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Quand les étudiants parlent aux collégiens
La mission principale de L’AFEV est de permettre à des jeunes étudiants de s'investir dans la lutte contre les inégalités éducatives. Depuis 30 ans, l’association mène diverses actions comme le mentorat par des étudiants qui consacrent bénévolement 2 heures par semaine auprès d'un enfant pour ouvrir ses perspectives culturelles, ou les colocations solidaires dans les quartiers afin d’y développer le lien social. Autre aspect, permettre à des jeunes de s'engager, notamment en service civique et de participer à son projet associatif. Le projet Démocampus, qui a débuté à Bordeaux en 2019, s’inscrit dans cette logique de lutte contre le déterminisme social. « Sur cette thématique, travailler autour de l'orientation nous a paru très important », explique Hélène Bananas, chargée de développement. « On sait que seuls 10% des enfants d'ouvriers vont à l'université. On voit vraiment clairement qu'il y a un phénomène de reproduction sociale. C'est difficile de se projeter dans des études supérieures pour quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler, qui n'a pas d'exemples dans son environnement socio familial. L'origine sociale d'un jeune, demeure un facteur déterminant de son parcours d'orientation. » La démarche consiste à mobiliser des jeunes volontaires en service civique pour qu’ils témoignent auprès d'enfants issus de quartiers prioritaires, dans le but d’élever le niveau de leurs aspirations. Des binômes de volontaires interviennent dans les classes de 4e et 3e d’une dizaine de collèges de la métropole bordelaise, pour leur parler du lycée, des études supérieures, de la vie étudiante. « Nous ne sommes pas conseiller d'orientation et ça n’est pas notre métier, » précise Elina Burlot, étudiante volontaire. « Mais on peut quand même leur donner le vocabulaire, leur ouvrir un peu la porte pour leur dire ce qui existe. Et que s’ils sont intéressés, il y a plein de manières d'avoir des infos. » Matière études supérieures Ces interventions ne sont pas optionnelles pour les collégiens afin de donner à tous et toutes le même niveau d'information. Tous les élèves participent à 4 ateliers d’une durée de 2 heures à une demi-journée, sur les heures de classe. Pour les établissements et les enseignants, cela représente un certain investissement, 6 heures et une demi-journée prises sur les cours. Le premier atelier est celui de la prise de contact avec les collégiens. Les animateurs leur proposent un questionnaire pour évaluer leurs connaissances, faire l'état des lieux de leurs préjugés et les pousser à les questionner. On leur parle du lycée, des études supérieures, des filières. Le débat qui suit porte sur des questions générales « est-ce qu'il faut être un bon élève pour réussir dans la vie ? » « Faut-il faire des études pour être heureux ? ». Le but est de montrer que l'orientation n'est pas seulement un choix de filières, et même de métier, mais que d'autres facteurs doivent être pris en compte, comme la famille, l'endroit où l’on vit, etc. « On ne veut pas se positionner en profs, on n'est pas là pour leur dire asseyez-vous et écoutez, nous on connaît plein de choses et on va tout vous dire. Simplement, on leur apporte un vocabulaire, des connaissances qu’ils n’ont pas, parce que on est un peu plus loin dans les études. On témoigne de notre expérience qui pourra éventuellement se révéler inspirante, éclairante ou rassurante pour les collégiens. » Le 2e atelier est centré sur les témoignages d’autres étudiants qui viennent leur présenter leur parcours du collège à l'université, y compris les difficultés qu’ils ont rencontrées, les doutes. Ils leur parlent également de questions pratiques, la gestion d’un budget, les courses, les lessives, tous éléments qui peuvent être sources d’inquiétude. On essaie de dédramatiser, de leur montrer qu'il y a plein de champs possibles. Et qu'on peut changer d'avis, il y a plein de passerelles, pas que des parcours linéaires. Le 3e atelier, c’est la découverte de l’environnement universitaire, avec visite du campus de l’Université Bordeaux Montaigne. Ils assistent à un cours en amphithéâtre, visitent la bibliothèque, le restaurant. Tous les éléments qu'ils connaissent au collège, on les retrouve sur le campus, mais en plus grands. Le 4e et dernier atelier est consacré au lycée, à ce qui est le plus proche d'eux. Dans le cadre d’un jeu, ils reçoivent une carte avec un personnage qui a un projet professionnel. Leur but est de créer le parcours de ce personnage à partir de la classe de 3e, en choisissant ses études, ses activités extra-scolaires. « On veut leur montrer que tous les parcours sont possibles, que deux personnes qui suivent le même parcours n’auront pas forcément les mêmes compétences. On veut aussi casser les hiérarchies entre les filières. Si on a une idée de métier en tête, peut être que c’est la filière professionnelle qui est la meilleure voie à emprunter. Certains préjugés sont portés autant par les familles que par le système scolaire.» Démocampus ne cherche pas à se substituer aux professionnels de l’orientation, mais cherche à ouvrir le champ des possibles aux jeunes. Selon Elina, « au début de l'atelier ils nous voient comme des adultes. À la fin de l'atelier, ils nous voient beaucoup plus comme des pairs. C’est quelque chose qui nous permet d'aller beaucoup plus profondément dans le témoignage. On n'a pas oublié ce que c'était d’être collégien, on l’était il n’y a pas si longtemps. Du coup, le contact passe bien. » Se poser les bonnes questions En résumé, les ateliers visent à lever les freins d’autocensure, à informer les collégiens de ce qui existe, à leur dire que tout leur est accessible. Et que si, à 22 ans, un étudiant ne sait pas forcément encore ce qu’il veut faire, qu’il peut changer d’avis, passer d’une filière à une autre, à 14 ans, eux ont tout leur temps pour se décider. "Mais l'important est de démarrer les réflexions et les recherches dès maintenant, car un projet d'orientation et d'insertion professionnelle se construit patiemment et sur le long terme. Souvent, quand on leur parle d'orientation, ils pensent métier. Mais les autres questions à se poser c'est aussi qui vous voulez être ? Qu'est-ce que vous voulez devenir ? Où voulez-vous habiter ? Est-ce que vous voulez aller étudier à l'étranger ? ça leur parle beaucoup. » « Ce qui continue à me surprendre, alors que voilà 10 ans que je travaille dans l'éducation populaire, c'est la force de ces outils. Quand on leur donne la parole, les élèves débattent de manière passionnée, sur ce que veut dire « faire des études » et même sur ce qu’est le bonheur. Souvent ils arrivent à la conclusion que dès qu'on s'investit dans l'apprentissage de quelque chose, on étudie. Que la vie n'est qu’apprentissages, et que chacun trouvera la réponse qui lui convient. » Chaque année, les volontaires sont encouragés à enrichir le projet, apporter de nouveaux outils ou les faire évoluer. Démocampus repose également sur la confiance faite aux volontaires que l’AFEV considère comme des experts de ces thématiques, de par leur expérience. Pour Elina, « l’image du passage de flambeau plaît bien à l’équipe. On entretient la flamme, puis on la passe à d’autres volontaires, d'année en année. Avec la petite graine que nous on a mise. » Pour l’avenir, l’ambition de Démocampus est de toucher plus de collégiens. Et à court terme, de s’adresser plus aux familles, qui jouent un véritable rôle dans l’orientation. Pour les parents, les interventions se font aussi en collège, le soir, sur le même modèle qu’avec les jeunes : informations, travail en petits groupes, échanges avec les volontaires étudiants. L'idée générale est de faire parler les parents entre eux parce que, eux aussi, peuvent être assez stressés par rapport à l’orientation, et notamment aux réformes.
Si tu ne vas pas à la science...
Une tente gonflable jaune, bien visible au pied des immeubles. Cette tente, c’est le laboratoire des Petits Débrouillards qui y déploient leurs expériences, sous forme de petits défis scientifiques : des machines infernales avec des parcours de billes, des animations en « stop motion », de la pâte à modeler qu’il faut s’efforcer de faire flotter… Mission des Petits Débrouillards, association créée en France en 1986 : la découverte et la transmission de la culture scientifique et technique. Parmi ses actions, la « science en bas de chez toi »* consiste à installer ce laboratoire mobile au milieu des tours, pendant la période estivale, sur un espace fréquenté par les jeunes. Ils sont invités à venir échanger avec les animateurs, découvrir, expérimenter. « Pour nous la base c’est l’éducation populaire, toucher le maximum de jeunes qui n’ont pas forcément accès à la culture scientifique, » explique Kevin Guénée, coordinateur d’activité. « Et cette action-là correspond complètement à nos idées et valeurs. On va dans les quartiers, c’est gratuit pour les enfants, sans inscription. C’est assez libre et flexible pour eux. Ça permet d’avoir une grande partie des enfants du quartier qui ne viendraient pas si on faisait des ateliers payants. » Les sciences, toutes les sciences La culture scientifique est un terme qui peut faire peur. L’association conçoit les sciences au sens large : numérique, sciences et vie de la terre, sciences sociales… Son objectif principal, c’est l’éveil à la curiosité, l’envie d’apprendre. « Chez nous il n’y a pas forcément de scientifiques. Certains animateurs ont un bagage scientifique, mais pas tous. On n’est pas des spécialistes, mais on a un regard curieux sur tout. Et on essaie d’attirer l’attention, de donner envie d’approfondir les choses, faire des expériences en physique et en chimie, mais aussi des sciences sociales en abordant les questions de différence homme femme, les stéréotypes, etc. Mais ça reste les vacances, on n’est pas des professeurs.» A La Rochelle, deux ou trois animateurs interviennent chaque après-midi, parfois le matin, pour 4 heures d’animation avec le public. Un QPV (quartier politique de la ville) par semaine, du début à la fin des vacances scolaires. En organisant ce rendez-vous quotidien pendant une semaine, les enfants découvrent cette sorte de « stage sciences » et reviennent les jours suivants. Le but est de les fidéliser, les faire suivre une dynamique, proposer des nouvelles expériences, s’adapter à leurs demandes. Le public est majoritairement composé de jeunes qui ne partent pas en vacances et dont les parents travaillent. Ils ne ne sont pas inscrits au centre de loisirs, par manque d’envie, ou de moyens. La « science en bas de chez toi » comporte une dimension animation, autour de la proposition de découverte et d’amusement. Les interventions sont annoncées par affiches et flyers distribuées aux commerçants, par réseaux sociaux. « Il y a des jeunes qui viennent parce qu’ils ont vu l’info, et certains qui viennent tous les ans, qui nous connaissent. On commence aussi à voir des jeunes parents qui ont connu le laboratoire il y a des années, puisque ça fait plus de 15 ans que nous faisons cette action. » L’objectif d’amener le maximum de jeunes vers la science n’est pas affiché frontalement. Certains veulent juste s’amuser, d’autres vont aller plus loin, poser des questions, qui déboucheront sur d’autres tests. On veut les mettre dans cette dynamique de curiosité, dans un format ouvert. S’il y a échec, on recommence. C’est une façon de mettre en valeur, ceux qui peuvent être en difficulté à l’école. « La manipulation et le jeu, c’est la meilleure façon d’apprendre. C’est la meilleure façon d’accrocher les enfants. A partir du moment où ils commencent à jouer, découvrir, manipuler, sans s’en rendre compte ils apprennent des concepts scientifiques. On commence par des choses simples, faire de la pâte à modeler, fabriquer des voitures avec des ballons, créer du gaz avec du bicarbonate et du vinaigre pour propulser des petites fusées. Des choses qui leur parlent directement. » « Ensuite, quand on les a accrochés par deux ou trois expériences, on peut aller plus loin sur d’autres phénomènes. On va parler de Co2, de pression, de forces centrifuges. Ils apprennent parce qu’ils sont dans une dynamique, ils sont investis dans un projet. Tout ce qu’on fait, ils peuvent le refaire chez eux. » Faire des jeunes de futurs scientifiques n’est pas le but. Ce que veulent les Petits Débrouillards, c’est toucher le maximum d’enfants. Si à la fin de la semaine, certains disent vouloir continuer sur la voie scientifique, que leur regard a un peu évolué, qu’ils ont trouvé des expériences à faire sur les réseaux sociaux, c’est un plus. Aucune évaluation, à part quelques quizz, mais toujours sous forme de jeu. L'influence des fake news Les enfants ont tous les mêmes besoins et les mêmes lacunes, qu’importe le quartier. Ce que constatent les animateurs, c’est qu’ils sont souvent influencés par les fausses informations qui circulent sur Internet, les vidéos qu’ils regardent, qui vont du meilleur au pire. « Beaucoup de jeunes nous disent qu’ils connaissent un sujet parce qu’ils ont visionné certaines expériences en ligne sur Youtube. Parfois il suffit juste d’essayer d’en reproduire une, pour leur montrer que ça ne fonctionne pas. » « Quand ils testent en réalité, ils se rendent compte qu’il y a une grosse différence. S’ils effectuent la manipulation avec nous, ça rentre. Et s’ils veulent la reproduire, ils comprendront pourquoi ça marche. C’est peut-être une des raisons d’un niveau scientifique un peu faible… C’est ça aussi qu’on essaie de mettre en place : tu as vu une vidéo, mais essaye par toi-même. Manipule, vérifie que c’est vrai, essaie de comprendre pourquoi ça marche. En 2022, « la science en bas de chez toi » a touché 300 participants à la Rochelle, 40% de filles et 60% de garçons. La moyenne d’âge est d’environ 8-9 ans. « C’est très compliqué de toucher les pré-ados, les 13-15 ans, on ne les voit pas. De temps en temps, on capte des petits groupes. Une fois qu’on a réussi à communiquer, ils sont intéressés, mais ils ont plus envie d’aller se promener avec leurs amis. Donc ça reste très compliqué d’avoir ces publics. Le plus gros, ce sont les plus jeunes, avec ou sans leurs parents. » « Les enfants se souviennent de nous quand on intervient dans les écoles. Mais tant qu’on ne peut pas leur proposer une animation régulière, c’est difficile de les capter à l’année. Notre objectif, ce serait de monter un club scientifique les mercredis après-midi, dans un centre social ou dans une médiathèque. Pour que ça fonctionne, il faudrait que cette activité soit accessible à tous. Parce qu’il y a aussi des jeunes qui n’aiment pas faire de foot ou de la danse. Il y en a plein qui seraient intéressés, on sait qu’il y a de la demande. » * « La science en bas de chez moi » est une action soutenue par la Région Nouvelle Aquitaine dans le cadre de l’appel à projets de soutien aux actions de développement dans les quartiers "politique de la ville".
