Initiatives locales et paroles d'acteurs
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Sud-Gironde, la piste GEIQ

Sud-Gironde, la piste GEIQ | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Le projet CLIQ SG, pour "Comité local insertion qualification Sud Gironde", tient son origine d'une reconversion professionnelle. En 2021, Nicolas Jaudard était alors travailleur social. Il avait choisi de s’orienter vers un master de sociologie en « Intervention et innovation sociale », dans la perspective de développer des initiatives de coopération entre acteurs à l’échelle d’un territoire. « J’ai proposé à quelques structures du Sud-Gironde de travailler éventuellement sur un projet dans le cadre de ce master pendant 2 ans. J’ai tout de suite été contacté par la mission locale de Langon. »

 

A l’époque, la mission locale faisait le constat que beaucoup de jeunes accompagnés vers l'emploi, dans le cadre de dispositifs existants ou de structures d’insertion, n’arrivaient pas jusqu'aux entreprises. Et ce, malgré les besoins. « On m’a proposé d’aller « faire le tour des popotes » et d’établir un diagnostic. On m’a demandé d'étudier un peu plus particulièrement les territoires Zéro chômeurs longue durée, et quelle serait leur pertinence pour le Sud-Gironde. Ou une régie territoriale, qui fait partie des réponses envisageables en milieu rural. Ou encore, un Groupement d'Employeurs pour l'Insertion et la Qualification (GEIQ), sachant qu’il en existait un à la Réole, le GEIQ Val de Garonne, un des plus anciens de France, mais qui a fermé quand son directeur est parti à la retraite. La mission locale travaillait en partenariat avec lui, et sa disparition a laissé un vide. »

 

Pourquoi ce lien avec les entreprises ne se fait pas ? Quel est le chaînon manquant ? Y-a-t-il besoin de valoriser les métiers ? Quelles relations entre, d’un côté, les différents acteurs qui accompagnent les publics, et les entreprises de l’autre ? Malgré la présence de SIAE, des missions locales, Pôle emploi, la rencontre ne se fait pas, ou pas suffisamment. Ce qui aboutit à des jeunes qui vivent des problématiques d'isolement, d’addictions, de manque de mobilité, etc. Alors que des entreprises, à proximité, sont prêtes à les embaucher et à les former. « J’ai passé la première année de mon master à rencontrer l'ensemble des acteurs, les conseillers Pôle emploi et mission locale, les SIAE, le Département, la DEETS, les ESAT, tous ceux qui, de près ou de loin, travaillent sur l'insertion professionnelle. Ainsi que les clubs d'entreprises, afin d’aller chercher le point de vue des entrepreneurs sur ces questions. »

 

Le choix entre trois options

 

Ce travail de prospection a débouché au printemps 2022, sur un rapport évoquant les problématiques du territoire, les secteurs en tension, sur les différents acteurs locaux et leurs relations. Au chapitre des hypothèses, trois options étaient présentées : le territoire zéro chômeurs, la régie territoriale, le groupement d’employeurs. « Les différences portaient sur le fait qu’un territoire zéro chômeurs ou une régie territoriale nécessitent une mobilisation politique extrêmement forte sur le long terme. Après réflexion, la solution la plus pertinente semblait être la constitution d’un nouveau GEIQ notamment parce que c'est un modèle porté par les entreprises. »

 

Le territoire de Sud Gironde est marqué par des freins à l’emploi relativement classiques mais très présents. Santé mobilité, isolement, logement, des publics plus exclus que sur d'autres secteurs. L’offre de formation, pourtant relativement riche pour un milieu rural, ne couvre pas tous les besoins. Beaucoup d'orientations se font par défaut mais ne correspondent pas forcément aux attentes des entreprises locales. De fait, les jeunes sont nombreux à partir faire des études mais ne reviennent pas, ou se détournent des études pour différentes raisons (distance, offre pas adaptée à leur projet, etc.) Côté entreprise, le territoire possède un tissu relativement important de TPE/PME notamment industrielles, avec des besoins assez spécifiques : techniciens de maintenance, soudeurs, chaudronniers, opérateurs de machines à commande numérique, etc.

 

Depuis la disparition du GEIQ Val de Garonne, le paysage des GEIQ a bien changé. En Gironde il en existe désormais une dizaine, et beaucoup souhaitent se développer. Plutôt que d’en créer un nouveau, le Comité Régional des GEIQ de Nouvelle-Aquitaine proposait d’étudier les conditions pour que des groupements existants viennent déployer leur offre de services sur ce territoire. Nicolas Jaudard a été chargé de jouer ce rôle d’émulation entre les acteurs locaux, afin qu’ils se familiarisent avec les GEIQ de Gironde et que, finalement, des relations s’établissent et que les entreprises soient intégrées dans la boucle.

 

Deux groupements ont exprimé leur volonté de s’engager dans une initiative commune en Sud-Gironde, le GEIQ BTP de Libourne et le GEIQ des industries technologiques d'Aquitaine. Ils avaient les entreprises, et l’envie de se développer sur place en lien avec les acteurs locaux.  « Donc on avait cette sorte de conjonction avec un territoire qui a la volonté qu’il se passe quelque chose, et des structures qui se disent intéressées, mais avec toutes les difficultés de pouvoir créer un réseau, de pouvoir le faire vivre, d’être sur place, de matérialiser le projet en quelque sorte… »

 

Développer les relations entre acteurs locaux

 

« Ce qui m'a beaucoup interpellé, ce sont les rapports entretenus par les différents acteurs avec les entreprises. Dans chaque structure, ESAT, SIAE, agence Pôle emploi, mission locale, il y avait une personne dédiée qui démarchait les entreprises, chacune individuellement avec ses moyens. Tous ces acteurs de l'emploi et de l'insertion ont pour mission d'emmener les personnes qu'ils accompagnent vers l'entreprise. Malgré l'engagement de chacun, à l'échelle du territoire, le lien avec le tissu de PME reste embryonnaire. Une raison de plus qui explique que les parcours n'aboutissent pas jusqu'aux entreprises. » Autre ambition, celle de faire venir les entreprises dans les instances des structures d’accompagnement, de créer des événements, de l'animation, de rassembler les gens avec lesquels elles pourraient créer des passerelles. Sans oublier la dimension formation.

 

« Aujourd’hui, les GEIQ sont présents en Sud-Gironde et sont des acteurs complètement intégrés à l'écosystème. Ils apportent ce lien avec les entreprises et vont le faire de plus en plus. Leurs actions sont planifiées toute l'année avec Pôle emploi, avec les missions locales. Ils y tiennent des permanences et se rendent, grâce aux structures partenaires (Espace services jeunesse, MDSI, SIAE, tiers lieu) à la rencontre des demandeurs d'emploi. Là, les Geiq représentent et convient les entreprises à certaines instances, des liens ont été tissés et les choses sont en train de se développer. Concrètement il y a également eu de nouvelles entreprises qui ont adhéré aux différents GEIQ.  

 

Exemple d’action avec un groupe de jeunes en CEJ, qui ont réalisé des films sur les métiers de l’industrie dans les entreprises du Bazadais *. C’était l’occasion pour eux de découvrir ces métiers, et pour la mission locale, le GEIQ Industrie et les autres acteurs, de disposer de supports de présentation sur les métiers d’opérateur sur machine à commande numérique ou de conducteur de ligne de fabrication. Les entreprises s’y retrouvent car ces films, qui seront diffusés pendant la semaine de l’industrie, représentent bien leurs réalités. « Ce genre de projet représente bien les liens qui ont été créés entre le GEIQ, les entreprises, les intervenants locaux et les collectivités, qui ne se parlaient pas nécessairement avant. Ces liens ne vont pas retomber du jour au lendemain, ce sont des personnes qui ont travaillé ensemble sur quelque chose de concret, qui leur plaît à toutes, et tout au long de l'année. »

 

« Je crois que les GEIQ n’avaient pas forcément besoin du Sud-Gironde pour exister. En revanche, pour la mission locale l'agence Pôle emploi, les structures d'insertion par l'activité économique, le Département avec ses bénéficiaires RSA, il était nécessaire de disposer de ce type de dispositif qui ouvre les portes des entreprises aux jeunes, aux personnes en reconversion, à tous ceux qui veulent se former en travaillant. Alors certes, pour l’instant cela ne concerne que les entreprises adhérentes des GEIQ, mais les actions sont accessibles à toutes celles qui veulent s’y associer. »

 

 

*Ces films seront présentés le 24 novembre lors d’un évènement public.

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Etudier près de chez soi, la solution campus connecté

Etudier près de chez soi, la solution campus connecté | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Autrefois, c’était l’ancienne maison du garde champêtre. Après restauration par la mairie de Saint Macaire (Gironde), elle héberge depuis 2 ans le « campus connecté » porté et animé par la mission emploi formation du Pôle Territorial Sud Gironde, un syndicat mixte réunissant plusieurs communautés de communes.

 

Le bâtiment comporte une salle spacieuse avec une grande table de travail, un équipement de visioconférence, une salle informatique, des espaces de travail. « C’est un lieu que nous avons voulu plaisant, accueillant et convivial », décrit Fiona Joseph, coordinatrice-tutrice. « Cette maison a vraiment une âme. Ce n'est pas juste une salle fonctionnelle et un peu impersonnelle. Les étudiants s’y sentent bien, c'est un peu leur deuxième maison. »

 

Les Campus Connectés sont des lieux d'études labellisés à l'échelle nationale par le ministère de l'Enseignement supérieur de la recherche et de l'innovation. La France en compte aujourd’hui 86, dont 9 implantés en Nouvelle-Aquitaine. Ils sont majoritairement portés par des collectivités territoriales, mais peuvent aussi l’être par des structures associatives.

 

Leur rôle est d'accueillir et d'accompagner des étudiants de tous âges, aussi bien des jeunes en formation initiale, des primo étudiants qui viennent d'obtenir le bac, que des actifs en reprise d'études qui entament un nouveau parcours de formation à distance. Ils doivent respecter un cahier des charges, ainsi qu’établir un partenariat avec un établissement universitaire dit de proximité, qui n'est pas nécessairement celui auprès duquel les étudiants suivent leur formation. Pour le Campus Connecté du Sud Gironde, il s’agit de l’université de Bordeaux qui est partenaire de six Campus Connectés de la région.

 

Une autre vie étudiante

 

« Notre campus comporte 15 places, donc on est plutôt sur des micros effectifs. Bien évidemment, il s'agit d'une autre expérience étudiante que celle qu'on peut connaître sur un grand campus universitaire. Au sein d’un de nos groupes, il y a vraiment des profils très variés en âge, en parcours de vie, en formations suivies. Tout au long de l'année il peut y avoir des entrées et des sorties du dispositif, qui se veut très souple. Je pense que c'est ce qui fait son charme auprès des bénéficiaires, à savoir qu’il convient autant aux formations courtes, aux formations longues, qu'à celles qui se déroulent à cheval sur deux années universitaires, etc. »

 

Plusieurs éléments essentiels caractérisent un campus connecté. Il s’agit avant tout d’un site équipé et connecté, ouvert aux étudiants du territoire qui disposent ainsi d’un lieu où se rendre pour progresser dans leur formation à distance. Autre élément important, ils offrent un accompagnement individuel des étudiants, un tutorat qui peut prendre plusieurs formes, du coaching au conseil. Il ne s’agit pas nécessairement d’un accompagnement pédagogique, mais plutôt d'un soutien à l'étudiant et d'un accompagnement dans ses démarches tout au long de sa formation.

 

« La dernière dimension est la dynamique collective qui s’opère au sein des campus, et qui contribue à motiver les étudiants inscrits. On ne leur demande qu’une chose, être présents sur le site 12 heures minimum par semaine. Les étudiants n'arrivent pas toujours à respecter ces conditions, mais c'est l'engagement de départ. C’est nécessaire pour que je puisse faire mon travail de tutrice, que je puisse assurer le suivi individuel et que la notion de dynamique et d'animation collectives du campus prenne tout son sens. »

 

Les animations prennent des formes diverses, sur la base de thématiques. Par exemple, « bien s'informer, bien raisonner, bien parler, dans le monde d'aujourd'hui et de demain ». A cette occasion, des animateurs de Cap Sciences et l’association « les Débatteurs » ont effectué un travail avec les étudiants sur la prise de parole en public, l'éloquence, les présentations orales, etc. Pour sa part, l’association « IMS Project » (Informations pour le Monde Suivant) est venue inciter les étudiants à s’interroger sur la qualité de leurs sources d’informations.

 

Autre exemple avec un projet qui portait sur le thème « cultiver son bien-être ». Dans ce cadre, ont été organisés des ateliers yoga, des séances de basket, une randonnée culturelle pour aller à la découverte de Toulouse-Lautrec, enfant du pays, et une formation aux premiers secours dispensée par l'union départementale des sapeurs-pompiers. Ont également été organisées des visites d'entreprises, des rencontres avec des professionnels, avec le sous-préfet de l'arrondissement de Langon venu présenter l'organisation des compétences sur le territoire.

 

Répondre à un véritable besoin

 

Au regard des deux premières années du campus, il s’avère que la formation à distance répond effectivement à un besoin. « Je pense que beaucoup n'auraient pas envisagé de suivre des études s’ils ne pouvaient pas bénéficier de cette solution à distance. Pour certains, notamment les plus jeunes, les primo étudiants qui viennent d'obtenir le bac, il s'agit souvent d'un choix par défaut. Parfois, ils ne trouvent pas de place en présentiel à l'issue de la campagne Parcoursup. La limite, c’est que la formation à distance est une formule exigeante. Il faut être organisé, autonome, discipliné et régulier. C'est difficile à faire si on est tout seul. Le campus connecté offre justement ce cadre qui aide beaucoup à ne pas décrocher. »

 

Le Pôle Territorial Sud Gironde met à disposition une quinzaine d’ordinateurs portables financés par la Région Nouvelle-Aquitaine. Si la plupart des étudiants sont déjà bien équipés, ils peuvent s’en servir pour des besoins ponctuels, ou faire un emprunt pour la durée de leur formation. Le campus dispose également de moniteurs, de claviers et de souris, si les étudiants veulent se créer un poste de travail un peu plus confortable.

 

« Très tôt il y a eu un dialogue qui s'est mis en place avec les établissements, les lycées du territoire, publics et privés. Ce dialogue perdure. Chaque année, j'interviens dans les lycées pour faire connaître le dispositif. En revanche, nous sommes un peu surpris d’avoir relativement peu de primo étudiants, et plus d'actifs en reprise d'étude que ce à quoi on s'attendait. Ces derniers représentent presque 50% des adhésions. »

 

Pour la suite, le campus connecté aimerait accueillir davantage de personnes en formation professionnelle, pas seulement sur des formations diplômantes, mais aussi des formations certifiantes et professionnalisantes. Il pourrait accueillir des demandeurs d’emploi qui suivent une formation à distance dans le cadre de leur accompagnement par Pôle Emploi. Ce n’est pas le public envisagé au départ, mais qui pourrait être plus nombreux dans les années à venir.

 

En Sud Gironde, le Pôle Territorial envisage de déployer le dispositif. Une nouvelle antenne ouvrira ses portes à La Réole en septembre prochain. A terme, une troisième antenne devrait voir le jour à Bazas. La volonté est de multiplier les lieux pour que les résidents du Sud Gironde puissent avoir accès au dispositif au plus près de chez eux.

