Your new post is loading...
Your new post is loading...
|
Scooped by
Cap Métiers NA
May 31, 2:58 AM
|
La mobilité dans toutes ses dimensions
Avant il y avait Ateliers Méca Deux Sèvres, une plateforme mobilité qui fonctionnait essentiellement autour d’un garage social. Fin 2023, Ateliers Méca est devenu Soligo 79. « Depuis plusieurs années, nous avons développé toute une gamme de services, » explique Juliette Leroy, directrice. « Notre idée était de modifier notre nom en enlevant le terme « mécanique » afin de mieux promouvoir la notion de plateforme mobilité dont l’objectif est de lever les freins à la mobilité pour faciliter l'accès à l'emploi ou à la formation. Son principe est de regrouper en un même lieu tout un panel de solutions pour parvenir à lever ces freins. » L’organisme niortais est un précurseur dans le domaine de la mobilité. Il emploie un chargé de mission dont la fonction est de coordonner toutes les plateformes mobilité du territoire créées au fil des années, certaines avec l’accompagnement d’Atelier Méca. Aujourd’hui Soligo 79 comporte toujours un garage solidaire qui s’occupe de l'entretien et la réparation toutes marques. Sa vocation est double. D’abord proposer des tarifs adaptés aux clients en difficulté financière, orientés sur prescription des partenaires sociaux. Ensuite, d’être un chantier d’insertion qui emploie une dizaine de salariés, encadrés par des professionnels. Les salariés en insertion peuvent y apprendre les métiers de la mécanique s’ils le souhaitent, ou être accompagnés vers un autre emploi qui leur correspond. La structure a également développé, depuis deux ans, la collecte et la réparation de vélos. Son principe est de récupérer les cycles en partance pour la benne, et de les remettre en état avant de les revendre avec un tarif solidaire et un tarif tout public. Si cette activité reste encore un peu à la marge, elle fait déjà pleinement partie des solutions de mobilité proposées. « Nous sommes là pour conseiller les personnes, pour rendre un service et pas pour vendre un service. Il n’est jamais question de vente forcée, mais plutôt de tout faire pour limiter les coûts. Les mécaniciens font le tour du véhicule, établissent les priorités, échelonnent les réparations pour que ce ne soit pas trop coûteux. » La mobilité, ça s'apprend Autre activité de Soligo, le conseil à l'achat de véhicules d'occasion. Certaines personnes se présentent au garage avec des véhicules trop endommagés. Plutôt que d’envisager de très grosses réparations, elles sont alors orientées vers un projet d'achat de véhicule adapté à leurs besoins. C’est tout un accompagnement pédagogique qui leur est proposé, un véritable diagnostic au cours duquel on leur parle du véritable budget que représente un véhicule, des pistes de financement et de micro-crédit adaptées à leur situation. L’association entend également lutter contre les fraudes à l'achat de véhicules d'occasion. Aujourd’hui, trop de publics précaires acquièrent des véhicules trafiqués, sans contrôle technique, dans lesquels ils engloutissent leurs économies. Soligo fait également de la location de véhicules, toujours destinée aux personnes rencontrant des difficultés dans leurs démarches de recherche d'emploi. Voiture, scooter, ou encore vélo à assistance électrique, la location inclut l’assurance ainsi qu’un volet pédagogique de prise en main du véhicule. Seule condition pour bénéficier d’une voiture, entrer une formation, avoir un contrat de travail ou une promesse de contrat. « Sur la location on est sur du temporaire. Nous sommes obligés de restreindre, parce que nous n’avons pas assez de véhicules pour tout le monde. Pendant les 3 à 6 mois de la location, on accompagne la personne sur le service conseil en mobilité pour que, à l’issue, elle ne se retrouve pas sans solution. Aucune obligation, mais on insiste vraiment sur cet accompagnement. » Le parc de Soligo est constitué de 26 véhicules, il inclut depuis quelque temps 6 voitures sans permis. Ils ont été achetés à petit prix à des garages ou à des particuliers, remis en état par les salariés en insertion. « Nous faisons partie du réseau Agil'ess. On répond aussi régulièrement à des appels à projets de fondations. En ce qui concerne les dons on travaille avec une autre association reconnue d'intérêt général qui s'appelle la PRAM, plateforme régionale d'accès à la mobilité. Elle compte 5 garages solidaires sur le territoire de l’ex Poitou-Charentes. Son rôle est de collecter des véhicules auprès de particuliers ou de grands comptes, de les faire remettre en état par les garages