Métiers en images, image des métiers
Depuis 2007, le métier de Nathalie Pinson, c’est la découverte des métiers. Après plusieurs années en tant que responsable pédagogique sur le voilier « Fleur de Lampaul », elle a œuvré à l’information des publics dans un quartier populaire de Nantes, avec son association « Entreprises dans la Cité ». « J'ai tout de suite été mise à disposition de la maison de l'emploi de Nantes pour un forum extraordinaire, unique en France « Place Ô Gestes ». Deux jours pendant lesquels les collégiens sont invités à tester les métiers par le geste, que ce soit conduire une pelleteuse, fabriquer un objet, ou élaborer un médicament avec des étudiants en pharmacie…. « Au début, on s’adressait surtout aux « mauvais élèves » des classes de SEGPA, d’Option Découverte Professionnelle (ODP), mais pas aux lycéens alors que j'étais déjà convaincu que la découverte des métiers, si elle était bien pensée pédagogiquement, concernait tous les niveaux. » Très vite convaincue que l’approche par métiers « en tension » ne répondait pas aux besoins, Nathalie Pinson a élaboré des outils pédagogiques reposant sur des témoignages filmés. Outils qu’elle a expérimenté au sein de plusieurs collèges à partir de 2016. En 2018, nouvelle étape. Avec sa sœur, ancienne conseillère de mission locale et encadrante en entreprise d’insertion, elles créent l’association « La Place des Métiers », « parce que pour nous, la place des métiers est primordiale pour beaucoup de publics. En contact des enseignants, l’association a très vite déployé des actions en présentiel, des concours, à destination de différents publics. Et élaboré un projet numérique parce que persuadée qu'on pouvait faire quelque chose à distance avec les enseignants. Puis le confinement est arrivé. Via les réseaux sociaux, l’association leur a proposé une action numérique pour leur permettre de garder un lien avec leurs élèves et leur faire découvrir les métiers. Un véritable parcours de découverte « La Place des Métiers » a voulu sortir « des clous » en ne procédant pas selon une entrée filières, et en refusant de se cantonner à présenter aux publics les seuls métiers qui leur sont accessibles, notamment en raison du niveau d’études attendu. Au-delà de présenter des métiers l’idée est de privilégier les « histoires de métiers. » Pour se faire, l’association propose aux enseignants de réaliser au sein de leur classe un parcours qui comprend trois modules. « Souvent l'orientation est traitée de façon individuelle, alors qu’il me paraît important que la découverte des métiers se fasse collectivement. Toute la classe découvre les mêmes films avant d’échanger ce qui constitue du commun. » Pour le premier module, 4 films, 4 témoignages de rencontres avec un métier : un souffleur de verre qui a découvert la matière, une astronome qui a suivi son rêve de petite fille de travailler un jour dans les étoiles, la reconversion réussie d’une coiffeuse en « monteuse systèmes mécaniques » dans l’industrie, et l’histoire d’un jeune apprenti pâtissier dont la vocation est née d’un coup de foudre pour une abeille en sucre. En les visionnant, les élèves comprennent qu’on peut rencontrer son métier par hasard, aux portes ouvertes d’un CFA ou dans un forum, que leur choix peut ne pas être contraint par les adultes, leurs parents ou leurs professeurs. Pour le deuxième module, les élèves endossent le rôle des membres du jury d’un festival. Au cours de 4 séances de moins de 20 minutes, ils voient des films, à raison de 5 par séance, classés dans 4 catégories distinctes : compétences, parcours, le genre des métiers (catégorie qui suscite le plus de débats). Et enfin, la catégorie « coup de cœur », des films que les deux sœurs aiment bien partager. « Dans chaque catégorie, les élèves choisissent leur histoire préférée. C’est simple, tout le monde peut le faire. C'est un vote commun à la classe, nous leur envoyons les résultats. C'est très intéressant que les élèves prennent conscience qu’ils peuvent se retrouver sur un choix collectif. Ça veut dire qu'ils ont une culture commune. On sait à l’avance que certains films n'auront pratiquement aucun vote, mais ils auront tout de même été vus par les élèves, c’est le plus important. » Vient ensuite le « champ des possibles », le troisième module. Chaque élève est invité à explorer la chaîne YouTube de l’association qui rassemble plus de 3 500 films. Les consignes sont simples et précises : cherche un film sur un métier que tu as envie de partager avec les autres et un film sur un métier que tu ne connaissais pas. Si certains métiers reviennent plus souvent que d’autres, l’intérêt des jeunes ne se porte pas forcément sur ceux que l’enseignant imaginaient. Elargir l'éventail des possibilités Cette liberté totale donnée aux élèves n’est pas habituelle. Pour différentes raisons, on leur propose le plus souvent de s’intéresser toujours au même éventail de métiers « classiques », voire de les contraindre vers une voie professionnelle que l’on estime « faite pour eux ». « Si on leur dit « va choisir un film sur un métier que tu as envie de faire », d’avance je sais que je vais avoir des footballeurs et des Youtubeurs en puissance, des vendeuses et des éducatrices de jeunes enfants, rarement des carrières qui impliquent de longues études. » A chaque séance, les élèves ont la possibilité de laisser un message grâce à des documents en ligne, que l’association peut consulter en temps réel. « Dans ceux que nous recevons, on constate que les plus jeunes ne font pas toujours la différence entre « je n’ai pas aimé le métier » et « j'ai appris quelque chose ». Comme si on ne pouvait apprendre que dans le plaisir. Plus on va vers des classes de lycée, plus les élèves comprennent qu’on peut ne pas aimer un film, mais tout de même y trouver des informations intéressantes. Pour moi, l’essentiel est de comprendre pourquoi ils n’ont pas aimé, et savoir l’expliquer. » Quand un enseignant exprime son intérêt pour les outils proposés, l’association lui envoie un lien d’inscription et lui demande de remplir un dossier afin de présenter sa classe, le niveau de ses élèves, ses attentes, ainsi que sa localisation géographique. Ensuite, l’enseignant reçoit les différents modules par courriel. Chacun d’entre eux est accompagné d'un vade-mecum, un ensemble de consignes simples, ainsi que des documents personnalisés, tableurs et traitement de texte à l’intention des élèves, le tout compatible avec les logiciels dont disposent les enseignants. « Le parcours n’est pas le même pour tous les niveaux de classe, mais il me paraît important que l'enseignant soit autonome dans son emploi du temps, dans la façon dont il va l’organiser. Pour nous le plus important c'est que les diffusions collectives donnent lieu à des échanges et ce, quel que soit le métier. L’objectif de notre projet, c’est de développer l'esprit critique, y compris en matière d’éducation à l’image. » Actuellement, « La Place des Métiers » a déployé sa méthode en Pays de la Loire, avec le soutien du conseil régional. Elle a été également retenue par la Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de son appel à projets "Expérimentations en matière d'orientation". « Les enseignants nous ont souvent dit qu’au départ, ils ne comprenaient pas trop où nous voulions les emmener. Mais après avoir expérimenté les trois modules, ils sont convaincus. Et ceux que nous avons accompagnés nous disent qu’ils veulent renouveler l’expérience. » https://www.linkedin.com/in/nathalie-pinson-1983019a/
Décoder le monde de la formation pour l’apprivoiser
Le décodeur de la formation, c’est une sorte de mallette de jeu. A l’intérieur, une fiche explicative pour les animateurs et une dizaine de visuels. Chacun d’entre eux est un avatar, incarnant différentes situations. Par exemple, Mourad, 21 ans. Il a arrêté ses études en première scientifique et voudrait devenir menuisier. Un visuel est donné à chaque groupe, auquel l’animateur demande de travailler sur 4 questions : est-ce que le personnage est obligé de se former pour atteindre son objectif ? Comment peut-il réaliser son projet ? Comment obtenir le diplôme nécessaire ? Quelles sont les différentes manières d'entrer en formation ? Idée générale de ce produit simple en apparence, proposer un atelier à des jeunes de mission locale afin qu’ils abordent le thème de la formation de manière ludique. N’ayant à leur disposition que la fiche qui leur est distribuée, ils doivent déterminer ce que devrait faire le personnage qui leur est proposé pour réaliser son souhait au sens large. S’il doit se former, comment faire ? Quand et pour quelle durée ? Comment vit-il pendant le temps de la formation ? Les participants doivent ensemble se poser les questions qui pourraient être évoquées entre un jeune et son conseiller. A l’origine de la création, trois conseillers de la mission locale de Poitiers qui intervenaient exclusivement sur la garantie jeunes. Dans leur travail d’animation collective, Ils avaient le sentiment d'avoir face à eux des jeunes pour qui la formation était un concept assez nébuleux. Ils entendaient des réflexions sur le mode « de toute façon moi j'ai pas les moyens » ou « moi l'école c'est pas mon truc », sans toujours savoir comment démentir ces idées reçues. Combattre les idées reçues « Malheureusement on l'entend encore beaucoup, » explique Sonia Chopin, chargée de projet orientation formation à la mission locale d’insertion du Poitou. « C’est très ancré cette idée « qu’il faut que je travaille, que je mette de l'argent de côté pour aller me former parce que ça coûte cher ». C'est vraiment avant tout pour contrer ça, que nous avons monté cet atelier. De fait, il rejoint les préoccupations de la mission locale et les préoccupations de l'Etat et de la Région à propos de l’augmentation du niveau de qualification des jeunes : comment amener plus de jeunes à se former afin de sécuriser leur parcours ? » « C'est un sujet qui nous préoccupe depuis pas mal d'années, comment rendre attractive l'offre de formation quand on voit que le jeune n’a pas trop de moyens pour affronter le marché du travail. Il va trouver des petits boulots, rester dans la précarité ou dans l'intérim. Mais s'il veut s'assurer un parcours un peu durablement, pour certains ça doit passer par l'accès à la formation. » L’atelier s’appuie beaucoup sur des méthodes déjà utilisées, afin de les appliquer à la question de la formation : le travail en petits groupes, les échanges, la recherche d’informations en autonomie. « Dans les échanges, il y a toujours un moment où il y en a un qui va dire « tiens on va chercher un peu plus d'info sur ce métier-là » ou « on va peut-être aller voir les entreprises où on exerce ce métier » ou « on va aller faire un stage ». L'idée c'est de les laisser chercher, même si les animateurs peuvent les aiguiller un peu, leur proposer des choses si elles ne viennent pas spontanément. » Les jeunes s’aperçoivent qu'en cherchant la bonne formation, ils identifient plusieurs diplômes, plusieurs organismes de formation. Parmi eux, il y a des CFA. Mais c'est quoi un CFA ? C'est quoi l'apprentissage ? Pour résumer, ils découvrent ce que veut dire « valider un projet ». Deux groupes qui travaillent sur la même fiche ne vont pas forcément trouver les mêmes solutions, prendre le même chemin. Les animateurs se saisissent de tout ce qu’ils entendent pour revenir aux bases de l'environnement de la formation, peu importe la thématique ou le métier ciblé. Mais le principe est qu’ils ne surchargent pas les jeunes d’informations, l’objectif n'étant pas de leur présenter tous les dispositifs existants. Le décodeur est utilisé dans le cadre de ces ateliers, mais les choses ne s’arrêtent pas là. Le travail peut déboucher sur des enquêtes métiers, des rencontres avec des professionnels, avec