Le CD91 est lauréat de l'appel à projets AVELO3 lancé par l'ADEME. Notre dossier qui mettait l'accent sur la mobilité des collégiens a retenu l'attention du jury et nous lui en sommes reconnaissant. C'est une grande joie et une grande responsabilité désormais de mettre en œuvre ce projet pour favoriser les mobilités actives sur le territoire. Nous sommes heureux de voir l'Essonne si bien représentée parmi les lauréats et en particulier des collectivités du sud du département qui ont besoin de cet appui pour que collectivement nous donnions plus de place au vélo et à la marche dans les déplacements sur le département. La part du vélo a déjà fortement progressé selon les dernières études de  l'#IPR, elle sera d'autant plus forte demain !

Faire du vélo ? C'est bien trop dangereux ! On entend souvent cette assertion, comme un argument de bon sens pour ne pas utiliser le vélo pour se déplacer. Le "bon sens", largement utilisé pour conforter les idées reçues, est un vrai obstacle au changement qui est régulièrement pris à défaut dès que l'on dispose d'études sérieuses. C'est le cas ici avec cet article de vulgarisation d'un papier publié dans le Lancet, la revue la plus prestigieuse en matière médicale. Il n'est pas question de nier le fait qu'on peut avoir des accidents, parfois mortels, à vélo, mais quand on regarde les bénéfices en matière de santé, ils dépassent de loin ces risques. Un peu moins de 2h par semaine réduit le risque de mortalité de 10% toutes causes confondues. La pratique du vélo en 2019 permet d'éviter 2 000 décès par an ; cette année là , 187 personnes ont perdu la vie à vélo. Le rapport est de plus de 1 à 10. On pourrait aussi dire que le vélo ne coûte pas cher quand on le rapporte aux coûts de santé évités. Les données sont issues de l'enquête de 2019, la pratique s'étant développée depuis, les bénéfices sanitaires et économiques devraient être encore renforcés. Laissons de côté le "bon sens", pour prendre les doubles-sens cyclables !

L'impact de la pandémie de Covid-19 sur la pratique cyclable est beaucoup mis en avant sans que l'on ait forcément un retour documenté à ce propos. La dynamique en faveur du vélo est antérieure à la crise sanitaire, mais le constat est bien celui d'un avant et d'un après. Cet ouvrage, en accès libre, fait le point sur un des sujets qui a constitué un changement d'approche, la pratique de ce qui a été qualifié de "coronapiste", la capacité à répondre rapidement en utilisant les pratiques de l'urbanisme tactique et de la logique des aménagements provisoires de chantier pour déployer rapidement des infrastructures. Les trajectoires de 4 villes (Paris, Lyon, Montpellier et Rennes) sont présentées, mais on trouve aussi des regards internationaux. Une belle somme de connaissances édité par Nathalie Ortar et Patrick Rérat.

Comme souvent dans ces évaluations sur les activités sportives, les mobilités actives ne sont pas traitées telles que. Pourtant, elles constituent bien un moyen de mieux intégrer l'activité physique dans un agenda quotidien contraint. La régularité de la pratique faisant partie des conditions pour en recueillir les bénéfices, pratiquer lors des déplacements du quotidien permet  d'éviter les effets de baisse d'activité lorsqu'il s'agit d'une activité de plus qui va sauter dès qu'un conflit d'agenda se présente, que la flemme s'en mêle. 

En regardant les sports les plus favorables, on voit le potentiel de la pratique du vélo et de la marche, mais aussi les faiblesses du premier. Activité aérobie pratiquée sur une durée de 20-30 mn, on est dans le format favorable. En revanche, si le déplacement du quotidien n'est pas une activité de compétition, il peut générer du stress si on reste dans la logique du gain de temps (c'est l'argument numéro 1 pour adopter le vélo d'après les enquêtes) et réduire le gain sur le stress. Adopter les modes actifs, c'est aussi changer de comportement et accepter de prendre un peu plus son temps. La dimension collective est plus faible, mais elle peut s'appliquer aux enfants qui se rendent ensemble à vélo au collège. L'effet groupe réduit les risques et renforce la sociabilité. gagnant sur tous les tableaux !

La sédentarité des jeunes est un véritable fléau en termes de santé publique, dès aujourd'hui, mais encore plus pour demain tant ces années perdues seront difficiles à rattraper. L'inactivité des jeunes a des conséquences sur la durée de leur vie d'adultes. Que l'école soit associée à la réponse à apporter à cette crise sanitaire en devenir, c'est une très bonne chose, la pratique d'une activité physique dans le cadre scolaire reste malheureusement trop souvent insuffisante. Pourtant, on reste dans une approche classique qui segmente les les sujets et qui alourdit la charge qui repose sur le milieu scolaire. Dès qu'une nouvelle question de société émerge, on entend : "c'est à l'école de traiter le sujet", il faut former les jeunes à... La liste est longue, dépendant des humeurs et des groupes de pression, le temps scolaire lui reste inchangé et doit mettre l'accent sur les "fondamentaux". 1/2 pourtant, ça se trouve facilement, c'est le temps pour aller et venir à l'école, à condition de pouvoir s'y rendre en marchant, à vélo. On peut mettre à profit son déplacement pour le rendre actif en touchant le moins possible à l'activité scolaire. La réponse est différente, elle impose de revoir la ville, les cheminements, les pratiques. De faire la ville à hauteur d'enfant.