Ce texte introductif problématise la relation entre Dispositifs didactiques ou bien pédagogiques et Situation.
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Mais si c’est le sujet qui découpe la Situation qu’il vit en fonction de ses projets, comment savoir au juste ce qui la meuble ?
Autrement dit, les éléments physiques et sémiotiques convoqués par l’apprenant sont-ils tous issus du Dispositif pédagogique ou didactique ?
Ce dernier ne peut en effet être tout à fait coercitif, sous peine de provoquer des comportements de fuite ou de soumission, tous dommageables à de réels apprentissages.
Aussi laisse-t-il un espace de liberté, de choix à chaque acteur, une possibilité de jeu, au sens mécanique du terme.
La liste des objets constituant la Situation échappe donc au contrôle du formateur.
Pis que cela : la signification que chaque sujet donne aux objets qu’il aura identifiés comme pertinents est elle aussi susceptible de changer de façon très conséquente.
Pour un apprenant, tel concept sera considéré comme allant de soi, pour un autre, comme problématique, alors que pour un troisième, il passera inaperçu.
Pour un apprenant, tel objet symbolique (un tableau à double entrée par exemple) sera un outil facilitant la représentation d’un problème, pour un autre, il constituera une source d’apprentissage en lui-même.
Si de plus on veut bien se rappeler que, comme nous l’avons montré ci-dessus, les Dispositifs didactiques prévoient des milieux d’extension tout à fait variable, on acceptera l’idée que les apprenants risquent de rencontrer beaucoup de difficultés à bâtir une Situation conforme aux attentes initiales de l’enseignant.
Certains vont peut-être même chercher à s’en affranchir volontairement, soit pour contourner l’apprentissage, soit pour le mener à bien par des voies non canoniques.
(...)
Dans la deuxième contribution, Coulibaly nous présente une étude empirique portant sur un cours de construction de projets de service.
Cette unité d’enseignement de Master a la particularité d’être organisée à distance, ce qui amène l’auteur à interroger les effets sur les apprenants de la superposition d’un Dispositif pédagogique et d’un Dispositif instrumental.
Il analyse pour ce faire les rapports réflexifs des étudiants et les traces qu’ils ont laissées sur les différents forums d’une plateforme de formation.
Il apparaît que les outils mis à disposition sont peu utilisés, au profit soit de la rencontre directe (les autres cours sont donnés en présentiel), soit du courriel, du SMS, etc., les échanges échappant ainsi au contrôle des tuteurs.
Et quand on recourt aux forums, c’est bien souvent pour des échanges relevant « des dimensions émotive et socio-affective », hors champ didactique.
Coulibaly en conclut à un écart entre conception du Dispositif et attentes des étudiants, entre ce que le premier propose et ce que les seconds choisissent d’accepter en Situation.
(...)
L’approche par les compétences constitue elle aussi un révélateur des carences imputables aux méthodes transmissives. Elle n’est en effet pas compatible avec un programme disciplinaire.
Si l’on considère une compétence comme l’ensemble des ressources qu’un individu mobilise pour résoudre une famille de problèmes (Scallon, 2007), signe de la plasticité de ses conduites professionnelles, il apparaît de suite que ces éléments appartiennent à des champs du savoir multiples et prennent la forme de savoir-faire, savoirs stratégiques et attitudes bien plus souvent que celle de connaissances déclaratives.
Les référentiels de formation des Baccalauréats Professionnels le prouvent bien, qui se déclinent en capacités, compétences, tâches et savoirs associés, le tout soumis à un référentiel des activités professionnelles.
Travailler par projet pédagogique, faire appel à une première Situation problème pour intégrer les différentes ressources ponctuellement acquises, utiliser une deuxième Situation problème de la même famille comme vecteur d’une évaluation formative, remédier aux difficultés repérées, et recourir à une dernière Situation problème, toujours de la même famille, pour certifier la maîtrise de la compétence idoine ne peut s’improviser quand le formateur se retrouve face au groupe d’apprenants et nécessite la conception d’un Dispositif digne de ce nom.