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Le spectateur de Belleville
June 17, 2019 6:36 PM
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Sur la page de l'émission UNE SAISON AU THÉÂTRE par Joëlle Gayot, sur France Culture LE DIMANCHE DE 15H30 À 16H00 Lien pour écouter l'entretien avec Pauline Bureau - 30 min.
Nous sommes en 1972 en France : Marie-Claire, 17 ans, est jugée pour avortement clandestin car, ne l'oublions pas, à cette époque avorter était illégal. Ne pas oublier : c'est un enjeu de Pauline Bureau qui met en scène "Hors la loi". Nous en parlons dans Une saison au théâtre.
Pauline Bureau (2019)• Crédits : © Nathalie Mazéas C’est l’intime qui amène le politique : le politique et militantisme, en ce qui concerne le féminisme mais aussi certainement d’autres engagements, c’est dans le corps que ça se passe, c’est là que l’engagement est le plus fort et le plus irréductible. Ce n’est pas la même chose de s’engager sur quelque chose de mental et sur son propre corps. Pauline Bureau
Vous pensiez avoir quitté l’âge des cavernes, en avoir terminé avec l’obscurantisme et tourné le dos aux mœurs rétrogrades ? Erreur. Regardez ce qui se passe en Alabama, aux Etats-Unis, en 2019.
En 2019, aux Etats Unis, Etat de l’Alabama, l’avortement est redevenu un crime sauf si la mère encourt un danger vital. L’IVG n’est plus autorisée, même en cas de viol ou d’inceste.
En France, actuellement il y a aussi un recul de la pratique de l'avortement, nous ne sommes pas tout à fait exemplaires. En France, une femme ne dispose pas encore de son corps comme elle le souhaite, il y a encore pas mal de monde pour lui expliquer ce qu'il faut qu'elle fasse avec son ventre. Pauline Bureau
Triste épisode et de sinistre augure qui nous ramène en boomerang vers la France, et les combats menés pour la légalisation de l’IVG, combats âpres, courageux, nécessaires, portés par Simone Veil et avant elle, par l’avocate Gisèle Halimi dont les propos résonnent avec force aujourd'hui encore :
« Nous voulons qu’en dernier ressort la femme et la femme seule soit libre de choisir. Nous considérons que l’acte de procréation est un acte de liberté et aucune loi au monde ne peut obliger une femme à avoir un enfant si elle ne se sent pas capable d’assumer sa responsabilité. »
"Hors la loi", écrit et mis en scène par Pauline Bureau (2019)• Crédits : ©Brigitte Enguérand, coll.CF Marie-Claire Chevalier a 15 ans. Elle est victime d’un viol et fait le choix d’avorter dans la clandestinité. C’est Gisèle Halimi qui sera son avocate lors d’un procès mémorable qui s’est tenu en 1972 au Tribunal de Bobigny.
En France, l’avortement concerne une femme sur trois, c’est donc une expérience communément partagée et au demeurant, on trouve très peu d’échos de cela, très peu d’échos au théâtre, on n’en parle pas. On parle de la vie, de la mort, mais quand elles deviennent concrètes - sang, fausse-couches, avortement, ces questions deviennent des angles-morts. Pauline Bureau
Cette histoire est entrée dans l’enceinte des théâtres. Écrite et mise en scène par Pauline Bureau, sur la scène du Vieux Colombier à Paris, une pièce intitulée Hors la loi zoome arrière sur le drame vécu par l’adolescente et le bascule de son cas personnel vers un enjeu universel.
Ce spectacle, remarquable, est au centre de notre émission et avec lui la façon dont le théâtre est à la fois mémoire, témoin et visionnaire des sociétés. Vous êtes bien dans une Saison au théâtre, vous y êtes avec Pauline Bureau.
J’avais envie et besoin de parler d’une grossesse qui n’aboutit pas, envie et besoin de parler d’agression sexuelle sur laquelle on ne met pas de mot car on ne sait pas en mettre. Pauline Bureau
"Hors la loi", écrit et mis en scène par Pauline Bureau (2019).• Crédits : ©Brigitte Enguérand, coll.CF A VOIR A DÉCOUVRIR Hors la loi, écrit et mis en scène par Pauline Bureau au Théâtre du Vieux Colombier, Comédie Française
"Avorter est toujours un drame, cela restera toujours un drame". Simone Veil prononce son discours en faveur du droit à l'avortement, à l'Assemblée Nationale le 26 novembre 1974 :
À ÉCOUTER AUSSI Réécouter Avortement : jusqu'à 99 ans de prison pour les médecins dans l'Etat de l'Alabama 16 MIN
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Le spectateur de Belleville
January 12, 2019 12:15 PM
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Publié par Joëlle Gayot sur le site de son émission "Une saison au théâtre" sur France Culture 13.01.2019 Ecouter l'émission en ligne (30 mn) Rencontre avec une comédienne devenue auteure de théâtre après une immersion dans un foyer de jeunes à la Courneuve. Christine Citti pense que le théâtre peut aider le monde à aller mieux. Pour elle, la citoyenneté n'est pas un vain mot.
Le citoyen est, selon la définition du Littré, celle ou celui qui jouit du droit de cité dans un Etat. Celle ou celui qui exerce les droits du citoyen. Par exemple, le droit de vote. Mais entre le droit et le réel, il y a parfois des marges abyssales.
Le théâtre est-il en mesure d’aider des femmes et des hommes à devenir des citoyens ? Si les artistes ne sont pas des missionnaires et encore moins des dames patronnesses, ils ont sans doute un rôle à jouer dans l’éveil à la citoyenneté : citoyenneté du spectateur, bien sûr, mais citoyenneté, surtout, de celles et ceux qui ne constituent pas un public acquis, conquis, facile, captif.
Aller se confronter à la jeunesse des banlieues, lui donner une parole, un corps, une présence sur le plateau, c’est ce qu’a fait l’actrice, réalisatrice, scénariste et auteure Christine Citti dont le texte, Ils n’avaient pas prévu qu’on allait gagner, mis en scène par Jean Louis Martinelli, se joue bientôt à la MC 93 de Bobigny.
C’est donc avec Christine Citti que nous ouvrons aujourd’hui à sa lettre C comme Citoyenneté notre encyclopédie vivante du théâtre.
Et, en fin d'émission, coup de fil à Laurent Dréano, directeur de la Scène nationale d'Amiens Légende : Christine Citti• Crédits : Caroline Bottaro
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Le spectateur de Belleville
December 9, 2018 2:08 PM
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Par Joëlle Gayot sur la page de son émission "Une saison au théâtre" sur France Culture 08.12.2018 Ecouter l'émission en ligne (30 mn) Pascal Greggory a bien connu Patrice Chéreau, avec lequel il a aussi longtemps travaillé. Jusqu'à la veille de la mort de l'artiste le 7 octobre 2013, le comédien échangeait avec son complice. Une intimité qui nous permet de convoquer l'exigence, la lucidité, la sensibilité, la voix de Chéreau.
Avec Pascal Greggory, comédien. Le lendemain lundi 10 décembre à 20H, il lit sur la scène du Théâtre de l’Odéon (Paris) Ceux qui m’aiment... dans le cadre des Inattendus. L'acteur lira une sélection de textes issus de sa correspondance avec Patrice Chéreau et d’autres écrits du metteur en scène : "des lettres qu’il m’a écrites, jusqu’à ses textes sur ses mises en scène, ses réflexions théâtrales et cinématographiques".
Toute sa vie Patrice a torturé les textes.
Avec la voix (INA) de Patrice Chéreau.
INTERVENANTS Pascal Greggory comédien Légende photo : Pascal Greggory• Crédits : Gilles Vidal
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Le spectateur de Belleville
November 18, 2018 4:39 PM
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par Joëlle Gayot dans la page de son émission "Une saison au théâtre" sur France Culture Ecouter l'émission (30 mn) UNE SAISON AU THÉÂTRE par Joëlle Gayot LE DIMANCHE DE 15H30 À 16H00 Christian Benedetti connaît Anton Tchekhov sur le bout des doigts pour monter depuis 2011 l’intégralité ou presque de son répertoire. Pour "Ivanov", dont il signe la mise en scène et dans lequel il joue parmi douze autres acteurs, il co-signe également la traduction et la scénographie. Avec Christian Benedetti, metteur en scène et comédien : il présente Ivanov d’Anton Tchekhov jusqu’au 1er décembre au théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet (Paris). Ivanov est une Comédie en quatre actes écrite en 1887, qui s’était alors attirée les sifflets du public. L’Ivanov de Christian Benedetti laisse sans voix : et si Tchekhov, avant tout le monde, depuis sa lointaine et ancienne Russie, avait pressenti et annoncé le pire massacre du XXème siècle, c'est à dire la Shoah ? Il faut effrayer le public : c'est ce qu'écrivait Tchekhov dans sa "Correspondance". On croyait tout connaître de cet auteur russe. On se trompait. On savait que les metteurs en scène français et étrangers avaient banni le samovar de leurs plateaux et qu’ils avaient à cœur de rendre actuel l’univers de l’auteur. On avait été les témoins de représentations radicales, épurées, concassées, cinématographiques, performées. Bref, on était convaincu qu’en termes de modernité, tout avait été fait pour que Tchekhov soit, à jamais, notre contemporain. Mais on ne soupçonnait pas qu’un jour viendrait où la mélancolie qui colle à la peau des héros, qu’ils s’appellent Treplev, Platonov, Vania ou Ivanov, céderait la place à une détestable noirceur. En tant que médecin, Tchekhov avait une prescience des choses. Il invente quelque chose de neuf : il sort du théâtre pour inventer le drame, c'est-à-dire une forme de théâtre qui extrait l'individu du groupe. Avec les voix (INA) de Stéphane Braunschweig, Jean-Claude Fall, Jean-Pierre Miquel La façon dont Tchekhov parlait en 1887 de l'Europe, de la finance, des guerres est très parlante vis-à-vis de notre expérience contemporaine. [...] C'est important de savoir d'où il parlait : son pays, son expérience, son monde deviennent une métaphore. Comme une loupe. Coup de fil à une Scène Nationale : Christian Benedetti fonde en 1997 le Théâtre-Studio d'Alfortville, lieu qu’il dirige depuis plus de vingt ans. Notre encyclopédie en mouvement du théâtre restera dans le Val-de-Marne jusque dans ses dernières minutes, en passant un coup de fil à Vincent Eches, Directeur de La Ferme du Buisson, Scène Nationale de Marne la Vallée. BIBLIOGRAPHIE Ivanov Actes Sud, 2000 Légende photo : "Ivanov" d'Anton Tchekhov, mise en scène de Christian Benedetti• Crédits : Simon Gosselin
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Le spectateur de Belleville
September 9, 2018 4:56 PM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission "Une saison au théâtre sur France Culture" le 09 septembre 2018 Ecouter l'émission (30 mn) Si le théâtre s'est intéressé et continue de le faire, aux grandes figures de la mythologie et de l'Histoire, il se penche aussi sur des figures plus modestes. C'est le cas de la suivante, à l'ombre des puissants. La servante, loin des projecteurs ? Pourtant, "servante" est aussi le nom d'une lampe.