 

« Ce qui est formidable avec le campus connecté, c'est qu’il suscite tout un maillage autour de lui, un réseau d'intervenants vers lesquels il est facile de se tourner pour parler mobilité, service civique, travail à temps partiel… Au-delà de la mission d'accompagnement en termes de tutorat, ce qu'on apporte aux étudiants est bien plus large. Nous créons les conditions de mise en relation avec tout un ensemble d'acteurs du territoire, un accompagnement qui va bien plus loin que celui d’un tuteur dans l'enseignement supérieur. »

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CitésLab, soutenir l’envie d’entreprendre en QPV

CitésLab, soutenir l’envie d’entreprendre en QPV | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

BGE Limousin-Poitou-Charentes fait partie d’un réseau national dont l’objet principal est d'accompagner à la création d'entreprise, sans condition de profil, de diplôme ou de revenus. Les porteurs de projets sont accompagnés depuis le stade de l'émergence, leur idée de départ, jusqu'au « post-création », avec éventuellement une intégration de l’accompagnement en couveuse, une solution qui permet de tester son activité en toute sérénité. Pour ce faire, l’association porte plusieurs dispositifs pour un accompagnement à 360 degrés.

 

Parmi eux, CitésLab est un dispositif national déployé dans près de 800 quartiers. A Limoges, il s'adresse spécifiquement aux habitants des 9 quartiers prioritaires de la ville. Soutenu en Nouvelle-Aquitaine par le dispositif "Entreprendre, la Région à vos côtés",l est parti du constat que dans ces zones urbaines, les envies de création existent, mais qu’elles se heurtent à un certain nombre de freins périphériques : difficultés de maîtrise de la langue française, défiance vis-à-vis des démarches administratives, carence en informations sur les démarches… Difficile dans ces conditions d’oser se lancer ou d’assurer la pérennité d’un projet.

 

Pour Aymeric Chassin, chargé  de projet CitésLab, la première étape de la démarche est la phase de détection. Elle consiste à partir à la rencontre des habitants pour leur présenter le dispositif et leur proposer des rendez-vous d'accompagnement. Autant de publics qui ne vont pas naturellement pousser d’eux-mêmes la porte d’un acteur de l’accompagnement. « On leur explique qui on est, on leur pose des questions, pour savoir s’ils ont un jour envisagé d'entreprendre. Parfois je rencontre des personnes qui le veulent, mais qui ne savent pas forcément dans quoi elles souhaitent entreprendre, ni comment. L'idée c'est de leur fournir toutes les ressources et informations nécessaires pour qu’elles puissent avancer sereinement dans leur projet. On parle de projet de vie, pas forcément de création d’entreprise. L’essentiel étant que la personne soit en phase avec le projet qu'elle souhaite mener à l'instant T, que ce soit créer une activité, prendre un emploi, partir en formation… »

 

Le pari de l'entrepreneuriat

 

Cette phase de prospection est complétée par des actions de sensibilisation, des ateliers d’éveil à l'entrepreneuriat où sont abordés les grandes étapes, les freins, les motivations. Et des questions plus transverses sur l’utilisation des outils numériques et des réseaux sociaux. L'accompagnement en tant que tel se fait au long cours. « J’ai la chance de ne pas être astreint à un volume horaire précis. La durée de l’accompagnement, de 5 à 10 heures réparties sur plusieurs mois, dépend de la maturité du projet, de ce qu’on perçoit de la personne, de ce qu’elle veut faire après. Une autre partie de ma mission consiste à orienter les personnes vers les acteurs et financeurs qui pourront l'aider. L’idée, c'est vraiment d'être au centre de l'écosystème, d'avoir une vision globale sur celui-ciet de pouvoir le mettre à disposition du porteur au bénéfice de son projet. »

 

Certains publics vont envisager la création d'entreprise parce qu’ils se trouvent à un moment de leur parcours professionnel où ils manquent de perspectives. C’est dans ces moments qu’un projet de création peut émerger, sans forcément qu’ils aient l'âme d'un entrepreneur. « J’ai un rôle à jouer sur ce qu'on appelle l'amorçage du projet. Mais aussi dans le « désamorçage ». Il faut pouvoir dire à tout porteur de projet que ce qu’il veut faire, compte tenu de sa situation, n'est peut-être pas forcément la meilleure option et que d’autres solutions peuvent être envisagées, comme une entrée en formation, ou le retour à l'emploi. »

 

Il peut aussi exister des inadéquations franches entre le porteur et son projet. Par exemple une personne qui veut ouvrir un restaurant mais n’a jamais cuisiné. « Notre travail, et celui des acteurs de l'accompagnement, c'est de lui faire comprendre, en douceur, qu’il ne suffit pas de voir un chef étoilé à la télévision pour envisager de monter un restaurant. On lui dit que ce serait bien de se former, de passer par une PMSMP. Cuisiner chez soi, c’est différent que de se projeter sur une activité professionnelle qui doit être rentable. »

 

Le cœur de métier de CitésLab est d’expliquer aux porteurs de projets que BGE Limousin Poitou Charentes n’est pas là pour faire à leur place, mais pour faire avec eux.  Le rôle de l’accompagnateur est de les mettre sur les bons rails, leur présenter les démarches à réaliser, identifier leurs besoins. A eux de contacter tous les acteurs autour de leur projet, d’acquérir un début de posture entrepreneuriale, de se poser les bonnes questions, de raisonner pragmatiquement.

 

D'abord répondre aux besoins

 

Beaucoup d’entre eux veulent que les choses aillent vite. Il est parfois difficile de mettre en place une démarche de structuration approfondie avec des personnes qui ont des besoins économiques urgents.  Avec un public aussi volatil, l’accompagnement peut ne peut pas dépasser quelques mois. Dans tous les cas, CitésLab existe pour déclencher une prise de conscience. Son défi principal, comme celui de tous les accompagnants, c’est de répondre de manière complète et efficace aux attentes de ce public, en un laps de temps assez réduit. « Au départ c’est une chose qui m’a un peu désarçonné. Je voyais des gens avec un bon profil, et les accompagnements n’allaient pas au bout. En échangeant avec d’autres intervenants, je découvrais qu’ils ne comprenaient pas forcément que monter un projet demande du temps, alors qu’ils avaient des impératifs immédiats. »

 

« Souvent, nos publics ont du mal à saisir qu’il ne suffit pas d’aller à l’Urssaf et créer une entreprise pour qu’elle génère du chiffre d’affaires. La phase de préparation et de réflexion n’est pas une évidence pour eux, alors qu’ils possèdent le savoir-faire. Ils ont aussi beaucoup d’idées reçues sur la posture, l’image du patron. Ils veulent créer pour ne plus avoir de chef, gagner de l’argent, trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Et ils s’illusionnent parfois sur les aides disponibles. Pour moi, un projet doit pouvoir être créé et se pérenniser sans aide extérieure. S’il est conditionné au fait de recevoir sur des aides, c’est que le modèle économique est à revoir. »

 

En complément, BGE Limousin Poitou Charentes s'est vu confier l'organisation du concours régional « Talents des cités », soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine, initié par le ministère chargé de la Ville et Bpifrance. Ce concours offre un coup de projecteur aux acteurs de l’accompagnement, et valorise le parcours des porteurs de projet et entrepreneurs en QPV. 18 candidats sélectionnéssur 25 dossiers présents en 2022) se présentent dans 2 catégories. « Emergence » pour ceux qui sont dans la phase de création, « Création » pour ceux qui ont lancé leur activité depuis moins de 3 ans. Ces deux catégories englobent une grande diversité d’approches. Le jury nomme également 3 coups de cœur, pour récompenser des projets très qualitatifs qui méritent d’être encouragés. L’intérêt pour les candidats, outre un coup de pouce financier pour les lauréats, est de se faire connaître, de créer un effet d’entrainement et développer leur réseau.

 

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En Mellois, un emploi près de chez soi

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Constatant sur son territoire un gros problème de mobilité des demandeurs d'emploi, l’agence Pôle emploi de Melle (Deux-Sèvres) a décidé de mener une action délocalisée sur 6 territoires du bassin. Aux obstacles à la mobilité s’ajoutent des problèmes de connexion, de zone blanche ou tout simplement de manque de maitrise de l'outil Internet. Difficile dans ces conditions pour les conseillers de suivre un public qu’ils ne voient très rarement en agence pour participer aux ateliers, ou le recevoir pour un entretien puisqu’il n’est le plus souvent joignable que par téléphone.

 

L’IRFREP des Deux-Sèvres a été retenu début 2022 pour intervenir auprès de groupes de 8 à 12 personnes, un par territoire, constitués de demandeurs d’emploi très éloignés du monde du travail sans condition d’âge ou de niveau de formation. « Pôle emploi voulait que l’on travaille avec eux sur leurs compétences et leurs savoir être, » explique Martine Roy, coordinatrice de l’IRFREP 79. « Ensuite que l’on prenne un temps pour faire une analyse du territoire et des entreprises existantes que les personnes ne connaissent pas forcément, même si elles habitent à proximité. La dernière phase de notre accompagnement était de leur faire découvrir les outils numériques, les aider à rechercher plus efficacement de l'emploi sur leur territoire. »

 

Le programme « Un emploi pour moi en Mellois » s’est déroulé de début avril à fin juin. Il comprenait 6 semaines d'accompagnement à raison d’une demi-journée par semaine, matinée ou après-midi. Il se concluait la septième semaine par une journée entière, où était organisé dans un premier temps un mini job dating avec les entreprises du territoire et sur la deuxième partie de la journée, un temps de bilan pour chaque groupe où participait également chaque conseiller référent Pôle emploi territorial. Ces briefings ont également été l’occasion d’exprimer ce qu’ils avaient pensé de l’action. Deux formatrices sont intervenues sur le dispositif, en changeant régulièrement de territoire et de groupe, de manière que les participants ne rentrent pas dans une routine, qu’on leur propose différentes approches et façons de fonctionner.

 

Reprendre confiance

 

« La première demi-journée, on a plutôt senti une réserve chez les demandeurs d'emploi, leur inquiétude étant qu’on leur demande des comptes, qu’ils soient surveillés. D’emblée nous leur avons expliqué qu'on était là pour les aider à reprendre confiance en eux, les motiver, les mobiliser. D’autant que dans ces zones très rurales, ils sont souvent seuls, sans véritablement de lien social. Et ils n’ont pas forcément l'envie d'aller vers les entreprises qui se trouvent sur ces territoires. »

 

Les 2 premières demi-journées étaient consacrées aux positionnements individuels, compétences et savoir être.  En conclusion, chacun élaborait une petite carte de visite à remettre lors du job dating. 2 autres demi-journées portaient sur l'analyse du territoire et des entreprises, et les 2 dernières à travailler sur les services numériques pour la recherche d'emploi. Le contenu proposé était adapté à chaque groupe, pratiquement à chaque session en fonction des demandes des personnes. Parfois, sur un point précis, elles avaient besoin d’un temps d’échange un peu plus long que ce qui était prévu initialement.

 

Les entreprises sont mobilisées par les chargés de relation de Pôle emploi. Elles étaient présentes lors du mini job dating, organisé lors de la dernière journée. Elles ont toutes des offres à proposer aux demandeurs d'emploi qui ne viennent pas avec un leur CV, mais juste avec leur carte de visite élaborée pour l’occasion. Les employeurs sont préparés à les recruter sur la base de leurs compétences, plutôt que par rapport à leur parcours professionnel. Ils sont prêts à les former si besoin est. Toutes les solutions de sortie sont ouvertes, stages, contrats, immersions, formations, etc. A ce stade, Pôle emploi reprend la main sur la suite des parcours.

 

Des solutions de proximité

 

« Un des buts de l’action est d’amener ce public, parfois privé de moyen de locomotion, à aller vers les entreprises qui se trouvent tout près de chez eux. Souvent, ils n’y pensent pas, ou, pour eux, ça n’est pas envisageable de démarcher une entreprise. Grâce à notre accompagnement, ils ne vont plus avoir peur de proposer spontanément leur candidature. Cela dit, sur certains groupes, nous constatons qu’avant de les réinsérer dans l'emploi, il y a toute une démarche d'accompagnement individuel à faire, notamment sur la dimension sociale ou de santé. »

 

« Par ailleurs, c'est très intéressant pour nous d'entrer en contact avec les entreprises de ces territoires, même si nous ne sommes pas amenés à travailler avec elles. Mais ça peut nous aider d'avoir ce répertoire d'employeurs pour nos stagiaires qui doivent trouver des périodes de stage, et qui ne sont pas tous de Niort. Je pense aussi que cette action doit nous amener à réfléchir à délocaliser nos prestations. Si ce dispositif se poursuit, je pense qu’il serait intéressant d’associer les entreprises plus en amont, les faire intervenir lors des demi-journées consacrées à la présentation du territoire. »

 

Autre bénéfice de l’action constaté par les animatrices de l’IRFREP chez les participants, des changements de comportement, une redynamisation, de nouvelles façons d’agir. Et la capacité de mettre en avant les compétences acquises lors de leurs différentes expériences professionnelles, mais également dans leurs activités extra professionnelles. Alors que pour beaucoup d’entre eux, la notion de compétences ne s’appliquait qu’au milieu professionnel.

 

Le dispositif devrait être reconduit dès la rentrée de septembre. Le format des 7 semaines, par demi-journée, semble adapté à un public qui ne travaille plus depuis des années, ne se lève plus tôt le matin et qui doit à nouveau s’habituer à gérer des contraintes d’emploi du temps.

 

 « Dans le cadre de ces groupes, je pense que les demandeurs d'emploi ont été capables de nous dire ce qu'ils ne voulaient plus faire, ce qui leur est plus difficile quand ils parlent à leur conseiller. C'est venu naturellement dans les échanges. Le fait que nous soyons quelqu'un d'extérieur et que nous leur disions bien qu'on n'avait pas d'a priori et qu’on ne les jugeait pas, a rendu le dialogue plus facile. Sur chaque groupe, il y a eu une très bonne dynamique. Ma seule crainte c'est qu’elle retombe rapidement avant qu’elle se concrétise par du concret. Je ne sais pas encore par quel moyen la faire durer. »

 

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Du volant au domicile

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Les secteurs du transport de voyageurs et de l’aide à la personne cherchent désespérément des salariés. A première vue, c’est leur unique point commun. Mais en Haute-Vienne, ils se retrouvent sur un projet qui s’appelle Bi-Emploi*. « Voilà des années que l’on essaie de marier des entreprises de transport de voyageurs avec des structures en difficulté, » constate Annick Fougeras, délégation régionale Limousin de l’AFT. « Nous avions déjà évoqué le secteur de l’agriculture, mais c’était compliqué, du fait que les agriculteurs, surtout les éleveurs, ne pouvaient pas se libérer le matin et le soir. Pourtant nous avons constaté que certains transporteurs en comptaient déjà dans leurs effectifs en double emploi. »

 

Principe du projet Bi-Emploi, former des salariés à la conduite d’autocars pour le ramassage scolaire d’un côté et au métier d’auxiliaire de vie sociale de l’autre. A terme, ils occupent à la fois un emploi de chauffeur et un poste d’aide à domicile. Une expérimentation déjà tentée ailleurs en France, notamment en Bretagne avec la FNTV. A Limoges, afin de s’assurer de la viabilité d’un tel projet, l’AFT et le chargé de mission la DREETS ont organisé début 2021 de nombreuses réunions afin d’en expliquer les contours aux prescripteurs, aux structures d’insertion, aux entreprises, afin de savoir celles qui seraient intéressées par le dispositif.

