Initiatives locales et paroles d'acteurs
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Le repérage, première étape de la lutte contre l'illettrisme

Le repérage, première étape de la lutte contre l'illettrisme | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Catherine Charlery et Delphine Le Parc sont respectivement directrice et chargée de mission de l’association agenaise Syllabe, une plateforme d'accueil, d'évaluation, d'orientation, de suivi de toute personne en difficulté avec les savoirs de base. Elle reçoit près de 1 900 personnes par an. L’association est lauréate de l’appel à projets régional « innover contre l’illettrisme ».

 

Quelles sont les actions concernées par ce nouvel appel à projets ?

Le nouvel appel à projets fait particulièrement référence à ce que nous faisons en direction des personnes scolarisées en France, mais ça n’est pas notre seul public. Il s'agit surtout de prolonger ce qu'on faisait déjà en 2020 et 2021. Nos actions précédentes ont porté leurs fruits, parce que nous recevons plus de public. C’est donc que les personnes sont mieux repérées. On constate également que chez celles qui ont été scolarisées en France, la proportion de personnes en grande difficulté est plus vaste. On est passé de 11 à 15%.

 

Le projet de cette année vise prioritairement les salariés de l’IAE. La nouveauté, c’est de travailler à leur repérage et surtout à l’entrée en formation de ceux qui seraient en situation d'illettrisme. Nous avons du mal à les recevoir.  Et quand c’est le cas, c'est difficile pour eux d'entrer en formation parce qu’ils ne sont pas forcément libérés sur leur temps de travail, voire pratiquement jamais. L’évaluation que nous faisons à Syllabe n’est pas suivie de formation, ça n'est pas satisfaisant. L’objectif étant de sécuriser leur parcours de manière qu’à la fin de leur contrat d'insertion ils puissent rebondir soit sur de la qualification, soit sur du travail.

 

Quels sont vos objectifs ?

Nous avons plusieurs objectifs, à commencer par celui de renforcer le rôle de Syllabe dans le département comme acteur central de la lutte contre l’illettrisme. Ensuite, de continuer le travail de repérage et de mobilisation, ainsi que d'assurer la sécurisation du parcours de formation en lien avec les prescripteurs, Cap emploi, missions locales, Pôle emploi et les organismes de formation. Par ailleurs, depuis la mise en place du CEJ, nous avons constaté une grande baisse de 30% des jeunes qui sont orientés vers nous par les missions locales. Nous voulons à nouveau arriver à toucher ce public.

 

Que faudrait-il pour améliorer le repérage ?

Ce n’est pas Syllabe qui effectue le repérage. Nous recevons des gens qui ont été repérés par d’autres. Même s’il y a eu des améliorations dans le repérage, il faut toujours poursuivre l’effort puisqu’il y a beaucoup de turn-over dans les structures. II y a de nouveaux conseillers Pôle emploi, de nouvelles assistantes sociales dans les centres médico-sociaux. Il faut continuellement expliquer notre rôle pour être efficace. Il y a également plus de structures qui font appel au CRI Aquitaine pour des séances de formation de leur personnel, ça c'est positif. S’ils sont mieux formés, ils repèrent mieux, et du coup ils les envoient plus vers la plateforme. Il faut continuer.

 

La lutte contre l'illettrisme, le repérage, la mobilisation, c'est un travail à long terme, puisque même le processus de réapprentissage pour les personnes concernées prend du temps. Nous les captons mieux, elles sont mieux orientées, il s’agit maintenant de transformer ça, qu’elles puissent entrer en formation de manière effective.

 

Quels sont les freins que vous constatez ?

Il y a les personnes elles-mêmes, avec lesquelles nous devons travailler sur le long terme pour les décider, pour qu’elles aient suffisamment confiance, en elles et en nous, pour accepter d'aller en formation. En ce qui concerne les SIAE, il faut arriver à les convaincre de libérer du temps à leurs salariés. Et il faut aussi que l’on arrive à travailler avec les organismes de formation dans le cadre de l’Habilitation de Service Public (HSP) socle de compétences pour qu'ils adaptent leurs temps de formation à des groupes de salariés de l’IAE.

 

En Lot-et-Garonne, à la différence d'autres départements de Nouvelle-Aquitaine, le fait qu'il y ait une plateforme facilite les choses. On arrive à avoir des gens qui entrent en formation sur ce parcours 1 de l’HSP*, et qui peuvent le renouveler. Ce n’est pas forcément le cas sur les autres départements.

 

Quand une personne se présente, que lui proposez-vous ?

En fait nous évaluons sa maîtrise des compétences de base en relation avec son projet. Et en fonction de ça, on va l'orienter soit vers un parcours 1, qui s’adresse aux personnes en situation d'illettrisme, soit vers un parcours 3 qui est un parcours de remise à niveau. Si c’est trop tôt pour elle, nous allons l’orienter vers une association de bénévoles. Pendant le Covid, nous avons eu moins de bénévoles, donc on a plus largement orienté sur l’HSP. Et on s'est rendu compte que ça marchait, alors qu’on pensait que ce serait une marche trop haute, que ça allait leur faire peur d’être en groupe, que plusieurs heures par semaine, ça pouvait être trop.  