des organismes de formation. Ce qui a été vu en collectif peut aussi être utilisé dans le cadre de l'accompagnement individuel pour que le jeune avance sur son propre trajet. Un outil commun au réseau Cet outil a été créé en 2021, avec les moyens du bord, par la mission locale d’insertion du Poitou, puis testé avant d’être présenté au réseau régional. L’Association Régionale des Missions Locales (ARML) s’en est saisi pour en assurer la formalisation, et la diffusion auprès des 43 structures de Nouvelle-Aquitaine. Pour Claudette Lemière, directrice adjointe de l’ARML, c’est en droite ligne de sa mission de capitalisation et de valorisation des actions des missions locales. « Dans le cadre de notre programme régional d'animation, nous partageons plusieurs constats avec les missions locales, notamment sur la difficulté de proposer à certains jeunes des parcours vers la formation, parce que ça n’est pas leur demande première. Quand ils arrivent, ils demandent plutôt à travailler, même si ça n’est pas très clair pour eux sur quoi, comment, où, dans quelles conditions ? C’est assez difficile de faire en sorte de ramener vers un dispositif de formation des jeunes qui ont quitté les bancs de l'Education nationale avec plutôt peu de succès. » « Lorsque nous avons vu la démarche, nous avons décidé d’en faire quelque chose de plus formel, de créer un outil d'animation simple et agréable à utiliser. Nous avons travaillé avec la mission locale, avec le même groupe de conseillers, pour réécrire un peu les avatars. Et notre chargé de communication nous a fait une proposition de mise en page. Comme il était pensé à l'origine comme un jeu d'animation, nous avons conservé cette idée d'avoir des cartes, une pochette, une règle de jeu. » Pour l’instant, le décodeur comprend une dizaine de fiches. Les thèmes retenus ne l’ont pas été au hasard (travailler avec des enfants, auxiliaire de vie, menuisier, etc.). Ce sont les métiers qui ont des chances de parler aux jeunes, ceux exercés par les membres de leur entourage ou encore qu’ils ont eux-mêmes pratiqués. Tous des sujets qui reviennent de manière récurrente en mission locale. A chaque séance, les animateurs n’en retiennent que 2 ou 3, quel que soit le nombre de jeunes, quitte à amener plusieurs sous-groupes à travailler sur le même profil. Cela permet également d’alléger un peu la restitution du travail de chaque groupe qui, sinon, pourrait être longue et fastidieuse. Le décodeur peut être décliné de beaucoup de manières différentes. « C’est ça qui va être intéressant dans l'échange de pratiques avec les autres missions locales. C'est que même la fiche d'animation a été conçue par rapport à nous, ce que nous avons expérimenté sur Poitiers. Mais les autres missions locales pourront prendre des largesses par rapport à cette « règle ». Et ce sera tant mieux. » De son côté, l’ARML va continuer le développement de la mallette. « Nous allons créer de nouvelles fiches, de nouvelles illustrations, parce qu’il y a des territoires qui sont peut-être plus marqués par certains lieux, certaines formations. Nous savons que le monde de la formation est très complexe, les gens s’en font beaucoup d’idées fausses. Le grand public a besoin de médiateurs. Les conseillers en évolution professionnelle et les conseillers en insertion des missions locales font partie de ces médiateurs indispensables. »
Promouvoir la « green technology » et ses métiers
Sur son site Internet, Ecocène affiche clairement son ambition : éveiller les consciences et inspirer un futur plus souhaitable. Domaine d’activité de cette association paloise, la sensibilisation, la vulgarisation et l’éducation à l’environnement et au développement durable auprès du grand public, des écoles, des collectivités et des entreprises. Parmi les projets qu’elle anime, « Green Tech » est une action financée dans le cadre de l’appel à projets régional «Expérimentations et innovations territoriales en matière d'orientation » ainsi que par Erasmus+ car elle rassemble plusieurs partenaires européens : Sargantana (Saragossse) structure de promotion du développement durable dans les régions rurales, GAL Molise (Italie), une agence de développement local qui vise à dynamiser la région de Campobasso, et eFuturo (Lisbonne), un organisme d’orientation professionnelle. « Les 4 partenaires ont des visions un peu différentes de la Greentech, » décrit Pauline Madec, médiatrice scientifique. « Ce qui nous a permis de développer une définition globale. » A l’origine du projet, les nombreuses sollicitations reçues par Ecocène venant d’un nombre croissant de jeunes et d’adultes en reconversion qui souhaitaient être sensibilisés aux enjeux environnementaux. Particulièrement lors de la crise sanitaire, qui a poussé beaucoup d’entre eux à vouloir s’orienter vers un emploi qui a du sens plutôt qu’un « emploi qui paie ». L’association a entrepris, à son échelle, de proposer une réponse à ces demandes. Le projet a débuté en septembre 2019. « Par nos recherches menées avec l’université de Pau, nous avons constaté que les gens voulaient avoir de plus de plus de métiers en rapport avec la green technology au sens large. Nous avons basé notre action sur 4 objectifs : sensibiliser les jeunes aux enjeux environnementaux, former et outiller à la green technology, promouvoir toutes les initiatives sur notre territoire. Environ 200 ont été recensées. Pour finir, créer des outils ludiques d’information destinés aux enseignants, documentalistes, animateurs. » Tous ces outils ont été regroupés sur un site Internet (https://www.greentechproject.eu/). Ils sont disponibles en cinq langues (anglais, français, espagnol, portugais, italien). Sensibiliser les jeunes « La sensibilisation à l’environnement auprès des jeunes est un préalable. Nous avons élaboré un test assez ludique, un peu comme le code de la route, pour aborder les problématiques existantes, donner des idées aux jeunes qui voudraient se lancer. Nous mettons à disposition des ressources de sensibilisation, surtout en anglais, des livres, des podcasts, des documentaires. Notre partenaire espagnol a aussi créé un test psychologique, avec des psychologues professionnels, qui permet de se diriger vers tel ou tel métier en fonction de ses compétences et caractéristiques personnelles. » Autre outil, un guide d’orientation aux formations de la Greentech, soit 25 identifiées en Nouvelle-Aquitaine, 71 sur les territoires de tous les partenaires. Des formations qui vont du Bac +2 à la thèse, en passant par la formation professionnelle, sur 5 thématiques différentes : développement durable et Innovation, gestion du territoire, gestion de l'énergie et énergies renouvelables, protection et gestion de l'environnement, changement climatique et pollution. « Nous avons également voulu créer un jeu des idées reçues, une quinzaine, le but étant de susciter un débat entre participants. Parce que le mot Green Tech est un concept mal connu, dans lequel on projette tout et n’importe quoi. Le lieu commun est souvent de l’associer uniquement à l’innovation, au progrès scientifique, aux robots et au numérique. Mais nous voulions montrer que c’est une définition réductrice, que l’innovation ne peut à elle seule régler le problème du dérèglement climatique. » « La Green Tech, ça peut être des actions quotidiennes assez simples. C’est avant tout l’envie d’améliorer les choses de façon concrète, pas forcément avec l’utilisation des nouvelles technologies. » Pour Ecocène, elle repose sur plusieurs critères, dont l’innovation fait partie, mais aussi l’écologie, l’économie, la durabilité, le local, le social et le solidaire, un ensemble de critères qui visent à ce qu’aucune minorité ne soit délaissée. La valeur de l'exemple Pour appuyer sa démonstration, l’association a réalisé des interviews d’acteurs de la Green Tech. Parmi eux la société Toxi Plan, spécialisée en toxicologie, qui développe une application permettant d’identifier l’empreinte écologique d’un produit, l’entreprise Micronutris, éleveur d’insectes pour la consommation humaine, et Pau Béarn Pyrénées Energies Services qui gère le réseau de chaleur de la ville de Pau. Le message est simple : eux l’ont fait, pourquoi pas vous ? Tous les outils seront rassemblés dans un livret au format poche, pour montrer que le domaine est accessible à tous, sur le modèle de « l’histoire dont vous êtes le héros. » On y trouvera les formations, les ressources, le test de sensibilisation, etc. « Dès le début nous avons voulu nous adresser à tous les publics. Pour nous, pas besoin d’un haut niveau d’études. Un entrepreneur qui développe des produits locaux fait de la Green Tech autant qu’un ingénieur créant une nouvelle source d’énergie renouvelable. » En ce début d’année, Ecocène va organiser des réunions avec des acteurs, animateurs et documentalistes pour, dans un premier temps, tester ses outils et vérifier qu’ils sont bien accessibles. La volonté est de toucher le maximum d’acteurs de l’orientation. « Initialement, un évènement rassemblant les partenaires devait se dérouler en Espagne. De notre côté, nous allons regrouper des gens sur notre territoire, afin de mesurer l’impact de nos actions et développer d’autres formations. Nous commencerons par des territoires test, petit à petit et voir l’ampleur que ça prend. On ne peut pas trop s’éparpiller, notre idée est de rayonner au maximum à 300 km autour de nous. » « Nous sommes amenés à former des gens à tel ou tel aspect, mais c’est la première fois que nous abordons l’orientation professionnelle en tant que telle. La Green Tech est un sujet tellement ouvert que les gens sont un peu perdus. Notre but est vraiment de sensibiliser les jeunes aux gestes environnementaux, et d’éviter qu’ils tombent dans le « greenwashing ». Nous voyons plus de femmes dans nos conférences, notamment en santé environnement, mais nous avons envie de changer ça, de montrer que ces enjeux concernent vraiment tout le monde. » Ecocène présentera ses outils lors d'une visioconférence le 20 janvier prochain
Collégiens et entreprise, l’expérience « stages des talents »