Avec Catherine Hiegel, comédienne et metteur en scène, à l’affiche du Théâtre Le Petit Saint Martin (Paris), à partir du 20 septembre dans le spectacle de Pierre Notte, La Nostalgie des Blattes.
Catherine Hiegel a été une flamboyante Serva Amorosa dans une pièce italienne écrite par Goldoni. Avec elle nous parlons de la Servante au théâtre, cette femme souvent dégourdie, plutôt intelligente et très décomplexée, qui, de Molière à Marivaux, nous dit beaucoup des rapports sociaux, amoureux, politiques à l’œuvre dans les pièces.
Mais nous parlons aussi de la Servante de théâtre, cette petite lampe qui veille la nuit sur les plateaux quand le théâtre est fermé… D’une fonction à l’autre, femme ou lampe, la servante remplit toujours son rôle de veilleuse, voire d’éclaireuse dans l’ombre.
C’est avec cette actrice qui se tient tête haute, dont le nom fut longtemps associé à celui de la Comédie-Française, mais qui a su s’émanciper d’une Maison et d’étiquettes qui lui collaient de trop près à la peau, que nous ouvrons aujourd’hui, à sa lettre S comme Servante, notre encyclopédie vivante du théâtre.
"Vive notre sexe" : Goldoni féministe par Catherine Hiegel / Écoutez ce plaidoyer pour les femmes opprimées, cet appel qui nous vient du XVIIIe siècle. A l'occasion de sa participation dans Une Saison au théâtre, Catherine Hiegel interprète pour France Culture le monologue de fin de la pièce de Carlo Goldoni "La Servante aimante" (1752), qu'elle interprétait dans une mise en scène de 1993 à La Comédie Française, et au cinéma, dans l'adaptation de Jean Douchet, en 1995 :
INTERVENANTS Catherine Hiegel comédienne et metteuse en scène Photo : © Getty / Franck Prevel
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Le spectateur de Belleville
February 25, 2018 9:51 AM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission "Une saison au théâtre" sur France Culture :
Ouvrons aujourd'hui deux pages conjointes de notre encyclopédie mouvante du théâtre : le masculin et le féminin. Mouvantes, ces catégories le sont aussi, dans la vie, sur scène. Notre invité, chercheur, éclaire des pièces qui réfléchissent ce souci du genre : elles le reflètent et elles le pensent.
Ecoutez l'émission en ligne (30 mn) : https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/tous-les-spectacles-parlent-du-genre
Alors qu’Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, a fait l’an passé une annonce officielle pour dire qu’en 2018, “le Festival explorera le genre, la transidentité, la transsexualité”, demandons-nous ce que cela signifie : le théâtre, un art trans par excellence ? Il est sans doute temps en effet, que le Festival, et au delà de lui, le théâtre du XXIème siècle, se mette au diapason de la société contemporaine.
Avec Thomas Cepitelli, docteur en Littérature comparée, chercheur indépendant. Après avoir enseigné à l’Université Paris III - Sorbonne Nouvelle et dans la section "Théâtre" du département des Arts (Université Sophia Antipolis, à Nice), il enseigne désormais en collège (Nice). Il est spécialiste en sociologie de la réception des œuvres théâtrale, des représentations des minorités (sexuelles, racisées) au théâtre, des Queer studies, études gays et lesbiennes au croisement des arts de la scène. Sa thèse, soutenue en 2015, portait sur l'interprétation par les publics des rôles de l'homosexuel masculin dans le théâtre en France au XXème siècle.
Sa connaissance des questions englobées sous le terme galvaudé de “genre”, terme qui renvoie pourtant à une réalité vécue par tous, il l’applique au champ du spectacle vivant. Spectateur aguerri, il analyse avec nous la façon dont selon lui “tous les spectacles parlent du genre”. Dès lors que le masculin et le féminin sont l’objet d’une partition sociale, symbolique, politique, ces catégories et leurs porosités sont sur scène un souci autant que dans nos vies, qu’il s’agit de considérer, d’embrasser dans toute leurs complexités. A la lumière d’exemples, textes et mises en scène dont la plupart datent de ces dernières années jusqu’à tout récemment, il nous aide à qualifier et à regarder ces œuvres qui font la part belle à ces questionnements, fondamentaux, qui nous concernent tous.
Avec les voix (INA) de Fanny Ardent, Olivier Py, Phia Ménard...
Aller plus loin : lire l'article passionnant Quand le récit ne dit pas : l'indétectable. Thomas Cepitelli y analyse l'invisibilisation du personnage de l'homosexuel masculin dans le théâtre, à partir de trois œuvres dramatiques françaises du XXème siècle (Un Taciturne de Roger Martin du Gard ; La Cage aux Folles de Jean Poiret ; Les Œufs de l’Autruche d’André Roussin). A la question de savoir ce que seraient le masculin et le féminin, Thomas Cepitelli leur formule un ennemi commun, depuis lequel brancher les luttes - qu'il s'agisse de lutter pour meilleure visibilité et égalité des femmes, des hommes, des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles, l'enjeu est d’œuvrer à la reconnaissance d'une coexistence possible de ces catégories chez une même personne :
L'ennemi commun, c'est la domination masculine. [...] Ce que la société dit du théâtre, dit quelque chose de la société [...] Par exemple dans "La cage aux folles", le duo masculin- féminin permet absolument d'anesthésier le fait qu'on est face à un couple de garçons, qui élèvent un enfant. Je suis un grand défenseur de cette pièce, car il est exceptionnel de trouver un spectacle qui raconte ceci, et qui remplit des salles entières.
Il y a trente ans, en créant son personnage de Miss Knife, Py fait un geste que redécouvre la scène contemporaine maintenant : c'est de dire qu'il se situe entre les deux - entre le masculin et le féminin. Il dit que les frontières sont poreuses.
L'intérêt porté par la sphère publique à des artistes ayant opéré une transition pour faire correspondre leur sexe biologique à leur identité de genre - occasion pour notre invité de nous rappeler qu'un mot existe pour qualifier les personnes pour qui le genre vécu correspond au sexe assigné à la naissance : "cisgenre" s'oppose ici à "transgenre" - lui fait mesurer l’ambiguïté d'une question en pleine mutation :
Je trouve dommageable qu'une artiste comme Phia Ménard, lors de nombreuses rencontres avec les publics à l'issue de représentations, se voit systématiquement poser des questions sur sa transition. Alors que je trouve ses pièces, en elles-mêmes, remarquables et bouleversantes, d'un point de vue scénique. C'est vrai que, souvent, la question de société occulte la question artistique... En même temps, cela prouve que les publics sont profondément intéressés par cette question de société, fondamentale.
Méfions-nous en effet de ne pas poser une grille transidentitaire ou transsexuelle sur certaines pièces, au prétexte que leurs auteurs sont homosexuels ou transsexuels.
Car toujours, le souci de l'autre est plein et entier, dans le rapport aux œuvres :
Produire des spectacles, les jouer, aller en voir, ça reste un acte militant, parce que ça nous confronte à l'altérité.
INTERVENANTS Thomas Cepitelli docteur en Littérature comparée, chercheur indépendant, enseignant
Olivier Py joue Miss Knife, son double féminin, "Les premiers adieux de Miss Knife"• Crédits : Rebecca Greenfield / Opus 64
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February 3, 2018 6:02 AM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission sur France Culture "Une saison au théâtre"
C'est à la page d'un auteur que s'ouvre notre encyclopédie vivante du théâtre. Vivant, Jean-Luc Lagarce ne l'est plus, mais ses textes, eux, le sont bien : auteur le plus joué et adapté, Lagarce suite l'intérêt au-delà des générations. Sa langue circule. Notre invitée est bien placée pour en parler.
A écouter en ligne sur le site de France Culture (30 mn) https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/le-phenomene-jean-luc-lagarce
Avec Alexandra Moreira Da Silva, traductrice en portugais de l’oeuvre de Jean-Luc Lagarce, maître de conférences en Études théâtrales à l’université Paris III - Sorbonne Nouvelle. A l’occasion de la création de J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, pièce de Jean-Luc Lagarce mise en scène par Chloé Dabert au théâtre du Vieux-Colombier (Paris) jusqu’au 04 mars, nous évoquons l’engouement toujours vivant et contemporain pour cet auteur (1957-1995), actuellement le plus joué en France. Depuis sa disparition, son œuvre littéraire composée de pièces de théâtre, de récits, d’un livret d’opéra, d’un scénario de film, connaît un succès public et critique grandissant ; elle est traduite en vingt-cinq langues. C’est de cette vitalité d’une oeuvre en mouvement, déterritorialisée, à la postérité importante, que nous partons, pour aborder une langue singulière, qui charrie des thèmes souvent récurrents comme la famille, la mort, la vie…
Notre invitée signe la préface de la nouvelle édition de cette pièce, à paraître ce mois-ci dans la collection « Classiques contemporains » des éditions Les Solitaires Intempestifs. Alexandra Moreira Da Silva nous raconte, depuis son expérience de la traduction, son rapport à la phrase lagarcienne et à ce qu’elle soulève, singulièrement, d’universel. Que nous dit le vif intérêt que portent à Lagarce des artistes souvent jeunes, metteurs en scène, collectifs de théâtre, cinéastes ?