 

Notre rôle est aussi de donner de l’information. Par exemple, si une personne rencontre des gros problèmes de mobilité et qu’elle a des droits, des aides qu'elle ne connaît pas, on va l'orienter vers la structure adhoc. Dans tous les cas, on fait le point sur tout ce qui est périphérique, tout ce qui a contribué à sa situation actuelle.  L’évaluation est réalisée à l'entrée et à la sortie. Nous restons en lien avec le prescripteur, on lui renvoie l'évaluation mais on ne lui communique pas tout ce qui s’est dit entre nous et la personne, son passé familial, son passé scolaire, sa situation… Et surtout, on préconise une formation. Ensuite, charge au prescripteur d’inscrire le candidat.

 

Pour les personnes en situation illettrisme, on se rend compte que certains trouvent du travail à l'issue de la formation. Ça les remet en route, c'est positif, ça les revalorise. Elles se sentent capables d'aller vers l'emploi par exemple, ou même de passer leur permis, alors qu’elles pouvaient avoir l'impression de ne pas en avoir les capacités.

 

Avez-vous constaté des améliorations ?

Nous sommes une des rares régions de France qui proposent une formation destinée spécifiquement aux personnes en situation d'illettrisme. C’est un grand progrès par rapport au dispositif compétences clés, où elles étaient plutôt mélangées avec d'autres. Là on a quand même la garantie que celles qui sont sur le parcours 1, ne seront qu'avec des personnes comme elles, ce qui est quand même primordial. Ça nous permet de créer quelque chose d'assez cohérent. Du coup on essaie d'embarquer tous les acteurs avec nous. Maintenant, il faut que les formateurs soient eux-mêmes formés.

 

Et selon vous, que faudrait-il faire évoluer ?

Aujourd'hui quand on fait un parcours 1 on peut en refaire un deuxième. Après, il faut s'arrêter pendant un certain nombre de mois. Avec ce type de public, dans l’idéal, il faudrait pouvoir continuer si la personne le souhaite, aussi longtemps que nécessaire. Il y a aussi le nombre de personnes en formation qu’il faudrait assouplir. On est sur des petits groupes, et s’il y a quelques absences, par exemple que seules deux personnes viennent, en général l'organisme de formation ne fait pas cours. Seulement, on a affaire à un public qu'il a fallu mobiliser. Et on ne peut pas dire à celles qui viennent à chaque séance, de retourner chez elles si les autres ne sont pas là.

 

 

* Voir fiche technique G1.08

www.cap-metiers.pro/Fiches-techniques/Formation-creation-entreprise-et-validation-des-acquis/921/Habilitation-service-public-HSP-Socle-competences/

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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Provoquer la rencontre hors les murs 

Provoquer la rencontre hors les murs  | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Romain Brémaud est conseiller à la mission locale de Bressuire (Deux-Sèvres). Il est en charge de plusieurs actions de repérage et de mobilisation, qui sont lauréates du PIC Repérer et Mobiliser les Publics Invisibles (RMPI). Ces actions s’inscrivent dans la continuité du projet « In système », porté par la Région Nouvelle-Aquitaine entre 2019 et 2021.

 

Pour quelle raison avez-vous monté votre projet ?

Les jeunes du Bocage Bressuirais n’ont pas trop de difficultés à se rendre à la mission locale, mais nous sommes dans une région sur un territoire majoritairement rurale, avec de nombreuses petites communes aux alentours, plutôt isolées, mal desservies par les transports. D’autre part, le territoire est également composé d’un quartier QPV « politique de la Ville » avec d’autres caractéristiques (populations primo arrivantes, intégration, …). Sur ces deux types de territoire, quartier et zones rurales, nous voulions nous rendre au plus près de ces jeunes. Nous avons déjà quelques permanences délocalisées, mais notre idée était d'aller encore au-delà, en termes de repérage et de raccrochage à travers un « conseiller hors les murs ». Et proposer autre chose à ces jeunes qui ont des difficultés à trouver une solution, en leur permettant d’accéder à un stage de 3 semaines pour les sortir de leur isolement, les mettre en mouvement et entrer dans une nouvelle dynamique en vue d'une formation ou d’un emploi.

 

En quoi consiste votre démarche ?

Nos axes majeurs s’articulent autour des démarches de « repérage », « raccrochage » et de « remobilisation ». Il s’agit dans un 1er temps de travailler avec des nouveaux partenaires tels que les assistantes sociales, les associations caritatives … et également, d’investir des territoires où nous n’étions encore jamais allés. Les actions de repérage sont plutôt ponctuelles, en fonction des retours des partenaires. Les actions de raccrochage et de remobilisation sont beaucoup plus cadrées, régulières, avec un planning déjà défini à l'avance. En ma qualité de « conseiller hors les murs », je suis de plus en plus à l'extérieur, soit sur les chantiers, soit sur des actions de de repérage et de raccrochage. Cet appel à un projet nous a permis de se donner le temps de créer les partenariats et de développer ces démarches de repérage, raccrochage et remobilisation en direction des jeunes dits invisibles ou perdus de vue.

 

En quoi consistent vos actions ?

La première action est à la fois du repérage et du raccrochage. Elle s’appuie sur des « chantiers de découverte des métiers » en lien avec la Colporteuse, une association présente sur le territoire. Au lieu d’essayer de raccrocher les jeunes de façon traditionnelle avec des entretiens individuels dans les locaux de la mission locale. On leur propose des stages de 3 semaines dans un cadre bienveillant, sur une thématique et un environnement professionnel original et valorisant, telle que la fabrication de mobiliers en métal et en bois, ou le maraichage, la permaculture. On les remobilise avec des petits ateliers qui ont pour objectif de leur permettre de reprendre un rythme de vie adapté, de reprendre confiance en soi, de révéler leur potentiels …  Souvent ces jeunes sont isolés, sans lien et vie sociale et ne font pas grand-chose de leur journée. Pour certains, l'objectif vise juste à tenir les 3 semaines, d'arriver à se lever le matin et d'être là le lendemain et à s’inscrire dans un cadre collectif. Lors de ces chantiers mon rôle consiste à « faire avec » les jeunes et d’être à leur côté lors des moments d’activités et de travaux. Nous ne sommes pas dans la posture classique « face à face » dans un bureau.

