… Surprise, interdite, je me prends en pleine figure ce que je crois d’abord être un rejet de ma méthode. Je me sens remise en question, je doute, suis submergée par diverses émotions désagréables… mon malaise est sans doute perceptible mais je prends sur moi, et fais savoir à ce jeune homme que je comprends qu’il puisse ne pas adhérer. Puis immédiatement, PAUSE. J’invite chacun à prendre 10 minutes de break. Ce sas m’est particulièrement utile - à moi, la jeune formatrice - pour me ressaisir, trier mes émotions, prendre du recul, comprendre. Pendant cette interruption, certains viennent me voir pour m’en dire davantage sur le contexte. Et c’est au retour de la pause que TOUT démarre.
Dès lors, c’est une vraie rencontre qui se produit, entre ce groupe et moi. Il y a beaucoup à dire - à ce moment précis - pour ces cinq personnes en souffrance dans leur entreprise. Les langues se délient, les larmes viennent, chacun vide son sac, et ça leur fait du bien. Plus ils déchargent, plus j’accueille. Plus nous nous comprenons, plus ils sont désireux d’apprendre. Et c’est sous un angle nouveau que nous revenons peu à peu à notre sujet, à la communication… - sujet qui prend désormais un sens bien plus profond, ancré sur leur réalité. Et finalement, sans ce refus, ce « NON », exprimé haut et fort par l’un d’entre eux, nous n’aurions peut-être jamais vécu ce qui a suivi. Je passe deux jours avec ces cinq personnes et repars lessivée, épuisée… mais surtout enrichie. Au moment du débriefing, quelques jours plus tard par téléphone, je reçois les compliments du patron qui me dit que mon intervention a eu un effet incroyable sur son équipe et que j’ai été « comme une psy pour le groupe ». C’était en 2009, et ce jour-là, j’ai compris comment accueillir un « NON » et en faire quelque chose.