"Panama papers" : parjure ou non ? Ce qu'a dit le directeur de la Société générale au Sénat | Bankster | Scoop.it
Frédéric Oudéa, dont la banque est liée aux "Panama papers", et qui est suspecté d'avoir menti aux sénateurs, a été auditionné par la commission des Finances.

"Circulez, il n'y a rien à voir !" C'est en substance ce qu'a dit Frédéric Oudéa, le directeur de la Société générale, auditionné mercredi 11 mai par la commission des Finances du Sénat. Il était invité par les parlementaires à s'expliquer sur l'utilisation des sociétés écrans à l'étranger, après que les "Panama Papers" ont révélé l'implication de la banque dans le business de l'offshore, pratique qui dissimule souvent des activités illégales, notamment fiscales.

 

"La commission des Finances m'a donné l'opportunité d'expliquer comment nous contribuions à la lutte contre l'évasion fiscale et d'expliquer ce qu'est une société patrimoniale offshore. Cette contribution à la lutte contre la fraude fiscale est une préoccupation permanente de la Société générale, au niveau mondial, sur l'ensemble de nos implantations. Je crois avoir montré chiffre à l'appui que la réalité d'aujourd'hui ne correspond absolument pas à la vision qui a pu être véhiculée comme quoi nous étions aujourd'hui au cœur de l'évasion fiscale", a résumé en pesant ses mots le patron de la 2e banque française à la sortie de l'auditorium.

Depuis 2010 et la période à laquelle la réglementation internationale a été durcie par les Etats, la Société générale semble avoir progressivement mis de l'ordre dans ses comptes. D'une part, elle a réduit sa présence dans certains métiers et certains pays. D'autre part, elle a doublé les effectifs de son département de conformité, près de 1.800 juristes qui élaborent les standards en matière de respect de la loi et contrôlent leur bonne application.

"Depuis que les Etats eux-mêmes ont renforcé leur coordination, a poursuivi Frédéric Oudéa devant les journalistes, nous nous sommes inscrits de manière très active en soutien de cet effort. Depuis 2010, on applique un code de conduite fiscale, nous déployons des procédures pour nous assurer que ces sociétés lorsqu'elles existent sont faites en conformité fiscale. Je suis en tout cas heureux d'avoir pu contribuer à l'explication du rôle de la Société générale."

Et pourtant, elle oeuvre toujours pour le compte de ses clients des sociétés offshore. Mais cette activité, a expliqué Frédéric Oudéa aux sénateurs, représente environ 2 million d'euros sur les quelque 25 milliards d'euros de revenus annuels du groupe. Et, bien qu'il mesure que cette activité coûte plus cher en termes d'image qu'elle ne rapporte financièrement, il ne s'est pas encore décidé à la fermer.

Les militants d'Attac devant le Sénat

"Circulez, il n'y a rien à voir !" C'est aussi ce qu'ont dû penser les agents de police postés devant le palais Bourbon, où des militants d'Attac étaient venus demander - ironiquement - la libération de Frédéric Oudéa.