 

L’autre action notable, consiste en la mise en place en 2022 d'une permanence au sein d’une épicerie solidaire portée par le centre socioculturel à Cerizay. Je m’y rends de manière assez régulière pour faire du repérage et du lien avec les usagers. Des jeunes, mais aussi des familles, des voisins, des amis. Je leur parle des actions et de l’offre de service de la mission locale, et ils me signalent parfois des jeunes qui auraient besoin de nous. Le bouche à oreille fonctionne bien avec les pairs, les familles et les partenaires.

 

Vous avez d’autres moyens pour les repérer ?

Le centre socioculturel a une liste de bénéficiaires prescrits par les assistantes sociales et les travailleurs sociaux du secteur. Sur ces listes, j'ai identifié les 16 25 ans qu’on n’a jamais vus, ou qui avaient déjà été accompagnés mais qui n'avaient pas rencontré leur conseiller depuis un ou deux ans. Pour une bonne part, on est plus sur du raccrochage que du repérage. Quand je les rencontre à l'épicerie, je leur propose de faire le point sur leur situation. Après, soit on met en place un accompagnement un peu plus régulier, soit on fait juste une mise à jour des informations et de leur dossier. C'est vraiment au cas par cas.

 

Selon vous, pourquoi certains publics sont qualifiés d’invisibles ?  

Je pense que c’est un tout. Même si les partenaires connaissent la mission locale, cela peut leur être difficile d’orienter les jeunes parce que les dispositifs changent rapidement. L’idée c'est de remettre à jour notre offre de service auprès des partenaires, leur rappeler nos actions, comme le « point santé » qui est récent, ou notre accompagnement sur la mobilité. On compte sur eux pour faire passer l’information quand ils rassemblent des familles, lors des groupes de parole pour des parents en difficulté. On essaie aussi de travailler régulièrement avec les éducateurs de prévention ou l’Aide Sociale à l’Enfance, en fonction des situations dont ils assurent l’accompagnement.

 

Aujourd’hui les nouveaux invisibles, ce sont les décrocheurs scolaires, qui ne connaissent pas forcément la mission locale alors qu'ils pourraient bénéficier d’un dispositif. Grâce au partenariat avec les assistantes sociales, le CIO, les différents collèges, on reçoit ces jeunes. Le maillage et le réseau des acteurs jeunesse permet de repérer ces jeunes et de faire rapidement le lien avec les services de la mission locale. C’est plutôt positif qu’on ne laisse pas ces jeunes dans une période de non prise en charge et d’incertitudes pendant plusieurs mois, ce qui rend le raccrochage plus difficile.

 

D’ailleurs, nous travaillons sur une autre problématique, celle des « hikikomori », ces jeunes qui, notamment depuis la période de COVID, sont très isolés, en rupture avec le monde extérieur et qui ne sortent pratiquement pas de chez eux. Notre idée, c’est d'aller le voir à domicile, pour ceux qui sont d’accord, afin de mener des entretiens tripartites avec l’assistante sociale et la famille. C'est un public que je prends vraiment le temps de rencontrer avant de lui proposer de venir à la mission locale.

 

Quelles sont vos actions de remobilisation ?

La majorité des jeunes intègrent assez facilement un dispositif d’insertion. Pour autant en parallèle, on propose quand même, à certains, des stages découvertes où on fait de l'accompagnement individuel, sur des actions concrètes de découverte des métiers. Une fois que ces 3 semaines sont effectuées, ils peuvent intégrer un contrat engagement jeune ou un accompagnement Pacea, en y voyant déjà un peu plus clair sur leur projet. Pendant ces actions de remobilisation, pour 80% des jeunes que j’accompagne, on travaille à la fois sur les savoir-être professionnels et les savoir être dans la vie de tous les jours. C'est à dire se lever, arriver à mettre son réveil. On est vraiment sur des règles de base et sur du savoir-être global.

 

Comment voyez-vous la suite ?  

Je pense que l'information est passée auprès des différents partenaires. Pour moi, ils sont une source de repérage importante. On n'est pas à l'abri de devoir continuer à diversifier nos actions pour toucher un public qui va continuer d’évoluer dans les prochains mois. Même sans appel à projets, notre volonté c’est de poursuivre les actions engagées. Les actions de raccrochage via les chantiers jeunes devraient continuer à se développer, sans forcément que ce soit la mission locale qui les porte, mais plutôt un autre partenaire. Par rapport aux autres missions locales, nous avons fait le choix de mener plusieurs petites actions que l’on fait évoluer en fonction de leur réussite, et que nous n’hésitons pas à arrêter si on constate qu’elles ne sont pas véritablement adaptées.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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La mobilisation par le patron

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Le collectif Dyna’meet est composé de 6 structures de la métropole bordelaise : MonjobCvous, l’association Sport-Emploi, Entr-Autres Bordeaux, La Cité's Compagnie, @ARE33 et l'Espace Textile Rive Droite qui en est le chef de file. L’Espace Textile, dont Célia Orgogozo est directrice, est une association de mobilisation sociale et professionnelle pour les femmes dans les quartiers. Dyna’meet est lauréat du PIC « RMPI ».