Bibliographie
J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne Jean-Luc Lagarce Les Solitaires Intempestifs, 2018
Intervenants Alexandra Moreira Da Silva traductrice, maître de conférences en Études théâtrales à l’université Paris III - Sorbonne Nouvelle
Légende photo : "J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne" de Jean-Luc Lagarce, mise en scène Chloé Dabert• Crédits : ©Christophe Raynaud de Lage, coll. CF
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December 8, 2017 11:44 AM
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Par Joëlle Gayot dans Télérama Du 12 au 22 décembre, six jeunes auteures dissèquent notre époque et la société dans sa globalité. Sans se revendiquer féministes. Elles ont dix jours pour faire leurs preuves et convaincre le public que le théâtre, dorénavant, devra passer par elles. Elles forment le bataillon des artistes émergents que le festival Impatience propulse sur les scènes du Centquatre, de La Gaîté lyrique et du Théâtre de Gennevilliers. Sa neuvième édition ne compte pas moins de six femmes parmi les dix metteurs en scène sélectionnés. Mais Leslie Bernard, Elise Chatauret, Linda Duskovà, Florence Minder et Marion Pellissier ont un autre point commun. Elles signent de A à Z l’écriture et la mise en scène des projets qu’elles défendent. Si certaines sont auteurs en solo tandis que d’autres tricotent en collectif, aucune n’a fait le choix d’un texte du répertoire. Une tendance quasi unanime dans ce cru 2017, où seule Jessica Dalle honore les anciens avec une pièce de Stanislas Witkiewicz, dramaturge polonais du début du XXe siècle.
Écrire sa propre histoire Cette jeune génération n’a donc pas le goût des classiques. Elle veut écrire elle-même ses histoires. « Je serais incapable de monter une pièce qui ne serait pas de moi », affirme Marion Pellissier dont le huis clos au parfum de thriller (Ça occupe l’âme) voit s’affronter une femme et un homme séquestrés. Même constat chez Elise Chatauret, devenue auteur « afin de faire entendre la parole de gens ordinaires ». Pour Ce qui demeure, elle a longuement interrogé une dame de 93 ans avant de « retravailler, en la filtrant et la ciselant, cette matière orale puisée dans la réalité ».
“Nous devons comprendre comment raconter les histoires d’aujourd’hui et ainsi, peut-être, participer à créer une nouvelle société” En lieu et place des relectures shakespeariennes, des variations raciniennes et de fragments tchékhoviens, fleurissent cette année des écritures ex nihilo, qui réinventent la langue à mesure qu’elles imaginent les fables. Bonne nouvelle ! L’envie de bâtir le répertoire du futur donnerait-il le la du festival ? Florence Minder, qui, avec Saison 1, projet tendu entre théâtre et performance, questionne l’impact du storytelling sur nos imaginaires, ouvre le champ des possibles : « Il faut qu’entrent dans le théâtre celles et ceux qui peuplent notre quotidien et que s’imposent sur scène leurs récits et leur vocabulaire. Nous devons comprendre comment raconter les histoires d’aujourd’hui et ainsi, peut-être, participer à créer une nouvelle société. » Ici et maintenant La promotion 2017 d’Impatience a l’œil rivé sur le présent : « Je ne prends pas pour acquis que des gens viennent s’asseoir dans une salle. Quel est ce rapport ? Il faut raviver cette relation », poursuit Florence Minder. « Certains théâtres parlent du monde en regardant tous les hommes, d’autres le font en regardant l’homme de très près. J’ai choisi la deuxième solution » : Marion Pellissier synthétise de manière limpide une approche partagée par ses camarades féminines. Au centre des préoccupations revient ainsi, en boucle, la singularité de l’individu. Pris dans une nasse où s’entrechoquent l’héritage du passé, l’opacité entre réalité et fiction, la quête de vérité, il cherche à s’affirmer en tant que sujet pensant et conscience autonome. Née en République tchèque, Linda Duskovà s’inspire du Jugement dernier, tableau de Jérôme Bosch, pour tramer un spectacle essentiellement visuel au titre sibyllin, Tue, hais quelqu’un de bien. Elle y convoque les notions de responsabilité : « Dans un monde sans Dieu, comment arrive-t-on à juger du bien et du mal sans passer par l’appui de celles et ceux qui nous entourent ? Arrive-t-on à se responsabiliser en tant qu’individus ou a-t-on besoin de la société pour approuver nos actes ? » Plus métaphysiques que sociétales, plus philosophiques que politiques, les propositions creusent vers l’intime et dissèquent l’intériorité. Elles tentent de décrypter l’humain du XXIe siècle. Qu’est-ce qui le piège, le berne et l’entrave jusqu’à le déposséder de lui-même ? Ça occupe l’âme, de Marion Pellissier, un huis clos au parfum de thriller. Vers l’émancipation Au fond, tous les spectacles convergent vers un même but, lequel s’incarne dans un beau mot : l’émancipation. Sur ce chemin, le théâtre a une carte à jouer : « L’art me permet d’avoir plus d’espace intérieur, de mieux rêver, d’avoir moins peur de ce que pensent les autres ou de ce qu’ils sont. Si c’est valable pour moi, alors ça doit être valable pour toutes et tous », assure Elise Chatauret. S’émanciper, cela veut dire refuser assignations et étiquettes. Cela veut dire ne jamais se laisser enfermer dans une case. Aussi, lorsque, au gré des échanges, on mentionne les débats du moment, nés des hashtags « metoo » et « balancetonporc », lorsqu’on avance dans la foulée l’hypothèse qu’être femme aujourd’hui dans le milieu de l’art implique, sans doute, un supplément de vigilance, les réactions se font catégoriques : « On demande rarement à un homme s’il écrit son histoire du point de vue de l’homme alors qu’aux femmes on ne cesse de poser la question.
“Je veux voir l’être humain avant de voir son sexe, son genre, sa couleur ou son origine” On veut toujours nous replacer du point de vue de la femme », s’exclame Florence Minder, tandis que Marion Pellissier renchérit : « Je trouverais difficile d’avoir à prouver quelque chose parce que je suis une femme. J’aimerais me débarrasser de ça. » Conceptrice d’un spectacle où prolétaires et ouvriers tentent de se faire entendre loin des clichés qui leur collent à la peau (Un homme qui fume, c’est plus sain), Leslie Bernard s’insurge : « Je ne veux pas être valorisée parce que je suis une femme. Je suis contre la discrimination positive. Je ne laisserai jamais ma place à un homme parce qu’il aurait plus de pouvoir que moi. » Résolues et affirmatives, les auteurs-metteuses en scène d’Impatience sont les héritières clairvoyantes d’une lutte qu’elles relaient. A leur manière : « Je veux voir l’être humain avant de voir son sexe, son genre, sa couleur ou son origine », tranche Florence Minder. Festival Impatience Dix spectacles du 12 au 22 décembre. Centquatre, 5, rue Curial, 19e, 01 53 35 50 00 La Gaîté lyrique, 3 bis, rue Papin, 3e, 01 53 01 51 51 T2G (Théâtre de Gennevilliers, 92), 41, av. des Grésillons, 01 41 32 26 26 6-12 €, pass 30-35 €. Assistez à au moins six spectacles et votez pour le prix du public Impatience 2017. Remise des prix le 22 déc., 23h, au T2G (Théâtre de Gennevilliers). Entrée libre. festivalimpatience.fr
Légende photo : Ce qui demeure, au festival Impatience. © Hélène Harder
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Le spectateur de Belleville
November 12, 2017 3:00 PM
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Par Joelle Gayot sur le site de son émission Une saison au théâtre
Ouvrons le chapitre "révolution" de notre encyclopédie théâtrale en mouvement. La révolution est un mouvement, le théâtre aussi. Quel rapport le théâtre entretient-il à l'Histoire, en particulier à la Révolution Française ? Quel inconscient collectif pousse les jeunes artistes vers cette période ?
Ecoutez l'émission en ligne (30 mn) :https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/les-revolutions-adn-du-theatre-contemporain
Avec Philippe Bourdin, Professeur d'Histoire Moderne à l'Université de Clermont-Ferrand, spécialiste du théâtre sous la Révolution Française, il est l’auteur du livre Aux origines du théâtre patriotique (CNRS éditions, janvier 2017) ; avec Baptiste Amann, jeune metteur en scène dont la pièce Des territoires (...d’une prison l’autre…) est présentée jusqu’au 25 novembre au Théâtre de la Bastille (Paris), dans le cadre du Festival d’Automne. Ce second volet, sur la Commune, d’une trilogie théâtrale qui part de la Révolution de 1789, se demande quelle révolution connaîtra notre XXIe siècle. De La mort de Danton de Georg Büchner (1835) à 1789 et 1793 d’Ariane Mnouchkine (1970), de Notre terreur de Sylvain Creuzevault (2009) à ça ira. Fin de Louis de Joël Pommerat (2015), nombreuses sont les mises en scène de la période révolutionnaire française... Qu’est-ce que ce recours à l’Histoire, à ces révolutions politiques, raconte du théâtre fabriqué aujourd’hui ?
"Des territoires (... d'une prison l'autre...)" de Baptiste Amann• Crédits : Sonia Barcet Philippe Bourdin articule le lien entre politique et esthétique, qu'active toute révolution :
Ces moments historiques sont révélateurs des limites sociales, politiques, culturelles, de nos sociétés, ce qui présente un intérêt philosophique et théâtral : car un champ des possibles s'ouvre pour la réflexion et pour l'action.
Avant de mettre l'accent sur la théâtralité du pouvoir politique :
La forme du pouvoir politique, sa représentativité, le rapport des députés aux électeurs, etc : ce sont des choses qui peuvent être éminemment théâtrales.
Baptiste Amann revient sur la genèse de son projet, en forme de trilogie, dont Des territoires (...d’une prison l’autre…) est le deuxième volet :
J'ai d'abord découvert la figure de Condorcet, à partir de la biographie intellectuelle qu'en a établie le couple Badinter [...] J'ai imaginé qu'en partant de lui, [...] on pouvait faire voir une incarnation des problématiques contemporaines ; ça m'intéresse parfois, de voir comment les plus résistants ne sont pas les plus radicaux.
