Initiatives locales et paroles d'acteurs
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La gastronomie au service de l’emploi

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« Des étoiles et des femmes » résulte d’une idée originale du chef étoilé Alain Ducasse. Son but est de mettre « l’excellence de la gastronomie » au service des femmes éloignées de l'emploi. En pratique, cette action propose à un public exclusivement féminin la possibilité d’obtenir un CAP de cuisine en un an, assorti d’un accompagnement socioprofessionnel. Pourquoi un public féminin ? D’une part en raison du fait que le personnel de cuisine est majoritairement masculin, d’autre part parce que le taux de chômage est plus important chez les femmes que chez les hommes. Enfin, à cause de la pénurie de profils qualifiés que connait le secteur.

 

« Notre sélection se fait sur la base de la motivation de la personne à intégrer ce dispositif. 10 mois de septembre à juin, 2 semaines de vacances sur l'année, avec un rythme d'alternance d’un mois de cours, 3 semaines de stage. C'est très intense, particulièrement pour des femmes qui ont souvent quitté l'école il y a plusieurs années, » précise Sonia Josefowicz, chargée de projet de l’association bayonnaise Céleste. « Deuxième chose importante, c'est que nous choisissons des femmes majeures, quel que soit leur âge, qui ne pourraient pas accéder à un CAP classique sans notre aide. Pour l’instant, on est sur une moyenne d'âge de 35 - 40 ans »

 

L'association Céleste existe depuis plus de 50 ans. Son domaine d’expertise est la petite enfance. C'est la première fois qu’elle porte ce type de dispositif. Elle fait partie des 13 structures qui animent ce projet un peu partout en France. Céleste a pris un tournant il y a 2 ans, parce que les familles sollicitaient de l’aide pour leurs enfants, mais qu’elles venaient aussi avec des difficultés familiales plus globales. « Avec ce projet, nous avons voulu aider l'ensemble de la famille. En soutenant les femmes éloignées de l'emploi à se former, à retrouver un emploi. C’est notre volonté de nous positionner de plus en plus sur des projets d'économie sociale et solidaire, par exemple sur la prévention sanitaire, la justice alimentaire et sur les inégalités. »

 

Formation et accompagnement socioprofessionnel

 

« Concrètement, c'est notre organisme de formation « Défi » qui porte « Des étoiles et des femmes », mais c'est le Greta qui dispense la formation au lycée de Navarre à Saint-Jean-Pied-de-Port. Il définit le contenu, la répartition des cours, les emplois du temps. De notre côté, nous nous chargeons de la partie administrative et de tout l’accompagnement socioprofessionnel. » Pour que les candidates suivent cette formation le plus sereinement possible, on les aide à lever certains freins comme la garde d'enfants, les remises à niveau en français, en mathématiques, la mobilité, l'achat de tenues professionnelles. La plupart sont hébergées en internat, les autres reçoivent une aide à la mobilité.

 

Pour trouver les participantes de la première promotion, qui a débuté en septembre 2022, tous les prescripteurs ont été sollicités. Service Départemental de la Solidarité et de l'Insertion, Pôle emploi, missions locales, PLIE, le GIP DSU à Bayonne, toutes les structures qui ont vocation à rencontrer des femmes éloignées de l'emploi ont été informées du lancement du dispositif.

 

Afin d’être retenues, les candidates doivent suivre plusieurs étapes, à commencer par un premier entretien individuel avec l’accompagnatrice socioprofessionnelle de l’association. Il est suivi d’un deuxième entretien pour répondre à des questions sur leur motivation, passer des tests de positionnement, des tests de compétences dans les savoirs de base, de manière à vérifier qu’elles aient un niveau suffisant pour le CAP.  Ainsi que des tests dans le domaine de la vie collective. « Notre but c'est que le groupe reste ensemble jusqu'à la fin de l'année. On étudie toutes ces évaluations pour effectuer une première sélection. Ensuite un jury se réunit, composé de restaurants partenaires, du Greta, d'une personne du lycée de Navarre. C'est à l'issue de ce jury que l’on sélectionne 12 personnes. »

 

Céleste travaille également en partenariat avec l’organisme de formation « Carrières & insertion » sur l’accompagnement social renforcé. Le programme comporte des ateliers sur la communication, sur la posture professionnelle, sur le sexisme au travail, le CV, la lettre de motivation. Ainsi que des ateliers bien-être, de réflexologie et de sophrologie. Il inclut également des visites d’entreprises, des vignobles, des fromagers, des agriculteurs, toujours liées à la cuisine, à l’alimentation et aux produits du terroir. Celles qui rencontrent plus de difficultés en cours peuvent bénéficier d’un soutien scolaire.

