"revue hebdomadaire française, qui a vu le jour en 1912, va devenir comme son nom l’indique, le vrai reflet de la guerre. C’est Le Miroir qui, résolument moderne, dès le 30 août 1914, inscrit sur sa couverture : « Le Miroir paiera n’importe quel prix les documents photographiques relatifs à la guerre, présentant un intérêt particulier. »
Bien que leur hiérarchie soit des plus réticentes, les combattants vont transmettre des clichés au magazine. À l’arrière, les amateurs font de même, d’autant plus motivés que des concours avec primes pour les gagnants sont régulièrement organisés. Et ce sont des milliers d’exemplaires qui inondent villes et campagnes du pays, déchirant un pan du voile : la guerre n’est pas seulement une fratrie de généraux moustachus, paternes et qui se veulent rassurants. Grâce aux clichés pris sur le vif, l’horreur des tranchées est dévoilée.
Ébahis, effrayés, « ceux de l’intérieur » comme les nomment les Poilus, découvrent que les récits des permissionnaires n’ont rien d’exagéré : l’extrême souffrance, la mort, les ruines, ce qui était indicible au sens propre du terme, maintenant ils y croient, car ils le voient."