8 mai 2002 - 8 mai 2015 : l'attentat de Karachi, treize ans après | EXPLORATION | Scoop.it

"En 2012, l’affaire Merah, c’est sept morts. Dossier rondement mené par l’Etat Français car l’auteur des tueries de Toulouse a été liquidé dans son appartement. Qui était Mohamed Merah ? Quelles étaient ses relations avec les services de renseignement français ?

Janvier 2015, ce sont les attentats de Paris par les frères Kouachi et Amedy Coulbaly : dix-sept morts. Les trois protagonistes ont, là aussi, été liquidés. Comment se sont-ils procurés les armes ? Ont-ils eu des soutiens ? Ont-ils des proches connaissances susceptibles de passer à l’acte ?

Autant de questions qui risquent de rester sans réponse.

En revanche, il est des affaires où l’Etat français semble peu pressé de faire toute la lumière : Karachi en est le parfait symbole. L’explosion du bus de la Direction des Constructions Navales (DCN) au Pakistan qui fera quinze victimes, dont onze français, célébrera son treizième anniversaire le 8 mai prochain. Mais, à ce jour, les familles des victimes n’ont toujours pas eu la réponse à cette question : que s’est-il passé ce jour maudit de 2002 ? Pourquoi la France veut-elle cacher les causes et les responsables de cet attentat ?

Al-Qaïda, derrière les attentats ?

Retour sur cette affaire aux multiples rebondissements : en 1994, le gouvernement Balladur signe avec le Pakistan un contrat d’un montant de 5.4 milliards de francs pour la livraison de trois sous-marins militaires d’attaque type Agosta. Les bâtiments sont assemblés au Pakistan, transfert de compétences oblige. Des salariés de la DCN sont dépêchés sur place. La livraison du premier sous-marin au Pakistan date de 1999, mais le 8 mai 2002, comme tous les matins, les salariés de la DCN partent sur le chantier en bus. Le véhicule est soufflé par l’explosion de 50 kg de TNT lorsqu’un kamikaze se portant à hauteur des malheureux déclenche sa charge.

Tous les hommes politiques sont unanimes : la vérité doit être faite sur cette affaire.

Nous sommes un peu plus d’un an après le 11 septembre et les regards se tournent immédiatement vers l’organisation d’Oussama Ben Laden : Al Qaida. Les autorités pakistanaises, la police et les services secrets pakistanais (ISI) penchent vers cette piste et le juge antiterroriste français de l’époque en charge du dossier, Jean-Louis Bruguière, suit ses homologues pakistanais.

Après un an d’enquête, trois hommes liés à Al-Qaïda sont arrêtés, jugés coupables et condamnés à mort. En 2007, Jean-Louis Bruguière conclut à l’attentat islamiste, l’affaire semble terminée.

La justice à la sauce française

Pourtant, le juge antiterroriste français aurait dû tenir compte de plusieurs pièces essentielles mais non retenues dans le dossier, dont des photos de la scène du crime, des notes de service et autres témoignages. Autant d’éléments qui lui auraient permis d’appréhender l’affaire d’une toute autre manière.

De son côté, la DCN a mené sa propre enquête dès le lendemain de l’attentat, par l’intermédiaire d’un ancien agent de renseignement français. Ses conclusions se trouvent dans un rapport nommé « Nautilus » qui contredisent totalement les conclusions du juge Bruguière : selon ce rapport, l’attentat a été réalisé grâce à des soutiens au sein de l’armée et des services de renseignement pakistanais, l’ISI, en rétorsion à des rétrocommissions contractuelles non payées par l’Etat Français d’une valeur de 120 millions d’euros.

Pourquoi la DCN n’a pas communiqué ces éléments à la justice ? Peut-être parce qu’elle dépendait directement du Ministre de la Défense ?

En 2007, Nicolas Sarkozy est élu Président de la République et Jean-Louis Bruguière quitte son poste de juge pour se présenter aux élections législatives sous l’étiquette UMP, il sera battu.

Il faut savoir que Jean-Louis Bruguière fait (ou faisait) parti du groupe de réflexion (think tank) américain « Rand Corporation ». La Rand Corporation est un institut américain, fondé en 1945 par l’US Air Force. Son objectif est « d’améliorer la politique et le processus décisionnel par la recherche et l’analyse ». Quelques uns de ses membres sont bien connus du public : Frank Carlucci (ancien directeur adjoint de la CIA). Pascal Lamy (ancien directeur de l’OMC), Paul O’Neil (ancien secrétaire au Trésor de G.W Bush), Condoleezza Rice (ancienne secrétaire d’Etat de G.W Bush) ou encore Donald Rumsfeld (ancien secrétaire à la défense de G.W Bush). La crème de la crème des mondialistes." (...)