La ville entre MIXITE et repli sur soi ? : Trimestriel | Archiscopie | actions de concertation citoyenne | Scoop.it

La ville entre mixité et repli sur soi ? - Si le mot d’ordre de la politique de renouvellement urbain est la mixité sociale, force est de constater que, sur le terrain, c’est plutôt l’inverse qui se produit. Le coût du foncier et la valeur ajoutée par les travaux de renouvellement y sont pour quelque chose.

Mais l’anticipation par les promoteurs d’une supposée aspiration de tout un chacun à vivre entre soi aussi : elle leur inspire des modèles de quartiers de plus en plus fermés où la mixité n’a pas sa place, sauf hiérarchique.


Traditionnellement, l’espace public urbain1 est un lieu polyfonctionnel, géré par les municipalités et accessible à tous, à condition de respecter les règles de la vie en société. Les habitants l’utilisent pour circuler, pour vendre et acheter des marchandises (les places de marché, comme les échoppes d’artisan et les boutiques sur rue, sont consubstantielles à la ville), assister à des fêtes, des défilés militaires ou d’autres spectacles, se promener et parfois pour manifester. Mais l’espace public est aussi, depuis toujours, un espace de représentation2. Son apparence, en particulier celle des places, est l’expression du pouvoir des édiles ou de l’État. Il s’agit de manifester la richesse, à divers degrés, d’un territoire, donc la puissance et l’ambition de ses dirigeants. La magnificence des places royales en témoigne, en France comme ailleurs. Souvent moins tenues architecturalement, les nombreuses places de l’Hôtel de Ville, de la République, voire de la Révolution, et toutes celles baptisées du nom des héros faisant la fierté d’un territoire ou d’un pays ont pris le relais. Les places de l’Église (ou du nom de) ou celles de la Mosquée (idem) s’inscrivent historiquement dans la même logique.


Aujourd’hui, la tendance est à réduire drastiquement la circulation automobile et à piétonniser l’espace public, comme si la ville était essentiellement un lieu de promenade et de loisirs. Les anciennes places, redessinées, affirment la séparation des fonctions, caméras de surveillance et bornes de toutes sortes à l’appui. Pourtant la ville est d’abord un lieu de travail et d’échanges économiques - commerces, services, bureaux, transports, etc. -, un lieu de mixité fonctionnelle et culturelle. Le développement du tourisme urbain de masse3 permet d’entretenir cette confusion, alors que dans le même temps on prétend vouloir éviter que Paris, par exemple, devienne une ville-musée. La contradiction est flagrante.

 


Via Crenau