 

Une organisation particulière

 

Le rapprochement n’a pour autant rien d’évident puisque traditionnellement, le transport de voyageurs et l’aide à domicile sont des métiers qui s’exercent surtout le matin et le soir. « Tout le travail en amont a été d’expliquer aux structures d’aide à la personne que si elles étaient intéressées par le projet, elles devaient savoir que, de 7 à 9 h et de 16h à 18h, elles ne pourraient pas disposer de leurs salariés. Et donc, qu’il fallait qu’elles organisent un planning avec une prise de poste vers 9h 30 qui se termine vers 15h30. »

 

« Ici on parle de métiers un peu différents de ce qu’on entend habituellement par aide à la personne. On est plutôt sur des prestations de confort, du ménage, éventuellement de l‘aide au déjeuner. Ça, c’est pour la période où il y a du transport scolaire, environ 8 mois par an. Pendant les périodes de vacances scolaires, les salariés de Bi-Emploi seront disponibles à temps plein pour l’aide à la personne. »

 

Qui dit deux contrats de travail, dit respect de deux conventions collectives avec leurs propres règles. Ainsi, un salarié du transport n’a pas le droit de travailler le week-end. Ce qui veut dire que les personnes qui s’inscrivent dans le dispositif ne travaillent jamais les samedis et dimanches pendant les périodes scolaires. Et que le travail d’aide à la personne ne peut jamais commencer avant la prise de poste en transport le matin, ni après la fin du service de ramassage. Pour que les règles soient claires, une charte d’engagement a été signée par tous les employeurs et validée par la DREETS.

 

De fait, tout le travail d’organisation repose sur les structures d’aide à la personne. Pendant les périodes scolaires, les salariés passent quotidiennement environ 3 heures au volant de leur véhicule et 3h en tant qu’aide à la personne. Le reste de l’année, ils travaillent à temps plein comme aide à la personne. Les salaires sont lissés sur l’année. « Ce n’est pas simple d’expliquer le principe, mais nous avons montré comment cela pouvait fonctionner sur une année. Les professionnels ont dû se pencher sur ces problèmes, qui sont différents selon les structures, certaines faisant plus d’activités de confort que d’autres. Nous avons aussi intégré une contrainte géographique, un temps maximum de déplacement entre les deux postes de travail. »

 

La question des publics concernés par le dispositif s’est très vite posée. L’idée étant de trouver des personnes non formées, qui recherchent un travail à temps plein. Seuls prérequis, avoir 21 ans, être titulaire du permis de conduire et être apte aux métiers. « Je savais que le sourcing allait être un problème majeur. Et la question du financement. Parce que qui dit double formation, dit coûts importants. C’est l’AFTRAL a répondu à l’appel à projets en partenariat avec le GRETA, l’AFT n’étant pas un organisme de formation »

 

La difficile recherche de candidats

 

Le public visé est un peu particulier, des personnes en recherche d’emploi qui ont très souvent des problématiques associées, de santé ou d’inaptitudes incompatibles avec l’aide à la personne. En l’absence de pass sanitaire, certains profils adaptés ont renoncé. D’autres étaient volontaires, mais connaissaient des problèmes annexes de garde d’enfant, de mobilité, des petits moyens qui les empêchent de venir se former à Limoges. 

 

Des informations collectives sur les territoires ont été organisées, avec la participation des entreprises, au moins un professionnel du transport ou un représentant des services à la personne, et au moins un des deux organismes de formation. « Ce qui a manqué, ce sont les candidats. Ceux que nous avions vus en juin sont partis sur autre chose. Il nous a fallu remobiliser début septembre pour organiser de nouvelles informations collectives, communiquer par les réseaux sociaux. En tout, nous avons eu environ 80 candidats renseignés, rencontrés de diverses façons.

 

En pratique, les stagiaires commencent par le TP conducteur transport voyageurs qui se terminera en février 2022, avant d’intégrer le titre ADVF au Greta de Limoges, qui se terminera en juin. Une durée de 8 mois à l’issue desquels les stagiaires seront titulaires des deux diplômes. Quand ils débutent leur formation, ils connaissent déjà leur employeur, chez qui ils ont fait des stages d’immersion. « L’idée générale est que ces personnes aient des solutions pour l’emploi et que les employeurs trouvent des gens motivés. Le binôme employeur dépend de la localisation géographique des apprenants. Et il y a des périodes en entreprise pendant la formation aide à la personne, cela fait partie du cursus. »

 

Les binômes employeurs ont beaucoup échangé. Ils ont aussi dû s’adapter aux candidats, à leur lieu de vie, ce qui est plus facile en général pour les transporteurs qui ont souvent des postes à pourvoir en proximité, mais n’est pas toujours le cas des structures d’aide à la personne.

 

La formation arrivera à son terme en juin 2022. Compte tenu de l’intérêt qu’elle suscite un peu partout en France, en tant que solution pour des personnes éloignées de l’emploi, elle pourrait connaître une suite. « Si elle doit être renouvelée ici, il faudra davantage anticiper la partie sourcing. Le travail en amont avec les entreprises a été le plus long, la charte d’engagement est très précise, ça ne poserait pas de problème pour le dupliquer. Pas plus que de construire des binômes employeurs, il suffit qu’ils se parlent sur un territoire. Le financement des formations peut s’articuler de différentes façons. Trouver des candidats est la partie la plus dure, nous avons assez peu de prise sur ce problème. »

 

 

*Bi-Emploi est un dispositif financé par l’Etat dans le cadre d’une ADECT (Action de Développement des Emplois et des Compétences Territoriale), le FSE et la Région Nouvelle-Aquitaine.

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Emploi formation, une dynamique locale en Val de Garonne

Emploi formation, une dynamique locale en Val de Garonne | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Le Val de Garonne (Marmande / Tonneins) possède une certaine richesse en matière d’emploi industriel, de l’ordre de 18% (pour une moyenne de 13% en France), avec quelques sociétés de taille importante, notamment dans le secteur de l’aéronautique (Asquini Nexteam, Lisi Aerospace). Mais il a également des publics salariés peu qualifiés en grande proportion (23% pour une moyenne nationale autour de 17%).

 

En 2017, suite à de nombreux retours d'entreprises qui connaissaient des difficultés de recrutement, Val de Garonne Agglomération s’est engagée dans une démarche de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences Territoriale (GPECT) mettant l'accent sur les métiers de l'industrie. Selon René Zaros, vice-président chargé du développement économique, « Nous avons toujours tendance à dissocier économie locale et emploi de la formation professionnelle, alors que cette dernière est un outil important à leur service. Nous les élus, nous devons nous saisir de cette problématique quand bien même cela est un travail de longue haleine. »

 

Le diagnostic, mené en 2018, a montré que les entreprises ne connaissaient pas suffisamment bien les outils de formation implantés sur leur territoire et que ces derniers n'étaient pas adaptés à 100 pour 100 à la demande locale. A la même époque, la Région Nouvelle-Aquitaine a proposé de mettre en place sur les territoires voisins de Marmande et de Langon, une expérimentation baptisée « Recruter », ciblée sur les métiers de la transformation des métaux et de la mécanique industrielle. « La proposition de la Région répondait tout à fait à la problématique de notre territoire, » commente Emilie Denaules-Malbec, chargée de mission.  « Nous avons bâti un plan sur 5 axes, avec des actions autour de la communication, de l'orientation, la mise en place d'un réseau partenarial ainsi qu’un travail autour des ressources humaines. »

 

L’expérimentation « Recruter » a été lancée en février 2019, et ses premières actions en mai de la même année. Par exemple, un travail sur des offres d'emploi vidéo a été réalisé afin d’essayer de changer le regard sur certains métiers et d'attirer de nouveaux candidats. En septembre, a été organisée une semaine de l'industrie avec notamment des visites d'entreprises et une exposition sur l'industrie locale en partenariat avec Pôle emploi.

 

Dynamiser les partenariats

 

« Notre GPECT et l'expérimentation « Recruter » avaient le même objectif. C'est pour cela que nos deux démarches se sont imbriquées naturellement. D’autant que le collectif d'acteurs était déjà constitué. « Recruter » est venue en complément et a permis une structuration de notre GPECT. Ce lien entre Langon et Marmande a permis de créer de nouvelles dynamiques. La véritable force de la démarche réside dans le travail partenarial : lorsque nous avons des contacts avec des recruteurs, ce sont nos partenaires, notamment Pôle emploi, Cap emploi et la mission locale qui mobilisent les publics en adéquation avec leurs besoins. »

 

Pour René Zaros, « en matière d'emploi il faut avoir la sagesse de faire la politique des petits pas. Nous avons entre 500 et 750 offres permanentes à pourvoir sur le territoire. C’est difficile de mettre en adéquation ces emplois et les personnes en situation de chômage. » Pour créer la rencontre entre employeurs et demandeurs d’emploi, des cafés de l'emploi thématiques sont organisés régulièrement, ainsi que des « job dating inversés » au sortir des formations, pour que les chefs d'entreprises viennent rencontrer les diplômés avant qu'ils ne rentrent sur le marché du travail. « Avec des groupes de 10 à 15 personnes, nous avons parfois plus d'entreprises que de jeunes. Ça fonctionne bien, mais par petites touches. »

 

Dans le domaine de la formation, Val de Garonne Agglomération travaille avec la ville de Marmande à la création, sur une friche industrielle, d’un campus des formations industrielles. Il fait lui-même partie d’une réflexion globale autour de la création d'une « halle technologique » qui s’intègre dans l’expérimentation « Recruter ». L'idée est de mettre en réseau les organismes de formation des deux territoires (Val de Garonne et Sud Gironde), en dépassant les frontières administratives, afin de créer entre eux une complémentarité et un lien, ainsi que doter les plateaux techniques d'équipements supplémentaires. Ce campus propose d’ores et déjà des formations en soudure et chaudronnerie, d’autres sont en cours de construction telle que la maintenance industrielle. 

 

« Quelques entreprises nous disent qu'elles n'ont plus qu'une personne capable de faire tourner certaines machines. C'est une des raisons qui expliquent la mise en place des formations en soudure et chaudronnerie. La maintenance industrielle devrait venir aussi bientôt. Sur ces métiers, nous avons de la main-d'œuvre qualifiée qui arrive, mais il y a des problématiques qui reviennent régulièrement sur d'autres métiers comme chauffeur routier, plombier, maçon, charpentier. Progressivement, nous allons étendre notre champ d'intervention à d'autres secteurs d'activité, cela va aussi certainement s'imposer. »

 

Le levier de la connaissance des métiers 

 

« Sur la jeunesse, nous essayons aussi d'être performants », ajoute René Zaros. « Ça me tient à cœur parce qu'il faut aller chercher les jeunes là où ils sont, c'est-à-dire dans les écoles et au moment de leurs intentions d’orientation en 4e et 3e. Je crois que nous nous devons d'aller chercher cette population pour l’informer sur les métiers et la former. Si les entreprises veulent pérenniser leur activité, il faut qu'elles aient cette volonté de former. »

 

« Recruter » a duré une année. La démarche menée en Val de Garonne s’est poursuivie et a été renforcée par l’attribution du label « Territoire d'industrie ». L’année 2020 a été perturbée, avec elle les animations de découverte des métiers avec les collèges. Néanmoins, quelques intervenants ont tout de même pu se déplacer. Les actions en matière d’emploi, les cafés et les job dating inversés ont pu se tenir, mais aucun évènement au-delà d’une quarantaine de personnes n’a été organisé. Pour l’instant, le salon bisannuel de l’emploi est maintenu.

 

Parmi les points positifs, les rencontres informelles entre organismes de formation et entreprises. Pour René Zaros, « avec « Recruter », ce qui a été bénéfique aussi, c’est le retour en termes de confiance des entreprises vis-à-vis des acteurs institutionnels. Ces relations se poursuivent, et lorsqu’on les sollicite, elles répondent présentes et viennent à nos animations. »

 

« La dynamique emploi s’est étoffée », ajoute Emilie Denaules-Malbec. « Nous accompagnons les entreprises qui veulent recruter, nous n’avions pas prévu ce type d’actions au départ. Sur le moyen terme, c’est toute la partie formation qu’il nous faut travailler. Dans ce domaine la réactivité est moins grande. Mais c’est important pour notre territoire que les organismes de formation répondent au mieux aux besoins des entreprises. Le travail sur l’orientation et découverte des métiers est une action à long terme mais tout aussi importante afin de pouvoir satisfaire durablement les besoins des entreprises. »

 

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L’inclusion numérique selon « Lo Solan »

L’inclusion numérique selon « Lo Solan » | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

À Mourenx, le centre social « Lo Solan » fait figure de précurseur. Créé il y a 60 ans, Il a été le premier dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Il est également organisme de formation depuis 1989, service créé à la demande des habitants du bassin de Lacq. Un territoire très marqué par l’exploitation du fameux gisement de gaz, activité qui a attiré beaucoup de populations venues du Maghreb, du Portugal et d’Espagne, impliquant un gros besoin d’apprentissage du français. C’est pourquoi « Lo Solan » propose depuis de longues années des modules de formation de base à destination des publics Français Langue Etrangère ou en situation d’illettrisme.

 

Aujourd’hui labellisé « Maison France Services », après avoir été Maison de Services au Public (MSAP), le centre social a constaté dès 2018 un afflux important de personnes pour des démarches d’accès aux droits (CAF, Pôle emploi, CPAM…). Beaucoup sont en grande difficulté face aux outils numériques, comme l’a constaté Samuel Schiro, Directeur général du centre social. « Nous avons clairement repéré des besoins, des vraies difficultés du public pour se connecter, allumer un ordinateur, manipuler l’environnement numérique. Des seniors, mais aussi des jeunes pas du tout à l’aise avec l’outil. On connaissait déjà très bien l’illettrisme, nous avons pris la mesure de l’illectronisme qui est comme une sorte de révélateur. »

 

L'accès aux droits partout

 

La culture « Lo Solan » est de permettre à chacun, quel que soit son lieu de domicile, d’accéder aux services de droit commun. C’est dans le même esprit qu’a été mis en place fin 2020 le projet « #inclusion numérique mobilisation et programme Lo Solan », financé dans le cadre de l’appel à projet régional « illettrisme et illectronisme ». « Nous avons établi le principe d’un accompagnement social personnalisé qui vise à rendre les personnes autonomes face à la dématérialisation des services publics. Nous sommes formés au Développement du Pouvoir d’Agir (DPA) qui consiste à soutenir l'émancipation et accompagner les personnes pour qu’elles puissent agir sur leur propre patrimoine. »

 

La première étape du projet était de créer une dynamique territoriale, en mettant en place un comité de pilotage réunissant tous les acteurs de l’insertion. Le but étant de mieux détecter, capter et accompagner les publics en situation d’illettrisme et d’illectronisme, les fameux « publics invisibles ». Autre volonté, celle de former tous les acteurs de l’insertion, de l’emploi et de l’accompagnement socio professionnel.