 

L’accompagnatrice socioprofessionnelle intervient quasi quotidiennement. Pour chaque problème, elle essaie de trouver une solution, qu’il s’agisse de questions de santé, de logement, d'addiction, de garde d'enfants… « les participantes arrivent avec tous leurs passifs et toutes leurs problématiques. C’est pour ça qu’il nous faut une personne au quotidien qui prenne en charge ces problèmes et trouve des issues. Nous faisons aussi des entretiens individuels tous les mois, pour faire le point sur leur progression, leurs problématiques, etc.. »

 

Une expérience valorisante

 

C’est l’association qui choisit les restaurateurs et place les stagiaires dans les différents établissements. La plupart d’entre eux souhaitent rencontrer la stagiaire avant de l’accueillir. Ils s’engagent à lui transmettre leur savoir, à lui apprendre le métier de cuisinier. Seule véritable condition, qu’ils adhèrent aux valeurs du dispositif. « Nous travaillons avec des restaurants étoilés et gastronomiques, la concurrence est un petit peu rude mais il arrive qu’ils proposent des contrats pour la saison, ou du temps partiel sur du long terme. La particularité du dispositif, c’est de viser l'excellence de la gastronomie. Cela permet aux stagiaires d’ajouter une belle référence à leur CV. »

 

La deuxième promotion est en cours de recrutement, pour un démarrage de la formation en septembre. « Même si on reçoit 30 personnes, mais qu’il n’y en a que 8 qui ont le profil, nous n’en retiendrons que 8. Il arrive que nous en écartions certaines lors du premier jury parce qu’elles sont trop diplômées. Ça n’est pas spécialement facile de dire à quelqu'un qu’on ne peut pas la prendre à cause de ses diplômes. En revanche, on les oriente vers d’autres formations. Dans un groupe, s’il existe une différence de niveau trop importante, ça se ressent dans la dynamique collective. »

 

« Notre première promotion fut une réussite et tous nos partenaires, professeurs compris, sont très surpris que nous ayons conservé 12 personnes jusqu’à la fin de la formation. Nous ne les avons pas lâchées. Pour ma part, ce que je retiens, c’est leur motivation. Je suis ravie de les voir aussi motivées, compte tenu de tous les problèmes auxquels elles doivent faire face. »

 

 

* "Des étoiles et de femmes" a reçu le soutien financier de la Région par l'appel à projets "soutien aux actions de développement dans les quartiers "politique de la ville".

 

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Connectons nos compétences

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« La spécificité de notre public ce sont des adultes en reconversion », explique Mélinda Georget, coordinatrice pédagogique du Cipecma (Châtelaillon - Charente-Maritime). « Notre objectif, au-delà de l'obtention d'une certification, c'est vraiment que les gens puissent se reconvertir et accèdent à l’emploi. Nous réfléchissions déjà depuis déjà plusieurs années, en tant qu’organisme de formation, à une manière de mettre en place et développer des actions en faveur de l'employabilité et de l’insertion. »

 

Tout a commencé par l’organisation d’un « World café », dans le cadre d'une réunion de service. L'après-midi les partenaires, financeurs, prescripteurs et entreprises, toutes les personnes qui gravitent autour d’une formation, ont été conviés à rencontrer les formateurs. « Pour arriver à mieux se comprendre il fallait que nous ayons ces temps d'échange. A chaque table était présent un prescripteur, un financeur, une entreprise, un formateur ainsi que nos commerciaux. » ajoute Nathalie Nathalie Grobey, référente emploi.

 

A l’occasion de cette rencontre, le Cipecma a appris qu’il pouvait déposer un dossier pour l’appel à projets régional « Initiatives Territoriale Emploi ». L’organisme a très vite engagé un travail de réflexion avec ses équipes pédagogiques, en partant de sa vision globale afin de sélectionner ce qui était réaliste et faisable. Son projet, baptisé « Connect’emploi », a été retenu fin 2020. Sa volonté était de mettre en place diverses actions et événements sur le territoire, difficiles à organiser en l’absence d’un budget spécifique. « Nous avions déjà la motivation, c’est l'étincelle qui nous a permis de changer d’échelle. Certaines actions existaient déjà, nous avons souhaité les développer, comme le forum du recrutement, les jobs dating, la Cvthèque. Nous avons voulu en créer d’autres, comme les matinales des compétences, les diag’emploi, les world cafés. »