Rapprocher l’école et l’entreprise est le principe du projet « Stages des talents ». Initialement porté par l’association « Talents de la réussite », fondée par Anaïck Jusy, il l’est aujourd’hui par une autre association, « Entreprendre pour apprendre », dont elle est devenue entretemps directrice pour la Nouvelle-Aquitaine. « Stages des talents » a pour ambition de traiter différents problèmes liés aux stages de classes de 3e. Soit les collégiens n’en trouvent pas ou trouvent des stages peu adaptés, soit les entreprises n’ont pas le temps ou les moyens d’accompagnement nécessaires pour accueillir un stagiaire sur une semaine. « J’ai mené une expérimentation dont j’ai préparé toute la structuration pédagogique, avec le rectorat de Bordeaux et le collège Capeyron de Mérignac. Nous avons bâti le principe d’un stage collectif d’une semaine afin d’accueillir des groupes d’élèves et ne mobiliser chaque entreprise que le temps d’une visite. » Le programme proposé aux collégiens lors de cette expérimentation a servi de base pour « stages des talents ». La première journée est consacrée à des activités de cohésion, les jeunes évoluant par groupes de 4-5 élèves. On aborde l’entreprise à l’aide d’une « carte mentale » enrichie tout au long de la semaine. L’après-midi, travail sur le CV, suivant le principe du « j’apprends en faisant ». « Nous leur donnons différents CV en leur demandant de se mettre dans la peau du recruteur, analyser de ce qui convient ou pas, ce qu’il faut mettre et éviter de mettre. » La journée se termine par un escape game de découverte de l’économie locale : les grandes filières d’activité, les différents emplois, etc. Autre objectif, aborder les questions d’égalité femmes hommes. La deuxième journée débute par un atelier ludique sur ce thème. « Dans une classe de SEGPA, les enseignants nous disaient que les filles avaient tendance à se diriger toujours vers les mêmes filières comme les services à la personne. Nous avons voulu pousser en avant les femmes qui travaillent dans l'industrie. » Ensuite, préparation des visites proprement dites. Les jeunes jouent un rôle actif, ils doivent effectuer des recherches sur les entreprises qu’ils visiteront, et doivent présenter le résultat de leurs recherches aux employeurs. Ils remplissent des fiches avec les informations recueillies sur Internet : les activités de l’entreprise, comment elle gagne de l’argent, quelles sont les conventions de son milieu, ses actions en faveur du développement durable, etc. Des visites actives Ils font aussi un focus sur deux métiers, que chaque groupe doit présenter aux personnes qui pratiquent ces métiers dans l’entreprise. Les visites durent 2 à 3 h, elles sont intenses dans leur contenu. « Tout l’intérêt du processus est qu’ils arrivent en étant actifs. Cela enrichit les échanges lors de la visite. En amont, nous donnons les outils pédagogiques aux entreprises. Je fais aussi un travail de repérage préalable pour voir quelle thématique traiter, sur quel sujet appuyer. » Cette dynamique se poursuit pendant 3 jours, en variant les secteurs d’activité, les types d’entreprises. Le dernier jour est consacré à la restitution. Le matin, un exercice de formalisation vidéo par groupes. L’après-midi, des exposés individuels de 2 minutes pour que chaque élève dise comment il a vécu la semaine. Un mois plus tard, une évaluation à froid permet de savoir quelles compétences ont été acquises et les apports de l'expérience pour chaque participant. Pour toutes leurs activités, les élèves sortent de leur établissement. Ils ne restent pas dans le cadre scolaire afin de travailler différemment. Les enseignants adhèrent à cette formule, d’autant plus qu’ils ne disposent pas du temps et du réseau nécessaire à mettre en place un tel dispositif. Mêmes retours du côté des entreprises qui apprécient le côté interactif avec les élèves. Les questions posées leur permettent de voir comment elles sont perçues. Par ailleurs la formule n’est pas chronophage, parce qu'elles n'ont rien à préparer avant les visites. À la base, le projet était ouvert aux stages d'observation de 3e, mais en raison des nombreuses demandes, il concerne désormais des classes SEGPA, des CAP ou des 3e générales pour la préparation des stages. « L’idée est d’apporter aux jeunes des attitudes et des compétences entrepreneuriales qui puissent leur servir ensuite dans le monde professionnel. Nous avons bâti différentes activités autour de çà, pour qu’ils développent des compétences, des activités de groupe, la connaissance de l’entreprise, ainsi que la prise de parole en public. » Les élèves participants sont mobilisés par les établissements scolaires, soit par classe entière, soit par groupes d'élèves de classes différentes. Quand un établissement s'inscrit, il choisit les entreprises qu’il voudrait faire découvrir à ses élèves, en fonction de leur profil. L’association s’adapte autant que possible à leurs attentes. Elle ne vient pas avec un catalogue d'entreprises clé en main. Il faut compter 3 mois pour mobiliser les professionnels sur un territoire. « On s'attache beaucoup au territoire. L'important c'est de recruter des entreprises implantées localement parce que ça permet aux élèves de découvrir l'économie et l'écosystème locaux. L'établissement scolaire en fait d’ailleurs lui-même partie. Cela facilite également les questions de transport. Mais le premier objectif c'est de découvrir le territoire, ce qui se passe autour d'eux.» Démystifier le monde de l'entreprise « Stages des talents » ambitionne d’être une ouverture vers le monde de l'entreprise, une première approche qui aborde le contexte professionnel et toutes les aptitudes et les compétences qu'il faut développer. Il permet également de démystifier l’entreprise auprès des jeunes, qui ont tendance à l’imaginer comme un milieu très austère. On leur parle de valeurs et de performance en leur montrant qu'elle n’est pas que financière, mais aussi humaine, respectueuse de l'environnement, etc. « Depuis la première action en novembre 2020 au collège Jeanne d’Albret à Pau, nous en avons programmé 5 autres. Maintenant nous réfléchissons à la manière d’aller chercher les enseignants pour ce type de projet, puisque ce sont toujours un peu les mêmes établissements qui participent. Nous avons fait une étude qui montrait que 70 pour 100 des enseignants qui venaient étaient des personnes qui avaient connu autre chose que l'enseignement dans leur parcours. Finalement, ils apprennent autant que les élèves. C'est pour cela que nous souhaitons accentuer la formation des enseignants, les faire monter en compétence sur la pédagogie de ce genre de projet. »
Samedi matin, c’est métiers
Découvrir des nouveaux métiers chaque samedi matin pendant deux ans. C’est la proposition que l’association bordelaise « Ikigai - l’école du samedi » fait à des jeunes de réseaux d’éducation prioritaire, particulièrement ceux qui manquent d'appétence pour la chose scolaire, qui ne voient pas le lien entre le théorique et le pratique. Elle s’appuie sur deux expériences belges et néerlandaises qui existent depuis 10 à 20 ans, en associant le côté concret, le « faire par soi-même » et une dimension de long terme, un accompagnement tout au long d’un programme qui dure plusieurs années, les « ateliers de l'avenir. » Ikigai constitue des groupes de 25 élèves de classes de CM2 originaires d’écoles différentes. Les candidats potentiels sont repérés par les établissements ou par le biais du Programme de Réussite Educative (PRE) des mairies. Le projet est exposé en classe et aux parents, il ne présente aucun caractère obligatoire. Pour Florian Machayekhi, directeur, « il faut une grande part de motivation parce que c'est un engagement sur le long terme. On se situe en amont du décrochage scolaire qui intervient généralement en fin de collège et au début du lycée. D'une orientation subie à une orientation choisie « L'idée n'est pas de les orienter, parce qu'ils sont encore très jeunes, mais de les motiver pour faire de l'accrochage scolaire. Nous voulons leur donner des perspectives d'avenir très positives, rencontrer des personnes stimulantes, élargir leur champ d'horizon. Notre objectif c'est d'ouvrir le champ des possibles en amont pour éviter les situations d'orientation subie dès la fin du collège. A cet âge-là, ils sont encore très curieux et très ouverts, on peut leur proposer tout un éventail d'activités. » A l’ouverture des inscriptions, Ikigai rencontre chaque jeune et ses parents pour échanger sur la façon dont ils perçoivent l'avenir de leur enfant. Mieux impliquer les parents c'est aussi mieux impliquer les jeunes, et s’assurer qu’ils reviennent d’une année sur l’autre. « Pour les ateliers d'avenir nous avons le souci que les parents comprennent ce que l’on fait avec les jeunes tous les samedis. On leur envoie un petit débrief à la fin de chaque cycle pour les tenir informés. Et nous organisons 2 à 3 fois par an des petits moments festifs, ainsi qu’une réunion de bilan en fin d'année avec une remise de diplôme. » A raison de 25 samedis par an, 2 intervenants par samedi sur 2 ans, c’est une centaine d'intervenants professionnels que les jeunes rencontrent sur l'ensemble de leur parcours. En plus de la découverte des métiers, ils travaillent sur la confiance en soi et l’expression orale. Un des objectifs du programme est aussi de leur faire découvrir leur environnement, les associations et les entreprises de leur quartier, pour faire du lien géographique en plus du lien intergénérationnel. Ces « ateliers de l’avenir » se déroulent au centre de médiation de culture scientifique technique et industrielle « Cap Sciences » (Bordeaux). Les jeunes mettent littéralement la main à la pâte, de façon ludique : monter un petit mur avec un maçon, imaginer la maison de leurs rêves avec un architecte, apprendre à prendre soin des autres avec une esthéticienne, faire des points de suture à une banane avec un chirurgien. Tous les métiers sont abordés, qu’ils soient manuels ou intellectuels, plus ou moins valorisés par la société, sous tension ou pas. Découvrir tous les métiers Le calendrier est organisé en cycles thématiques de 4 semaines (santé, agriculture, industrie…), le quatrième samedi étant consacré à une visite sur le terrain pour renforcer le côté immersif : caserne de pompiers, hôpital, exploitation agricole, tribunal, etc. Le programme de chaque séance n'est pas connu à l'avance, afin de conserver un petit effet de surprise. Au cours d’un cycle, les jeunes savent de quel secteur il s’agit, mais pas les métiers exacts qui seront abordés, de manière à ce qu’ils ne fassent pas de sélection en amont, en fonction de ce qu’ils ont envie de voir ou pas. Cela permet également de lutter contre les stéréotypes de genre, pour que les filles découvrent des métiers traditionnellement masculins qui ne les attirent pas spontanément. Une trame est définie pour chaque atelier, libres aux intervenants de la modifier pour que cela corresponde mieux à leur réalité. L’essentiel est qu'ils aient une bonne interaction avec les jeunes, qu'ils soient dans une approche ludique et de transmission. « L'intervenant ne va pas dans le détail technique puisque les ateliers sont tout de même assez brefs. Ils ne cherchent pas à être à 100 pour 100 véridiques, la priorité c'est de donner un aperçu aux jeunes. Un atelier se termine par un temps d’échange où les questions sont en général plus précises qu’au départ. » La recherche des bons intervenants n’est pas forcément simple, elle prend beaucoup de temps. Ikigai attend d’eux qu’ils s’engagent, bénévolement, au moins une demi-journée par an. « Au début c'était beaucoup de bouche-à-oreille et de connaissances. Nous cherchons des intervenants qui ont envie de partager leur métier, leurs connaissances, et qui soient à l'aise avec les jeunes. On s'appuie aussi beaucoup sur les réseaux sociaux comme LinkedIn et sur les ordres professionnels. On essaie de plus en plus de contractualiser avec les entreprises pour que chaque année certains de leurs salariés participent au programme. » La première promotion, lancée en janvier 2019 vient de se terminer. « Nous étions partis de l’idée de faire des cohortes de 3 ans. Mais finalement, une durée de 2 ans permet déjà une bonne accroche et un nombre suffisant d’ateliers. En septembre 2021 nous allons constituer un groupe sur Bordeaux nord et un autre sur Lormont. Nous envisageons également un développement géographique au niveau régional, peut-être pour septembre 2022 ou l'année d'après, notamment à La Rochelle. » Pour compléter les « ateliers de l’avenir », Ikigai lance dès septembre un deuxième projet plus centré sur l'orientation. Il s’agit en quelque sorte d’un programme d’approfondissement, un réseau d'anciens élèves ouvert à ceux qui ont déjà été accompagnés pendant deux ans, continuer à leur proposer des activités. « L'idée c'est toujours de les pousser à faire par eux-mêmes, qu'ils aient à terme les outils qu'ils pourront utiliser dans leur vie de tous les jours. Nous avons aussi le projet d’organiser des événements qui permettraient de toucher plus de jeunes, sur des temps plus courts, en gardant le côté concret qui est en quelque sorte notre ADN. Pour l'instant nous essayons de nous appuyer sur l'existant et de nous améliorer, en dressant un bilan sur ce qui a marché ce qui a moins bien marché. » "Les ateliers de l'avenir" est un projet soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l'appel d'offres "Expérimentations et innovations territoriales en matière d'orientation".