Pour tirer le fil de ce qui l'intéresse, politiquement, dans le geste révolutionnaire :
L'état d'esprit révolutionnaire m'intéresse plus que l'état de fait révolutionnaire. [...] Je ne sais pas si le théâtre porte en lui un germe révolutionnaire. Mais cette espérance jetée dans une façon de fabriquer un monde basé sur des rapports plus justes, ça, ça m'intéresse.
Il formule la dimension polémique du rapport à la mémoire collective... Antoine Vitez disait d'ailleurs que "le théâtre est toujours un travail polémique" - c'était dans Les mardis du théâtre diffusés sur France Culture le 21 mars 1989, une émission qui deux-cent ans après la Révolution de 1789 questionnait ce lien entre théâtre et Révolution :
Sur quoi se met-on d'accord, quand on convoque une mémoire avec d'autres ? Les êtres se jettent les uns sur les autres : c'est sur cette collision là, qu'on devrait se mettre d'accord. [...] Une ligne de démarcation assez faible peut soudain devenir une ligne de front. La guerre civile, la guerre de semblable à semblable, est au cœur de nos organisations les plus intimes.
Et justement, puisque nous écoutons et parlons d'archive, Baptiste Amann de conclure :
Le rapport à l'archive peut être écrasant. Arriver sur scène, c'est commettre un acte de délit sur le réel, de toutes façons. Donc, comment opérer cette transformation ? ça, c'est la vraie question.
Bibliographie
Aux origines du théâtre patriotique Philippe Bourdin CNRS éditions, 2017 Intervenants
Philippe Bourdin Professeur d'Histoire Moderne à l'Université de Clermont-Ferrand Baptiste Amann metteur en scène, auteur
Légende photo "Des territoires (... D'une prison l'autre...)" de Baptiste Amann• Crédits : Sonia Barcet
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Le spectateur de Belleville
October 8, 2017 11:59 AM
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Par Joelle Gayot sur le site de son émission Une saison au théâtre sur France Culture
Notre encyclopédie vivante du théâtre sillonne cette semaine une ville : Lyon. Ses lieux de formation, de création, de diffusion, font-ils de Lyon la deuxième ville française aussi pour son théâtre ? Première étape d'un chantier qui nous fera voyager cette Saison d'une ville à l'autre... à suivre !
Ecouter l'émission : https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/lyon-lautre-capitale-du-theatre
Avec Luc Hernandez, journaliste, rédacteur en chef de Exit, magazine culturel mensuel lyonnais ; avec Jérémy Lopez, comédien, sociétaire de la Comédie-Française formé par l’ENSATT à Lyon. A l’occasion des 20 ans que vient de fêter cette École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, nous évoquons cette ville à travers son paysage théâtral : ses théâtres, ses publics, son dynamisme. Prenons le large de la décentralisation, embarquons pour le Rhône (69), au cœur de sa capitale.
D'autres étapes de ce parcours théâtral suivront : à découvrir tout au long d'Une saison au théâtre !
Séance de travail à l'ENSATT, Lyon• Crédits : Lara Balais A Lyon, il n'y a pas du tout la même dichotomie qu'à Paris, entre théâtre privé et théâtre public -- Luc Hernandez nous explique à quoi cette différence tient...
J'ai tenté l'ENSATT parce que cette école de théâtre est à Lyon, parce que je suis lyonnais ; pas par ambition théâtrale. Je ne visais pas à rejoindre la Comédie-Française, j'avais alors d'autres projets ; c'est quand j'étais en formation à Lyon que le Français m'a appelé -- Jérémy Lopez nous raconte comment, par l'intermédiaire du metteur en scène Guillaume Vincent, il rejoint finalement la troupe du Français, à Paris...
C'est avec Gwenaël Morin que j'ai découvert au Théâtre du Point du Jour - qu'il dirige aujourd'hui mais qui à l'époque était dirigé par Michel Raskine - que j'ai saisi une façon extraordinaire et indispensable de faire du théâtre [...] Par exemple Thierry Jolivet, avec sa Meute, est une compagnie qui compte à Lyon. [...] A Lyon, j'ai aussi découvert des textes contemporains : des auteurs contemporains indispensables -- Jérémy Lopez nous cite quelques unes de ses découvertes fondamentales, alors étudiant à l'ENSATT
Retrouvez Jérémy Lopez sur les planches, au Studio-Théâtre de la Comédie-Française jusqu'au 29 octobre, dans une très belle mise en scène de Haute Surveillance (Jean Genet) signée Cédric Gourmelon.
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Le spectateur de Belleville
May 15, 2017 10:44 AM
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Joëlle Gayot, journaliste spécialisée dans le théâtre, analyse dans une tribune au « Monde » l’entrée en scène du président Macron et l’affirmation d’une dramaturgie atypique.
« Adolescent, c’est en intégrant l’atelier jeu du lycée La Providence à Amiens que l’adolescent rencontre celle qui deviendra sa femme. Elle le repère dans une pièce de Milan Kundera, le dirige dans un texte de Jean Tardieu » (Photo : Emmanuel Macron, le jour de son investiture au poste de président de la République, le 14 mai, à Paris). TRIBUNE. Le président de la République Emmanuel Macron a franchi le 14 mai au matin les portes de l’Elysée. On dit des comédiens qu’ils ne doivent rater ni leur entrée ni leur sortie de scène. La qualité de la représentation serait conditionnée par ces deux moments clés. Louis Jouvet parlant à ses élèves : « Ce qui est important, c’est la préparation à l’entrée en scène […] le personnage qui va parler dans un état physique déterminé. Cet état physique, il faut que tu l’aies en toi. Tant que tu ne l’auras pas, ce n’est pas la peine de commencer la scène. » Emmanuel Macron a quitté les coulisses pour se présenter au public en orchestrant à la perfection les modalités de son apparition. Il a soigné son arrivée jusqu’à la rendre digne d’un spectacle du répertoire de la Comédie-Française. Eric Ruf, administrateur de la maison de Molière, lui aurait-il prodigué des conseils ? Une leçon essentielle Le cérémonial du théâtre, ce qu’il suppose de conventions avouées et de lois implicites, a marqué au fer rouge les premiers pas du candidat élu. Ce n’est, au fond, guère surprenant si l’on songe à la place qu’a tenue cet art ancestral dans le destin du chef de l’Etat qui, le dimanche 14 mai au matin, saluait en Michel Bouquet, présent dans la salle des fêtes où se déroulait la cérémonie d’investiture, la quintessence des comédiens français. Adolescent, c’est en intégrant l’atelier jeu du lycée La Providence à Amiens que l’adolescent rencontre celle qui deviendra sa femme. Elle le repère dans une pièce de Milan Kundera, le dirige dans un texte de Jean Tardieu ; ils écrivent à deux mains l’adaptation de l’Art de la Comédie d’Eduardo de Filippo. Brigitte Trogneux ne quittera plus son apprenti acteur. Leur histoire d’amour est née. Sur les planches du théâtre. Il y a de quoi marquer un homme à vie. Cet homme aujourd’hui installé au sommet du pouvoir a retenu de son passage en scène une leçon essentielle : le théâtre doit savoir donner au spectateur le sentiment qu’il écrit la pièce aux côtés des acteurs qui se tiennent sur la piste. C’est ce qui vient d’avoir lieu. Comment Emmanuel Macron est-il parvenu à cette alchimie qui est la clef de voûte de l’imaginaire collectif ? En mettant en pratique son slogan. Il a marché. Ce qui restera des séquences phares de son intronisation est cette marche, étudiée et se déroulant presque au ralenti. Une chorégraphie réglée avec minutie Dimanche 14 mai, alors qu’avait lieu la passation des pouvoirs, il a foulé avec solennité le ruban rouge qui menait au perron de l’Elysée. Sans précipitation, il a gagné les marches où l’attendait François Hollande. Il a marché avec retenue pour remonter les Champs-Elysées jusqu’à l’Arc de Triomphe. A chaque fois, il a pris son temps. Exactement comme le dimanche précédent, au Louvre, lors d’une chorégraphie marquante, réglée avec minutie, qui inscrira dans les consciences une image sobre et pourtant si spectaculaire qu’elle n’est pas prête de s’estomper. Le 7 mai, traversant la vaste esplanade plongée dans la pénombre, Emmanuel Macron a défié la frénésie des médias avides de secondes émiettées. Sa déambulation vers la lumière et le podium où l’espéraient ses partisans a duré plus de trois minutes. Un temps interminable mais un temps suspendu, qui invitait les témoins de ce solo muet à rejoindre l’interprète dans un parcours plus mental que géographique. Cette rupture de rythme n’était pas anecdotique. Elle disait la nécessité d’une décélération, surprenante, troublante si l’on songe à l’année écoulée, laquelle a vu ce quasi-inconnu faire irruption dans la campagne présidentielle pour s’y déployer avec fulgurance sans craindre de bousculer les conventions. François Mitterrand a hanté nos mémoires En imposant ce tempo lent où chaque mètre accompli faisait de lui l’objet consenti de millions de regards, Emmanuel Macron a activé la touche pause. Pause dans l’affirmation d’une dramaturgie atypique car déjouant les codes politiques en vigueur. Pause, aussi et surtout, dans le flux de l’excitation partagée. Rien d’autre ne se passait sous nos yeux que la marche silencieuse d’un homme. Lire aussi : Comment Brigitte Macron a participé à l’ascension de son époux http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/05/07/comment-brigitte-macron-a-participe-a-l-ascension-de-son-epoux_5123791_4854003.html Dans les têtes se sont alors engouffrées toutes sortes de pensées. Les uns songeaient à la solitude qu’implique le pouvoir, les autres à l’ambition qui anime les êtres, les derniers à François Mitterrand qui fit inscrire contre vents et marées l’évidence de la modernité à même la somnolence du patrimoine. Car François Mitterrand, à cet instant, a hanté nos mémoires, à la manière des spectres du passé qui aiment visiter les représentations de théâtre. Pendant trois minutes