 

 

D’où vient Dyna’meet ?

Le projet Dyna’meet est né de la volonté de travailler ensemble des 6 structures qui forment le consortium. Le PIC était l'occasion d'aller plus loin dans nos coopérations et de proposer aux jeunes un parcours un peu décalé pour aller vers l'emploi. Nous apprécions beaucoup le côté expérimentation qui nous permet de nous améliorer en avançant.

 

Est-ce que vous visez un public particulier ?

Le public jeune de moins de 30 ans, sans diplôme ni formation. Comme notre objet d'accroche c'est la couture, nous avons plutôt tendance à nous adresser à un public féminin. Le fait est que, pour le moment, nous touchons plus de garçons que de filles. Je ne connais pas les raisons exactes, mais la plupart des filles qu'on rencontre sont en Contrat d’Engagement Jeune. Elles sont déjà suivies et donc elles ne font pas partie de notre public cible.

 

Comment faite vous votre repérage ?

Le repérage est un des buts du programme. Nous y avons consacré beaucoup de temps, une quinzaine de sorties pour distribuer des flyers, de l'affichage dans tous les pieds d'immeubles du bailleur social. Ça n'est pas forcément le plus efficace en termes de nombre, mais par contre, nous avons trouvé dans la rue quelques profils qu'on n’aurait jamais rencontré autrement. Sinon, nous avons communiqué sur internet, par nos réseaux personnels et professionnels. Nous avons organisé une « Dyna’meet party » au rocher Palmer, une salle de spectacle. Il y a aussi le bouche à oreille. Comme notre association touche beaucoup de femmes, du coup leurs enfants viennent nous voir, c'est aussi ça qui fonctionne. Pour l’instant nous en sommes à une quarantaine de jeunes, je pense que nous serons proches des objectifs fixés.

 

Dyna’meet c’est aussi un programme de mobilisation ?

Repérage et mobilisation, on fait les deux. Les repérer ça ne veut pas dire qu’on les mobilise, mais qu'on les a possiblement réorientés vers un autre partenaire. Pour nous l’idéal, à terme, c'est que le jeune trouve un emploi ou une formation. Si ça ne prend que 5 minutes je suis ravie. Il n’y a pas du tout de nécessité à ce qu’il participe à quelque chose avec nous. S’il le fait, c’est que ça correspond à un moment de sa vie. Mais il n’y a aucune obligation.

 

Comment abordez-vous les jeunes, comment vous leur présentez Dyna’meet ?

Nous abordons les jeunes en leur disant que nous sommes là pour parler d’emploi autrement et pour leur proposer des choses un peu différentes. On leur parle de la possibilité de commencer à travailler un peu. Il n’y a pas forcément besoin, que nous soyons un service public de l'emploi reconnu pour engager le dialogue. Au contraire, le fait que nous soyons un acteur un peu différent, ça ne leur déplaît pas. Nous leur proposons de participer à des ateliers rémunérés, qui durent un mois pour des groupes d’une dizaine de personnes.

 

Comment procédez-vous ?

Chaque jeune passe forcément par un entretien, le plus souvent à l'Espace Textile mais aussi chez « monjobCvous ».  A l'issue de l'entretien, nous lui faisons plusieurs propositions en fonction de ses besoins : participer à un atelier rémunéré, ou rejoindre le projet « en découdre avec l'emploi » qui permet de travailler une demi-journée par semaine avec un accompagnement socioprofessionnel spécifique. Soit encore, il peut entrer en stage dans une de nos structures, ou on l’oriente vers d’autres actions.

 

Est-ce que le textile attire ces jeunes ?

La dimension textile n'a pas beaucoup d'importance en fait. C'est vraiment un outil de mobilisation, et il fonctionne très bien pour toucher les femmes des quartiers. Pour les jeunes, c'est un outil qui est extrêmement valorisant quand on travaille parce qu’on fait quelque chose avec ses mains. Mais au sein du consortium, nous pouvons les mobiliser aussi bien par le sport avec « sport emploi » que par la restauration avec « Entr-Autres ». Notre idée, à terme, ce serait d’organiser des ateliers rémunérés plus tournés vers le sport ou la restauration que vers le textile.

 

Pour le premier workshop qui s’est déroulé en mars avec 11 personnes, nous avions 6 garçons qui n’avaient aucune appétence pour la couture. Au départ nous avons insisté sur le fait qu’il n’y avait pas besoin de s’y intéresser, et ils ont tous très bien joué le jeu. Ils ont appris à se servir d’une machine, à faire un patron. C’est vrai aussi que nous avons pas mal de profils créatifs, des gens qui voudraient travailler dans la PAO, dans la mode, comme web designer.

 

Quel type d’accompagnement faites-vous ?

L'accompagnement est individuel et collectif, sachant que le premier objectif c'est de les raccrocher à la mission locale dès qu’on le peut, de les rendre visibles. Ce qui est important, c'est que ça ne s'arrête pas au bout d'un mois. Après l’atelier, le groupe continue à vivre tous les vendredis matin. Ils ont rendez-vous avec nous pour travailler le projet professionnel.

 

L'idée c'est de les amener jusqu'à quelque chose de concret. Tant que ça n’est pas fait, on garde le contact le temps nécessaire. En matière de parcours, il n’y a pas d'idéal. Je crois beaucoup à l’individualisation, tout le monde n'a pas besoin de la même chose.

 

Vous avez eu plus de garçons que vous ne l’attendiez, mais avez-vous eu d’autres surprises ?   

