjà de leur prédiction pour la prochaine fin du monde même si les dates invoquées varient grandement. Jean-Pierre Delord a reçu une lettre expliquant que tout le monde s'était trompé dans l'interprétation du calendrier maya et qu'en réalité l'apocalypse est pour 2027...