et quelques, nous sommes devenus, avec le héros que s’est choisi la République, coauteurs d’une même partition. Pendant trois minutes et quelques, lui et nous sommes allés du même pas à la rencontre d’un rôle colossal. Ce n’est pas tous les jours qu’on devient président de la République. Il faut s’élever à la hauteur du personnage, en endosser le costume, en adopter le souffle, en comprendre l’intériorité pour parvenir à l’incarner. « C’est la nécessité de parler ; tant que tu ne sentiras pas en toi la nécessité de dire ce que tu as à dire… Oublie si tu veux le sentiment dramatique, oublie l’humeur, mais retiens ça : il faut que, quand tu es en coulisse, et que tu rentres, tu aies besoin de dire ce que tu as à dire », affirmait encore Jouvet. Dans cet ici et maintenant Lorsqu’il est monté sur l’estrade pour faire face à la foule de drapeaux bleu-blanc-rouge, Emmanuel Macron était prêt. Il a sorti de la poche intérieure de sa veste le texte de son monologue. Derrière lui, dans une scénographie parfaite, on distinguait la Pyramide de Pei pointant son arête vers le ciel. Conjonction de l’ancien et du nouveau, du classique et du moderne, du passé et de l’avenir. Lui se tenait à l’intersection, pas au milieu, pas au centre, mais dans cet ici et maintenant qui s’appelle le présent. C’est à cet instant précis et depuis cette place géographique, symbolique, théâtrale qu’il a pénétrée pour cinq ans sur la scène du pouvoir où il lui faudra, désormais, apprendre à distinguer la fiction du réel s’il veut rester maître du jeu. Joëlle Gayot est coauteur, avec Joël Pommerat, de « Joël Pommerat, troubles » (Actes Sud, 2009). Joëlle Gayot (Journaliste et productrice à France Culture de l'émission « Une saison au théâtre »)
Voir la vidéo : Macron au Louvre : décryptage d'une mise en scène. Commentaire par Pierre-Emmanuel Guigo, historien spécialiste de la communication politique. http://www.dailymotion.com/video/x5lh2j9_macron-au-louvre-decryptage-d-une-mise-en-scene_news
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Le spectateur de Belleville
April 16, 2017 9:09 AM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission sur France Culture
Olivier Neveux, auteur de Politiques du spectateur : les enjeux du théâtre politique aujourd’hui. (Éditions la Découverte)
Ecouter l'émission : https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/theatre-versus-politique-les-lumieres-dolivier-neveux
Dans une semaine à la même heure, selon toute logique, nous connaîtrons le résultat du premier tour des élections présidentielles. Nous saurons alors les noms des deux responsables désignés par le vote des Français pour poursuivre leur marche vers l’Elysée. Dans cette campagne 2017, une fois encore, la culture n’a pas été à la fête. Elle aurait pourtant pu trouver sa place, sans rougir, au rang des arguments déployés par les candidats. Littérature, cinéma, musique, danse, théâtre : Au contact de l’art, sous toutes ses formes, l’humain apprend à se connaître lui-même et à connaître l’autre. Et c’est, à chaque fois, un pas de fait vers plus de fraternité.
Le théâtre, affirment certains, se mêle de politique dès lors qu’il occupe la scène. Oui, mais politique, c’est un mot vaste, c’est un mot vague, qui va d’un bord à l’autre bord et embrasse, sur sa route, de multiples notions : idéologie, militantisme, pouvoir, puissance, démocratie, engagement, citoyenneté, ordre, lois, règles, subversion, transgression, cité ou peuple.
Comment s’y retrouver ? Comment le théâtre, depuis l’obscurité des salles où il se manifeste, peut-il nous aider à y voir clair dans ce qui, au quotidien, nous aliène et, loin de nous ouvrir les yeux, nous fait nous recroqueviller un peu plus sur nous-mêmes ?
Olivier Neveux est professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Il vient de coordonner le dernier numéro de la Revue Théâtre Public, consacré aux Présences du pouvoir. Il a surtout édité en 2013 un ouvrage passionnant intitulé : Politiques du spectateur : les enjeux du théâtre politique aujourd’hui. (Ed la Découverte). Cet essai, précis et critique, sillonne les occurrences du spectacle contemporain et démontre pied à pied que le théâtre ne tourne jamais le dos à ses contemporains. Le théâtre est politique. Il représente pour chacun un formidable appel d'air lorsqu'il substitue à la résignation l'émancipation et lorsqu'il préfère à la passivité la capacité.
C'est en expert précis et enthousiaste qu'Olivier Neveux prend place aux micros d'Une Saison au théâtre.
Olivier Neveux est par ailleurs l'auteur de Théâtres en lutte, le théâtre militant en France des années 60 à aujourd’hui (paru aux éditions la Découverte en 2007), et d’un essai sur le théâtre de Jean Genet, paru chez Ides et Calendes en 2016 .
Intervenant : Olivier Neveux : professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon
Photo Olivier Neveux• Crédits : anne julien
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February 5, 2017 7:26 AM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission dur France Culture : Une saison au théâtre
Avec sa pièce Europe connexion à théâtre ouvert (Paris) et en tournée, l'auteur Alexandra Badéa connecte le théâtre aux enjeux écologiques.
Ecouter l'émission : https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/au-theatre-une-moderne-alexandra-badea
L’heure est aux choix. Devant nous s’ouvrent deux chemins. Selon que nous irons d’un côté ou de l’autre, nous serons puissants ou misérables, vainqueurs ou dominés. Nous serons devant mais seuls, ou derrière mais ensemble.
Est-ce vraiment ainsi que s’énonce l’alternative qui s’offre à nous ?
Avec Europe Connexion, que met en scène Matthieu Roy, l’auteur Alexandra Badea s’insinue dans les rouages mentaux qui s’activent dans le cerveau d’un lobbyiste. L’homme est brillant et cynique. C’est aux diables de l'ambition et de la réussite matérielle qu’il va décider de vendre son âme.
Quand le théâtre devient un terrain de jeu où les dérapages humains sont dénudés comme des fils électriques, le public, lui, n’a plus d’autre échappatoire que regarder en lui ce qu’il a de commun avec le monstrueux. C'est ce qui se passe durant la représentation
Créé à Taiwan, repris à Paris à Théâtre Ouvert et désormais sur les routes de France de Poitiers à Lille, en passant par Thouars ou Saint Quentin en Yveline, Europe Connexion est un spectacle qui pose des questions aujourd'hui cruciales.
Affiche• Crédits : Matthieu Silberstein En tournée:
Février
6 au 10 maison des étudiants/TAP scène nationale
16 et 17 théâtre de thouars, scène conventionnée
21 au 25 théâtre de saint-quentin-en-yvelines, scène nationale
Mars
2 et 3 salle jacques brel à pantin
16 au 25 théâtre du nord – centre dramatique de lille tourcoing – nord pas-de-calais tu as travaillé dans les basfonds de la commission européenne
tu as travaillé dans les basfonds de la commission européenne pendant des mois, et maintenant il est temps de sortir à la surface. tu vas frapper à ton endroit. tu vas leur dire haut et fort qu’il faudra harmoniser, uniformiser, simplifier. tout ça pour concentrer encore plus de pouvoir dans les quatre cinq poches des industriels du monde. Alexandra Badea Europe connexion, L’Arche Éditeur
Les fictions de France culture rediffusent à partir du 27 février 2017 la série «La Vie Moderne-Europe Connexion» enregistrée dans nos studios et diffusée la 1ère fois en Juin 2014.
Intervenants Alexandra Badea : Auteure Photo : Alexandra Badea • Crédits : Alexandra Fleurantin & Olivier Monge / MYOP
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June 2, 2019 10:48 AM
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Par Joëlle Gayot dans le site de son émission "Une saison au théâtre" sur Franceculture.fr Ecouter l'émission en ligne (30 mn) Pour ce nouvel épisode d'Une Saison au théâtre, rencontre avec Olivier Neveux qui a récemment publié, "Contre le théâtre politique", aux éditions la Fabrique.
En ce moment, à la Comédie Française, on peut voir une mise en scène par le Belge Ivo Van Hove de Electre et Oreste, d’Euripide. Rappel de l’histoire telle qu’elle démarre dans le texte : Electre veut venger la mort de son père, Agamemnon. Il a été assassiné par sa mère Clytemnestre. Electre pousse donc son frère Oreste à accomplir le matricide. Cet acte sacrilège est souvent présenté dans les représentations théâtrales comme un acte légitime, justifié, presque juste. Au meurtre de leur père, les enfants ne pouvaient que répondre par le meurtre de leur mère.
Mais sur la scène de la Comédie Française, lorsque Clytemnestre s’avance, ce n’est pas une hystérique qui s’exprime, c’est une femme raisonnable et sensée et elle a ses raisons : si elle a tué Agamemnon c’est parce que son époux avait lui-même sacrifié une autre de leurs enfants, Iphigénie.
Pendant très longtemps, on a défendu l’idée que la relecture des classiques pouvait être un véritable enjeu politique, auquel je crois vraiment. On pourrait se dire que la politique peut effectivement résider dans une certaine façon de se poser la question de qui est défendable, qui ne l’est pas, qui est audible, qui est inaudible. Quelque chose peut venir désordonner nos perceptions coutumières, qui vient mettre un peu de désordre à l’intérieur d’un ordonnancement constitué. Olivier Neveux
Ce que dit cette mise en scène du Belge Ivo Van Hove, c’est qu’on ne peut plus réduire Clytemnestre au cliché habituel : la mère sans cœur, l’hystérique sanguinaire assoiffée de pouvoir.
Ce changement d’optique, de focale, est-il politique ? Est-ce que faire de Clytemnestre une héroïne dont le geste peut se plaider, c’est faire du théâtre politique ?
Cette question, je voudrais la poser à notre invité du jour, Olivier Neveux, qui vient de publier, aux éditions la Fabrique, Contre le théâtre politique.