Je trouve que les jeunes sont en plus grande difficulté sociale que ce que j'imaginais, et un peu perdus dans tout ce qui leur est proposé. Ils n’y voient pas très clair dans ce qu'ils veulent faire de leur vie, comment ils veulent avancer. Pour la plupart, je pense qu’ils ont connu des cassures importantes dans leur parcours de vie, leur parcours scolaire.

 

Ils ont essayé des choses, ça n’a pas marché, se sont résignés. Le problème c'est que nous arrivons déjà très tard. Je trouve vraiment que nous avons une génération qui n’est pas très en forme, sûrement en partie à cause du Covid. C’est pour ça que nous leur offrons une solution extrêmement simple. Si on ne fait pas ça, nous aussi on les perd, ils sont complètement dans l'immédiateté. On gère aussi la relation avec les parents et leurs inquiétudes.

 

Quel est le futur de Dyna’meet ?

Le programme dure jusque fin 2023. Nous avons un prochain atelier qui va se dérouler en juin. Et nous prévoyons une deuxième « Dyna’meet party » en décembre, qui sera à la fois un moment de mise en valeur de tous les jeunes passés par le parcours et un moment de mobilisation pour d'autres jeunes. Il nous paraît important de faire qu’ils se rencontrent et qu’ils échangent entre pairs.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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Partenaires pour les jeunes

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Emilie Guérin Grazide est chargée de projet et conseillère en insertion à la mission locale du Libournais. La structure a mis en place le projet R’accord, lauréat du PIC RMPI (Repérer et Mobiliser les Publics Invisibles) dans la continuité du PIC « IN système »*.

 

Comment avez-vous élaboré le projet R’accord ?

Après l‘expérimentation « IN système », nous avions vraiment pris conscience que le repérage des jeunes demande énormément de temps et de présence sur le terrain, et que nous n’aurions pas, à nous seuls, cette capacité à se déployer sur tout notre territoire. Donc on s'est appuyés sur les structures et on a construit R’accord en partenariat.

 

Nous avons aussi réfléchi aux besoins des jeunes et aux solutions pour introduire de la fluidité et du suivi entre les différents acteurs qui gravitent autour de ce public. L’important, c’est de se tenir régulièrement informés entre nous. C'est déjà ce qu'on fait plus ou moins, mais là, nous y avons porté une attention particulière parce que ce sont des jeunes plus fragiles qui peuvent facilement décrocher.

 

Quels types de partenaires ?

Nous avons formé un consortium avec l’association Alter Ego pour la mobilité, « Le lien » pour le logement, « Les Cygnes de vie » à Castillon la bataille. Et deux partenaires qui ne sont pas membres du consortium, LEPI (Libournais Equipe Prévention Insertion), association de prévention, et Habitat Jeunes en Pays Libournais. Au fur et à mesure, se sont agrégés des partenaires auxquels on n’avait pas pensé dans un premier temps. Ainsi, nous travaillons depuis un an avec l’ADAV 33, l'association des gens du voyage. Notre démarche est très opportuniste, on est aussi en lien avec toutes les collectivités locales, et dès qu’un partenaire organise un événement ou des actions qui mobilisent potentiellement des jeunes, on essaie d'être présent, de proposer une animation, de se rendre visible.

 

Que comporte le projet ?

Opérationnellement, nous avons plusieurs axes de travail. Le premier consiste à conforter et renforcer le partenariat. Concrètement nous organisons des rencontres régulières avec nos partenaires et nous maintenons la proximité avec eux, de personne à personne, de professionnel à professionnel. Sinon, en pratique, environ une fois par mois, nous participons aux maraudes que font déjà les intervenants sur différents territoires. L'idée, c'est de pouvoir entrer en relation directe avec des jeunes, leur parler de la mission locale.

 

Quels sont les deux autres axes ?

Le deuxième axe de travail, c’est la mise en place de nouvelles modalités de repérage en allant au plus proche des lieux de vie des jeunes. Pour ça, nous avons créé des temps forts, par exemple une journée autour des questions de mobilité ou autour des jeux vidéo. Nous proposons des animations de présentation des métiers avec des casques de réalité virtuelle, on utilise des simulateurs de conduite pour donner envie aux jeunes de venir nous rencontrer. Notre objectif est de créer des événements pour nous rendre visibles, en utilisant des supports attractifs.

 

Notre troisième axe de travail vise à permettre aux jeunes de se remobiliser. Nous avons choisi la mobilité comme support. On leur propose, par exemple, de passer le code de la route, un prétexte pour leur donner envie d'entrer dans une dynamique d'insertion. Notre but caché, sans leur dire, c'est de travailler leur projet professionnel et de leur proposer ensuite d'aller sur un accompagnement. Avoir le permis, c’est un vrai facteur d’insertion professionnelle. Chez nous, la plupart des jeunes n'accèdent pas à la formation ou à l'emploi, principalement à cause des problèmes de mobilité.

 

Comment faire adhérer un jeune au principe d’un accompagnement ?

Il faut d’abord lever les difficultés qui relèvent de sa subsistance. Si sa première préoccupation est de savoir où il va dormir, ce qu’il va pouvoir manger, c'est sûr qu'il ne sera pas en capacité de s'engager dans l'accompagnement. Nous devons très rapidement mobiliser des aides financières en s’appuyant sur les dispositifs de droit commun, sur les associations caritatives pour l'aide alimentaire, et trouver des solutions de mobilité quand elles existent. R’accord a permis de financer des places sur un dispositif d'hébergement d'urgence, des colocations avec l’association Le lien, qui peut les accueillir pour une période de 3 à 6 mois, jusqu'à ce qu'ils trouvent une solution plus pérenne.