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Métier, constructeur de frégate
Le début de l’aventure de l’Hermione et de son association remonte aux années 90. Cette dernière exprimait, dès son origine, la volonté que le chantier soit ouvert au public. Ses statuts incluaient également un volet autour de l'insertion destiné aux publics éloignés de l'emploi. La phase d'élaboration du projet et de construction de la frégate a duré plus d'une vingtaine d'années. Puis est venue la phase de navigation, les voyages aux États-Unis et en Méditerranée. « En 2021 nous avons constaté, au cours des travaux de maintenance, qu’il y avait une avarie majeure sur le bateau. Sa coque était attaquée par des champignons », décrit Yann Binot, responsable formation. « Il fallait trouver une forme qui puisse l’accueillir pour une durée de quelques mois. » C’est à Anglet que l’Hermione a jeté l’ancre mais son exil, initialement provisoire, durera jusque fin 2024. Dès son arrivée au Pays basque en septembre, l’objectif de l’association a été d’ouvrir le site au public, suivant le même principe que ce qui se faisait à Rochefort. Même si les conditions n’étaient pas initialement favorables, puisqu’il est situé dans une zone industrielle. Les aménagements nécessaires ont été effectués avec le soutien de la CCI. Et puisque la demoiselle de Rochefort allait rester plusieurs années, l’association a décidé de profiter de ce repos forcé pour monter des projets autour de l'orientation et de la découverte des métiers, en allant plus loin que ses actions d’insertion habituelles. Pour mener ce projet baptisé « la frégate des métiers », l’association Hermione a sollicité de nombreux partenaires comme la Région, propriétaire de la forme d’Anglet, le CINAV, les établissements scolaires dont le lycée maritime de Ciboure, le Campus des Métiers et des Qualifications (CMQ) Forêt Bois, la FFB, la fédération compagnonnique des métiers du bâtiment, le Département, les missions locales, la CCI, Pôle emploi, les organismes de formation. Le principe étant de mettre en avant les industries de la mer d'une part, les métiers de la croissance bleue, notion assez large qui inclut le secteur du tourisme, et la filière forêt bois d'autre part. L'appel de l'Hermione « Lorsque nous sommes arrivés, on ne connaissait pas bien le territoire. On ne voulait pas être enfermés sur nous-mêmes en ne faisant que de la réparation, mais véritablement ouvrir le projet localement. Nous sommes allés à la rencontre de l'ensemble de ces acteurs pour leur signaler notre présence. Notre message consistait à leur présenter l’Hermione comme un support exceptionnel dont ils pouvaient profiter, à chacun de se l'approprier. Car même si nous sommes une petite association, l’Hermione c’est un projet atypique, unique, qui entraîne les volontés. » Les différents partenaires ont proposé des animations orientées métiers, exemple avec le conteneur du CINAV et une fresque métiers de la Région. Beaucoup d’actions ont été menées auprès des établissements scolaires et les centres de loisirs. En 2022, plus de 1 000 jeunes sont ainsi venus visiter l’Hermione. Un animateur dédié est également chargé de s’adresser au grand public, et de leur parler métiers dans le cadre des visites libres. L’association participe aussi à des évènements comme la semaine de l'emploi maritime, la nuit de l’orientation, la semaine de l'alternance. « On cherche souvent à faire des actions qui permettent d'attirer les jeunes éloignés de l'emploi et de la formation, qui ne vont pas dans des forums ou qui ne franchissent pas la porte d'un lycée. On peut leur parler métiers, orientation, emploi de manière différenciée. Les visiteurs viennent avant tout voir le bateau, ils ne cherchent pas d’information sur l'emploi. Mais on en profite tout de même pour leur parler des métiers et des filières. L’année dernière nous avons reçu 50 000 personnes sur le site. Avec tout ce public, ajouter la dimension métiers, ce n’est pas rien. » « L’essentiel pour nous, c’est le contact humain. Le plus important, ce sont les témoignages des professionnels. Des hommes et des femmes qui vont parler métier aux visiteurs, qui partagent leur vécu, le transmettent et donnent envie. L'idée est de présenter les choses de la manière la plus véridique possible, en montrant les contraintes mais aussi les avantages.» Des métiers, du chantier au grand large Les métiers de la mer connaissent des difficultés similaires à celles de toutes les autres filières d’activité. Tous sont en tension, même si les métiers du bois s'en tirent un peu mieux que les autres, parce que le matériau attire beaucoup de candidats, notamment des personnes en reconversion. « Quand on touche aux métiers maritimes au sens propre, on est plutôt sur un public jeune, de moins de 30 ans. Pour les métiers du bois, on élargit très fortement, on touche plus un public en reconversion, entre 40 ans et 45 ans. Dans ces formations, on essaie de s’assurer de la possibilité de faire des transferts de compétences, du nautisme vers le bâtiment, parce que c'est une activité qui est très sujette aux crises. Pas pour tous les métiers mais dans certains, c’est tout à fait possible de faire des ponts, comme carrossier, peintre, stratifieur. » « Tout est vraiment lié au type de métier, au parcours professionnel de chacun. On se rend compte évidemment qu’à partir d’un certain âge, les gens sont plus stables, plus ancrés dans un lieu avec leur famille, ce qui fait qu’ils vont moins vers les métiers maritimes qui imposent des contraintes des déplacements incessants. Quand on vieillit, on est moins prêt à les accepter. » A chacun de ses voyages, composé de plusieurs étapes, l’Hermione embarque environ 250 gabiers par roulement. L’équipe a constaté que beaucoup de ces marins volontaires, amateurs, sont le plus souvent dans une phase de réflexion par rapport à leur projet professionnel. Leur expérience sur l’Hermione leur donne des pistes, voire fait naître des vocations. L’association a voulu aller plus loin en créant son propre organisme de formation, reconnu et certifié depuis décembre 2021. A terme, elle veut en faire un lieu où on parlera métier et orientation, se situer plus en amont, proposer un parcours à ces jeunes gabiers. Et au-delà, à tous ceux qui viendront voir l’Hermione sur site. Quand elle sera réparée et capable de voguer vers d’autres horizons, « la frégate des métiers » poursuivra ses activités avec les partenaires locaux de son port d’attache.
Pour les idées, rendez-vous à la Caserne
Au début était une caserne. Une caserne à Poitiers, libérée par les pompiers en fin d’année 2020, après plus de 50 ans de bons et loyaux services. Mais son histoire ne s’arrête pas là. En quelque sorte, elle ne fait que commencer, puisqu’elle débute une nouvelle carrière en tant que tiers lieu, un projet collectif porté par l’association « La Caserne ». Elle est pour l’instant entrée dans une période « d’urbanisme transitoire » pendant laquelle de nombreux acteurs locaux réfléchissent à sa future configuration. Parmi eux, plusieurs représentants de l’économie sociale et solidaire emmenés par la Chambre Régionale de l'Economie Sociale et Solidaire de Nouvelle-Aquitaine (CRESS), qui ont lancé fin 2021 le concept de la « Gare à idées ». « Nous nous sommes retrouvés pour essayer de définir ce que nous voulions, ce que l’ESS pouvait apporter et ce que nous pourrions faire ensemble autour de ce nouveau lieu, » explique Laurence Fouin, directrice opérationnelle de France Active Nouvelle-Aquitaine. « Nous n'avons pas la prétention de regrouper aujourd’hui tous les acteurs de l’ESS qui pourraient intervenir, parce que le projet est très récent. L'idée générale, c'est de mettre en place un collectif pour accueillir les porteurs de projets sur le territoire de Grand Poitiers. » Pour Virginie Charron, chargée de développement au sein de coopérative d'activité et d'emploi (CAE) Aceascop, « c'est aussi l'idée que cette chaîne propose aux créateurs d’activité, quels qu'ils soient, pas forcément ceux qui se destinent à l’ESS, d'avoir une seule et même porte d'entrée. On pourrait parler de guichet unique, un lieu d’accueil où ils peuvent venir faire un point de situation avec une personne qualifiée, et déterminer leurs besoins en termes d'accompagnement. Il faut surtout éviter d’envoyer les gens faire le tour des popotes, frapper aux portes les unes après les autres. » Un travail commun En début d’année, les partenaires ont investi collectivement un bureau partagé. Ils se répartissent les permanences, communiquent sur leur présence à l’intention des porteurs de projets. C’est également un moyen d’apprendre à se connaître, à mieux travailler ensemble, à développer quelques réflexes communs. Si les structures se connaissaient déjà, ont l’occasion de se croiser et de se rencontrer plus ou moins régulièrement, voire pour certaines de travailler ensemble, elles ne le faisaient pas jusqu’ici sur un même lieu et pour les mêmes projets. La Caserne leur offre l’occasion de donner une nouvelle dimension à leurs collaborations. A ce stade, le collectif reste assez informel. Chaque structure a pris en charge un aspect du projet, la communication, la gestion des plannings, etc. Mais chacun est conscient que la gouvernance est un vrai sujet, et qu’il va falloir assez rapidement définir un pilotage, si ce n’est désigner un pilote principal. Ou encore créer une structure ad hoc, qui nécessitera des moyens dédiés. Selon Pauline Bonnaud-Deborde, chargée de communication de la CAE Consortium Coopérative, « a priori le ou les pilotes seront parmi les initiateurs du projet. Pour le moment, c'est un peu la CRESS qui impulse, en tout cas à qui on s'adresse en premier. Cela dit, sur certains groupes de travail, il y a des structures qui sont arrivées plus tard, qui n’étaient pas là à la naissance de la Gare, et qui sont assez actives. » Les partenaires se sont donné un an pour mener la phase d'expérimentation, en alignant leur calendrier sur celui de la Caserne qui entre dans sa une longue phase de travaux. A terme, à l’horizon 2024, le lieu pourrait comporter un pôle restauration, un pôle logement, avec de l'hébergement social et une auberge de jeunesse, peut-être un cinéma, un bar associatif, etc. « On s'est dit, profitons de cette expérimentation du projet caserne pour expérimenter cette Gare à idées, en poser les contours. Effectivement c'est en train de se construire, on veut utiliser cette année pour évaluer les moyens à mobiliser pour mettre en œuvre et articuler notre idée, et voir comment elle pourrait être transférée sur d’autres territoires. C’est aussi l’occasion de gagner en interconnaissance, parce que la grande famille de l’ESS compte beaucoup de membres qui ne se connaissent pas, qui n’ont pas les mêmes méthodes. La gare à idées pourrait avoir le potentiel de créer des connexions entre toutes ces structures, ainsi qu’avec les autres acteurs. » Répondre collectivement aux besoins Pour l’instant, la Gare à idées ne dispose pas de financement particulier. Le projet est parti d’une envie de travailler ensemble. « Si demain nous constatons certaines limites, qu’il faut coordonner ou développer des actions, on ira en chercher, mais ça n’était pas notre porte d'entrée. On est plutôt partis du porteur de projet ou du bénéficiaire, et de comment à travers nos différentes offres, on peut encore mieux lui répondre ensemble. Il n’y a jamais eu de concurrence entre nous. » Parmi les perspectives que se donnent les partenaires, aboutir à la création d'offres communes, notamment sur la partie sensibilisation. Exemple, chacune des structures peut être sollicitée par une mission locale pour intervenir et parler entrepreneuriat auprès d'un public jeune. « Très concrètement il pourrait être intéressant de faire de l'ingénierie commune, coordonner nos approches et rassembler nos moyens sur ce type d'intervention, où finalement tout le monde dit à peu près les mêmes choses. On ne prêche pas chacun pour notre paroisse, on œuvre tous pour le même objectif, notamment celui de faire connaître l’ESS et ses différents statuts.» Pour construire une offre de services, mieux accompagner les porteurs de projets, la gare à idées doit avant tout répondre à un enjeu de visibilité. Vis-à-vis des publics, mais aussi vers les collectivités et tous les prescripteurs potentiels. C’est pourquoi elle a besoin d’un lieu pour matérialiser son existence. « Si nous arrivons à rendre visible notre concept, on peut le proposer partout. Même s’il est très récent, il suscite déjà l'intérêt des collectivités. Nous sommes sollicités par des EPCI comme Grand Angoulême, qui entendent parler de la Gare à idée, qui veulent voir ce qui se passe. Ils ont l'habitude de nous voir indépendamment les uns des autres, là ils se disent qu’il il y a peut-être quelque chose à faire avec ce collectif et que ça peut être intéressant pour les porteurs de projet. Reste maintenant à relever le défi ».
