Des producteurs aux distributeurs, toute la filière unie pour la Responsabilité sociale | Alimentation Santé Environnement | Scoop.it

C’est l’Ania et Coop de France qui organisaient ce rendez-vous, Coop de France, via sa branche Aquitaine, ayant édité un guide de la RSE avec l’Afnor sur lequel pourront s’appuyer les entreprises alimentaires qui veulent s’inscrire dans la démarche. Sept questions centrales figurent dans ce programme : la gouvernance, les droits de l’homme, les relations et conditions de travail, environnement, loyauté des pratiques, questions relatives aux consommateurs, communauté et développement local. L’ISO-26.000 a été adoptée il y a dix-huit mois et sa traduction pour l’agroalimentaire, l’accord AC X30-030, a été adopté à son tour par l’Ania et Coop de France.

« Pour les coopératives, la RSE est pratiquement inscrite dans leurs gênes, notamment en raison de leur gouvernance et de leur ancrage dans les territoires, a indiqué Christian Pees, président de Coop de France Métiers du grain. 10 à 15 % y sont déjà inscrits formellement avec des programmes d’action dans le double objectif de performance écologique et de compétitivité économique, mais nous voulons désormais sensibiliser la majeure partie de nos entreprises. Nous y gagnerons aussi en attractivité, pour attirer des talents, pour les collaborateurs et pour les clients, sans chercher à tomber dans l’effet de mode. »

Même idée pour Jean-René Buisson, président de l’Ania, de faire de la responsabilité social un avantage pour les entreprises plutôt que de la subir comme une contrainte. « La RSE, c’est beaucoup plus large et plus motivant que le développement durable. La responsabilité sociétale nous amène à dialoguer avec toutes les populations avec lesquelles on travaille, les syndicats, les élus locaux. Les entreprises ne doivent pas le voir comme une contrainte mais une opportunité. L’industrie alimentaire n’a pas une image excellente, de plus elle est coincée entre les producteurs qui ont les tracteurs pour se manifester et les distributeurs qui ont le contact avec le consommateur. La RSE va nous permettre de donner plus de transparence. C’est une des priorités de l’Ania et je préside aussi le Comité filière. Nous devons faire de la RSE une démarche de toute la filière, en dépit de nos divergences dans d’autres domaines. »

Les agriculteurs, eux, voient dans cette démarche une occasion de tordre le cou « aux caricatures dont souffre l’agriculture en matière d’environnement », selon Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA. Et de répondre à une demande de la société « car l’attente de l’opinion est prégnante même si elle n’est pas toujours en cohérence avec l’acte d’achat puisque le hard discount attire et que les bas prix ont envahi les rayons ». L’avantage de la démarche RSE en co-construction tout au long de la filière devrait permettre « d’allier la compétitivité des exploitations agricoles avec la demande des consommateurs, et sans qu’il s’agisse d’un cahier des charges imposé par les acheteurs. Mais à condition que nous ayons en retour des distributeurs la valeur que souhaitent les agriculteurs et de la loyauté dans les pratiques ».  

Evidemment, Jacques Creyssel, délégué général de la FCD, ne pouvait laisser dire que des pratiques déloyales avaient lieu. « Ce n’est pas parce que nous sommes dans une démarche de co-construction sur la RSE que nos relations doivent manquer de relief ! » Mais il a d’abord vanté le modèle sociétal que défend la grande distribution, premier recruteur de jeunes non qualifiés, premier employeur de de personnes souffrant de handicaps, des comités développement durable tant aux sièges que dans les magasins, 35 % des repas fournis aux plus démunis via les banques alimentaires ou les restos du cœur, la fermeture de 75 % des meubles de froid pour économiser en énergie l’équivalent de la consommation d’une ville comme Lyon… « L’objectif, c’est de passer la vitesse supérieure en travaillant à tous les niveaux de la filière. Ce n’est pas facile en ce moment avec les négociations et les élections de toutes sortes (il pense aux Chambres d’agriculture qui ont lieu, NDLR). Nous avons par ailleurs construit avec l’Essec un Observatoire de la RSE… Bref, de la responsabilité sociétale de la fourche à la fourchette.

Mais tout de même, il fallait parler des négociations. « La filière alimentaire a plus d’avenir que Virgin et la FNAC, a lancé Christiane Lambert. Mais à condition que les relations commerciales soient plus équilibrées ! Je n’oublie jamais qu’il y 400.000 exploitations, 10.000 entreprises agroalimentaires et seulement 7 centrales d’achat. C’est ce qui pose problème ! ». « J’espère que dans dix ans il n’y aura pas 400.000 distributeurs pour rééquilibrer les relations, a répondu Jacques Creyssel. Avant de répartir la valeur, il faudrait déjà la créer ! Par ailleurs il a été démontré par l’Observatoire des prix et des marges que les choses étaient plus complexes qu’on ne veut bien le dire. Et nous avons fait preuve de transparence sur nos marges, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde… ». Une pierre dans le jardin de Jean-René Buisson, puisque les marges des industriels ne figurent pas dans le rapport. « La transparence, on n’en manque pas avec la grande distribution et d’après ce que montrent les chiffres de l’Observatoire, la majeure partie des marges est bien réalisée par la grande distribution… ». Voilà qui ne manquait pas de relief. Mais pour la RSE, tout va bien.


Via Paul-Jean Ricolfi