 

Quel est le public que vous visez ?

Notre cible, c'était les jeunes 16-25 ans qui ne nous connaissent pas, ou qui ne veulent plus venir à la mission locale. Mais on avait aussi envie de cibler les jeunes parents au RSA qui ont un peu de mal à se projeter dans des projets d'insertion professionnelle.

 

Au départ, nous avions pour objectif de toucher 100 jeunes. Par toucher, il ne faut pas forcément comprendre accompagnement. Un rendez-vous à la mission locale est déjà une réussite. Pour l’instant nous en sommes à une cinquantaine, mais nous avons une obligation de moyens, pas de résultats. Sur une de mes journées, si je reviens avec deux jeunes à suivre, c'est déjà énorme. On savait déjà que c’est un travail de fourmi qui demande beaucoup d'énergie pour des résultats très modestes. En plus, on se rend compte que plupart des jeunes de notre territoire connaissent la mission locale, sont déjà suivis par elle ou d’autres partenaires, ou ont été suivis par le passé. En fait, les vrais invisibles, il y en a très peu.

 

A la mission locale, qui participe à R’accord ?

R’accord est un projet d’équipe, même si nous avons un animateur recruté pour ce projet. Tous les conseillers sont partie prenante. Dans la mesure du possible, ils participent aux actions de maraude, parce que nous voulons rassurer au maximum le jeune et qu’il n’ait pas à raconter quinze fois son histoire.  Le principe est aussi de faire en sorte que son premier interlocuteur soit la personne qui va assurer son accompagnement.

 

Quel bilan tirez-vous de l’action?

L’intérêt et la plus-value qu'on voit dans ce projet ce sont les partenariats, ça nous incite vraiment à travailler en complémentarité. Cela nous oblige aussi à sortir de nos bureaux, à réfléchir à des manières d’évoluer pour mieux répondre aux attentes de la jeunesse, comment nous rendre attractifs. R’accord nous a poussés à rentrer dans cette réflexion et à sortir d'une logique institutionnelle, purement administrative. Pour les conseillers c’est un exercice qui s’apprend, ça nous demande de construire une nouvelle approche des jeunes. Pour la mission locale, l’enjeu de visibilité marche dans les deux sens.

 

 

* IN Système est le projet de 37 Missions Locales, porté en consortium par l’Association Régionale des Missions Locales de Nouvelle-Aquitaine, en 2020 et 2021. Il visait l’accompagnement vers le droit commun de jeunes particulièrement éloignés de l’insertion socioprofessionnelle 

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

 

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A Royan, le repérage à la plage

A Royan, le repérage à la plage | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Yoni Pitcho est conseiller à la mission locale de l’agglomération Royan Atlantique. Le projet “In Real Life”, mené conjointement avec la mission locale de Rochefort-Marennes-Oléron, est lauréat du PIC RMPI.

 

C’est quoi In Real Life ?

Il s’inscrit dans la continuité d’un autre projet qui a duré 2 ans, appelé « In system », dont l’objectif était déjà le repérage des invisibles. Au début de cette année, nous avons enchainé sur « In Real Life », qui est globalement le même projet, parce que nous avons trouvé la démarche intéressante et utile. L’idée principale, c'est de repérer les invisibles en menant des actions atypiques, hors de nos murs. Pour certaines actions, nous travaillons avec la mission locale de Rochefort. Chacun garde aussi ses projets spécifiques. Notre objectif est de repérer une centaine de jeunes par an et par structure.

 

Quelles sont les actions communes ?

La mission locale de Rochefort a une webradio qui s’appelle « On’R ». Cet été ils ont délocalisé leur studio pour faire des émissions en direct, liées ou pas à un évènement, afin de proposer à des jeunes de prendre la parole à l’antenne, éventuellement faire des chroniques.

 

En quoi consistent vos actions de repérage ?

Le principe c’est de sortir de nos locaux, parfois sur des horaires décalés, le samedi ou en soirée. On fait aussi ce qu'on appelle des « pieds d'immeuble ». On va dans les différents quartiers de Royan, avec les centres sociaux. Pour organiser des animations ludiques, sportives ou culturelles. Pour l'instant, on y va plutôt sur le temps des vacances. Autour d’un café ou d’un thé, on se fait faire connaître des habitants du quartier.

 

Même si on ne s’adresse pas qu’à des jeunes de 16 à 25 ans, on rencontre les familles, les cousins, les grands-mères, les copains, qui peuvent transmettre notre message. C'est du repérage indirect. Le centre social possède un camping-car aménagé dans lequel on peut recevoir. Si quelqu'un veut faire un entretien tout de suite, parler de sa situation au calme. C’est en quelque sorte notre bureau mobile.

 

Comment procédez-vous ?

Nous ne faisons pas la même chose l'hiver et l'été. Notre équipe de prévention tourne sur toutes les villes autour de Royan. Pas tous les jours, mais une fois par semaine ou tous les quinze jours, pour qu’il y ait une récurrence. On ne peut pas se rendre partout, on se concentre sur les points de rassemblement potentiels où on sait que les jeunes se rassemblent, ou ceux qui nous sont signalés. Avec l'expérience, on arrive à mieux cibler les endroits intéressants, les plages et les parcs où les jeunes se trouvent.