Le théâtre est une chambre d'écho. Quand on assiste à un spectacle, on y assiste en étant lourd, chargé, saturé de ce qu'on a vécu dans la journée, de la presse qu'on a lue, de l'époque dans laquelle on vit. Il est évident que les artistes créent avec cette chose-là. Olivier Neveux
Cet essai décortique les liens entre le théâtre et la politique. C'est un livre réjouissant qui multiplie les pistes de réflexion, qui attaque, qui défend, polémique, creuse, qui prend le temps et permet la distance. Un livre qui donne, vraiment, beaucoup de grain à moudre.
Cette inflation du signifiant politique s'inscrit dans une conjoncture néo-libérale. Le néo-libéralisme a à voir avec l'extinction, la disparition progressive de la politique, au sens où la politique est un lieu de conflictualité, de délibération, d'alternative. Nous sommes dans une société bureaucratiquement administrée avec une chose qui devient de plus en plus univoque (...) ce qui est intéressant, c'est l'inflation du terme politique dans le champ artistique au même moment où la politique subit des assauts très forts de la part de la classe politique. Olivier Neveux
A VOIR / A DÉCOUVRIR Electre / Oreste d'Euripide, mise en scène d'Ivo van Hove à la Comédie-Française, jusqu'au 3 juillet 2019. La pièce sera également projetée au cinéma le 16, 17, 18 juin prochain.
BIBLIOGRAPHIE
Contre le théâtre politique Olivier Neveux La Fabrique, 2019 INTERVENANTS Olivier Neveux professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon.
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January 8, 2019 6:48 PM
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par Joëlle Gayot sur le site de son émission Une saison au théâtre sur France Culture LE DIMANCHE DE 15H30 À 16H00 Ecouter en ligne l'émission Yolande Moreau, l'humanité faite femme
Yolande Moreau a imposé au théâtre et au cinéma ce qu'elle est : son humanité. Pour cette raison, sa rencontre avec le poète Jacques Prévert n'est en rien un hasard...
Il est terrible le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain. Il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim. Jacques Prévert
Nous sommes heureux d’ouvrir l’année 2019 par les mots d’un poète. Avec Jacques Prévert, le sentiment de la fraternité entre en scène. Prévert va être célébré au Théâtre du Rond-Point à Paris. Deux artistes se chargent de le ressusciter : Yolande Moreau et Christian Olivier ont conçu un spectacle musical qui fera, on en prend le pari, du bien à toutes les âmes : Prévert, joué du 15 janvier au 10 février 2019.
De l’humanité profonde de Prévert, nous faisons aujourd’hui le centre d’une Saison au théâtre et c’est avec Yolande Moreau, comédienne bouleversante qui sait dire comme personne le cœur battant des femmes et des hommes, que nous ouvrons, à sa lettre H, comme Humanité, notre encyclopédie en mouvement du théâtre.
Coup de fil à... En fin d'émission : coup de fil à Jérome Lecardeur, directeur de la Scène Nationale de Poitiers.
INTERVENANTS Yolande Moreau comédienne et réalisatrice Jérome Lecardeur directeur de la Scène Nationale de Poitiers Légende photo Yolande Moreau et Christian Olivier, auteurs du spectacle "Prévert" joué au Théâtre du Rond-Point à Paris• Crédits : © Fred Chapotat
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December 2, 2018 4:31 PM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission "Une saison au théâtre" sur France Culture Ecouter l'émission en ligne (30 mn) Une scène, deux sœurs, de la langue, du conflit : Pascal Rambert écrit une pièce pour un duo d'actrices, Marina Hands dans le rôle de l'aînée et Audrey Bonnet dans celui de la cadette. L'occasion de rencontrer Marina Hands autour de son rapport à la filiation, depuis le théâtre et avec le théâtre.
Avec Marina Hands, comédienne, elle partage avec Audrey Bonnet l’affiche de Sœurs, une pièce écrite et mise en scène par Pascal Rambert : au Théâtre des Bouffes du Nord (Paris) jusqu’au 09 décembre ; le 22 janvier 2019 au Panta Théâtre (Caen).
L’occasion, pour notre encyclopédie vivante du théâtre, de questionner la place théâtrale du lien filial : la famille au théâtre, la famille de théâtre. Qu’est-ce que ce noyau permet de raconter d’histoires ? Qu’est-ce qu’une famille noue sur scène ?
"C'est un duel de sœurs, de femmes, qui contient celui de plein de femmes, mais ce n'est pas un duel d'actrices."
Avec Sophocle, sont apparues Antigone et Ismène suivies d’Electre, d’Iphigénie, et de Chrysothémis. Avec Shakespeare, on découvrit Cordélia, Goneril et Regan. Puis vint Tchekhov, et avec lui Olga, Macha, Irina.
Il y aura désormais, prenant place à leur tour dans cette longue lignée de sœurs qui s’aiment et se haïssent, Marina et Audrey. Elles surgissent sur la scène des Bouffes du Nord à Paris avec la force d’un tsunami. Elles s’y font face pour un duel qui n’est pas un duo mais une lutte où l’arme qui fait mouche, c’est le mot, où les coup portés surfent sur une énergie qui va de l’une à l’autre. Elles sont deux vases communicants.
Et peut être bien que le combat qui les oppose, conflit venu de loin et auquel leurs paroles donnent forme, est le point incandescent vers lequel le théâtre, depuis des siècles, tendait. Peut être que s’incarne, dans ce combat, la totalité des combats entre sœurs. Peut être qu’on se trouve là face à l’absolu du combat.
En écrivant et en mettant en scène Sœurs, l’auteur Pascal Rambert s’immisce au cœur du lien familial. C’est un champ de mine. A chaque pas tout menace d’exploser. Il faut, pour tenir debout jusqu’au bout, deux immenses comédiennes. Audrey Bonnet et Marina Hands sont ces actrices. Extraits des propos de Marina Hands :
La scène est un endroit de langage, un endroit de liberté sur lequel il n'y a aucun tabou. C'est addictif, pour un comédien : un endroit qu'on protège, dont on a besoin pour vivre ; un endroit où on est autorisé à parler, à exprimer une parole, à porter des mots précis et justes, ce qu'on ne sait pas forcément faire dans la vie. Il y a des gens dans la vie qui savent parler, interagir : je pense que ces gens-là n'ont pas besoin de monter sur scène.
A quel point la langue est une arme... La pièce Sœurs donne l'exemple de la puissance de la langue et répond à cette question : à quoi ça peut servir, l'étendue de la langue ? Tenir la langue, la faire passer coûte que coûte, muscler la parole : c'est tellement libérateur. Ce qui fait irruption sur scène soudainement en présence de ces deux sœurs, leur énergie, c'est au-delà du règlement de comptes. Pascal Rambert appelle ça "la gigantomachie" : ces sœurs sont le lieu de passage de plusieurs générations.
INTERVENANTS Marina Hands Avec les voix (INA) de la comédienne Ludmila Mickaël, de la comédienne Simone Signoret, du romancier Arnaud Catherine... Légende photo : Marina Hands (à droite) et Audrey Bonnet (à gauche) dans SŒURS, une pièce écrite et mise en scène par Pascal Rambert• Crédits : Jean-Louis Fernandez
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September 23, 2018 6:12 AM
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Par Joëlle Gayot pour la page de son émission "Une saison au théâtre" sur France Culture Ecouter l'émission (30 mn) L'actrice Ariane Ascaride joue dans deux pièces de Simon Abkarian au Théâtre du Soleil. L’occasion, pour notre encyclopédie vivante du théâtre, d’aborder une notion qui lui est chère sur plusieurs plans : la fidélité. Portrait intime d'une femme exigeante.
Avec Ariane Ascaride, comédienne à l’affiche de deux spectacles programmés au Théâtre du Soleil (Paris) jusqu'au 14 octobre : Le dernier jour du jeûne et L’envol des cigognes. Signé Simon Abkarian, ce diptyque est présenté par l’auteur et metteur en scène comme “une tragi-comédie de quartier” : deux pièces qui racontent l’histoire d’une famille méditerranéenne, errante, sur dix ans de guerre et d’exil.
Fidèle à des metteurs en scène au théâtre comme au cinéma (Simon Abkarian, Robert Guédiguian…), Ariane Ascaride est aussi fidèle à des idéaux politiques et artistiques, là où ces derniers sont si souvent liés : à une exigence citoyenne et professionnelle d’actrice engagée pour le Service Public, telle qu’on l’a vue dans des causes comme celle des intermittents pendant le Festival d’Avignon en 2003 dont l’annulation a marqué les esprits, s’ajoute une exigence artistique : un théâtre qui défend sur scène des valeurs humaines, éthiques.
On connaît également sa fidélité à la Méditerranée, comme une culture et un espace ouverts aux brassages, aux rencontres, aux passages… Elle-même née à Marseille, c’est dans cette ville ou sa région qu’elle est souvent amenée à tourner.
Ariane Ascaride joue aussi le rôle de Léonie Montreuil dans l'Appel des abysses, le nouveau podcast de fiction proposé par France Culture
Légende photo : Ariane Ascaride dans le diptyque de Simon Abkarian• Crédits : Antoine Agoudjian
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March 26, 2018 3:52 AM
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Par Joelle Gayot sur le site de son émission "Une saison au théâtre" sur France Culture :
Notre dissection du théâtre vivant se poursuit en compagnie d'un personnage : George Dandin. Crée par Molière en 1668, Dandin nous parle de plus vaste qu'on peut d'abord l'imaginer. 350 plus tard, qu'est-ce que ce nom nous raconte de politique ? Jean-Pierre Vincent est bien placé pour nous éclairer.
Ecouter l'émission (30 mn) : https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/prenom-george-nom-dandin-metteur-en-scene-jean-pierre-vincent
Son prénom est George. Et son nom est Dandin. George Dandin. Difficile de l’oublier. Il ne cesse de le répéter tout au long de la pièce. Et plus il le répète, plus l’homme semble se vider de sa substance. A moins que ce ne soit l’inverse. A moins que marteler son nom soit sa façon d’affirmer haut et fort l’identité qu’il vient de se payer. Car George Dandin, pour s’acheter une particule - et de paysan, devenir un bourgeois - s’offre une épouse, Angélique. Il la paye rubis sur l’ongle à ses désormais beaux parents, M. et Mme de Sottenville. Mais Angélique qui est jeune, mais pas sotte, ne se laisse pas faire. Et voilà que Dandin le parvenu devient George le cocu.
