« Les Français ne sont pas prêts à quitter le littoral malgré les tempêtes » | Risques naturels et technologiques infos | Scoop.it
Sept départements sont en vigilance orange vagues-submersion. La géographe Catherine Meur-Férec alerte sur les dangers de l'urbanisation massive en bord de mer, qui accélère l'érosion.

Pour Catherine Meur-Férec, géographe à l'Institut universitaire européen de la mer de l'université de Brest (Finistère), estime que l'érosion du littoral, amplifiée par une urbanisation massive en bord de mer, va s'accélérer dans les années futures, causant « des dommages plus fréquents et plus élevés ». Il faudra alors « changer les mentalités » et « internaliser le coût du risque ».

Pourquoi le littoral français est-il si vulnérable aux tempêtes ?

Catherine Meur-Férec : Le littoral français est plus vulnérable qu'il y a cinquante ans. La première raison réside dans l'installation de biens (habitations, commerces, etc.) à proximité de la mer, une urbanisation qui s'est accélérée durant les Trente glorieuses avec la démocratisation du tourisme balnéaire et la périurbanisation près du littoral. Or, la côte est un élément naturel en mouvement. Les dunes, les plages ou les galets font l'objet d'une dynamique intense sous la force de la mer et des vents. En cas de houle de tempête, la dune lâche du sable à la mer – on peut alors perdre jusqu'à dix mètres sur le littoral – qu'elle récupère lors des houles de beau temps.

En durcissant la ligne de rivage, on empêche ces échanges naturels de sédiments. Quand des houles de tempêtes arrivent sur une digue, par exemple, elles emportent le sable non pas des dunes mais de la plage, qui s'amaigrit. Les vagues fragilisent également les constructions en les touchant directement. Au final, le littoral s'érode et recule. On estime qu'un quart du trait de côte métropolitain, soit 1720 kilomètres, recule du fait de l'érosion marine. Ce grignotage, ainsi, que la présence de zones au-dessous du niveau de la mer, entraîne des risques de submersion, c'est-à-dire d'inondations temporaires des habitations et des activités humaines. Selon le ministère de l'écologie, 5900 km2 de terres se situent sous le niveau d'une crue centennale.


Via François Arnal