"Dans un monde où règnent l’activisme et la fébrilité, la voie de la fainéantise spirituelle ne manque pas de susciter la méfiance de tous ceux qui sont persuadés que l’éveil s’obtient au terme d’enseignements alambiqués et de pratiques mystérieuses.
Le domaine de l’esprit est accaparé par des professionnels qui en font leur gagne pain. Des prêtres, des philosophes, des scientifiques, des gourous défendent des croyances, des théories, des méthodes spirituelles qui promettent à leurs adeptes besogneux le bonheur, le paradis, des extases agrémentées d’ondes alpha et, cerise sur le gâteau, des pouvoirs paranormaux. En revanche, le paresseux refuse de travailler à un progrès spirituel douteux. L’amélioration spirituelle est souvent invoquée par de prétendus maîtres plus soucieux de manipulation mentale que de libération.
Le spiritualiste oisif a l’intuition qu’il n’y a rien à acquérir ou à maîtriser. Comme Alexandre le bienheureux, le fainéant accompli d’un film de Yves Robert, il prend le temps de savourer la vie. La silencieuse onde de vie est dans chaque être. Cet insondable silence passe inaperçu aussi longtemps que se fait entendre le besoin d’obtenir un état de conscience supérieur, la libération, la sainteté... Toutefois, quand l’esprit n’est plus soumis à un incessant labeur et à de nombreuses attentes spirituelles, cette présence se manifeste naturellement.
Du Non-agir des taoïstes au « reste tranquille » de Ramana Maharshi en passant par la docte ignorance des mystiques rhénans, il est admis qu’il n’y a rien à acquérir. Mais l’éloge de la paresse spirituelle peut sembler un peu désuète ou trop orientale.
En 2010, le vieux conseil de Lin Tsi (maître Chan du 10ème siècle), « Que l’homme se garde bien de faire », est réactualisé avec des mots simples et vrais par un auteur qui ne revendique pas une appartenance à une confrérie de grands initiés ou à un mouvement spirituel formel. Dans son livre, « L’éveil pour les paresseux », Franck Terreaux communique son expérience de la reconnaissance de l’esprit et de l’attention non attentive : " (...)
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