Les œuvres bannies dans les écoles et bibliothèques américaines, concernant souvent les minorités racisées et de genre, se multiplient. Une guerre culturelle qui s’intensifie sous Trump et s’étend à l’Europe, regrette Jean-Baptiste Del Amo.
Extrait :
En 2023, selon l'American Library Association (ALA), 47% des livres frappés de censure dans les bibliothè ques traitaient de l'expérience de la transidentité ou de l'homosexualité, mais aussi du racisme, de l'appartenance aux minorités ethniques ou du passé esclavagiste des Etats-Unis.
Depuis l'élection de Trump, la censure prend une dimension fédérale. Le Département américain de la défense étudie une liste de plusieurs centaines de livres susceptibles d'être retirés des rayonnages des bibliothèques des 160 écoles administrées par le Pentagone, ouvrages désignés par une note interne comme nayant po-dentiellement trait à l'idéologie de genre ou à des questions de lutte contre les discriminations».
Ces lois restrictives atteignent des niveaux historiques et, puisque les droits d'une minorité ne sont jamais les seuls visés, les livres sur racisme sont eux aussi dans le collimateur des ultracon-servateurs. Au total en 2023, 4240 ouvrages ont déjà été retirés des rayons des biblio-thèques, ce qui représente, comme le souligne l'ALA, une augmentation de 65% par rapport à 2022. Un tel niveau de censure n'avait pas été observé depuis vingt ans. Après s'être attaqués aux livres qu'ils jugeaient «inappropriés pour les enfants», les censeurs américains retirent des bibliothèques des textes et des romans traitant du racisme ou de la violence systé-mique, dont beaucoup sont écrits par des auteur-ices racisé-es.