 

En hiver, nous tenons des permanences au centre social, on organise à la mission locale des ateliers cuisine, des forums emploi ou apprentissage, des découvertes métiers dans les entreprises… Ce sont des événements ouverts à tout public. Un jeune peut y participer, même s’il n’est pas encore inscrit chez nous.

 

Quel est le rythme de vos sorties ?

On a constaté qu’un rythme d’une fois par semaine n'était pas suffisant. Et qu'en été, avant 22 ou 23 heures, les jeunes ne sont pas là. Donc on a aussi adapté nos horaires. Particulièrement dès le début des vacances, avec des sorties quasiment tous les soirs, parce qu’il y a plus de fêtes. L’équipe de prévention, plutôt que de travailler la journée, va tourner le soir et un peu au début de la nuit.

 

Comment abordez-vous les jeunes ? 

Avec l'expérience on s'est rendu compte que venir les mains dans les poches et se présenter comme conseiller de la mission locale, ça ne marche pas. Alors pour faciliter la prise de contact, entamer la discussion, on leur propose des petits cendriers de plage, des casquettes, des lunettes ou des briquets. Si on dit bonjour à un jeune, ça ne suffira pas à le faire venir tout de suite à la mission locale. Il faut prendre le temps de créer un climat de confiance, apprendre à se connaître avant qu’il nous rende visite.

 

Et puis les discussions ne s'axent pas toujours autour du projet professionnel ou de ce qu’ils font dans la vie. On va les aborder en parlant d’une musique qu’ils écoutent, d’un jeu de cartes qu’ils sont en train de faire. C’est comme ça qu’on essaie de leur laisser quelques infos. On ne les aborde pas frontalement en leur posant des questions sur leur situation. Nous avons très rarement des réactions négatives.

 

Pour être mieux identifiés, que ça ait un effet, on sait qu’il faut être présent souvent mais pas forcément longtemps. Sinon les jeunes oublient notre message. On multiplie les opérations un peu spécifiques, un tournoi de foot, un événement culturel. En été, on va aussi participer aux soirées, organiser le bal de promo du lycée, participer à la nuit du bac. On est dans une petite ville, l’idée c’est de semer des petites graines. A force, on croise régulièrement les mêmes têtes, et ça fait son effet puisqu’ils se confient. 

 

Ensuite, ce sont les jeunes qui prennent contact avec vous ?

Nous avons toujours des cartes de visite sur nous. S’ils sont d’accord, on prend leur numéro et on essaie de rester en contact. Pour ça, le SMS fonctionne pas mal. L’idéal, c'est qu’ils nous rappellent dès le lendemain pour prendre rendez-vous, mais ça ne marche pas à tous les coups.

 

Selon vous, qu’est-ce qui peut les inciter à venir fréquenter la mission locale ?

En fait il y a 2 types de jeunes. Ceux que nous n’avons jamais vus, qui ne savent pas trop ce qu'on fait. Leur connaissance de la mission locale est très limitée. S’ils n’ont pas un copain ou quelqu'un de la famille qui a déjà eu affaire à nous, ils ne nous connaissent pas. Et il y a ceux qu'on n’a pas vu depuis très longtemps et qu'on redécouvre. Ils ne savent pas forcément qu'on peut aussi les aider sur le logement, l'apprentissage, la santé, la mobilité… 

 

Une fois qu'on a « accroché » un jeune, il entre en relation avec une personne, un conseiller, plutôt qu'avec la structure. Quand ce climat de confiance est installé, on essaie de leur montrer qu’on a des solutions pour lui. A commencer par nos actions de remobilisation, comme Jump ou « Reste deter ».

 

Vous arrivez à évaluer votre taux de réussite ?

Le taux de réussite n'est pas toujours évident à calculer parce que certains jeunes vont réagir tout de suite. D’autres, à qui on va délivrer notre message, ne vont venir que plusieurs semaines plus tard, par exemple en septembre quand ils se rendent compte qu'ils n’ont rien pour la rentrée. On sait que c'est un travail un peu long. Mais c'est la caractéristique de ce public qui n’est pas facile à récupérer. Les jeunes ne viennent pas pour nous faire plaisir, mais quand ils ont besoin.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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Multiplier les capteurs pour repérer les publics

Multiplier les capteurs pour repérer les publics | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Gamra HANNA est chargée de mission démarche « RE-PAIR » à l’association Transitions 64, qui porte le PLIE Ouest Béarn (Mourenx). Le dispositif « RE-PAIR », qui veut dire à la fois « repérer » et « réparer », a été  lauréat du PIC « repérer et mobiliser les publics invisibles. » de  janvier 2020 à  décembre 2021

 

D’où vient le projet RE-PAIR ?  

C'était d’abord une logique PLIE. La logique PLIE, c’est de recevoir des personnes qui viennent vers nous avec une prescription de Pôle emploi ou d’autres partenaires. Nous avons voulu les interroger sur la visibilité qu'elles ont des services présents sur notre territoire. Il en a résulté que ce public, même suivi dans le cadre d'un accompagnement renforcé, ne s’y retrouvait pas toujours dans le maillage des différents services, des actions ou des structures qui peuvent l’aider. La réflexion est en partie venue de là.

 

Comment avez-vous procédé pour le mettre en place ?

A l’origine, nous avions pris contact avec la communauté d'agglomération qui porte le PLIE de Pau, pour réfléchir à une façon d’améliorer la visibilité des services d’accompagnement social et professionnel auprès d'un public qui en est éloigné.

