Wall Street a payé plus de 180 milliards pour solder son rôle dans la crise financière | Bankster | Scoop.it
Lloyd Blankfein, PDG de Goldman Sachs, est l'un des seuls dirigeants d'un groupe bancaire des Etats-Unis à avoir pu conserver son poste après la crise des « subprimes ».
 
Goldman Sachs vient de payer 5 milliards pour avoir trompé ses clients sur la qualité de ses titres immobiliers.
Les amendes acquittées à ce titre par Wall Street totalisent déjà 180 milliards.

A tort ou à raison, la banque Goldman Sachs est considérée comme l'une des pièces maîtresses de la crise financière. Adepte des « subprimes », elle est accusée d'avoir vendu des titres immobiliers pourris à ses clients sur une période de trois ans (2005-2007) tout en pariant sur leur effondrement. Elle s'est retirée plus vite que les autres du secteur des « subprimes », réussissant ainsi l'exploit de dégager plus de 2 milliards de profits en 2008. Mais elle est accusée d'avoir précipité vers la faillite certains de ses clients, telle la banque régionale allemande IKB.

L'amende qui vient de lui être imposée au titre de son implication dans la crise immobilière est la plus importante de son histoire. Elle paraît toutefois bien modeste au regard de ce que ses concurrents ont dû acquitter pour les mêmes raisons : Goldman Sachs écope d'une amende de 5 milliards de dollars qui lui permet de clore les poursuites engagées tout à la fois par le ministère de la Justice, le bureau du procureur général de New York et de l'Illinois, et différentes agences de crédit. La sanction reste ainsi très inférieure à ce que JP Morgan (13 milliards de dollars) et  Bank of America (plus de 50 milliards) ont payé dernièrement pour des fautes semblables.

Goldman Sachs est, il est vrai, bien plus petit par sa taille. Ses clients sont des entreprises et des institutionnels, et non des ménages. Cela réduit donc les sommes qui lui sont réclamées pour indemniser les victimes. Dans le détail, Goldman Sachs écope ainsi d'une amende civile de 2,4 milliards de dollars. Mais les sommes destinées à dédommager les particuliers ne dépassent pas 1,8 milliard - là où Bank of America avait dû payer 7 milliards par exemple. Goldman Sachs devra néanmoins financer la réhabilitation de maisons et alléger la dette des ménages victimes de la crise. Il devra également subventionner des programmes de prévention de saisies immobilières.

 

Volonté de punir

Au total, les banques américaines ont payé 180 milliards de dollars d'amendes au titre de la crise immobilière, selon un bilan publié ce mois-ci par le cabinet de conseil juridique Navigant. La facture est impressionnante et témoigne d'une vraie volonté de punir de la part de la Maison-Blanche. Les profits que ces banques ont générés depuis 2007 restent tout de même quatre fois supérieurs (700 milliards de dollars). Après JP Morgan, Bank of America, Citigroup et Morgan Stanley, Goldman Sachs est la dernière grande banque de Wall Street à solder ses comptes avec la justice. Elle est aussi celle qui a payé la plus petite amende, à l'exception de Morgan Stanley (2,6 milliards de dollars).

« Nous sommes heureux d'avoir trouvé un accord de principe pour résoudre cette affaire », s'est réjoui, la semaine dernière, le PDG de la banque, Lloyd Blankfein - l'un des seuls à avoir conservé son poste après la crise financière. Il n'est par ailleurs pas mécontent d'avoir pu solder l'affaire sans avoir à « infirmer ni confirmer sa culpabilité ». Cette pratique est de plus en plus contestée car elle donne un blanc-seing aux patrons de banque, alors que des salariés de rang inférieur sont parfois reconnus coupables - ce fut notamment le cas du Français Fabrice Tourre, l'ancien salarié de Goldman Sachs poursuivi en justice en 2013.


 





Lucie Robequain / Correspondante à New York