solidaires adhérents de l'association et de les revendre à bas prix à nos bénéficiaires. Mais ces voitures n’ont pas vocation à être louées. » « Nous avons aussi une auto-école sociale. Comme nous ne disposons pas de l'agrément auto-école, nous travaillons avec un prestataire, l'automobile club des Deux-Sèvres. Son principe est d’accompagner les personnes jusqu'au l’obtention du permis. Elles en ont besoin parce que c'est un examen, avec un code difficile à comprendre. Le vocabulaire utilisé, ses nuances, ne sont pas évidents pour tout le monde. » Côté public, l’association a connu une forte augmentation du nombre de jeunes de moins de 26 ans. 90% des bénéficiaires ont un niveau d'étude infra bac, le plus souvent CAP-BEP. Selon une étude menée par le réseau Agil’ess, près de 80% des bénéficiaires des plateformes mobilité sont dans des situations professionnelles qualifiée de précaires, des emplois temporaires, en horaires décalés, etc. Ils sont 80% à déclarer que le manque de mobilité est le frein principal à leur insertion et la cause de leur précarité professionnelle. Cela est confirmé par des chiffres nationaux puisque qu’un Français sur 3, un sur 2 en situation de précarité, a déjà refusé une offre d'emploi faute de solution de mobilité pour s'y rendre. Cause et conséquence L’absence de mobilité et les difficultés d’insertion sont clairement liées, particulièrement pour ceux qui habitent en dehors des grandes agglomérations, des zones peu ou pas desservies. Le vélo, le covoiturage, les transports collectifs, ne sont pas des solutions adaptées pour la plupart de ces personnes, notamment à cause des contraintes horaires. En réalité, aujourd'hui la plupart des Français ne peuvent pas se passer de voiture. Sauf les résidents des territoires urbains, qui disposent de solutions assez faciles d’accès, comme le vélo à assistance électrique ou le scooter électrique, solutions peu onéreuses et écologiques que la ville de Niort a développé avec son service Tanlib. « C'est là qu’intervient notre conseil en mobilité, qui connaît cependant des limites. Par exemple, le vélo reste peu utilisé. Notre impression c'est que la voiture reste un marqueur social. Pour nos publics en difficulté, réussir à posséder une voiture, c'est passer un cap. C’est très dur de faire évoluer les mentalités. » Les entreprises partagent le constat selon lequel il est difficile de recruter en raison du manque de mobilité des gens, et que le covoiturage n’est pas une réponse durable. Pour autant, elles sont difficiles à mobiliser. Une des solutions qui leur est proposés consiste à mettre des véhicules à disposition des salariés les premiers mois de leur intégration, le temps qu’ils trouvent d'autres moyens de se déplacer. Cette approche somme toute assez simple, serait susceptible de sécuriser les emplois et d’attirer un public plus large. Mais elle repose sur la volonté des employeurs. Depuis deux ans, l’association mène une expérimentation qui consiste à intégrer le conseil en mobilité au sein des formations d’Assistant De Vie aux Familles (ADVF) en partenariat avec l’AFPA. Encore trop de personnes formées à ce métier en tension ne sont pas employables parce qu'elles ne disposent pas de moyens de mobilité. Avec cette action, elles bénéficient de séances d’information collective, d’entretiens individuels en tout au long de leur parcours de formation professionnelle, afin de leur trouver des solutions adaptées. La démarche est reconnue par les employeurs qui sont plus enclins à recruter lorsqu’ils savent que le problème de mobilité est temporaire et que cette question est réellement prise en compte. Pour le futur, Soligo 79 voudrait également ouvrir une vélo-école, dans le but de convaincre les personnes de recourir à ce mode simple, écologique et économique. « Je pense qu’on ne fait pas assez d'actions autour du vélo. Beaucoup de gens pourraient l’utiliser, mais ne savent pas en faire. Si on les accompagne, qu’on leur apprend, ils s'y mettront volontiers. » Aujourd’hui, la priorité de l’association est de maintenir son éventail de services. Elle veut également développer sa flotte de véhicules en location, passer à une trentaine, pour répondre à des besoins urgents. En l’état elle ne peut pas répondre à toutes les demandes. Une loi récente autorise désormais les structures à récupérer les véhicules peu polluants éligibles à la prime à la conversion, pour en faire bénéficier les personnes en situation de vulnérabilité économique ou sociale. Les modalités exactes ne sont pas encore connues, mais elles ouvrent des perspectives intéressantes.
