L'Inde accuse Goldman Sachs d'ingérence politique | Bankster | Scoop.it

Le premier ministre indien, Manmohan Singh (à gauche), et le nationaliste Narendra Modi, candidat de l'opposition pour les élections de 2014.

 

La bourde a été particulièrement mal prise par les autorités indiennes.

 

Le gouvernement a accusé la banque d'affaires américaine Goldman Sachs d'ingérence dans ses affaires politiques, après que celle-ci a publié une note dans laquelle elle suggère que le parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party ("Parti du peuple indien", BJP), pourrait remporter les élections générales en mai 2014, prévision pour laquelle la banque se dit "optimiste". De là à prendre ouvertement partie pour ce côté de l'échiquier politique, il n'y a qu'un pas.

Inacceptable pour les Indiens, dont le ministre du commerce, Anand Sharma, a estimé que cette étude "rend la crédibilité et les motivations de Goldman hautement suspectes". S'exprimant dans les colonnes du Economic Times, il a accusé Goldman Sachs de s'"empresser à soutenir un leader politique en particulier" et de vouloir"s'immiscer dans la politique intérieure indienne".

LE BJP "FAVORABLE AUX AFFAIRES"

Dans son étude publiée cette semaine, qui fait directement référence à Narendra Modi, le dirigeant du BJP candidat au poste de premier ministre en 2014, la banque relève son opinion sur le marché indien de "sous-pondérer" à "pondération de marché". "Les investisseurs jugent le BJP favorable au monde des affaires, et son candidat au poste de premier ministre, Narendra Modi, comme un élément de changement", écrit Goldman. La banque attend beaucoup de Modi pour contribuer à l'ouverture de plusieurs marchés, notamment dans les infrastructures, l'énergie, le commerce, alors que de nombreuses réformes sont au point mort et que les perspectives de croissance du pays se sont dégradées.

Selon le ministre indien, seuls les 800 millions d'Indiens appelés à voter"décideront du futur politique de l'Inde" et "ne devront pas être influencés par des campagnes orientées d'agences comme Goldman. (...) Goldman a-t-il prédit la chute de Lehman Brothers ? On connaît leur crédibilité..."

Narendra Modi, leader charismatique et controversé du BJP, vante effectivement régulièrement le climat favorable aux affaires qu'il a développé en tant que chef du gouvernement de l'Etat du Gujarat. Il est cependant une personnalité critiquée depuis des émeutes qui ont fait de nombreuses victimes dans la population musulmane de l'Etat en 2002, alors qu'il était à sa tête. Par ailleurs, souligne Anand Sharma dans The Economic Times, le Gujarat n'est pas l'eden que Modi prétend : "31,8 % des Gujaratis vivent sous le seuil de pauvreté, un des taux les plus élevés du pays."

Dans un entretien au quotidien indien Mint, le chef de la stratégie de Goldman dans l'Asie-Pacifique, Timothy Moe, a réfuté l'idée que la banque exprimait une préférence pour tel ou tel candidat.