CORA, l’orientation au pas de course
« Dans notre réseau, on est beaucoup sur la communication métier, mais pas forcément sur la partie orientation. Avec ma collègue de Dordogne, on s'est dit qu'on pourrait peut-être essayer d'y travailler ensemble. » C’est pour répondre à l’appel à projets régional « expérimentations en matière d’orientation » que l'ANEFA Limousin, l’ANEFA Dordogne et la maison familiale et rurale Périgord-limousin ont créé ensemble le dispositif CORA, pour « course d'orientation rurale agricole ». « On s'est cantonné à la Haute-Vienne et à la Dordogne. Notre projet s'articule véritablement sur ces 2 départements, » précise Anne-Hélène Peuch, directrice de l’ANEFA Limousin. « L'idée était de concevoir un dispositif un peu ludique, une véritable course d'orientation sur les exploitations pour des groupes d’une trentaine de personnes au maximum. On demande aux participants d'essayer de se repérer en trouvant le nord, le sud, l'est, l'ouest. Et sur chacun des points cardinaux, on leur propose des animations. » Les deux bassins concernés souffrent d’un manque de candidats pour travailler dans le secteur agricole, ainsi que d’un véritable problème de renouvellement des générations, notamment pour reprendre les exploitations. C’est le public en voie d'orientation de moins de 30 ans qui est visé. À commencer par les collégiens, ainsi que les jeunes de mission locale. Mais l’action peut également intéresser des personnes en contact avec les Espaces Régionaux d’Information de Proximité (ERIP) ou des organismes de formation, peut-être un peu plus âgées, et qui cherchent aussi une nouvelle voie d'orientation professionnelle. Une introduction aux métiers « Avant de passer à la course d'orientation proprement dite, nous faisons une petite présentation du secteur d'activité, de l'emploi et des productions, parce que ça n’est pas évident pour tout le monde. Beaucoup de jeunes ne se rendent pas compte de la place de l'agriculture dans la vie quotidienne. Puis, on se rend chez un exploitant qui propose au groupe la visite d'une exploitation et de ses productions. » Viennent ensuite les animations qui constituent le cœur du dispositif. Sur chaque point cardinal, un thème et une animation. Par exemple, le groupe doit se rendre au sud pour trouver un atelier de reconnaissance de végétaux. Les animateurs aident les participants à trouver le nom des graines, puis leur expliquent à quoi elles servent : alimentation humaine ou animale, fabrication de produits cosmétiques, d’isolants, etc. A l’est, le travail porte sur les signes officiels de qualité, leur signification, leur rôle. A l'ouest, on parlera des différentes races bovines que l'on trouve sur les bassins, surtout de la limousine. Enfin, au nord, l’animation tourne autour de la transformation, le processus pour aboutir à un produit fini. Les animations s’appuient sur des petits livrets distribués au début de la visite, qui contiennent des énigmes que les jeunes doivent résoudre. « On peut aller plus loin, parler environnement et biodiversité, mais plutôt lorsque nous avons des publics un peu plus âgés. On ne va pas échanger avec des élèves de 4e sur la biodiversité et les paysages. On s'adapte au public que l'on a. nous parlons agriculture de façon générale, on n'est pas à proprement parler sur une animation métier, mais plutôt sur une animation cultures et environnement. » Après l’étape course d'orientation, une petite phase de réflexion avec un autre livret. Il s’agit de faire un point sur les projets professionnels des jeunes, leurs attentes, leurs connaissances du secteur agricole et leurs impressions à l'issue de la course. Quels étaient leurs projets initiaux ? Comment ils voyaient l'agriculture ? Quelle est la partie qui les a le plus intéressés, les animaux, le végétal, le machinisme agricole ? Quels sont les éléments qui ont pu déclencher une envie pendant cette visite, comme le travail à l'extérieur, la nature ? Pour faire connaître CORA, l’ANEFA a adressé un petit document de présentation à l'ensemble des opérateurs. Assorti de relances téléphoniques auprès de ceux qui ne sont pas déjà partenaires de l’association. « Nous leur demandons si la démarche les intéresse, s’ils ont des groupes à proposer. Pour eux, ça n’est pas forcément possible dans l'immédiat mais nous avons déjà programmé beaucoup de visites pour l'automne prochain. Le plus difficile, c'est d’avoir des collégiens, parce que nous n’avons pas la clé d'entrée dans les établissements, même si nous avons largement diffusé notre documentation. C’est dommage, puisque c’est le public phare sur l'orientation donc pour tester correctement notre dispositif, nous aurions besoin de plus d’élèves. » Mobiliser les exploitants Du côté des agriculteurs, l’Anefa s’appuie sur son propre réseau, hébergé dans les chambres d’agriculture, et sur celui des maisons familles et rurales. Les exploitants sont dans l’ensemble plus faciles à mobiliser que les opérateurs pour des raisons d’emploi du temps ou de public. « Pour beaucoup d’entre eux, les agriculteurs aiment bien parler de leur métier, ils le font souvent par passion et en sont assez fiers. Et puis ils sont très conscients des enjeux de renouvellement des générations, et de la nécessité d’attirer de nouvelles personnes vers le secteur. » « Pour les groupes qui vont venir, nous avons modifié notre stratégie, en essayant de préparer un peu plus en amont les visites d'exploitations. Nous faisons une petite sélection des exploitants chez qui nous allons, pour privilégier ceux qui ont plus l'habitude de parler à des collégiens, qui communiquent plus facilement avec des jeunes et des publics novices. Certains restent trop dans leur jargon, et même s’ils sont passionnés, il se laissent emporter par les termes techniques, et ça crée vraiment un décalage avec le public en face. » Par cette opération, l’Anefa veut expliquer que si l'installation dans une exploitation peut constituer une fin en soi, il existe un grand nombre de métiers accessibles en tant que salarié agricole qui sont très intéressants pour entamer son parcours professionnel. Ils permettent d'avoir une vision très large des secteurs, des activités, des modes de production. Le salariat est une porte d'entrée dans le métier, il donne l’occasion de travailler sur plusieurs exploitations différentes, par le biais de groupements d’employeurs, en direct, ou en faisant des saisons. « C’est le message que nous voulons faire passer, notamment quand on intervient dans les lycées agricoles, parce qu’il y a assez de peu de jeunes qui se tournent vers le salariat. Or, on a aussi besoin de salariés agricoles. On leur explique que l’expérience qu’on acquiert de cette manière est intéressante, on peut la transposer lorsqu'on envisage de s'installer ultérieurement. C’est différent pour des jeunes qui reprennent l'exploitation familiale. Je pense que c'est véritablement une force de passer par des phases de salariat et de découvrir d'autres exploitations avant de se lancer. »
Mieux se connaitre pour mieux s’orienter
L’une est sophrologue, l’autre dirige une agence de communication. Mères d’adolescents toutes les deux, elles ont constaté que, s’il existe des salons étudiants avec beaucoup d’informations, il n‘existait rien de comparable pour les plus jeunes, de 14 à 16 ans. Il y a 3 ans, elles ont décidé de créer l’association Teen’s Up, dans le but de créer un évènement avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine*, la mairie de Bordeaux, la chambre de métiers et de l’artisanat, la Macif. Dans un premier temps, elles ont réalisé un micro-trottoir auprès d’une centaine de jeunes pour recueillir leurs opinions sur les sujets qui les intéresseraient. De cette démarche sont ressorties 4 thématiques : préserver la planète, se connaître, s’orienter et s’engager. C’est autour de ces sujets que l’association a lancé son premier salon en 2020. Il devait se tenir en présentiel, mais les circonstances l’ont transformé en rencontre virtuelle, à laquelle ont participé une dizaine d’établissements, pour environ 850 connexions aux ateliers à distance. « Notre objectif c'est aussi de valoriser les associations du territoire qui interviennent bénévolement, » précise Sandrine Bocquet, cofondatrice avec Virginie Perrot. « Nous ne voulions pas faire un 2e salon de l'étudiant avec des écoles de commerce ou mettre en avant une formation particulière. Teen’s Up s'adresse plutôt aux élèves de 3e et de seconde, mais c'est ouvert à tous. » 4 thèmes, 4 parcours En 2021, la manifestation a pu avoir lieu physiquement, dans les locaux de la Région et ceux de la bibliothèque Meriadeck, prêtée pour l’occasion par la mairie. Les associations partenaires participaient sous l’égide d’une de ces 4 thématiques. Elles avaient la possibilité de proposer une conférence, un atelier ou un stand, en fonction des moyens humains disponibles sur la journée. Les professeurs inscrivaient leurs classes sur un des 4 parcours proposés, avec des animations, des conférences, des témoignages de jeunes. Elles pouvaient ensuite déambuler dans les stands. Cette édition 2021 a accueilli des classes issues de 32 établissements (lycées, lycées professionnels et collèges), pour un total de plus de 2 000 jeunes. Un des parcours est spécifiquement dédié à l’orientation, les autres sont d'une nature légèrement différente. « Nous pensons qu’un jeune n'est pas qu'une orientation. Avant de choisir telle ou telle formation, il nous paraît important de l’aider à définir ce qu’il aime, en quoi il est bon, ce qui l’attire. » C’est pourquoi l’association a privilégié la présence de professionnels, des « ambassadeurs métiers », qui viennent présenter leur métier et les formations qui peuvent y mener. « Nous avons constaté que les jeunes se dirigent souvent vers le métier de papa, de maman, de l'oncle ou de la tante. Notre moteur à toutes les 2, c'est de planter des graines, de leur ouvrir le champ des possibles, particulièrement aux jeunes en difficulté. Dans le même esprit, nous avons aussi apporté notre soutien à l’organisation de l'événement de la Cité éducative en termes de communication, gestion des flux, ainsi que pour identifier, contacter les professionnels et planifier leur venue pour témoigner de leur métier. Il s’adressait uniquement aux élèves du Grand Parc, un quartier de Bordeaux. Ça n'était pas un événement Teen’s Up, mais ça allait tout à fait dans le sens de notre démarche. » Pour les éditions futures, Les 4 thématiques vont être conservées. L’orientation garde une place prépondérante. Elle permet notamment d’aborder les idées reçues sur les métiers masculins et féminins, de mettre en avant les métiers de l'artisanat. L’idée générale n'est pas tant de les aider à faire leurs choix de matières après la terminale, la première ou la 3e, mais plutôt de les inspirer et de les inciter à se projeter plus loin. Les ateliers « se connaître » ont également connu un vif succès, tandis que les associations « planète » et « engagement » avaient monté des stands ludiques qui ont plu aux visiteurs, comme un atelier de dégustation d’insectes ou un simulateur de deux roues. « L'orientation et « se connaître » restent les 2 sujets principaux. Sans doute en raison d’un certain malaise chez beaucoup de jeunes. Je pense sincèrement que pour choisir une orientation, choisir de s'engager, aborder l’écologie, il faut d'abord se connaître soi-même. C'est ce que je mets en avant. Mais les 4 thématiques plaisent. « Planète » est vraiment un gros sujet, les jeunes sont très investis sur le sujet qui les préoccupe beaucoup plus que les adultes. » Le principe proposé aux classes par Teen’s Up consistait en un temps de préparation de l’évènement, un temps pour le vivre et un temps pour expérimenter. Les classes avaient à leur disposition un kit de préparation, des questions pour chaque parcours. Chacune d’entre elles avait la possibilité de choisir un défi