 

Ensuite, en 2019, bien avant de penser à répondre à l’appel à projets de l’Etat, nous avons mené une réflexion avec plusieurs partenaires du réseau de l'accompagnement social et professionnel sur la question de comment aller vers ces publics qui sont éloignés de nos structures et qui ne sont pas forcément identifiés. Nous avons été accompagnés par un cabinet de design thinking qui nous a amenés à prendre un peu de distance sur nos pratiques habituelles et à sortir de nos zones de confort. Ce groupe de réflexion a ensuite constitué le consortium qui a porté RE-PAIR.

 

Quel est son principe ?

Il nous paraissait intéressant de mobiliser les services et les commerces de proximité en lien avec ces publics. Par exemple le petit PMU du coin, qui a l'habitude de recevoir des personnes sans emploi, sans accompagnement, qui se confient parfois aux gérants. Ces commerçants, les associations et services de proximité, forment un réseau de « capteurs » potentiels qui sont donc amenés à rencontrer des personnes en difficulté. Notre idée était de les solliciter, de former comme une chaîne de solidarité, pour qu'ils relaient l'information à leurs usagers sur notre démarche, en leur expliquant qu’elle peut les aider dans leurs difficultés.

 

Comment avez-vous procédé ?

Nous avons engagé ce qu'on appelle un facilitateur de parcours. Son rôle c'est de faire la prospection auprès de ces services et commerces de proximité, de constituer ce réseau de capteurs. Il reçoit les publics orientés par les capteurs avant de les diriger vers des structures d'accompagnement social ou vers l’emploi. Il est situé en amont de cet accompagnement social qui vise à lever des problématiques de santé, d’isolement, de logement, de situations de handicap…

 

Si vous devez faire appel à ce réseau de capteurs, est-ce un constat d'échec du réseau traditionnel ?

Je ne crois pas. RE-PAIR est complémentaire. Et même avec notre démarche, nous aurons de toute façon toujours des personnes qu'on ne pourra pas amener vers de l'accompagnement. L'idée c'est justement d'élargir le plus possible pour rendre visible ce qui existe en termes de d'action d'accompagnement de de services. C’est plutôt une complémentarité. 

 

A force de recevoir des personnes orientées dans le cadre de la démarche, nous avons eu confirmation qu’il existe un énorme manque de visibilité des services. Et que les publics se posent des questions du genre, « si je vais là est ce que vraiment ça va m'aider ou est-ce que ça va encore plus complexifier les choses ? Je suis inscrit à Pôle emploi, je ne dois surtout pas oublier de m'actualiser et d’aller aux rendez-vous avec ma conseillère. »  Je crois que c'est vraiment la première hypothèse, la complexité, une difficulté à comprendre et à s'approprier le fonctionnement des dispositifs.

 

Comment vous avez choisi vos capteurs ? Est-ce qu’il y a des commerces plus adaptés que d’autres ? 

Comme nous sommes dans une démarche expérimentale, nous avons évolué au même rythme qu’elle. Nous avons forcément réadapté et réajusté notre approche en cours de route. Au départ, nous voulions faire une prospection tous azimuts. Petit à petit on s'est aperçu que, effectivement, il y avait des commerces qui étaient plus appropriés que d'autres. Par exemple nous avons élargi notre éventail vers les agences intérimaires, les associations caritatives, le tissu associatif social.

 

Nous avons aussi sollicité les agences immobilières auxquelles nous n’avions pas pensé initialement. Et puis, nous avons constaté que, effectivement, elles pouvaient nous envoyer du public parce qu’elles connaissent des locataires qui sont en difficulté de paiement de loyers. Nous avons aussi revu certains de nos aprioris, comme l’image d’Epinal du boucher de quartier sympa qui connaît tout le monde, mais ça n’est pas là que nous avons trouvé le plus de disponibilité.

 

Au bout d'un certain temps, nous avons remarqué qu'on avait ce qu'on appelle des capteurs actifs, ceux qui nous envoient du monde, qui restent en lien, qui sont engagés, qui nous disent que la démarche les intéresse. Et des capteurs qui font partie du réseau, mais qui pour l'instant ne nous ont envoyés personne. Comme nous sommes en quelque sorte dans une démarche commerciale sur un territoire relativement rural, on fait des relances directes, on passe leur dire bonjour, etc.

 

Justement, quel accueil avez-vous eu de la part de tous ces professionnels ?

Nous avons été très étonnés par leur implication. Globalement, nous avons reçu un très bon accueil des capteurs, qui nous ont confirmé qu’il leur arrivait de manière régulière de recevoir dans leur commerce, dans leur club de basket ou de tennis, des personnes dans une situation compliquée. Les gens leur parlent, mais ils n’ont pas de réponse à leur donner. Ils comprennent qu’avec le dispositif RE-PAIR, ils sont en mesure de donner un numéro de téléphone et de leur conseiller d’appeler pour trouver de l’aide.

 

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Mettre en route la démarche en 2020 a été un peu compliqué, puisque nous allions solliciter les capteurs commerce dans une période qui a été particulièrement tendue pour eux. Mais ça nous a permis de prendre le temps de construire les outils de communication, de mobiliser tous les partenaires pour leur faire savoir qu’on allait peut-être orienter les gens vers eux. On a vraiment mis en place la logistique de la démarche pendant cette période-là. La prospection n’a pu commencer réellement qu’en septembre 2020.  

 

 

Ndlr :

Depuis le 31/12/2021, l’association Transition et la Mission Locale des territoires de Mourenx /Oloron/Orthez mettent en œuvre ensemble la démarche TRANSMISSION qui a pour objectif de repérer et de mobiliser les publics dits invisibles dans le cadre de la convention 2021/2023.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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