 

« Nous avons délivré des actions de formation sur deux modules : des journées de sensibilisation à l’illettrisme et au repérage des publics, avec une intervenante du CLAP CRI Nouvelle-Aquitaine » explique Agnès Guignette, chargée de développement. « Dans l’accompagnement, c’est important d’avoir quelques connaissances sur le sujet. Nous avons mis en place des demi-journées de travail en commun sur des outils adaptés au repérage des situations : les éléments à prendre en compte, les questions à poser… »

 

Le projet « inclusion numérique » comprend également une démarche de veille sociale territoriale. À cet effet, le centre social dispose d’un bus numérique équipé qui lui permet de sortir de Mourenx, de se projeter dans les zones rurales, et d’aller directement au contact des publics invisibles en assurant des permanences. Ainsi toute la population se voit proposer une offre de services complète : gardes, santé alimentaire, hygiène, accompagnement socio professionnel.

 

Développer la culture numérique

 

Lorsqu’une personne sollicite le centre social, elle est reçue par l'équipe de bénévoles de salarié(e)s qui essaient de déterminer les difficultés qu’elle rencontre, avant de l’orienter vers un formateur numérique, ou un atelier « première marche ». « Nous faisions déjà un peu de formation en numérique, des petits ateliers d’initiation en bureautique. Avec les personnes en difficulté avec la langue, c’est valorisant et plus facile. Grâce au projet, nous avons pu embaucher un nouveau formateur en culture numérique, augmenter le nombre des ateliers qui sont désormais ouverts à toutes les classes d’âge, pas seulement les seniors. »

 

Le but est aussi de répondre aux besoins des partenaires de longue date : le PLIE, l’association Transition, le Service Départemental des Solidarités et de l'Insertion (SDSEI), Pôle emploi, la mission locale TM2O, les SIAE... Ils savent qu’ils peuvent trouver des ressources chez « Lo Solan », solliciter les animateurs numériques qui interviennent sur l’Habilitation de Service Public (HSP) « Socle de compétences », la formation des seniors, les ateliers numériques, ou encore envoyer leurs publics vers la Maison France Services en cas de besoin. Parmi les résultats attendus, les journées de sensibilisation et les demi-journées de création d’outils devraient augmenter le nombre de prescriptions de l’HSP, pour laquelle le Centre Social est cotraitant avec l’AFEPT de Pau (Association pour la Formation et l’Éducation Permanente à Tivoli).

 

Les principales plus-values du projet résident dans l’animation et coordination du réseau des acteurs et la montée en compétences des professionnels. Le fait de se former ensemble, élaborer des outils partagés, de se fédérer autour d’une même cause malgré les différences de missions des uns et des autres, favorise l’interconnaissance et renforce le réseau. Les questions d’illettrisme et d’illectronisme sont transversales, et même si tous les acteurs du territoire ne sont pas mobilisés au même titre, un tel projet commun permet de créer une véritable synergie entre eux.

 

« Lo Solan » tire le bénéfice de son ancienneté et de son ancrage territorial. Il est connu et identifié depuis longtemps et a progressivement gagné en légitimité par rapport à tous les dispositifs accompagnés tout au long de son histoire.

 

« Le projet « inclusion numérique » s’inscrit dans cette dynamique très ancienne. Nous avons été positivement surpris par l’engouement de tous les partenaires. On ne s’attendait pas à ce qu’ils soient aussi intéressés par le sujet. Non seulement ils participent, ils nous sollicitent, mais ils nous envoient aussi d’autres partenaires avec lesquels nous n’avions pas l’habitude de travailler. L’intérêt porté à ce projet est une grande satisfaction pour nous. »

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Gaïa, lutter contre le chômage en zone rurale

Gaïa, lutter contre le chômage en zone rurale | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Frédéric Bertrand est directeur d’Amnyos Sud-Ouest. Le groupe est à l’origine du projet Gaïa qui a pour objet de maximiser l’impact social de la commande publique et de renforcer l’offre d’accompagnement local des demandeurs d’emploi.

 

Quelle est l’origine de Gaïa ?

 

Nous avons assuré la conception du projet Gaïa. Nous sommes ensuite allés chercher des partenaires qui pouvaient être intéressés, à commencer par la fédération Soliha, un bailleur social qui œuvre pour l’amélioration de l’habitat et à un projet social affirmé. Elle est aujourd’hui pilote du projet. Nous avons testé notre projet auprès de l’association des maires ruraux (AMRF) qui est depuis partie prenante de Gaïa. Nous avons complété ce trinôme de départ, en sollicitant d’autres expertises sur l’achat public (3AR, Patrick Loquet) autour de l’action sociale, de la mobilité, de l’insertion par ailleurs INAE, tête de réseau des structures d’insertion par l’activité économique et la CRESS nous ont rejoint. D’où la création d’un consortium qui a déposé un dossier pour l’appel à projets « 100% inclusion ». Amnyos a joué le rôle d’ensemblier pour rassembler toutes les compétences nécessaires.

 

Gaïa concerne les territoires ruraux, quelle est sa problématique de départ ?

 

Sur les territoires ruraux, il y a moins d’occasions d’emplois que dans les centres urbains. Nous avons décidé de travailler avec le levier de la commande publique, dont on sait depuis longtemps qu’il génère de l’activité et de l’emploi, mais qui est assez peu mobilisé par les collectivités. Nous leur proposons de les appuyer quand elles font de l’achat public, pour que cela profite à la fois aux territoires, aux entreprises et aux publics.

 

Un marché public peut ouvrir des perspectives d’activité, créer un horizon pour les personnes éloignées de l’emploi, la possibilité de se former à un métier. Encore faut-il les accompagner. Là encore, l’offre dans les territoires ruraux est moins dense qu’ailleurs. Nous avons créé une plateforme web destinée aux publics, sur laquelle on retrouvera des offreurs de service qui ne sont pas forcément présents sur ces territoires, comme l’ADIE (accès aux microcrédits), Wimoov (plateforme mobilité, et des expertises en termes d’accompagnement social. Le but est de présenter une offre « par défaut » qui privilégie les offres de structures associatives locales. Nous avions initialement imaginé d’installer des bornes dans des lieux d’accueil du public, mais avons basculé sur une plateforme web pour lever les freins à la mobilité intraterritoriale.

 

Comment avez-vous choisi les territoires d’intervention ?

 

Nous avons commencé par cibler la cinquantaine de territoires qui avaient déjà signé des contrats de dynamisation auprès de la Région. Et nous avons travaillé avec l’Association des Maires Ruraux de France pour recueillir leur opinion sur notre approche et ne pas risquer de définir des projets hors-sols.

 

Nous voulions intervenir au plus près du terrain, mais nos moyens ne nous permettent pas de descendre jusqu’au niveau de la commune. Nous avons finalement opté pour l’échelle de la communauté de communes avec un minimum de 10 000 habitants. Le caractère rural dépend des caractéristiques du territoire et de critères de densité. Autre condition, il faut des élus volontaires, prêts à travailler avec nous sur la commande publique. Il faut également que l’écosystème offre un minimum de clés d’entrée aux structures de l’insertion par l’activité économique qui sont associées au projet.

 

En 2021, nous avons lancé plusieurs appels à manifestation d’intérêt. Pour l’instant nous avons recueilli 5 réponses en Gironde, Dordogne, Vienne, Deux-Sèvres. D’autres sont en cours de préparation. Chaque territoire a des attentes différentes, et voudrait mener diverses expérimentations autour des clauses ou de l’économie sociale et solidaire.  

 

Comment abordez-vous les territoires qui ont répondu ?

 

Nous commençons par des réunions techniques pour leur présenter Gaïa et les aider à définir leurs priorités. Un élu de référence y participe. C’est important pour nous parce qu’il va porter le projet avant qu’il soit présenté en conseil communautaire. Notre doctrine c’est que la commande publique peut être un outil de politique publique, pas seulement un passage obligé entre les mains de techniciens et de juristes. C’est l’occasion pour les élus de s’en saisir.

 

Lors de la première réunion, nous lançons un sondage sur les besoins, les anticipations en matière d’activité, les marchés à venir. Ces informations nous permettent d’aller ensuite vers ceux qui peuvent offrir des solutions, notamment les acteurs du service public de l’emploi. Pour établir la feuille de route avec les décideurs, il faut compter un délai de 2 à 3 mois. Les élus ne sont pas tous sensibles à la totalité de l’offre de Gaïa. Ses grandes lignes sont les mêmes partout, mais ses déclinaisons sont très diverses en fonction des volontés et priorités locales.

 

Qu’apportez-vous aux acteurs locaux ?

 

Nous cherchons à être innovants dans les façons de faire. Par exemple pour clauser les marchés. Typiquement le principe, c’est de demander à l’entreprise d’utiliser une part de la masse salariale qu’elle consacre au marché pour employer des publics éloignés de l’emploi. C’est la raison pour laquelle les petits marchés sur les territoires ruraux ne comportent pas de clauses. Nous abordons les choses différemment, en proposant des clauses qui ont du sens et qui ne demandent pas de contreparties en heures. C’est notre apport net.

 

Nous avons un peu évolué depuis le début, en partant des marchés pour ouvrir les portes des entreprises, c’est typiquement le schéma des clauses sociales. Mais nous travaillons aussi à ouvrir les portes en dehors des marchés, notamment aux structures de l’ESS. La Chambre Régionale de l'économie sociale et solidaire et Inaé sont présentes dans notre tour de table, pour faire le sourcing en amont.

 

En matière d’accompagnement, on s’appuie sur ceux dont c’est le métier, qui le font bien. Notre valeur ajoutée c’est de faire discuter tout le monde, ouvrir des perspectives, donner les moyens de travailler à 360° sur différentes problématiques.

 

Quelles sont les perspectives pour Gaïa ?

 

Nous nous sommes engagés sur un nombre de parcours sur 3 ans, soit 600 personnes. A plus long terme, notre pari est de modifier un peu les pratiques des élus, qui comprennent qu’utiliser à plein la commande publique ça a du sens, que ça n’est pas si compliqué. On leur laisse les outils pour le faire, par exemple des clauses types qu’ils n‘ont plus qu’à intégrer à leurs marchés. Nous espérons aussi installer quelques habitudes de travail entre les partenaires, qui pourront continuer sans nous.

 

 

Ndlr.

Cet article a été publié sur la plateforme collaborative nommée " La Place".  Elle constitue un espace d'informations, d'animations et de partages dédié aux acteurs du PIC pour les aider à mener à bien leur projet et à faire connaitre leurs caractères innovants dans nos territoires de Nouvelle-Aquitaine et au-delà.

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Avec la MONA, ouvrir les offices de tourisme à l’amélioration des conditions de travail

Avec la MONA, ouvrir les offices de tourisme à l’amélioration des conditions de travail | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Le secteur des offices de tourisme est pour l’essentiel composé de techniciens en charge de projets et stratégies touristiques. Mais les « managers » qui s’occupent des organisations, de la gestion et de la cohésion des équipes, y sont peu nombreux. Sur 150 structures de 1 à 75 salariés qui font partie du réseau de la Mission des Offices de Tourisme Nouvelle-Aquitaine (MONA), on compte 5 « vrais » DRH. Ce qui laisse penser que la profession ne s’est pas vraiment emparée des enjeux de politique sociale. De plus, il n’existe pas de formation initiale pour être manager d’office de tourisme.

 

Les offices de tourisme se trouvent dans une situation un peu délicate, une sorte « d’entre deux de territoire », avec d’un côté les élus, de l’autre les clients. Ils ont à la fois une mission de service public, des problématiques d’entreprise et le besoin de dégager des résultats financiers. Le réseau est également très hétérogène par nature : statuts différents (associations, SCIC, GIE…), diversité d’activités, fonctionnement qui dépend, dans des proportions variées, de subventions ou de leur capacité d’autofinancement.

 

Florent Guitard, Chargé de projets à la MONA relève qu’« il n’y a pas eu une vraie demande du réseau pour aller sur ces questions. Pourtant quand on travaille en contact avec les offices, la dimension humaine revient beaucoup. Notre programme comporte depuis des années des petites formations sur le management, ou le développement personnel. Nous avons pensé que ce serait à nous de proposer un parcours sur les améliorations des conditions de travail et sur la santé. Avec notre stratégie, pour que les choses se transforment de manière douce et comprise par tous. Entre notre programme de formation, nos expertises avec les structures, nos DRH, nos managers, il manquait le liant des conditions de travail pour que tout fonctionne. »

 

Une "pause inspirante"

 

Le projet Entract est issu de cette réflexion. Présenté comme « une pause inspirante », son postulat est de prendre le temps d’analyser ce qui se passe dans les organisations, d’appréhender la posture du manager. Et de prendre le temps de comprendre comment les changements de métiers, les compétences nouvelles, les formations complémentaires, peuvent être présentés non comme des injonctions aux salariés mais comme des projets auxquels ils peuvent participer. La MONA a sollicité plusieurs structures pour leur proposer de participer à une expérimentation, sans présenter leur démarche comme une offre de formation. « Lors du premier rendez-vous, nous avons abordé des questions que nous n’avions pas forcément l’habitude de poser, comme la politique de recrutement et de rémunération, la prise de décisions. »

 

Entract, c’est en fait deux projets : l’Entract des améliorations des conditions de travail des offices de tourisme (9 participants). Et sa déclinaison locale « qualité de vie au travail territoriale » (QVTT), baptisée Limoges’act, avec 8 entreprises emblématiques de Limoges, hors secteur touristique (culture, industrie, loisirs, digital). Les deux parcours ont été construits et expérimentés en 2020 avec la même intention, les mêmes formats, le même déroulement pédagogique élaboré en partenariat avec l’Association Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ARACT).

 

2020 a donc été une année d’expérimentation, avec le soutien financier du Fonds Régional pour l'Innovation dans la Formation, dont l’objectif était de donner les moyens aux managers de bien comprendre tous les champs de l’amélioration des conditions de travail, que ce soit l’épanouissement personnel, la santé, les risques psychosociaux. « On peut élaborer des parcours, imaginer l’office de demain, faire monter les personnes en compétences sur la stratégie clientèle, le marketing, la coordination des acteurs locaux. L’Entract, c’est le paquet complet pour permettre que les conditions de formation fonctionnent. C’est pour ça que nous parlons de « pause inspirante » pour les managers en transformation. »

 

Etablir un plan d'action

 

Après une phase d’auto-diagnostic dans les structures, les « Entractés », ont suivi un programme composé de 8 rendez-vous en présentiel, en distanciel et en coaching individuel. La première étape a consisté à leur expliquer les intentions du programme de manière collective, puis à leur faire analyser leur situation. Les séances, incluant parfois de la « ludo pédagogie » leur proposaient de matérialiser leurs problématiques, leur montrer jusqu’où ils pouvaient aller, trouver des idées, avoir un plan d’action. Beaucoup de sujets ont été abordés, comme l’engagement de la structure et des salariés, l’organisation interne, les conventionnements avec un territoire, etc. Le séminaire de clôture de deux jours visait deux objectifs : tirer un bilan individuel et collectif, une auto-évaluation de l’expérimentation. Et une projection sur l’avenir, un travail en intelligence collective sur la façon dont les « Entractés » envisageaient de continuer à évoluer.