parmi un liste, et de les présenter le jour du salon sur un stand dédié. Les défis les mieux réalisés et les classes les plus investies se voyaient offrir une séance de sophrologie au sein de leur établissement. Déployer le concept en Nouvelle-Aquitaine « Les associations partenaires étaient très satisfaites, d’autant plus qu’elles participent parfois à des événements où elles ne voient que très peu d’élèves. Il reste beaucoup de choses à améliorer, mais le bilan est largement positif. Par exemple, nous avions constaté l'année précédente que les jeunes décrochaient si les formats étaient trop longs. Nous étions initialement partis sur 45 minutes de conférence, nous avons réduit à 30 minutes. » Au regard des résultats, la Région a proposé à Teen’s Up de déployer la manifestation sur Poitiers et Limoges. Les deux cofondatrices se déclarent passionnées par ce projet, mais ne comptent pas arrêter leur activité respective. Pour les aider à préparer l’avenir, elles envisagent d’embaucher une jeune fille qu’elles avaient déjà recruté en alternance pour l’édition 2021. Objectif affiché, passer à 3 000 visiteurs à Bordeaux en novembre prochain, si la place disponible le permet. « Dans ces conditions de développement nous avons également besoin de locaux, que la mairie devrait mettre à notre disposition. Poitiers s'annonce assez bien, nous avons déjà pris un certain nombre de contacts. Ce que l’on cherche, c'est une personne sur place qui connait les établissements, qui peut aller à leur rencontre. Nous avons aussi trouvé une personne à Limoges. Le CRIJ est également d’un bon soutien. Virginie et moi nous faisons beaucoup de bénévolat, même si nous avons une aide financière, mais il nous serait difficile de tout gérer. C’est pour ça que nous avons besoin de quelqu’un d’entièrement disponible pendant 2 mois. » https://teens-up.com/ * Dans le cadre de l’appel à projets « Expérimentations et innovations territoriales en matière d’orientation. »
BAC +1, un pied dans l’emploi, un pied dans l’enseignement supérieur
A l’origine du projet de formation BAC +1, la volonté du Cnam de s’inscrire dans le cadre du discours de politique générale du Premier ministre de l’époque qui annonçait en 2017 la création de BAC +1 professionnalisants. Il s’agissait de proposer une solution aux jeunes issus de formation initiale qui ne trouvaient pas nécessairement chaussure à leur pied dans l’enseignement supérieur. « Ce qui nous intéressait, c’était d’inscrire ce projet dans une politique d’ouverture sociale », explique Pierre Rieben, directeur du réseau de la réussite Vincent Merle. « C’est-à-dire à la fois d’offrir une réponse concrète aux jeunes sortis de formation initiale, en particulier les bacheliers pros, et de s’attacher à faire revenir à la formation des publics décrochés. Des jeunes qui ont quitté leur scolarité depuis quelques années, avec ou sans le bac, qui ont éventuellement démarré des parcours dans l’enseignement supérieur, sans réussir ou y trouver de l’intérêt ». « Certains jeunes, parce qu’ils habitent dans une ville moyenne et qu’ils n’ont pas les moyens d’aller suivre des études dans les métropoles, considèrent que leurs études se termineront, quoi qu’il arrive, au bac. Nous avons voulu offrir une solution à des publics en transition difficile, que ce soit entre formation secondaire et supérieure, ou entre formation et emploi. Nous allons jusqu’à chercher des jeunes très éloignés de l’emploi. » Le dispositif a été expérimenté de manière ponctuelle en 2018 à Paris et en région Centre-val de Loire, sur des spécialités différentes (tourisme, gestion et intégration Web). En 2021, il sera déployé sur une quarantaine de sites. Entre-temps, le diplôme d’établissement BAC +1 du Cnam a été labellisé par le ministère de l’Enseignement supérieur, « Formation supérieure de spécialisation »[1]. Elle correspond à la validation de 60 crédits ECTS (European Credit Transfer System) d’une année d’enseignement supérieur après bac. Elle est d’une durée de 1 000 heures, dont 400 heures de stage. La reconnaissance du ministère permet d’élargir cette reconnaissance aux autres établissements d’enseignement supérieur. Pour entrer en BAC +1, il faut être titulaire du bac ou d’un diplôme équivalent. Pour pouvoir accueillir ces jeunes de façon large, le Cnam a cherché à construire un diplôme articulant deux types de compétences. D’une part des compétences transverses et « douces », de l’autre des compétences techniques et professionnelles. Le travail sur les compétences transverses s’adresse au premier chef à un public qui n’a pas nécessairement une grande confiance en soi, ni confiance dans l’appareil éducatif. « C’est un public qui ne sait pas toujours mener un entretien, qui ne sait pas mobiliser son réseau d’amis ou de proches pour aller rechercher des possibilités d’emploi. Elles sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont mobilisables par des méthodes adaptées : pédagogie active et par projet, travail en groupes, enquêtes, etc. » Sécuriser son parcours « L’idée de ce parcours est de sécuriser cette orientation vers le supérieur, vers lequel certains jeunes hésitent à se diriger. Pour un jeune, cela consiste à mettre le pied à l’étrier sur un temps assez court, pour voir s’il y arrive, s’il trouve la motivation. Le phénomène que l’on rencontre couramment, c’est que ces jeunes ont pour beaucoup subi leur orientation passée. Le Bac +1 est un moyen pour eux de se réapproprier leur projet, vérifier s’ils trouvent une voie qui leur correspond. Cela fait partie de la formation qu’ils soient mis en posture réflexive par rapport à leur projet professionnel. Nous ne sommes pas obligatoirement là pour les pousser vers un métier particulier. » Le programme du BAC +1 du Cnam inclut des compétences métiers qui permettent une insertion professionnelle immédiate. La mise à l’emploi directe est une des ambitions. Ainsi les jeunes se voient offrir la possibilité d’avoir un diplôme en un an, puis de chercher un emploi ou de poursuivre leur parcours vers un Bac +2/+3. La longue période de stage en entreprise facilite la reconnaissance et l’intégration dans l’entreprise. La démarche BAC +1 s’inscrit dans le cadre d’un autre projet important du Cnam baptisé «Au cœur des territoires », dans lequel l’établissement mobilise son réseau et son offre pour aller au-devant des villes moyennes en leur proposant de mettre en œuvre des nouvelles offres de formation supérieure en réponse à leurs besoins. Le BAC +1 fait partie de la volonté du Cnam d’apporter des formations dans les territoires, dans la logique de ses valeurs qui sont l’accès aux connaissances et à la formation pour tous. Une fois dans les territoires, l’objectif est de se rapprocher des partenaires pour imaginer des passerelles et des choses utiles pour les jeunes sur place. « Les constructions sont très différentes d’un centre régional Cnam à l’autre. Le point commun, c’est l’inscription dans le cadre du projet « Au cœur des territoires », de s’installer dans des endroits où il y a des besoins en termes d’emploi, des publics peu mobiles pour lesquels l’accès à l’enseignement supérieur est difficile.» * * * * * « Aujourd’hui ce format de formation n’est pas encore installé dans le paysage de l’enseignement supérieur, il est tout nouveau. A l’avenir, il devrait être plus intégré dans les esprits. Ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’il correspond à une vraie réponse pour un certain nombre de jeunes », ajoute Bruno Guillet, responsable développement au Cnam Nouvelle-Aquitaine. « Les possibilités de passerelles sont à explorer au cas par cas, il faut les travailler sur chaque territoire avec des établissements partenaires ». « Nous avons effectué un travail d’écoute auprès de différents territoires de la région Nouvelle-Aquitaine. Ce travail a consisté à appeler les principaux acteurs de l’emploi et de l’insertion et les représentants des entreprises afin de mesurer les besoins. C’était aussi l’occasion pour nous de nous rapprocher du terrain, de nous faire mieux connaître des acteurs locaux. » Il est ressorti de ces consultations que par exemple à Limoges, existait un intérêt pour le BAC +1 « Architecture et construction » dans une logique de filière formation complète dans le domaine du BTP. A Dax, les besoins étaient plutôt autour de la professionnalisation des personnes dans le domaine de l’accompagnement de la personne âgée. Le résultat de ces travaux d’écoutes a été présenté à la Région, qui a décidé d’accompagner le Cnam sur trois territoires (Dax, Limoges, Niort). Permettre la poursuite d'études « La logique sur laquelle nous souhaitons travailler également, ce sont les poursuites d’études après le Bac + 1. Un exemple très concret : à Limoges, les jeunes qui vont entrer dans le BAC +1 vont en fait entrer dans une première année de DEUST (Diplôme d’Etudes Universitaire Scientifique et Technologique en 2 ans). Ceux qui voudront poursuivre leurs études pourront le faire en intégrant la deuxième année en apprentissage. » Etant labelisée par le ministère, la formation apparaît dans Parcours sup. Quelques jeunes ont candidaté par ce biais. Par l’intermédiaire des délégués territoriaux emploi-formation de la Région, le Cnam est aussi allé présenter le dispositif aux prescripteurs (Pôle emploi, misions locales, associations) pour leur faire découvrir cette solution adaptée à leurs publics. L’organisme communique également par le biais de son site, des réseaux sociaux, avec l’accroche « sans solution tout n’est pas perdu ». D’un point de vue pédagogique, la formation place l’élève au centre du dispositif en mettant en œuvre une pédagogie active, par projet. Ceci demande un accompagnement spécifique des intervenants vacataires qui sont habitués à travailler sur un mode plus traditionnel. Pour répondre à toutes leurs questions sur cette pédagogie particulière, un responsable de formation a été affecté spécifiquement à ce projet. « Nous avons une plateforme d’enseignement à distance sur laquelle nous pouvons proposer des travaux, déposer des ressources. Nous n’avons pas créé d’outils spécifiques, c’est vraiment dans la pédagogie qu’il faut que nous accompagnions nos intervenants. » * Un Bac + 1 démarre à Limoges le 18 octobre. Les Bac + 1 à Dax et Niort vont démarrer le 28 octobre. [1] https://www.cap-metiers.pro/actualites/23358/Enseignement-superieur-creation-deux-labels.aspx
L'orientation en formule colo