Que nous raconte encore aujourd’hui ce drôle de personnage dans lequel Molière avait mis beaucoup de lui même ?
La réponse à la question nous est fournie par notre invité Jean Pierre Vincent, metteur en scène : son George Dandin ou le mari confondu, crée le mois dernier au CDN Le Préau (Vire) sur le texte de Molière, tourne actuellement sur les routes de France. Après Vire, Toulouse, Evreux, Dole, Grenoble et Lyon, la pièce poursuit sa tournée à Sète, Narbonne, Marseille, Caen, Dijon, Besançon et Dunkerque.
Avec Jean Pierre Vincent, nous sommes en compagnie d'un artiste qui n’a jamais dissocié le théâtre d’une pensée politique. Si nous n'irons pas jusqu’à dire de sa représentation qu’elle est militante ; ce qu’elle raconte pourtant de l’impossibilité d’une classe sociale à sortir des cadres qui lui sont assignés est terrible parce que toujours d’actualité. Et de plus en plus complexe. Il se peut bien que cette mise en scène soit à la fois un geste esthétique et un geste marxiste... Plaisir assuré !
"George Dandin", Molière, mise en scène Jean-Pierre Vincent (création 2018)• Crédits : Pascal Victor/ArtcomPress INTERVENANTS Jean-Pierre Vincent metteur en scène et comédien
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February 17, 2018 4:59 PM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission "Une saison au théâtre sur France Culture"
A comme... auteur. Nous ouvrons notre encyclopédie vivante du théâtre à la page de celles et ceux qui l'écrivent, le théâtre. Qui le font vivre par les textes, avant que ces derniers ne fassent par définition l'objet d'un travail scénique. Les écrivains dramatiques sont bien là, comme notre invité !
Avec Enzo Cormann, écrivain, enseignant, il est l'auteur d'une quarantaine de pièces de théâtres jouées en France et à l’étranger, publiées notamment par les éditions de Minuit, Gallimard, et Les Solitaires Intempestifs. Il co-dirige la formation “Ecrivain dramaturge” à l’ENSATT, l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (Lyon), où il aide les étudiants à “penser et expérimenter les nouveaux possibles d'une écriture pour le théâtre”.
Ecouter l'émission en ligne sur le site de France Culture (30 mn) : https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/auteurs-contemporains-et-vivants
A l’occasion de la récente polémique qui avait suivi la parution du dossier intitulé “Auteur, où es-tu” dans Libération le mois dernier, qui postulait une énième fois la mort de l’auteur dramatique, notre invité revient, avec vivacité, sur la prégnance des écritures textuelles qui font vivre le théâtre aujourd’hui, avec le plateau et pas contre lui. Au-delà de l’opposition binaire entre texte et scène, même en deçà, il nous éclaire avec justesse sur la réalité des auteurs de théâtre, pour leur faire justice : leur conditions matérielles et quotidiennes, leur travail solitaire face à la page et à l’écran d’ordinateur, leur travail collectif avec les équipes artistiques, les échos que produisent leurs textes, le liens aux lecteurs et aux institutions qui les soutiennent, les ignorent... Exemples vivants à l’appui, il rétablit la vérité sur une profession dont il rappelle combien elle est toujours d’actualité !
Visitez et écoutez le riche portail de la Fiction de France Culture, vivier important d'auteurs dramatiques contemporains. : https://www.franceculture.fr/fictions
Découvrez une autre aventure, nouvelle, d'écriture dramatique contemporaine : Hasta Dente !, le premier podcast natif de Fiction de France Culture. Sur un scénario de Léon Bonnaffé réalisé par Cédric Aussire, une série feuilletonnante inédite en 11 épisodes de 10 minutes, disponible depuis le 13 février 2018 sur franceculture.fr. France Culture et la SACD se sont associées en juillet 2017 pour la création d’un Fonds de Podcasts Natifs de Fiction doté de 50 000 euros et ont lancé ensemble pour la première fois un appel à projets en direction des auteurs pour l’écriture de séries radiophoniques feuilletonnantes.
(Ré)écoutez le billet culturel que Mathilde Serell consacrait cette semaine à cette question des auteurs de théâtre contemporains :
Qui a dit que les auteurs de théâtre avaient disparu ? : https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/ledito-culturel-du-jeudi-15-fevrier-2018
Légende photo : "Voix d’auteurs" – SACD, Soirée autour de 8 auteurs contemporains, Cloître Saint-Louis au Festival d'Avignon, enregistrée le 17.07.16. Textes de : Catherine Anne, Samuel Gallet, David Léon, Samuel Pivo, Guillaume Poix, Sandrine Roche, Michel Simonot• Crédits : FC - Radio France
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Le spectateur de Belleville
January 27, 2018 11:24 AM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission sur France Culture, Une saison au théâtre :
Ouvrons le chapitre "intérieur" de notre encyclopédie théâtrale en mouvement. Pour creuser et démystifier une notion telle que l'intériorité, notre micro s'ouvre à Irène Jacob. Partant de son rapport à l'intériorité, comme actrice et comme femme, sondons l'épaisseur de nos êtres (en représentation).
Ecouter l"émission en ligné (à partir de dimanche 28 janvier) https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/linteriorite
Si dans la vie quotidienne notre monde intérieur est en contact permanent avec le monde extérieur (notre environnement, nos relations aux autres), force est de constater qu'au théâtre aussi, cette circulation entre la vie intérieure du comédien et la vie intrinsèque du plateau d'une part, et la vie extérieure d'autre part, doit s'opérer pour que la rencontre entre scène ait salle ait lieu : deux espaces qu'ils s'agit de faire interagir, sans quoi le spectacle vivant n'advient pas... De se sentir vivant et de sentir les autres autour vivants aussi, notre invitée parle à merveille. Rencontre, entre le dedans et le dehors, avec une actrice filmée par Jacques Rivette, Krzysztof Kieślowski, Claude Lelouch, Paul Auster et d'autres, et en ce moment sur les planches.
Avec Irène Jacob, comédienne, actuellement à l’affiche de La maladie de la mort de Marguerite Duras, mis en scène par Katie Mitchell, au théâtre des Bouffes du Nord jusqu’au 03 février avant une tournée (Luxembourg, Grenoble, Douai-Arras, Suisse, Marseille...).
Nous invitons l’actrice à réfléchir depuis un mot, qui au-delà des notions d’intimité, de psychologie, de secret, donne accès à une complexité humaine : “l’intériorité”, à l’épreuve du plateau de théâtre. Pour se détacher de l’opacité à laquelle renvoie cette idée pourtant éprouvée par tous, à la ville comme à la scène, nous tenterons de démêler ce qu’elle raconte pour Irène Jacob, actrice qui travaille davantage pour des cinéastes que pour des metteurs en scène : la quête et le travail mis en œuvre pour y accéder ; ce que ce travail implique de silence, de ressource, d'introspection ; le recours que cela suppose à ses propres émotions et à sa propre vie ; les liens entre l’acteur et le personnage ; le rôle qu'ont joué les cinéastes dans cette affaire-là... Et aussi, l'exercice de la lecture ou de la narration pure - comme dans La Maladie de la mort, dans lequel elle incarne la voix feutrée du narrateur, émise depuis une cabine téléphonique - exercice auquel Irène se prête volontiers et qui est, sans doute, le summum de l'intériorité…
Les voix de Marguerite Duras sur l'écriture, de l’anthropologue David le Breton sur le silence et sur la peau, de Jean Louis Trintignant sur le cinéma de Kieslowksi, etc. jalonneront ce tête-à-tête.
Comme comédien, on joue sans cesse avec cette espèce de tension intérieure qu'est la vie.
L'intériorité, c'est ce monde à l'intérieur de chacun, propre à chacun. Bien sûr, il y a des échanges, il y a la relation aux autres. "Le théâtre, c'est de la relation", dit d'ailleurs toujours Katie Mitchell. Cet espace intérieur propre, c'est donc un espace stimulé, un espace renouvelé, comme un jardin intérieur à nourrir chaque jour pour ne pas qu'il se fâne ou qu'il s'assèche.
Et avoir peur de l'intériorité ?
En avoir peur, c'est ne pas être tourné vers la vie. Car l'intérieur permet la relation aux autres, à l’environnement : il s'agit de les faire circuler dans l'espace. Au théâtre, cela signifie s'approcher du personnage en créant une relation forte avec les objets, avec le plan, avec les autres corps... Mais pas de charger le personnage, pas de le psychologiser.
Alors comment travailler à cette relation, sur scène ?
L'imaginaire vient nous proposer, toujours, plein d'images. Sans qu'on s'y attende. Arriver à aller dans une concentration pour se rassembler autour de ce flux d'images et de mots qui se présente à nous, c'est ça, se connecter à son intériorité.
... Ou comment faire l'expérience d'une forme de déprise, pour appréhender cet imaginaire et composer avec un rôle, et de manière plus vaste composer une vie :
En italien, à un acteur qui va monter sur scène, on dit "Dans la gueule du loup, que meure le loup". C'est l'équivalent de "merde" prononcé en français. Les anglais disent "Break a leg"... Il faut faire ce geste de se laisser aller à l'inconnu, pour être juste. Une sorte d'état de grâce dans lequel plonge l'exercice de l'acteur, quand ça marche ! ça n'arrive pas toujours, mais ça arrive.
Intervenants : Irène Jacob Comédienne
Légende photo : "La maladie de la mort" de Marguerite Duras (1982) mis en scène par Katie Mitchell (2018) avec Irène Jacob (à gauche)• Crédits : Stephen Cummiskey
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Le spectateur de Belleville
November 26, 2017 5:02 PM
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Par Joelle Gayot sur le site de son émission, sur France Culture
"Une Saison au Théâtre" ouvre son micro à un acteur qui donne de la voix à ce dont la scène parle rarement : l'argent. Fabrice Luchini nous accorde un entretien, à l'occasion de son dernier spectacle : "Des écrivains parlent d'argent". Rencontre, sans filtre.