 

« Nous avons également organisé, notamment en raison de la crise sanitaire, des causeries mensuelles, les séances de « confiancement » (entre confinement et confiance). Nous avons vraiment identifié la solitude du manager. On lui a fourni des outils, des méthodes, des sujets comme « organiser la reprise ». Nous avons constaté que toutes les structures qui ont réfléchi sur les conditions de travail ont mieux vécu cette période que les autres. »

 

Au chapitre des effets signalés, une amélioration du dialogue social, par exemple l’instauration de temps inscrits dans la vie d’équipe, d’un espace de discussion. Certaines structures ont formalisé leurs valeurs d’entreprise ou construit des accords. Il a été question de sentiment d’appartenance et culture d’entreprise. Certains ont repensé leurs espaces d’accueil pour qu’ils soient utilisés autant par leurs équipes que par les personnes accueillies. « Nous avons également vu une décharge de responsabilité des managers, pour créer les conditions d’émergence des solutions au sein de l’équipe. Une gestion des talents qui s’appuie sur autre chose que la fiche de poste. »

 

Pour 2021, une nouvelle promotion a été recrutée par cooptation par les premiers « Entractés », qui suivra un programme similaire, un peu ajusté afin de tenir compte des enseignements de 2020. « Nous continuerons à accompagner la première promotion en intra sur leurs projets de structure, en gardant la qualité de vie au travail comme fil rouge. Nous ne sommes pas les sachants, nous les accompagnons pour élaborer les parcours. En essayant de mesurer ce qui a vraiment changé dans les structures. Décréter la qualité de vie au travail n’est pas possible, il faut des preuves que la problématique ait été bien prise en compte. »

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La Fabricothèque, la boîte à outils rochelaise pour la création d’entreprise

La Fabricothèque, la boîte à outils rochelaise pour la création d’entreprise | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Depuis 2016, elle s’appelait « La Fabrique à Entreprendre La Rochelle ». Depuis le début de l’année 2023, elle est devenue « La Fabricothèque », tout en conservant les mêmes attributions. Portée par la Mission Locale La Rochelle Ré Pays d’Aunis, elle s’adresse à tous les publics en lien avec la création et la reprise d’entreprise.

 

 « Aujourd'hui, nos financeurs sont la communauté d'agglomération de La Rochelle et la communauté de communes Aunis Atlantique," précise Anaïs Thibaud, coordinatrice du dispositif. « Notre action, c'est vraiment être la porte d'entrée pour tout porteur de projet en création ou reprise d'entreprise sur le territoire. Nous travaillons avec un réseau de 18 partenaires techniques véritablement opérationnels, que nous réunissons en plénière, tous les deux mois, pour évoquer les actions, dresser des bilans. Nos financeurs sont présents à nos rencontres, ce qui leur permet d’avoir une remontée de situation sur le plan économique. Entre chaque réunion plénière, les techniciens sont invités à participer aux groupes de travail sur lesquels ils souhaitent s’investir. »

 

Premier outil de sensibilisation de La Fabricothèque, la réunion « Etes-vous prêts à entreprendre ? », un passage obligé pour toute personne qui souhaite s'installer sur le territoire, qu’elle porte un projet, ou qu’elle ait une simple idée mais qu’elle ignore par où démarrer. Au cours de ces réunions d’information collective, une quarantaine par an, on lui présente les étapes du parcours du créateur type, les partenaires qui prendront en charge son accompagnement, le montage de son modèle et les questions financières.

 

Le deuxième axe de La Fabricothèque, c’est son agenda événementiel. Une à deux fois par mois, elle organise des ateliers spécifiques, pour 10 à 15 participants en présentiel, en fonction des besoins exprimés par les accompagnateurs. Créer son activité dans l'économie sociale et solidaire, comment convaincre un financeur ? Bien démarrer en vendeur ambulant, entreprendre autrement… autant de sujets abordés au cours d’une quinzaine de séances annuelles.

 

Un programme évolutif

 

Le programme est défini en novembre pour l'année suivante. C’est le bilan de l’année en cours qui détermine s’il est pertinent de reconduire une action.  « Un des avantages de La Fabricothèque c'est que, d'une année sur l'autre, on peut proposer des événements récurrents, comme on peut en abandonner certains pour en créer d'autres. Par exemple, nous avions un atelier qui s'appelait « comment démarrer en livreur coursier » que nous avions créé suite à la crise sanitaire. Mais on s'est rendu compte qu’il ne correspondait pas aux besoins du public. Nous avons simplement décidé de l’arrêter. »

 

Les ateliers sont complétés par des forums de tailles diverses, sur l'entrepreneuriat féminin, ou sur le thème « financer son projet autrement ». Ils offrent l’occasion aux participants d’entendre les témoignages de chefs d'entreprise, d’échanger avec eux, de participer à des activités ludiques. « Lors du forum « Financer son projet Autrement », nous avons proposé un « serious game » aux visiteurs. Nous les avons regroupés autour d’entités fictives pour qu’ils travaillent sur les solutions de financement. Ils devaient aller chercher des « Radisols », des billets fictifs, puis aller solliciter les partenaires sur leur stand. Chaque événement est complètement différent. »

 

Autre dimension importante, la sensibilisation des collégiens et lycéens à l'entrepreneuriat et à l'esprit d'entreprendre, en fonction des sollicitations des établissements scolaires. « Pour moi, les actions auprès des scolaires sont essentielles. Nous devons sensibiliser les jeunes, notamment quand leur cadre familial n’est pas propice. Plus tôt on leur parle d’entrepreneuriat, plus tôt on leur fait rencontrer des chefs d’entreprise, mieux c’est. On peut aussi utiliser des outils ludiques, des casques virtuels, des visites sur nos forums. L’idéal serait de pouvoir intervenir dans toutes les classes dès la 4e, au lycée et au lycée pro, même si c’est juste une demi-journée dans l'année. »

 

En matière d’accompagnement, La Fabricothèque porte une attention particulière aux publics issus des QPV, sans pour autant se focaliser uniquement sur eux, ce qui risquerait d’aboutir à l’effet inverse de ce qui est attendu. Elle fait également la promotion de l'entrepreneuriat féminin, avec la participation de réseaux comme Trajectoire d'entreprise au féminin, afin de casser certaines idées reçues qui font que, encore trop souvent, les femmes ne se sentent pas autorisées à créer leur activité.

 

Convaincre de l'importance de l'accompagnement à la création

 

Problème, les publics ne sont majoritairement pas convaincus qu’il soit important de se faire accompagner. Il y a quelques années existaient des dispositifs, notamment régionaux, qui proposaient un accompagnement assorti d’une petite aide financière. Les porteurs de projet venaient pour l’aide et découvraient l’importance de l’accompagnement. Aujourd'hui, les incitations financières sont moins nombreuses. Trop souvent, l’accompagnement est compris comme une perte de temps. Il faut convaincre les candidats que c’est la meilleure façon d’assurer la pérennité de leur affaire.

 

Au besoin, le « Fabricochèque » peut constituer une incitation. Il s’agit d’une aide de 500 euros, destinée à tout porteur de projet qui réside en QPV ou qui souhaite s'y implanter. « Nous avons ouvert un peu nos critères d’attribution, du fait qu’il y a de plus en plus de personnes qui ont du mal à se faire accompagner avant création. Nous pouvons mobiliser le chèque pour celles qui ont besoin de retravailler leur modèle économique, 6 à 12 mois après le lancement de leur activité, sous réserve qu’elles acceptent notre accompagnement. »

 

« Parfois il arrive que nous soyons dans la dynamique d’aider les gens à faire le deuil de leur projet, de les amener à se rendre compte de manière concrète et opérationnelle que leur modèle économique ne tient pas la route. C’est important de ne pas pousser quelqu'un à créer à tout prix, qu’il en vienne à connaître un échec, et qu’il y laisse des plumes. Pas tant sur le plan financier que du point de vue de l'estime de soi. »

 

Au cours du premier semestre 2023, plus de 450 personnes sont passées par La Fabricothèque, entre la participation aux événements, les réunions d'information collective, l’attribution de chèques.  Pour aider les porteurs de projet à mieux se repérer, La Fabricothèque a élaboré un guide des partenaires qui présente leurs actions et champs d’intervention en détail. Pour chacun de ces partenaires, des pictogrammes indiquent à quelle étape ils peuvent intervenir, quel est leur champ de compétence, ce qu’ils peuvent faire en matière de construction du projet, de constitution d’un réseau, de montage financier, etc. 

 

« Nous adaptons nos outils en fonction des publics que nous rencontrons. Je pense que plus de porteurs de projets solliciteraient notre accompagnement s’ils étaient sensibilisés en amont, si on leur disait qu’il faut se méfier de ce qu’ils entendent parfois, que la création d’activité n’est pas inaccessible. Plus de 50% des entrepreneurs démarrent avec moins de 5 000€, et n'ont pas forcément de diplôme, il faut le faire savoir. Pour 2024, l’objectif de La Fabricothèque est d’étendre son territoire d’intervention à la communauté de communes de l’Ile de Ré et d’Aunis Sud, afin d’avoir exactement le même périmètre d’intervention que l’Espace Régional d'Information de Proximité (ERIP), porté lui aussi par la Mission Locale La Rochelle Ré Pays d’Aunis »

 

 

Pour consulter le programme, le guide et connaître tous les partenaires de La Fabricothèque :

www.lafabricotheque.com

 

 

 

 

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Le travail au bout du voyage

Le travail au bout du voyage | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

L’action de formation « Des clés pour l’emploi » relève d’un constat partagé il y a plus de 10 ans par tous les acteurs de la métropole bordelaise, selon lequel beaucoup de femmes résidentes des quartiers de la politique de la ville étaient écartées et rejetées des dispositifs existants, faute d'actions adaptées. A l’époque, l’organisme AIM formation (Actions Inter Médiation), qui possède une expertise sur ces publics, a lancé l’idée de ce programme pour impulser et favoriser l'émancipation des femmes sans solution.

 

« Des clés pour l’emploi » s’adresse depuis le début à des femmes immigrées, qui n'avaient que peu ou pas travaillé, avec un faible niveau de maitrise de la langue française, à l'oral comme à l'écrit. « Nous avons retenu le secteur du nettoyage, » explique Lucie Martinez, consultante en insertion professionnelle, « parce qu’il offrait des possibilités d'emploi plus facilement accessibles à des personnes sans qualification et avec des difficultés de langue. Nous voulions répondre en priorité aux femmes qui souffraient de l'autorité patriarcale, particulièrement des femmes originaires d'Afrique du Nord. »

 

Au gré des vagues d'immigration successives, le public s’est progressivement étendu à des personnes venues d’Asie, du sous-continent indien, d’Europe de l’Est. Point commun de toutes ces femmes, leur difficulté à s'approprier les dispositifs et à trouver leur place en France, ainsi qu’à comprendre les injonctions qui leur étaient faites dans le cadre de leur accompagnement social.

 

Le français comme outil d'insertion

 

« A l'époque, c’était la seule formation non sélective du point de vue des difficultés de communication. Au tout début, elle incluait des cours de français. Aujourd’hui, c'est moins le cas, parce que la demande des femmes est avant tout d’accéder à l'emploi. Or l’apprentissage de la langue prend du temps. On privilégie plutôt l’acquisition de vocabulaire technique, des choses vraiment basiques pour se présenter, pour travailler. Cela dit, un des objectifs de cette formation, c'est de donner aux participantes l’envie de s'inscrire, par la suite, à des cours de français dans la durée, pour avoir la possibilité d’évoluer. »

 

La formation est proposée 4 fois par an. Chaque session dure 2 mois, pour des groupes de 10 à 12 femmes. Beaucoup sont en situation de monoparentalité, par conséquent le choix a été fait de fonctionner en demi-journées, afin de s'adapter aux contraintes diverses, familiales, de logement, de santé. L’après-midi ou le matin pour toute la durée de la session, pour garder une certaine stabilité et que les participantes puissent s'organiser en amont. Pas de formation non plus pendant les vacances scolaires, ni le mercredi. Seules exceptions, les journées aux techniques de nettoyage qui durent 2 jours entiers.

 

Après 5 semaines, à raison d’une douzaine d’heures hebdomadaires, la formation se poursuit sur un stage de 2 semaines en entreprise. Il prend place après que tous les modules ont été déroulés (gestes professionnels, techniques de nettoyage, les produits, les matériels). Les horaires de stage vont de 2 à 7 heures par jour, selon les contraintes, les attentes de chacune, leur état de santé, et le secteur qu’elles ont envie de découvrir. Pour beaucoup, ce stage est une première expérience professionnelle. C’est aussi très souvent le premier « diplôme » obtenu en France, une attestation de formation aux techniques de nettoyage dont elles sont très fières.

 

« Les entreprises qui nous proposent des terrains de stage viennent rencontrer les apprenantes chez nous, dans un milieu bienveillant. Ainsi, les femmes se confrontent à cet exercice, un peu intimidant, qui consiste à se présenter à des chefs d'équipe et des chargés de recrutement. Ma présence les sécurise. Les lieux de stage sont pensés pour que, à l’issue, elles aient la possibilité de signer un contrat de travail. D’abord un CDD, puis un CDI, c'est de l'insertion progressive. A ce stade, certaines femmes décident qu’elles ont envie de faire autre chose, de s'investir dans une formation intensive de français. Ou elles mettent entre parenthèses leur envie de travailler pour quelque temps, à cause de problèmes de santé. »

 

Los de ces rencontres, les entreprises parlent de leurs métiers et de leur activité. Les stagiaires prennent conscience petit à petit que, certes, on peut travailler dans le nettoyage sans vraiment bien parler français, mais que pour gagner en autonomie et en responsabilité, trouver un travail stable, ne pas se contenter de remplacements, il faut acquérir les codes de la société, à commencer par la langue. « Si les professionnels sont présents, alors que les personnes ont de nombreux freins et connaissent parfois des situations très compliquées, c’est qu’ils reconnaissent qu’elles ont réellement envie de travailler. Ce secteur a du mal à recruter actuellement, et c'est d’autant plus difficile de trouver des personnes avec cette motivation et cette envie-là. »

 

Créer une dynamique collective

 

Parmi les points forts de la formation, la mixité des participantes, mixité des âges (de 17 à 58 ans), des situations économiques, des cultures. Certaines n'ont jamais ou très peu travaillé, d’autres n’ont travaillé que dans leur pays d'origine. Les interactions entre participantes sont très porteuses. La confrontation aux pairs s’avère très efficace pour susciter des changements de comportement, des dynamiques de projection.