Pour Delphine Lacaille, fondatrice de Colombus (Bordeaux), l'orientation ne se fait pas uniquement à partir des résultats scolaires d’un élève et de son niveau dans les différentes matières. Faire des choix de vie ou de formation nécessite de prendre en compte beaucoup d'autres paramètres. « Si on veut agir en prévention plutôt qu’en réparation, il faut investir dans le périscolaire en complément de ce qui se fait à l’école. Le cœur du sujet c’est que pour aider les jeunes à faire leurs choix, je crois à l’action de terrain, à la découverte et aux expériences, aux rencontres et aux échanges. C’est ce que j’ai eu envie de proposer avec Colombus Camp. » L’idée générale du programme Colombus Camp est d’organiser des séjours d’une semaine, pendant les vacances scolaires, sur le modèle des colonies avec toutes les activités habituelles : soirées, jeux, temps libres, piques niques, etc. Au programme de chaque journée, des visites d’entreprises et des ateliers « clés pour soi » de développement personnel. C’est un cadre ludique bienveillant proposé aux jeunes de 12 à 17 ans , qui permet de dédramatiser les questions d’orientation et de les aborder sans pression. « Je suis persuadée que la colonie de vacances est un lieu de développement personnel, de lien et de mixité sociale qui permet d’atteindre les objectifs du programme tant au niveau humain que dans l’accompagnement en orientation. » Un univers par jour Les séjours sont thématisés, sur le principe « 5 jours 5 univers ». Chaque journée de visites est dédiée à un thème différent : nature et environnement, art et culture, santé et solidarité, commerce et artisanat, industries et technologies. Les entreprises sont choisies en fonction des lieux et de l’économie locale. Les jeunes sont en quelque sorte mis dans la situation de reporters, de façon à les rendre les plus actifs possible lors des visites et les pousser à poser des questions. L’économie sociale et solidaire ainsi que les technologies numériques sont toujours abordées dans la démarche. « Par exemple, lors de la journée arts et culture, on peut aller chez un artisan qui utilise peu ou pas du tout d’outils numériques, ou une startup qui fait du marché de l’art en ligne. Nous cherchons un équilibre entre le traditionnel et l’innovant, la petite structure et la plus importante, des parcours atypiques et des parcours plus linéaires. Afin qu’il y ait des typologies différentes en termes de métiers et de témoignages. » Colombus Camp s’adresse à deux publics. D’abord les 12-14 ans, qui ne se trouvent pas encore à proprement parler dans une démarche d’orientation. Ils y sont tout de même sensibles, notamment ceux qui envisagent de rejoindre une filière professionnelle à l’issue de la 3e. Le pari du programme c’est de leur apporter un nouveau regard sur ces questions, de façon ludique et sans stress. « Finalement il n’y a pas d’âge pour les motiver, leur donner des outils, les rendre acteurs de leur parcours. Plus on commence tôt, mieux c’est. A cet âge, on est encore sur de l’éveil, dans une curiosité plus naturelle, spontanée. Quand on s’occupe des décrocheurs ou des jeunes de 16 à 20 ans, la démarche est plus complexe et demande du temps individuel et sur mesure . » Deuxième public visé, les 15-17 ans, plus compliqué à mobiliser, dont la préoccupation immédiate s’appelle Parcours Sup et son éventail d’options. « Notre rôle c’est de faire le lien entre l’école et le sens qu’ils vont donner à leurs choix sur le terrain. Avec les rencontres professionnelles, on les aide à faire leurs choix en confiance et en conscience. On leur montre qu’ils peuvent déterminer leur orientation en rapport avec leur vocation, ou en suivant des voies différentes. On s’adapte vraiment à chaque profil, en essayant de leur donner des outils pour supprimer l’autocensure et les freins à leurs envies qu’on appelle les croyances limitantes. Mon rôle est de trouver des visites intéressantes et des rencontres inspirantes pour que les moments partagés soient un plaisir autant pour les professionnels que pour les jeunes. » « Je travaille avec des coachs certifiés, puisque l’accompagnement en développement personnel est un vrai métier technique. Deux structures m’accompagnent : ApiEco qui travaille sur la « permaculture humaine », le concept de permaculture attaché à l’humain. Et un coach scolaire, « Etud’avenir », une professionnelle de Parcours sup, des filières, une sorte de conseillère d’orientation 2.0. » Un travail partenarial Colombus travaille également en partenariat avec l’association « Cap d’Agir » qui fait de l’accompagnement à la scolarité en quartier prioritaire de la ville. Les jeunes suivis dans le cadre de l’aide aux devoirs se voient proposer des sessions individuelles d’orientation et des sessions collectives pendant les vacances. Ils pourront également bénéficier de stages en entreprise avec le « Pass métiers » de la chambre de commerce et d’industrie qui propose aux jeunes de faire des stages en entreprise pendant les vacances scolaires. En complément des colonies de vacances, Colombus souhaite développer d’autres partenariats avec des structures diverses comme les missions locales, les tiers lieux, les établissements scolaires, les centres d’animation. La méthodologie d’accompagnement des adolescents de 12 à 16 ans leur est présentée : connaissance de soi, renforcement des apprentissages, développement de la curiosité sur le terrain, rencontre de professionnels inspirants, afin que les structures qui le veulent mettent en place la démarche sur leur territoire. « Nous lançons un autre programme qui s’appelle « Colombus mentoring », un accompagnement individuel sur mesure qui peut répondre à des urgences d’orientation, plus spécifiquement pour des jeunes de 3e qui vont probablement être orientés dans une filière professionnelle, et qui n’ont aucune idée du métier qu’ils veulent choisir. On va agir pour une orientation choisie plutôt que pour une orientation subie, grâce à cet accompagnement individuel et des stages, pour qu’ils vérifient avant ce qui leur convient. Nous allons le proposer aussi à des lycéens qui n’ont aucune idée des vœux qu’ils vont faire, qui ont eux aussi besoin d’accompagnement individuel. » Pour l’instant, le programme Colombus camp propose des séjours à Arcachon, ainsi qu’à Bordeaux en partenariat avec Aerocampus avec des jeunes qui sont accueillis en résidence sur leur site. Une journée est consacrée à l’industrie et la technologie aéronautiques, les 4 autres à des visites dans diverses entreprises du territoire. D’autres villes seront concernées à terme, comme Poitiers, Limoges, Pau, La Rochelle. Le but est d’accueillir des jeunes de ces villes dans les autres lieux de Nouvelle-Aquitaine, afin de créer de la mobilité et de leur permettre de découvrir d’autres territoires que le leur, de créer du lien entre ruraux et urbains, de leur faire de découvrir différents écosystèmes pour se préparer au monde d’aujourd’hui et de demain.
Une intelligence artificielle au service de l’orientation professionnelle
Lors de l’émergence d’Internet au milieu des années 90, les personnes compétentes pour travailler sur cette innovation étaient pratiquement introuvables. Il a fallu quelques années avant de disposer de cette ressource, le temps que les universités créent des formations dédiées, que des étudiants soient formés et qu’ils entrent sur le marché du travail. Aujourd’hui, dans un domaine en évolution constante et rapide, le besoin est toujours très important, et les formations longues ne répondent pas forcément aux attentes immédiates des entreprises. « Nous avons besoin de trouver rapidement des personnes pour venir travailler dans notre secteur, des personnes qui n’ont pas suivi de cursus de formation dans l’informatique », ajoute Bouziane Fourka, directeur associé d’Ayaline, une agence digitale installée au Futuroscope de Poitiers. « C’est pourquoi nous avons mené plusieurs expériences ces dernières années, en recrutant des mathématiciens ou physiciens, avec quelques compétences de base en informatique, en se posant la question des compléments à leur apporter pour les rendre employables. » C’est de cette réflexion qu’est née l’idée de prospecter des réservoirs de candidats jusque là peu mis en valeur, des étudiants en situation de décrochage, des gens peu ou pas diplômés mais qui peuvent apporter quelque chose dans le numérique. Sans remettre en cause les diplômes qui restent le plus sûr moyen d’aboutir, la question centrale est comment combler les manques le plus rapidement possible pour répondre aux besoins du secteur. « Dans le département de la Vienne nous savons que, parmi les bénéficiaires du RSA, plus de 500 ont des bases en informatique. En complétant leur formation, je suis sûr qu’en moins d’un an on peut en faire des informaticiens. Ça ne remet pas en cause les cursus habituels, mais beaucoup d’entreprises cherchent des compétences, pas des diplômes. » Correspondances automatiques Le principe du projet « Hubtech formation », soutenu par le Fonds Régional d’Innovation dans la Formation, est de disposer d’un outil capable de comparer rapidement les connaissances techniques et les savoir être des personnes, avec des postes de travail cibles afin d’évaluer les compétences complémentaires à acquérir, avant de faire appel aux organismes de formation. En termes pratiques, il s’agit d’un logiciel, une plateforme numérique basée sur l’intelligence artificielle, qui s’occupe de trouver automatiquement les correspondances entre des candidats et les modalités de formation existantes pour répondre aux attentes des entreprises. Le système s’enrichit tout seul, il développe progressivement une mémoire qui peut servir d’un cas à l’autre. L’IA intervient comme un outil de recommandation, mais l’humain garde la main pour tous les paramétrages. Le système repose également sur les informations qui sont intégrées en base de données par les utilisateurs : les besoins des entreprises, les postes cibles, les formations disponibles, les informations sur les candidats. « Notre outil a été imaginé dès le départ pour répondre aux besoins métiers des entreprises de tous secteurs. On peut l’aborder avec des entrées différentes. Il peut être exploité au sein des grandes entreprises pour gérer les ressources dont elles disposent en interne, repérer des personnes et évaluer le besoin de formation pour qu’elles évoluent sur un autre poste. Les organismes de formation pourront s’en servir pour « matcher » une personne avec une formation adaptée. » Ayaline s’est rapprochée des prescripteurs, de l’Afpa, de la Direccte, pour leur présenter son projet et les expérimentations qu’elle a menées en interne. Les structures d’accompagnement se sont déclarées intéressées par l’approche, elles qui n’arrivent pas toujours à évaluer précisément les besoins des entreprises. L’apport d’Ayaline, au-delà de l’aspect technique, c’est que la société connaît bien le terrain et les attentes des acteurs du numérique. Mais le principe est transférable à tous les secteurs d’activité. Il pourrait également servir dans le cadre de l’orientation scolaire. Un outil personnalisable A terme, l’application sera accessible par un navigateur. Chaque utilisateur aura accès à un espace dédié, personnalisable, dans lequel il trouvera un ensemble d’informations (métiers, formations, etc.) et pourra intégrer des tests, des outils de suivi des candidats, des fiches de poste, des formations, etc. « Les candidats pourront eux aussi utiliser Hubtech comme un outil d’orientation professionnelle. Pour qu’ils puissent y accéder, il faudra tout de même qu’ils soient portés par une structure d’accompagnement. On ne peut pas lancer le système dans la nature et laisser les gens l’utiliser individuellement. » Pour le moment, l’agence travaille sur le paramétrage de l’IA et le développement logiciel. Le tout sera ultérieurement présenté aux professionnels, aux prescripteurs et aux organismes de formation. « On a prévu fin septembre de disposer d’un prototype opérationnel, avant de le généraliser. On a pris un peu de retard, mais on peut déjà présenter un système qui fonctionne. Nous verrons avec les partenaires comment le personnaliser pour chacun d’entre eux. Ce qui est important c’est aussi de tester l’outil avec eux, en mode prototype avec de vraies données, une sorte de version bêta privée. » Hubetch Formation est très souple. Il peut être utilisé à l’échelle régionale, sur un bassin d’emploi, sur un département, voire des entreprises pour gérer les mobilités en interne. Ainsi que pour jeter des passerelles entre entreprises, faciliter le passage de salariés de l’une à l’autre. La clé principale reste l’identification des compétences complémentaires nécessaires à cette mobilité. Une structure d’accompagnement comme une mission locale, dans un bassin d’emploi donné, pourra l’ouvrir aux entreprises de son territoire, en n’intégrant que les besoins de ces entreprises locales, et les personnes qu’elle suit, afin d’effectuer un rapprochement rapide entre les deux. « Derrière le système, il y a une intelligence artificielle, mais la vraie valeur ajoutée c’est que toutes les données viennent du terrain. Cela répond à de vrais besoins des professionnels et des prescripteurs. On ne remplace pas ce qui existe, on complète l’existant pour le faire mieux fonctionner. »
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