 

Objectif reconversion

 

« Ça a été un tremplin, parce que c’est l’humain et sa reconversion qui donnent du sens à notre quotidien. C'est ce qui nous anime tous, formateurs, équipe pédagogique, coordinatrices. Et ça a été un tremplin aussi pour l'équipe, parce que nous nous sommes mobilisés autour de ce qui nous tient tous à cœur. » Avant ce projet, le Cipecma faisait déjà de l'accompagnement individuel ou collectif, des ateliers techniques de recherche d’emploi, de la préparation aux entretiens, de la mise en relation entre les offres et les candidats. Connect’emploi a permis d'améliorer certains services naissants, et d'en développer de nouveaux avec des formats complètement différents, de quelques heures à quelques journées.

 

« C'est vraiment notre force, ce besoin d'accompagner la personne jusqu’à son insertion, tout au long d’un parcours. En amont, avant même qu’elle entre en formation, on met en place des ateliers pour qu'elle trouve un lieu de stage. On la renseigne sur sa recherche d'entreprise et on propose des « diag’emploi » sous forme d’ateliers collectifs et d’entretiens individuels. Mais nous allons plus loin, le formateur référent et le stagiaire complètent ensemble un livret individuel de compétences. Même si le stagiaire ne valide pas son titre, c’est un outil par lequel nous lui reconnaissons des compétences qu'il acquiert au cours de sa formation. Nos stagiaires sont acteurs de leur parcours de formation, nous comptons sur leur motivation et leur investissement. Pour nous c'est primordial. »

 

Parmi les actions de « Connect’emploi » qui ont été réalisées d’octobre 2020 à septembre 2021, 12 jobs datings sont intervenus en fin de formation. Les six « matinales des compétences », quant à elles, ont consisté à rassembler des professionnels d’un métier autour d'une table ronde, pour échanger avec des personnes qui portaient un intérêt aux métiers du bâtiment, de l’administratif, de la logistique, de l’informatique, etc. Les publics pouvaient participer en direct au centre ou en visio conférence. Des capsules vidéo de présentation des métiers ont aussi été réalisées, et mises à disposition des personnes qui veulent s’informer sur un métier particulier.

 

« Avec le World Café, nous avons cherché à développer nos partenariats, notre réseau. Le premier avait pour thème la question du handicap. Nous avons invité les partenaires comme Cap emploi et Gaia17 afin d’apprendre à se connaître, et répondre à des questions pratiques. Des services RH étaient également présents. C’est une formule qui favorise vraiment les échanges. Et ça facilite surtout notre objectif d'accompagnement de la personne en situation de handicap. »

 

Créer des temps de rencontre

 

Enfin, le forum du recrutement qui s’est tenu fin septembre au parc des expositions de La Rochelle a attiré près de 300 visiteurs. Il était ouvert à tous publics, pas seulement les stagiaires du Cipecma. Les entreprises y proposaient des offres dans tous les secteurs d’activité. Le centre, appuyé par Pôle emploi, y a convié tous ses contacts, anciens stagiaires ou non, une trentaine d’entreprises de tous secteurs.

 

« Nous n’avons rien inventé mais nous avons créé des temps de rencontre. Ça a beaucoup plu, les gens sont vraiment en demande. C'est facilitant parce que ça crée du lien, et que l’on peut identifier une personne en face d'une problématique, trouver des réponses. Les rencontres entre partenaires ne sont pas une innovation, mais en pratique, elles se font de moins en moins régulièrement parce que tous les acteurs sont pris par le temps. »

 

Pour la suite, le Cipecma envisage de poursuivre les matinales des compétences. Pas dans l’immédiat puisque le travail effectué en 2021 est toujours exploitable. L'idée serait de conserver le principe d’une rencontre entre professionnels et stagiaires en l’intégrant aux formations.  Des tables rondes seraient préparées par un formateur référent avec ses stagiaires.  La CVthèque a été abandonnée, puisque plusieurs outils similaires existent déjà, par exemple la plateforme régionale « Talents d’ici ».  

 

« Il faut que l'on priorise nos futures actions. Nous continuons les job datings, pour nous ils font partie d'une clôture de formation. Les diag’emploi vont se poursuivre, ils sont un outil intéressant pour l'accompagnement individuel ou collectif, avant, pendant ou après la formation. Si nos moyens le permettent, nous ferons aussi un nouveau forum du recrutement et des world cafés. »

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