 

Du point de vue financier, l’action a été montée en co-construction sur la base du diagnostic commun. D’abord la commune de Bordeaux et l’Etat sur les enveloppes de la politique de la ville, puis le Département de la Gironde pour les bénéficiaires du RSA, la CAF, et la métropole afin d’élargir l’action aux communes autour de Bordeaux. « Notre action s’est réinventée, elle s'est adaptée à chaque fois aux besoins qui évoluaient. Le fond reste le même, une action pour les femmes qui veulent travailler et sont empêchées de le faire. Mais c'est vrai qu’elle a beaucoup évolué, pour répondre à chaque fois aux nouvelles attentes qui se sont présentées. »

 

Pour Lucie Martinez, l’idée principale de la formation « des clés pour l’emploi » est d’accueillir tout le monde. Y compris des publics qui ont été refusés de toutes parts, un peu laissés de côté par le système, et dont le quotidien est très compliqué. Des femmes de tous âges, de toutes conditions. Seule restriction, que les personnes soient autorisées à travailler en France. « La fierté de cette action, c'est d'être vraiment inclusive. On prend la personne à tout moment de son parcours. On crée un environnement bienveillant, dans lequel elle va pouvoir explorer et faire éclore ses possibilités, ses envies. C'est un espace de solidarité, d'échange, de rencontres, où des employeurs ont envie de vous tendre la main. Ce sont de très belles histoires à chaque fois. »

 

« Cette formation permet également aux participantes de se familiariser avec les valeurs de la République et le concept de laïcité, de développer l'exercice de leur citoyenneté. Elles acquièrent le sentiment de trouver leur place et de participer à la société. C’est pour elles l'occasion de se confronter aux autres femmes, aux entreprises, au monde du travail. Nous voyons bien qu’elles vivent des changements de perspective. Elles mettent en place différentes choses, elles trouvent des solutions qu'on n'aurait pas du tout imaginé au départ. »

 

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Si tu ne vas pas à la science...

Si tu ne vas pas à la science... | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Une tente gonflable jaune, bien visible au pied des immeubles. Cette tente, c’est le laboratoire des Petits Débrouillards qui y déploient leurs expériences, sous forme de petits défis scientifiques : des machines infernales avec des parcours de billes, des animations en « stop motion », de la pâte à modeler qu’il faut s’efforcer de faire flotter…

 

Mission des Petits Débrouillards, association créée en France en 1986 : la découverte et la transmission de la culture scientifique et technique. Parmi ses actions, la « science en bas de chez toi »* consiste à installer ce laboratoire mobile au milieu des tours, pendant la période estivale, sur un espace fréquenté par les jeunes. Ils sont invités à venir échanger avec les animateurs, découvrir, expérimenter.

 

« Pour nous la base c’est l’éducation populaire, toucher le maximum de jeunes qui n’ont pas forcément accès à la culture scientifique, » explique Kevin Guénée, coordinateur d’activité. « Et cette action-là correspond complètement à nos idées et valeurs. On va dans les quartiers, c’est gratuit pour les enfants, sans inscription. C’est assez libre et flexible pour eux. Ça permet d’avoir une grande partie des enfants du quartier qui ne viendraient pas si on faisait des ateliers payants. »

 

Les sciences, toutes les sciences

 

La culture scientifique est un terme qui peut faire peur. L’association conçoit les sciences au sens large : numérique, sciences et vie de la terre, sciences sociales… Son objectif principal, c’est l’éveil à la curiosité, l’envie d’apprendre. « Chez nous il n’y a pas forcément de scientifiques. Certains animateurs ont un bagage scientifique, mais pas tous. On n’est pas des spécialistes, mais on a un regard curieux sur tout. Et on essaie d’attirer l’attention, de donner envie d’approfondir les choses, faire des expériences en physique et en chimie, mais aussi des sciences sociales en abordant les questions de différence homme femme, les stéréotypes, etc. Mais ça reste les vacances, on n’est pas des professeurs.»

 

A La Rochelle, deux ou trois animateurs interviennent chaque après-midi, parfois le matin, pour 4 heures d’animation avec le public. Un QPV (quartier politique de la ville) par semaine, du début à la fin des vacances scolaires. En organisant ce rendez-vous quotidien pendant une semaine, les enfants découvrent cette sorte de « stage sciences » et reviennent les jours suivants. Le but est de les fidéliser, les faire suivre une dynamique, proposer des nouvelles expériences, s’adapter à leurs demandes.

 

Le public est majoritairement composé de jeunes qui ne partent pas en vacances et dont les parents travaillent. Ils ne ne sont pas inscrits au centre de loisirs, par manque d’envie, ou de moyens. La « science en bas de chez toi » comporte une dimension animation, autour de la proposition de découverte et d’amusement. Les interventions sont annoncées par affiches et flyers distribuées aux commerçants, par réseaux sociaux. « Il y a des jeunes qui viennent parce qu’ils ont vu l’info, et certains qui viennent tous les ans, qui nous connaissent. On commence aussi à voir des jeunes parents qui ont connu le laboratoire il y a des années, puisque ça fait plus de 15 ans que nous faisons cette action. »

 

L’objectif d’amener le maximum de jeunes vers la science n’est pas affiché frontalement. Certains veulent juste s’amuser, d’autres vont aller plus loin, poser des questions, qui déboucheront sur d’autres tests. On veut les mettre dans cette dynamique de curiosité, dans un format ouvert. S’il y a échec, on recommence. C’est une façon de mettre en valeur, ceux qui peuvent être en difficulté à l’école.

 

« La manipulation et le jeu, c’est la meilleure façon d’apprendre. C’est la meilleure façon d’accrocher les enfants. A partir du moment où ils commencent à jouer, découvrir, manipuler, sans s’en rendre compte ils apprennent des concepts scientifiques. On commence par des choses simples, faire de la pâte à modeler, fabriquer des voitures avec des ballons, créer du gaz avec du bicarbonate et du vinaigre pour propulser des petites fusées. Des choses qui leur parlent directement. »

 

« Ensuite, quand on les a accrochés par deux ou trois expériences, on peut aller plus loin sur d’autres phénomènes. On va parler de Co2, de pression, de forces centrifuges. Ils apprennent parce qu’ils sont dans une dynamique, ils sont investis dans un projet. Tout ce qu’on fait, ils peuvent le refaire chez eux. »

 

Faire des jeunes de futurs scientifiques n’est pas le but. Ce que veulent les Petits Débrouillards, c’est toucher le maximum d’enfants. Si à la fin de la semaine, certains disent vouloir continuer sur la voie scientifique, que leur regard a un peu évolué, qu’ils ont trouvé des expériences à faire sur les réseaux sociaux, c’est un plus. Aucune évaluation, à part quelques quizz, mais toujours sous forme de jeu.

 

L'influence des fake news

 

Les enfants ont tous les mêmes besoins et les mêmes lacunes, qu’importe le quartier. Ce que constatent les animateurs, c’est qu’ils sont souvent influencés par les fausses informations qui circulent sur Internet, les vidéos qu’ils regardent, qui vont du meilleur au pire. « Beaucoup de jeunes nous disent qu’ils connaissent un sujet parce qu’ils ont visionné certaines expériences en ligne sur Youtube. Parfois il suffit juste d’essayer d’en reproduire une, pour leur montrer que ça ne fonctionne pas. »

 

« Quand ils testent en réalité, ils se rendent compte qu’il y a une grosse différence. S’ils effectuent la manipulation avec nous, ça rentre. Et s’ils veulent la reproduire, ils comprendront pourquoi ça marche. C’est peut-être une des raisons d’un niveau scientifique un peu faible… C’est ça aussi qu’on essaie de mettre en place : tu as vu une vidéo, mais essaye par toi-même. Manipule, vérifie que c’est vrai, essaie de comprendre pourquoi ça marche.

 

En 2022, « la science en bas de chez toi » a touché 300 participants à la Rochelle, 40% de filles et 60% de garçons. La moyenne d’âge est d’environ 8-9 ans. « C’est très compliqué de toucher les pré-ados, les 13-15 ans, on ne les voit pas. De temps en temps, on capte des petits groupes. Une fois qu’on a réussi à communiquer, ils sont intéressés, mais ils ont plus envie d’aller se promener avec leurs amis. Donc ça reste très compliqué d’avoir ces publics. Le plus gros, ce sont les plus jeunes, avec ou sans leurs parents. »

 

« Les enfants se souviennent de nous quand on intervient dans les écoles. Mais tant qu’on ne peut pas leur proposer une animation régulière, c’est difficile de les capter à l’année. Notre objectif, ce serait de monter un club scientifique les mercredis après-midi, dans un centre social ou dans une médiathèque. Pour que ça fonctionne, il faudrait que cette activité soit accessible à tous. Parce qu’il y a aussi des jeunes qui n’aiment pas faire de foot ou de la danse. Il y en a plein qui seraient intéressés, on sait qu’il y a de la demande. »

 

 

* « La science en bas de chez moi » est une action soutenue par la Région Nouvelle Aquitaine dans le cadre de l’appel à projets de soutien aux actions de développement dans les quartiers "politique de la ville".

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Forum virtuel pour échanges réels

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L’histoire de l’association Andere Nahia (Itxassou) commence il y a 20 ans, lors d’une formation à la création d'entreprise animée par l’Atelier Lan Berri, lui-même créé par Hemen Elkartea en 1996. A cette occasion, 5 participantes ont décidé de créer ensemble une structure d’entraide et d'accompagnement des femmes entrepreneures. Initialement, Andere Nahia (« volonté de femme » en basque) était une affaire de bénévoles. Progressivement, elle s’est renforcée avec une première salariée en 2010. Elle en compte aujourd’hui trois.

 

L’ambition de départ, le terreau initial, consistait à accompagner vers l'autonomie financière, encourager l'entrepreneuriat des femmes, ouvrir un espace de libération de la parole de femmes entrepreneures, notamment en organisant des rencontres territoriales avec d’autres entrepreneurs et des porteurs de projets. « Nous nous inscrivons dans l’économie sociale et solidaire. Mais nous accompagnons aussi des femmes qui n’en relèvent pas, » précise Audrey Dejean, animatrice. « Nos adhérentes ont toutes sortes de structures, des Sociétés par Actions Simplifiées, des EURL, des entreprises individuelles, des associations... »

 

Andere Nahia propose des accompagnements à la création d’activité, pas seulement sous l’angle technique. Elle privilégie une approche globale prenant en considération, par exemple, l'harmonisation des temps de vie professionnelle et personnelle. Elle vise aussi à augmenter la visibilité des femmes qui restent encore aujourd’hui peu représentées dans les instances décisionnaires et les organisations professionnelles de branches.

 

Repenser les forums

 

Plus récemment, l’association et ses partenaires historiques se sont retrouvés autour du constat que les forums de l'emploi traditionnels, les grandes manifestations qui accueillent beaucoup de public, n’apportaient pas toujours de résultats tangibles aux personnes en recherche d’emploi. Par ailleurs, la crise sanitaire imposait de se rencontrer autrement que physiquement.

 

En juillet 2020, Andere Nahia, Atelier Lan Berri et Hemen Elkartea ont décidé de lancer une expérimentation en créant un « forum permanent de l’emploi » en lien avec les centres d’appui aux entreprises du territoire, Aldatu, Indar et l’Odace. Idée initiale du projet, soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine, mettre en place une version dématérialisée des forums de l'emploi, une formule de proximité avec un ancrage territorial sur le Pays basque.

 

« Nous avons voulu que ce soit un outil facile pour que les petites entreprises puissent s'en saisir. Il fallait proposer une solution simple permettant une mise en relation rapide entre des employeurs et des chercheurs d’emploi. Côté territorial, on voulait clairement afficher qu’il se passe des choses à l'intérieur du Pays basque. Nous avons présenté des offres sur la côte, mais c'est vrai que le projecteur était davantage mis sur la Basse-Navarre et la Soule, parce qu'il y a déjà plein de choses pour le littoral. »

 

En raison de la crise sanitaire, le projet a véritablement débuté en 2021. 4 éditions ont pu se tenir en fin d’année. Les entreprises étaient invitées par leur centre d’appui à venir tester cette nouvelle formule. Elles s’inscrivaient pour le jour et le créneau horaire de leur choix, afin de se présenter et parler des postes à pourvoir. Les candidats potentiels se connectaient pour assister à la présentation.

 

« Il n’y avait pas de préinscription pour les candidats. Nous avons fait passer l’information aux prescripteurs comme Pôle emploi, les missions locales, le conseil départemental, quelques associations de chercheurs d'emploi comme AZIA, Emploi Nouvelle Donne. Les candidats venaient spontanément selon le programme publié, les offres et les entreprises. Puisque tout se déroulait en direct, les candidats présents pouvaient poser leurs questions, en visio ou par le chat. Nous avions encouragé les prescripteurs à se connecter, qu’ils aient des candidats ou non, de façon à ce qu’ils voient comment fonctionne l’outil. Mais nous n’en avons pas eus.  Pour nous, cela fait partie des enjeux de la 2e phase. »

 

Les organisateurs assuraient la « hotline » pour aider les candidats et les entreprises à trouver les bonnes salles virtuelles, à mettre en place la visioconférence en cas de difficulté. Les centres d’appui aux entreprises assuraient une permanence physique ouverte aux entreprises et candidat(e)s pour donner les moyens d’une inclusion numérique. Cette formule s’avère adaptée aux petites entreprises, elle est moins astreignante pour elles, puisqu’elles n’y consacrent qu’un petit créneau horaire qui ne nécessite pas de déplacement. Celles qui le voulaient pouvaient immédiatement planifier des entretiens.

 

« Elles se sont mobilisées au-delà de ce qu'on espérait. Elles ne sont pas du tout restées dans une attitude « consumériste ». Il y a vraiment eu des échanges, des discussions avec les candidats présents. Si on doit dresser un bilan de ces 4 forums expérimentaux, c'est que l'outil fonctionne bien. Les entreprises ont facilement réussi à s'en servir. Mais nous avons eu un faible nombre de candidats, probablement en partie à cause du Covid. Mais il y a aussi des causes plus structurelles, comme un grand nombre d’outils existants, un déficit de communication pour rendre l’outil visible. Et puis il y a une pénurie générale de candidats. Beaucoup sont en reconversion ou très éloignés de l'emploi. »

 

Territoire et entreprises

 

L’expérimentation est arrivée à son terme, du moins pour sa première phase. Andere Nahia considère que l’objectif de créer des rencontres sur le Pays basque, donner à voir des entreprises du territoire qui recrutent, pas seulement les grandes, n’a pas vraiment été atteint. En effet, la conjoncture économique très mouvante a abouti sur notre territoire à une situation de plein-emploi depuis le dernier trimestre 2021.

 

L’outil est encore en ligne. Si les partenaires décident de le relancer, ce sera à la rentrée de septembre. Ils sont en phase de remobilisation des acteurs du territoire en lien avec les publics qui en auraient le plus besoin, ainsi que le tissu associatif.

 

« Nous devons reprendre notre bâton de pèlerin, c'est surtout une question de moyens et de temps. On a pensé que l'outil allait vivre tout seul, sauf que l'animation est un poste très chronophage, la mobilisation des acteurs aussi. Le principe de réalité nous a rattrapé. On se demande aujourd’hui si nos moyens sont suffisants pour mettre en œuvre un tel projet, parce que c'est un travail de fourmi. Pour la suite, il faut qu’on se mette d'accord sur un plan d'action qui permette de faire sens et d'être une bonne réponse à un vrai besoin. 

 

Désormais le collectif de porteurs de projet ainsi que ses partenaires pensent une réorientation de cible et d’utilisation de la plateforme afin de conserver son caractère pertinent. Cet outil se singularise des autres par la réunion de 3 services, la dépose d’offres, le recueil de candidatures et les rencontres en direct entre décideurs et candidat(e)s à l’emploi. S’appuyer sur les réseaux professionnels existants semble répondre à un besoin de leur part.

