Ouest France, 28/02/2019 - Canicule, pluies diluviennes, désertification… Salah Lamouchi, céréalier à Mateur, au nord-est de la Tunisie, raconte sa lutte face au dérèglement climatique qui menace l’agriculture de son pays.
« Le changement climatique ? On est en plein dedans ! » Salah Lamouchi lutte pour la survie de son exploitation. 450 ha au nord-est de la Tunisie : blé dur pour la semoule, pois chiche pour le couscous, féverole, colza pour l’huile.
« En 20 ans, la pluviométrie a été divisée par deux. Quand il pleut, ce sont des pluies diluviennes, concentrées sur quelques heures, survenant après des périodes de canicule, où la température frôle les 40 degrés ! Tout est bouleversé. On ne peut plus rien prévoir ! », déplore le céréalier tunisien. Il était alors loin d’imaginer la « situation catastrophique » dans laquelle plonge aujourd’hui l’agriculture de son pays, défigurée par l’érosion. « Il y a d’énormes coulées de boue. La terre, entraînée par les pluies d’orage, se retrouve au fond des barrages. »
Le cultivateur scrute avec anxiété la carte des températures. « Une hausse de 2 °C à l’horizon 2030, mettrait notre exploitation aux portes du désert. Il faudrait remplacer les céréales par des palmiers dattiers ! », s’alarme l’agriculteur.
Loin de se résigner, Salah, président de l’Association pour une agriculture durable (Apad) est convaincu : l’agriculture tunisienne peut s’adapter et résister au changement climatique. À condition, estime-t-il, d’abandonner la charrue, le labour, les sols nus vulnérables à l’érosion, au profit des rotations culturales et des couverts végétaux diversifiés, sources de sols vivants et de fourrages pour les petits ruminants.