Ecouter l'entretien (30mn) https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/luchini-na-pas-de-prix
Son spectacle Des écrivains parlent d’argent est actuellement à l’affiche du théâtre des Bouffes Parisiens (Paris). Ce seul en scène de Fabrice Luchini tricote des textes de Zola, Marx, Céline, La Fontaine, Charles Péguy, Shakespeare, Victor Hugo ou encore Sandor Ferenzi... Il est aussi nourri d’une longue séquence, hilarante, que l’acteur a signée de sa main, et qui l'expose, sans filtre, devant le public.
Ce spectacle, qui n’est pas un spectacle de plus, fera date. Il rapatrie dans l’enceinte du théâtre un sujet aujourd’hui livré à la seule analyse des experts : économistes, politiciens, financiers. Or, il était temps de réfléchir l’argent, sa place dans nos vies, son impact sur l’individu, ses effets sur le collectif depuis des rives différentes : celles de la littérature, de la psychanalyse, de la philosophie.
C’est chose faite, grâce au théâtre qui prouve par là même qu’il ne rate pas le rendez-vous avec son époque.
C’est chose faite grâce à un comédien qui est arrivé à une maîtrise remarquable de son art.
Des écrivains parlent d’argent, par Fabrice Luchini, mise en scène d’Emmanuelle Garassino, au théâtre des Bouffes Parisiens jusqu’au 21 décembre . Il sera repris du 15 janvier jusqu’au 12 février au théâtre de la Michodière (Paris).
Fabrice Luchini• Crédits : Assise Production
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Le spectateur de Belleville
November 5, 2017 3:37 AM
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Par Joëlle Gayot sur le site de France Culture
L'encyclopédie vivante du théâtre ouvre aujourd'hui un chapitre sur la fête. Dès ses origines jusqu'à ses utopies contemporaines, il semble que le spectacle soit une fête... Parce que "théâtre" dit à la fois l'oeuvre et le lieu qui accueille oeuvre et public, questionnons-nous : qu'y célèbre t-on ?
Ecouter l'émission en ligne sur le site (30 mn) https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/si-le-theatre-est-une-fete-laquelle
Avec Jean-Christophe Meurisse, metteur en scène des Chiens de Navarre, dont la dernière création Jusque dans vos bras tourne en France et sera présentée du 07 novembre au 02 décembre aux Bouffes du Nord à Paris ; avec Serge Saada, médiateur culturel, responsable pédagogique pour l’association Cultures du Coeur, il enseigne l’anthropologie du théâtre à l’université Paris III - Sorbonne Nouvelle, et est l’auteur de Et si on partageait la culture ? Essai sur le potentiel du spectateur (éd. de l’Attribut, 2011).
Nous discutons du théâtre conçu et fabriqué comme une fête, depuis ses origines dionysiennes jusqu’à nos jours, où subsistent encore ces traces d’un grand banquet collectif, féroce et joyeux… dans lequel il s’agit de faire une place au spectateur : mais laquelle ?
Les Chiens de Navarre manient au plateau un certain "sens de la fête", incisif, lucide et mordant. A la lumière de leur travail dont on peut découvrir une actualité en ce moment (toutes les dates de tournée de leur dernière création : ICI !), ainsi qu'à la lumière du travail d'accompagnement des publics dits "éloignés" et "empêchés" que mène Serge Saada avec l'association Cultures du Coeur, pour réduire l'écart entre les oeuvres et leurs publics, revenons sur le théâtre comme un moment à la fois esthétique, historique et culturel. Un rituel qui charrie bien des questions, complexes et parlantes, liées au fait de vivre ensemble... Une vie commune - une communauté hétérogène - qui a lieu, aussi, dans les salles de spectacles, où tant d'êtres divers sont réunis : ensemble, ici, maintenant. Pour le meilleur et pour le pire ? Célébrons ces noces entre scène et salle jusqu'à 16H, en nous demandant ce qu'elles signifient.
Intervenants
Jean-Christophe Meurisse metteur en scène, fondateur du Collectif Les Chiens de Navarre Serge Saada médiateur culturel, responsable pédagogique pour l’association Cultures du Coeur, enseignant à l'université Paris III
"Jusque dans vos bras" des Chiens de Navarre (création 2017)• Crédits : Philippe Lebruman
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Le spectateur de Belleville
October 1, 2017 10:54 AM
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Jean-Pierre Thibaudat et Alain Desnot au micro de Joëlle Gayot pour "Une saison au Théâtre" sur France Culture
Ecouter l'émission en ligne (30 mn) https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/fonder-un-festival-hier-comme-aujourdhui
L'encyclopédie vivante du théâtre poursuit cette semaine son aventure, à travers les festivals. Quel sens ont les Festivals dans une Saison théâtrale ? Comment s'organisent-ils ? Que portent-ils ? Pour qui et à quelles échelles ? Deux invités avisés nous en parlent, depuis Nancy et Villerville
Avec Jean Pierre Thibaudat, critique, journaliste, écrivain, il publie Le Festival Mondial du théâtre de Nancy : une utopie théâtrale 1963-1983 (Les Solitaires Intempestifs, 2017) dans lequel il retrace l’aventure de ce festival pionnier dans l’invention esthétique et politique ; avec Alain Desnot, fondateur de “Un Festival à Villerville” (Normandie), dont la 4ème édition s’est tenue du 31 août au 03 septembre dernier, faisant la part belle aux résidences d’artistes pour proposer aux spectateurs, à travers huit créations théâtrales et deux concerts, de “ressourcer l’idée de festival”. C'est cette idée, fil rouge de l'émission, qui voit dialoguer nos invités aujourd'hui.
Le festival est comme une contre-proposition : c'est un temps autre, dans la Saison théâtrale -- Jean-Pierre Thibaudat
Il s'agit de ressourcer l'idée de festival : on est en train de refonder ce que devrait toujours être un festival : dans le festival, il y a l'idée de "foyer" : c'est là où on se retrouve, où on se rencontre, où on se parle. Nancy était un foyer mondial, Villerville depuis quatre ans est un foyer plus modeste, mais qui répond des mêmes principes : proposer des aventures novatrices, collectives -- Alain Desnot
Il s'agit de faire intervenir des contestations esthétiques et politiques -- Jean-Pierre Thibaudat
On a besoin des publics de la région car les artistes s'implantent sur un territoire pendant de longues semaines de résidence, à l'issue desquelles, seulement, découle un festival. Le festival n'est que la partie visible de l'iceberg. La résidence est une espèce de segment de vie, souvent importante pour les artistes. -- Alain Desnot
Bibliographie
Le Festival mondial du théâtre de Nancy : une utopie théâtrale (1963-1983) Jean-Pierre Thibaudat Les Solitaires intempestifs, 2017 Intervenants
Jean-Pierre Thibaudat journaliste, critique, écrivain Alain Desnot directeur de "Un festival à Villerville" (Normandie)
Légénde photo "Protagoras", vue de "Un festival à Villerville"• Crédits : Victor Tonelli
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Le spectateur de Belleville
May 14, 2017 6:57 PM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission sur France Culture : "Changement de décor"
Elle est au centre de la scène du théâtre du Rond Point à Paris où elle joue La journée d’une rêveuse et autres moments, d’après Copi, dans la mise en scène de Pierre Maillet.
Ecouter l'entretien radiophonique (30 mn) https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/marilu-marini-le-corps-de-lexil
Elle est le coeur battant d’un livre magnifique, un récit biographique et aussi romanesque, que vient de lui consacrer la journaliste Odile Quirot, Marilù Marini, Chroniques Franco-argentines, publié aux éditions les Solitaires intempestifs.
Elle est le trait d’union qui rallie l’argentin au français, le fil qui s’étire entre deux continents : l’Europe et l’Amérique du Sud.
Elle est tragique et comique, enfantine et antique, aérienne et terrienne.
Marilù Marini doit-elle à son départ de l’Argentine, sa terre natale, cette capacité surprenante à transformer l’entredeux en une présence sur scène ouverte, plurielle et accueillante ? Doit-elle à l’exil d’avoir su transformer l’art du jeu en un mouvement constant que rien ne semble pouvoir figer ?
Rencontre, ce soir, avec une artiste qui se cache tout autant qu’elle se raconte sur les plateaux de théâtre.
Marilù Marini est aux micros d’une Saison au théâtre et au théâtre du rond point (paris) jusqu'au 21 mai 2017 .
Intervenants
Marilu Marini
Photo Marilù Marini• Crédits : Tristan Jeanne -Valès
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Le spectateur de Belleville
February 19, 2017 3:54 PM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission Une saison au théâtre sur France-Culture
Vincent Dedienne, co-auteur et acteur dans S’il se passe quelque chose (spectacle solo en tournée dans toute la France)
Ecouter l'émission : https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/vincent-dedienne-le-theatre-dans-la-peau
Le hasard est malicieux. Nous recevions il y a peu l’auteur Ahmed Madani et il se trouve que notre invité du soir, popularisé par ses chroniques matinales sur France Inter et par ses interventions à la télévision qui n’a pas laissé échapper son talent de comique, a joué comme comédien dans des pièces de Ahmed Madani.
Vincent Dedienne, jeune trentenaire qui maîtrise comme personne l’art de la pensée qui bifurque et celui de la phrase qui interrompt son cours sans prévenir pour galoper à grandes enjambées dans le sens inverse de celui emprunté au départ, est, qu’on ne s’y trompe pas, avant tout un homme de théâtre formé dans le sérail du subventionné à l'école de la Comédie de Saint-Étienne.
On l’a vu au Trianon, près du métro Pigalle à Paris, dans son spectacle S’il se passe quelque chose . Il est maintenant en tournée, Toulouse, Auch, Millau, Rodez, bien d’autres villes encore l’attendent de pied ferme.
Portrait à la volée d’un acteur pas comme les autres qui s’essaye sur la scène à l’autoportrait avec Vincent Dedienne, aux micros d'une Saison au théâtre.
Le site de Vincent Dedienne. http://www.vincentdedienne.fr/
L'équipe Production Joëlle Gayot Réalisation Vanessa Nadjar Avec la collaboration de Marie Dalquié
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