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RH TPE, pour une relation entreprise tous terrains

RH TPE, pour une relation entreprise tous terrains | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Dans les territoires majoritairement ruraux, la relation entre l’entreprise et les intervenants de l’emploi et de l’insertion est plus difficile qu’ailleurs, notamment en raison de la dispersion de ces derniers. Les TPE, qui sont rarement dotées d’un service des ressources humaines, ont le plus souvent du mal à saisir la logique des acteurs, et à comprendre pourquoi elles sont sollicitées un jour par telle ou telle structure, le lendemain par une autre.

 

Fort de ce constat, l’association Transition, le PLIE Ouest Béarn (Mourenx) qui intervient sur les communautés de communes Lacq-Orthez et Béarn des Gaves, a décidé il y a quelques années d’engager une réflexion sur une démarche collaborative visant à fédérer les acteurs du territoire dans les domaines de l’emploi, de l’insertion et du développement économique (chambres consulaires, communautés de communes, pépinières). L’idée était de créer un service unique de prise de contact avec les petites entreprises du territoire et de recension de leurs besoins en matière de ressources humaines.

 

Pour élaborer cette action « RH TPE », Transition s’est appuyée sur une expérimentation menée par ses homologues de Brest, les deux structures appartenant au réseau national Alliance ville emploi. « En 2019, nous nous sommes rapprochés d’eux sachant que nous vivions le même contexte, mais sans savoir comment y répondre », décrit Olivier Béral, directeur de Transition.  « Ils nous ont formés à leurs outils avant que nous répondions à un premier appel à projets régional GPEC Territoriale, puis un deuxième pour la période 2021-2022 (Initiative Territoriale pour l’Emploi). D’autres financements, notamment le FSE, complètent la subvention régionale. » 

 

Une mise en relation en circuit court

 

Le principe de « RH TPE » est de mettre en place une sorte de circuit court de la relation entre l’entreprise et les demandeurs d’emploi, de façon très pragmatique en contactant directement les petites entreprises qui sont moins visitées, le service public de l’emploi s’adressant plutôt aux entreprises à gros potentiel. « Dans un premier temps notre idée était de multiplier les démarches de ce type, sur l’ensemble du territoire et en diversifiant les secteurs d’activité. La difficulté que nous avons rencontrée, c’est la très grande prudence des entreprises quand elles reçoivent un appel qu’elles pensent être du démarchage. Elles sont tellement peu habituées à se voir proposer un service gratuit qu’on a du mal à obtenir des rendez-vous, beaucoup plus que ce que nous avions imaginé. Nous essayons de travailler par du bouche-à-oreille, de la recommandation entre entreprises. »

 

« Les entreprises qui nous accueillent apprécient notre démarche, parce que nous abordons tous les sujets, pas seulement celui des conditions de travail ou de l’emploi des travailleurs handicapés. Nous essayons d’être le plus ouvert possible, pour ne pas créer nos propres biais, nos propres filtres. Notre priorité est d’identifier les sensibilités et les besoins. » L’échange consiste à partir de l’activité de l’entreprise, des ses projets et difficultés, pour ensuite parler de compétences, de formation, des obligations légales et des documents obligatoires qu’elle ne connait pas toujours.

 

« Nous lui donnons rapidement un premier niveau d’infos avec les éléments à notre disposition. Sur un sujet particulier, nous pouvons lui proposer de prendre contact avec un organisme spécialisé. En fait, nous jouons le rôle de relais ». Les thèmes les plus abordés tournent autour de l’emploi, de la formation, du recrutement. Particulièrement celui de la création du premier emploi, une problématique complexe pour des petites entreprises qui craignent de se lancer parce qu’elles ne savent pas comment aborder la question ou qu’elles ne veulent pas modifier leur façon de fonctionner. Autre caractéristique de l’association, c’est de faire des ponts avec le monde de l’insertion, par exemple de relayer les besoins des entreprises à des structures qu’elles ne connaissent pas nécessairement, comme des chantiers d’insertion.

 

La conseillère de Transition qui effectue le démarchage s’est formée à tous ces sujets. Elle échange avec tous les partenaires afin de bien connaître leurs offres de service. Même si l’offre d’emploi n’est pas toujours au bout de ses rencontres, elle détecte souvent de l’offre cachée.

 

Etablir la confiance

 

Un des effets qui n’avait pas été anticipé, c’est que la relation de confiance qui s’établit avec la conseillère rend parfois difficile le relais vers d’autres acteurs. Certaines entreprises préfèrent continuer à traiter avec le PLIE plutôt que de s’adresser à un autre interlocuteur. « La conseillère a été perturbée par des rappels d’entreprises qui veulent continuer avec nous. Nous le faisons, mais du coup nous ne pouvons pas avoir autant de rendez-vous que ce qui était prévu. Dans ces conditions, difficile de se contenter de faire un aiguillage. »

 

Autre dimension de « RH TPE », la possibilité de faire émerger des thématiques à travailler en collectif. Par exemple la question de l’emploi saisonnier en viticulture. Problématique ancienne, mais qui n’était pas traitée malgré quelques plans d’action. La volonté est de trouver un moyen pour que les emplois bénéficient à des acteurs locaux qui en recherchent, plutôt que de faire venir une main d’œuvre extérieure au territoire.

 

« L’idée était de rassembler tous les acteurs, en essayant de contourner les habitudes des uns et des autres. Et de faire en sorte que tout le monde s’y retrouve, de décloisonner toutes les approches, sans avoir l’impression d’être dépossédé. On accueille à notre standard les demandes des personnes qui souhaitent s’inscrire sur des vendanges, on les répertorie, puis on fait la mise en relation avec les viticulteurs. Mais si nous voulons conserver la logique de RH TPE, il faudrait que le projet viticulture se pérennise sous la forme d’une maison des saisonniers, pour faire ce travail de mise en relation, de captation des besoins, avec l’ensemble des acteurs du territoire. Nous avons prouvé que les mises en relation marchaient, et on pourrait participer à un projet plus ambitieux et construit pour les années à venir. »

 

Pour Olivier Béral, c’est dans la nature des PLIE d’être des acteurs de coordination et d’animation de territoire, d’agir sur le terrain en complément de ce qui se fait déjà et pas seulement pour le compte d’un public en particulier. « Nous avions un objectif d’une centaine de TPE rencontrées par an. Mais dans la réalité nous en sommes plutôt à une cinquantaine, sur un potentiel de plus de 1 000 TPE. Ce que nous trouvons pertinent depuis plusieurs mois, c’est de travailler avec les pépinières, notamment « La Station » à Sauveterre-de-Béarn. C’est très intéressant de travailler avec les projets en émergence. »

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AZIA, pour la valorisation des métiers et l’attractivité d’un territoire

AZIA, pour la valorisation des métiers et l’attractivité d’un territoire | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Vivre et travailler sur le territoire est une problématique que partagent beaucoup de zones rurales. La Soule, région du Pays basque, ne fait pas exception. A Tardets, l’association AZIA, association « de jeunes pour les jeunes » dont les bénévoles ont entre 18 et 35 ans, s’est pleinement emparée du sujet depuis plusieurs années. En 2015, elle a mené un diagnostic de territoire pour évaluer la situation économique et de l‘emploi.

 

« Avec cette enquête on s'est rendu compte que les jeunes Souletins partaient faire leurs études dans les grandes villes, et qu'ils ne revenaient pas sur le territoire parce qu'ils ne pensaient pas pouvoir y trouver de l'emploi, » explique Laure Etcheberriborde, animatrice territoriale. « De l'autre côté, des chefs d'entreprise qui voulaient intégrer des jeunes pour qu'il y ait des nouvelles dynamiques dans les entreprises. C'est de là que l'idée du « guide de l'emploi » est née. »

 

Le guide de l’emploi est un classeur qui contient une présentation économique du territoire de la Soule et des fiches où des professionnels de 7 secteurs d'activités du territoire expliquent leurs métiers, leurs atouts, leurs contraintes, les études qu'ils ont suivies. Particularité, ces professionnels sont des jeunes actifs, peut être plus à même de s’adresser à leurs pairs et à les intéresser à leur parcours. Il est disponible à une trentaine d'exemplaires dans les services publics, mairies, mission locale, centre multi services, bibliothèques et CDI des établissements scolaires.

 

« Nos partenaires sont des entreprises qui nous ont soutenu financièrement pour créer cet outil. Nous avions lancé une campagne de mécénat qui avait très bien marché, parce que l'association est bien connue. Nous travaillons en réseau avec toutes les structures du territoire, les associations, Pôle emploi, la mission locale, les chambres consulaires, les établissements scolaires, la communauté d’agglomération, qui sont associés dans le comité technique et le comité de pilotage du guide. »

 

Des témoignages en vidéo

 

Pour être encore plus attractif, l’outil papier est complété par des vidéos disponibles sur les réseaux sociaux et le site Internet de l'association. Les bénévoles de l’association ont suivi des formations en tournage et montage avec une société coopérative de production audiovisuelle locale, Aldudarrak bideo (Bidarrai). Ils se sont ensuite rendus sur le terrain à la rencontre des jeunes pour recueillir leurs témoignages.

 

La première version du guide, réalisée en 2018, comportait 24 fiches. Pour la nouvelle en cours d’élaboration, l’association bénéficie du soutien financier de l’appel à projet régional « expérimentations et innovations territoriales en matière d’orientation ». « Notre but, c'est de continuer à alimenter l’outil. Tous les 2 ans, deux secteurs d'activité avec une dizaine de nouveaux témoignages. Cette année, c'était une mise à jour pour la santé et l'industrie. Nous avons aussi envisagé de faire un nouveau diagnostic, d’aborder des secteurs qu'on n'avait pas vus pour la première édition. »

 

AZIA intervient également dans les établissements scolaires en partenariat avec l'Odace, Organisation pour le Développement par l'Action et la Coopération Economique, le centre d'appui aux entreprises de Soule (Libarrenx). Elle propose un parcours d'orientation destiné aux collégiens de 3e, qui se compose de 4 ateliers suivis de visites d'entreprises. Le premier atelier sert à faire connaissance, le deuxième à présenter le guide et les vidéos. Le troisième atelier est consacré à la préparation des visites d'entreprises. Les élèves sont pleinement impliqués, ils choisissent les entreprises parmi celles qui leur sont proposées, les contactent et préparent des questionnaires. Après les visites, c’est le temps des bilans, l’occasion de savoir comment améliorer les ateliers, ce qu’ils pourraient apporter de plus. En fin d'année, AZIA rencontre les équipes pédagogiques, les établissements scolaires et les entreprises pour recueillir leurs impressions.

 

« Par nos interventions, nous touchons environ 300 jeunes par an. Nous essayons de couvrir tout le territoire de la Soule, mais on ne peut pas aller dans tous les établissements scolaires. Nous demandons une participation financière pour les animations, mais tous ne peuvent pas. Dans les ateliers, nous constatons qu'il y a beaucoup de jeunes qui ne sont jamais entrés dans une entreprise, qui ne savent pas ce que c'est. C'est vrai que la classe de 3e c'est tôt, mais on veut tout de même leur montrer ce qui est possible sur le territoire, éveiller leur curiosité en découvrant des entreprises, même si elles ne les intéressent pas spontanément. »

 

Toucher tous les publics

 

En 2018, des présentations avaient été faites pour le grand public, dans 4 villages de la Soule, pour présenter l'outil, montrer ce qui avait été fait, savoir comment les habitants voyaient leur territoire et son évolution sur l’emploi et sur leur vie quotidienne. AZIA reçoit des jeunes toute l’année, et les aide sur l'orientation puisqu'elle est labellisée réseau d'information jeunesse (PIJ). Ils peuvent consulter de la documentation sur les formations, sur le logement, apprendre à faire leur CV et leurs lettres de motivation. Le guide de l’emploi est venu combler un manque en proposant un outil spécifique à la Soule.

 

L'association propose aussi des conventions de stages, notamment pour ceux qui ont découvert une entreprise et qui souhaitent y faire leur stage de 3e.  « Nous avons aussi été sollicités pour présenter notre guide lors d'une plénière sur l'orientation à Anglet en début d'année. Nous avons rencontré d'autres structures, qui ne nous connaissaient pas forcément, et qui nous ont demandé de venir présenter ce qu'on faisait, et de parler de ce qu'on pourrait mettre en place ensemble. Ce projet pourrait essaimer sur d'autres territoires. »

 

« AZIA est une petite structure, elle est vouée à connaître beaucoup de changements. En ce moment, il existe une bonne dynamique sur les jeunes qui veulent rester sur le territoire, qui veulent s'impliquer au maximum. Nos jeunes font partie d'autres associations comme les comités des fêtes, les clubs de sport. Le guide, ça a été un gros travail mené par des bénévoles qui y ont consacré beaucoup de leur temps. C’est maintenant à la nouvelle équipe de reprendre le flambeau et de continuer de le développer. »

 

http://azia.xyz/

 

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Des campus de projets pour les jeunes ruraux

Des campus de projets pour les jeunes ruraux | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

La Communauté de Communes Parthenay-Gâtine rassemble 38 communes. Elle résulte de la fusion, en 2014, de 4 communautés de communes antérieures (Parthenay, Secondigny, Thénezay, Ménigoute). Dès le départ, les élus ont engagé une réflexion sur un projet de territoire qui s’est notamment traduit par le développement d’une politique attractive pour la jeunesse. En parallèle, la Gâtine et le Bocage (Bressuire) ont, à l’époque, réalisé un diagnostic jeunesse qui a souligné l’importance des partenariats locaux, la nécessité de créer des lieux identifiés et de mieux associer les jeunes de 16 à 30 ans dans la mise en œuvre des actions.

 

Cette volonté a débouché sur la création du projet « les jeunes s’en mêlent » dont la coordination est aujourd’hui assurée par l’association « Bogaje » pour « Bocage Gâtine Jeunesse ». Son ambition est de couvrir le territoire d’espaces d’accueil et d’accompagnement des jeunes, les « campus ruraux de projet ». Ces lieux ont pour vocation de favoriser la création d’activités et de projets citoyens, ainsi que de proposer des services de proximité. Les jeunes doivent pouvoir y trouver de quoi maitriser leur parcours de vie et continuer à vivre sur le territoire s’ils le désirent.

 

Une logique de réseau

 

« Notre objectif, c’est de mettre en place des campus pour les jeunes locaux de 16 à 30 ans et de mettre en réseau ces espaces pour être en harmonie sur tout le territoire, » décrit Alexis Bailly, coordonnateur jeunesse de la communauté de communes de Parthenay Gâtine. « Jusqu’à l’adolescence nous avons un foyer de jeunes, mais il y a un vide dans l’accompagnement des autres tranches d’âge. Nous voulons aussi prendre en compte le lien inter générationnel et interprofessionnel, et laisser une place pour les échanges et l’apprentissage de pair à pair. »

 

Chacun des sites a pour ambition d’accompagner la mobilité et l’autonomie des jeunes dans tous types de projets : loisirs, culturels, professionnels (CV, permis de conduire).  Ils auront également pour mission de faciliter l’accès aux droits, aux savoirs de base numériques, à la transmission de savoirs et savoir-faire en adéquation avec le territoire. A terme, il est envisagé qu’ils soient labellisés information jeunesse.

 

« Ce sont des lieux novateurs, expérimentaux. Ils sont ouverts à tous, sans exclusive, autant pour des demandes individuelles que collectives. Ils s’adressent aux jeunes actifs salariés, à ceux qui font des études supérieures et qui souhaitent venir y travailler, mais aussi les décrocheurs connus de la mission locale, en lien avec la Garantie Jeunes. Les campus se doivent permettent de jeter des passerelles entre eux, mixer les différents publics et usagers. »

 

Le site de Ménigoute, ouvert depuis 2020, est pour l’instant le seul à être pleinement opérationnel. Il occupe les locaux d’un ancien bistrot, situé en centre bourg. Il comprend un espace détente, des postes informatiques en libre accès. A l’étage, des logements dédiés. En l’absence d’adultes, les jeunes peuvent accéder au lieu avec leur « CVQ » (Carte de Vie Quotidienne). Le référent jeunesse (un par territoire) et la mission locale y assurent des permanences. « Le référent jeunesse est à la croisée de tout, il est un peu homme ou femme à tout faire. Il reçoit les jeunes, analyse leurs besoins, et peut servir de passerelle avec d’autres interlocuteurs comme la mission locale, la CAF, la MSA, une auto-école, un employeur potentiel, etc. Il travaille beaucoup au cas par cas. »

 

Le covid a freiné la montée en charge des campus. Ils ont dû s’adapter aux besoins des jeunes en lien avec la crise sanitaire. D’où la distribution de paniers alimentaires en lien avec les associations caritatives. Les référents jeunesse reçoivent régulièrement les jeunes pour savoir comment ils vivent la période. Leur principal problème est le manque de projection.

 

Associer les jeunes au projet

 

Les autres sites se préparent à ouvrir pleinement d’ici à la rentrée. A Thénezay le campus a investi les locaux d’un ancien site de coworking. A Secondigny et Parthenay, les jeunes, les partenaires associatifs et les élus sont associés à la démarche. Quelques projets culturels ont déjà émergé.  « Les jeunes ont été associés dès le départ à des groupes de travail. Nous avons fait des micros-trottoirs à Parthenay pour recueillir leurs besoins avant de lancer la réflexion. Nous captons leur parole dans les clubs sportifs, les associations culturelles, les lieux d’hébergement… A partir de cela, nous allons mobiliser un groupe autour du projet. C’est en cours aussi à Secondigny. »

 

Les dynamiques associatives ne seront pas les mêmes sur les 4 territoires. Chaque pôle structurant a des problématiques différentes, même s’ils ne sont situés qu’à quelques dizaines de kilomètres les uns des autres. « Lorsque nous réunissons les référents jeunesse, les échanges sont très riches. Chacun peut se projeter sur l’action des autres, ou de profiter de ce que fait un partenaire pour le mettre sur son territoire, plutôt que d’inventer des solutions nouvelles à chaque fois. La communauté de communes est aussi signataire, avec la MSA et la CAF, d’une convention territoriale globale qui réunit tous les acteurs. Ils ont été associés à la démarche, et peuvent aussi bénéficier des campus. Ce sont des nouveaux lieux qui ne font pas concurrence à l’existant. »

 

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Le café des projets

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Mathieu Saunier est, avec Odile Ginoccki, responsable de l’association Traverses, qui anime le « Young Café », un café associatif et tiers lieu situé à Dax.

 

Présentez-nous le Young café.

Le Young Café est un tiers lieu dédié aux jeunes et à l’accompagnement de leurs projets professionnels et personnels. Notre idée est de nous adresser à un maximum de jeunes, particulièrement les « Neet », ceux qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en suivi. Notre accueil est inconditionnel, c’est-à-dire que nous essayons de répondre à des demandes à n’importe quel moment. Le Young Café dispose de deux moyens principaux pour prendre contact : la buvette à accès libre, sur adhésion, et un petit studio d’enregistrement.

 

Pourquoi avoir choisi Dax ?

En 2014, nous avons ouvert un lieu à Paris, la Fabrique coopérative, un lieu de rencontre à destination des jeunes dans lequel Traverses a testé plusieurs dispositifs. Il n’y avait aucun autre acteur dans le quartier. En 2017, nous avons eu envie de développer le concept sur un territoire rural. Nous avons alors mené des actions ponctuelles dans le Médoc. C’est comme ça que nous avons été repérés chargée de mission à la politique de la ville du Grand Dax. Notre expérience l’intéressait.

 

Comment s’est déroulée votre arrivée ?

Notre méthode de travail, c’est la recherche action. Pendant un an, nous sommes allés à la rencontre des jeunes, des acteurs de la jeunesse, identifier qui fait quoi, les lieux ressources, les manques où nous pouvions glisser notre dispositif en étant utile et sans faire double emploi. Dans des petits écosystèmes, il ne s’agit pas devenir déstabiliser des structures existantes, ne serait-ce qu’en termes de financement. La Région nous a financé une partie de cette étude en matière d’innovation.

 

Pour avoir de la visibilité, notre idée était de créer un lieu central, implanté à équidistance des trois quartiers politique de la ville. En termes de ressources notre intérêt aurait plutôt été de nous installer près des jeunes, en QPV, mais nous ne voulions pas nous couper des autres quartiers. L’idée c’est aussi de permettre aux jeunes de se réapproprier le centre-ville. Et puis surtout de créer un endroit attractif, pas institutionnel, qui n’a pas l’air « social ».

 

Comment avez-vous été reçus par « l’écosystème » ?

Nous avons progressivement rencontré les personnes en présentant notre démarche. Nous avons parfois été vécus comme des concurrents, mais nous avons aussi été soutenus par des intervenants comme le service de prévention spécialisée du Département et son dispositif Accompagnement vers l'emploi des jeunes. Pour rencontrer les maires des autres communes, la chargée de développement locale a été très aidante. Sans ces points d’accroche, notre projet était impossible.

 

Pour rencontrer les jeunes, nous nous sommes aussi appuyés sur des structures spécialisées. Unis-Cité nous a mis en contact avec un certain nombre de services civiques, les ateliers relais nous ont permis de toucher des décrocheurs. En tout, nous avons parlé avec environ 150 jeunes sur l’agglomération.

 

Les jeunes ont-ils été associés à la création du lieu ?

Nous portons un projet un peu généraliste, c’est indispensable de le mener avec eux, leur permettre de se l’approprier. A chaque fois que nous avons mené des entretiens, nous avons gardé les coordonnées des jeunes intéressés. Quand on a trouvé notre local, nous les avons rappelés pour leur proposer de nous aider à l’aménagement. Ils ont été 40 à 50 à participer d’une manière ou d’une autre. Le nom « Young Café » a été choisi par les jeunes, c’était une façon supplémentaire d’apporter de la légitimité au lieu. 

 

Il faut continuer dans cette optique, garder la même dynamique. Pour les intéresser, l’offre d’animations doit être permanente, pas passive. Avec notre expérience, on s’est posé des questions sur l’amélioration du dispositif, d’où par exemple l’introduction d’une buvette. C’est aussi sorti des propositions des jeunes, d’avoir la possibilité de boire quelque chose à pas cher, mais pas gratuit. L’idée c’est de ne pas se faire déborder.

 

Quel bilan tirez-vous au bout d’un an ?

Nous avons bien sûr pris du retard avec la Covid. Le grand regret c’est de ne pas avoir pu développer les actions hors les murs, dans les communes périphériques, comme des événements autour de la musique. Notre idée c’est aussi de faire de l’essaimage local, de développer des lieux dans des communes qui ont des locaux et du matériel mais aucun budget pour avoir un animateur. Le but est de former les jeunes au concept de tiers lieux, des lieux partagés qu’ils pourraient gérer en autonomie.

 

Malgré tout ça, nous commençons à être identifiés comme un endroit un peu complémentaire d’autres structures comme la mission locale. Nous avons eu 160 jeunes adhérents, pas loin de notre estimation de 200. La surprise c’est que nous touchons des jeunes bien au-delà de Dax, jusqu’à 40 kilomètres de distance. On a aussi des publics qu’on n’attendait pas, comme des jeunes en emploi précaire dans la restauration. Ça dépasse notre cœur de cible, mais il y a des solidarités à trouver.

 

Dans le paysage de l’accompagnement, vous vous définissez comment ?

Traverses est une association d’éducation populaire. L’action éducative qui nous intéresse, c’est de favoriser l’autonomie des personnes, leurs choix personnels, qu’ils soient en mesure de faire des choix en conscience. On ne veut pas avoir l’air institutionnel parce que ça rebute certains jeunes, on reste un peu à la marge, donc on ne communique pas là-dessus. Même si on s‘inscrit dans les politiques publiques, on essaie d’intervenir là où les autres structures ont plus de mal.

 

Nous privilégions l’accueil immédiat, en essayant de renvoyer les jeunes après dans le droit commun, vers lequel ils ne vont pas spontanément. L’accueil inconditionnel implique qu’il faut quelqu’un pour donner de vraies réponses. Pas des réponses évasives. En identifiant assez finement les acteurs, notre idée c’était d’éviter de guider les jeunes vers la mauvaise structure qui ne saura pas leur répondre.

 

Des conseils pour ceux qui voudraient ouvrir un lieu similaire ?

Il faut absolument susciter un maximum d’adhésion, notamment auprès des jeunes. Et être attentif au territoire, bien identifier s’il y a des structures qui portent un projet similaire, et essayer de les associer. On ne peut pas arriver sans crier gare, sauf à être un local de l’étape. Il faut d’abord trouver une légitimité. Nous avons réussi tout simplement en menant le projet, en recueillant les besoins des jeunes, en ouvrant le lieu sans attendre trop longtemps. Notre recherche action a duré un an, il ne fallait pas plus. Elle nous a permis de légitimer nos propres présupposés.

 

 

Ndlr.

Cet article a été publié sur la plateforme collaborative nommée " La Place".  Elle constitue un espace d'informations, d'animations et de partages dédié aux acteurs du PIC pour les aider à mener à bien leur projet et à faire connaitre leurs caractères innovants dans nos territoires de Nouvelle-Aquitaine et au-delà.

 

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A Tulle, l'apprentissage se met en scène

A Tulle, l'apprentissage se met en scène | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it
Former au plus près du territoire et valoriser les entreprises en tant qu’entreprises apprenantes fait partie de la logique qui sous-tend les actions de formation en situation de travail (AFEST). En 2018, le CFA Les 13 vents de Tulle a pris la décision de s’appuyer sur la formation en situation de travail pour développer, dans le cadre d’un projet soutenu par le fonds régional pour l’innovation dans la formation, des pratiques pédagogiques nouvelles destinées aux apprentis et aux stagiaires de la formation professionnelle. L’innovation, c’est le recours à la vidéo. 

Le projet « AFEST vidéo » s’est appuyé sur une expérience précédente. « Nous avions depuis un certain temps des « parcours territorialisés », qui s’adressaient à des apprentis éloignés du centre » précise Isabella Ernst, directrice adjointe du CFA, « particulièrement dans des métiers pour lesquels nous avions peu de demandes, et qui ne justifiaient pas une ouverture de section. Dans certains cas, nous avons délégué aux entreprises, par convention, une partie des enseignements que ces apprentis auraient dû suivre au CFA. Avec toujours l’apport d’un œil expert pour valider ce qui a été appris en entreprise. » 

Ce principe de délégation a été repris, et l’utilisation de la vidéo instaurée comme preuve de l’action de formation en situation de travail. Outre le fait d’éviter aux jeunes les plus éloignés de se déplacer, le dispositif présente plusieurs avantages, comme celui de permettre une montée en compétences et une valorisation des tuteurs en entreprise. Par ailleurs, il autorise une meilleure visibilité sur ce qui se fait dans l’entreprise entre deux passages au CFA. « Cette visibilité nous faisait défaut avant. Le principe de complémentarité entre l’entreprise et le centre ressemblait trop souvent à deux formations juxtaposées, sans qu’il y ait forcément d’interaction. » 

Les jeunes se rendent au CFA toutes les 3 semaines. C’est entre deux sessions au centre qu’ils doivent réaliser une ou plusieurs vidéos dans leur entreprise, en fonction du temps de délégation qui a été conventionné avec cette dernière. Une vidéo, c’est une scène d’une durée maximum de 4 minutes, filmée par le tuteur qui s’est formé à l’utilisation de l’outil, durant laquelle l’apprenti va réaliser un geste professionnel tout en l’expliquant, ou décrire un processus de fabrication. On se concentre à chaque fois sur un aspect technique particulier en rapport avec le référentiel. La dimension d’individualisation du parcours réside dans le fait que chaque jeune suit un programme correspondant aux activités de son entreprise. 

« Notre public est plus à l’aise avec cet outil qu’à l’écrit, il y est plus habitué. L’application permettant les vidéos est implantée sur leur téléphone, c’est très simple à utiliser. Mais on ne fera pas du 100 %, certains jeunes refusent le principe. Pour d’autres, c’est trop compliqué, puisque l’on attend d’eux de montrer un geste, mais aussi de mener une analyse réflexive. C’est-à-dire d’expliquer ce qu’ils font, pourquoi ils le font, et comment. Ce sont des choses qu’on a parfois du mal à obtenir dans le cadre de l’apprentissage traditionnel. Mais il n’y a pas de FEST sans analyse réflexive.» 

Le déploiement du dispositif s’est avéré assez long, ne serait-ce qu’en raison du changement radical d’approche pour les formateurs, les tuteurs et les jeunes. Après un travail d’identification de tous les gestes professionnels nécessaires à maîtriser pour un niveau CAP (pour l’instant le seul diplôme préparé selon cette modalité), les formateurs se sont rendus dans les entreprises volontaires (150 depuis le lancement) afin d’étudier le référentiel avec elles, puis élaborer une sorte de livret des compétences indispensables. Une convention encadre tous ces engagements, notamment le nombre d’heures de délégation, c’est à dire le temps pendant lequel l’apprenti est en formation en situation de travail. Les documents technologiques lui sont fournis pour qu’il puisse préparer ses interventions. 

« Nous n’avons pas encore atteint le rythme de croisière. Nous avons progressivement constaté qu’il était nécessaire d’établir des conventions qui fixaient bien les termes. Nous n’avions pas pensé initialement au livret d’activités, mais il est apparu comme incontournable pour guider les tuteurs. Et dès lors que l’on utilise la vidéo, se pose la question du droit à l’image. Donc au fur et à mesure, nous avons ajouté tel ou tel élément. » Les contenus filmés appartiennent aux jeunes et aux entreprises. Ils sont conservés sur une plate-forme numérique jusqu’à un an après la fin de la formation. Les vidéos sont ensuite données aux jeunes puis effacées de la plate-forme. 

La pratique, déjà en genèse avec les parcours territorialisés, a montré qu’elle pouvait convenir à tous les apprenants, qu’ils aient ou non des problèmes de mobilité. Au point que le CFA Les 13 vents envisage d’en faire une de ses modalités pédagogiques régulières, voire centrale dans son organisation. « Nous allons essayer d’étendre le dispositif à plus de parcours, et pas seulement sur des métiers de niche. Son développement pourrait notamment se faire dans le cadre du pacte régional d’investissement dans les compétences. »
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