|
Scooped by
Cap Métiers NA
October 20, 2022 7:53 AM
|
Maud Vignaud est responsable ingénierie et innovation pédagogique de la Fédération Compagnonnique Nationale. Dans le cadre du consortium, les fédérations compagnonniques, le CFA des 13 vents à Tulle et la maison de l'Europe à Limoges ont mis en place une Prépa apprentissage début 2021, dans 5 CFA répartis à Tulle, Limoges, Anglet, Agen et Bordeaux. Quelle a été votre approche en matière de Prépa apprentissage ? Nous sommes sur un parcours personnalisé d'orientation et de préparation à l'apprentissage, 300 heures sur 2 mois et demi. Il peut être plus long si nécessaire. Nous avons plusieurs modules, à commencer par la formation en situation de travail qui fait vraiment la force du projet. A l’arrivée d’un jeune, on fait une sorte de positionnement qui va nous permettre de vérifier s’il présente quelques difficultés notamment sur les savoirs de base. Si besoin est, on inclut les modules de la certificat CléA dans le parcours. On est dans une sorte d’orientation action, où il s’agit pour l'apprenant d’adopter la bonne posture face aux situations de travail qui lui seront présentées. Notre Prépa comporte aussi une dimension de mobilité géographique, c’est la culture des Compagnons du Tour de France. Ainsi que le développement d'un sentiment d'appartenance à l'Union européenne au travers des modules de la Maison de l'Europe, pour préparer les futurs apprentis à une mobilité de type Erasmus. Quel est le profil de votre public ? Ils ont entre 16 et 30 ans, majoritairement 18-19 ans, issus des quartiers prioritaires de la ville ou des zones de revitalisation rurale. Plus de garçons que de filles, peu ou pas qualifiés, qui ont fini leur cursus scolaire en classe de 5e ou 4E. Nous accueillons aussi des publics migrants, ce que nous n’avions peut-être pas forcément anticipé. Mais on s’est adapté, en proposant des cours de remise à niveau en français, plus de Français Langue Professionnelle que de Français Langue Etrangère. Notre recrutement est très local, on travaille beaucoup avec les acteurs de proximité comme les missions locales. Nous avons quand même eu beaucoup de difficultés à identifier des publics parfois très invisibles. Cette Prépa souffre d’un vrai problème de sourcing. Avez-vous des prérequis ? Nous avons des jeunes qui savent ce qu’ils souhaitent faire, parce qu’ils ont été accompagnés en amont par la mission locale. Ils ont déjà travaillé sur leur projet professionnel, du coup on peut aller très vite dans notre cursus de formation, avec juste une semaine en centre de formation pour travailler la confiance en soi, la posture, toutes ces petites choses avant qu'ils partent véritablement en entreprise pour 4 semaines. Quand ils reviennent, on débriefe on retravaille sur les compétences acquises. Et puis on va travailler la mobilité, ils vont repartir une semaine en entreprise, on arrive très vite à la fin du parcours. Ça c'est dans le meilleur des cas. L’autre partie de nos jeunes arrivent par différents biais, et n'ont pas forcément un projet professionnel établi. Les métiers du bâtiment ne leur déplaisent pas, mais ils n’en savent pas plus. Là, nous faisons vraiment de l'individualisation. On les fait tourner pendant 15 jours dans nos ateliers, en immersion, avant de partir deux semaines en entreprise en fonction de ce qu’ils pensent être le métier dans lequel ils voudraient s'orienter. Ils ont le droit à l’erreur, et dans ce cas-là on recommence le processus sur d'autres métiers. Notre objectif c’est véritablement de sécuriser le parcours apprentissage en fonction du profil de l'apprenant Vous semblez accorder une grande importance à l’aspect mobilité ? Effectivement, parce qu’on observe que ce public reste très attaché à son microcosme familial, à son quartier. On demande à nos jeunes de prendre le train ou le bus. On veut qu'ils prennent leur billet tout seuls pour aller à tel endroit, sans rien réserver, sans trop les guider, pour voir s'ils sont suffisamment autonomes. Ce n’est pas forcément pour une mobilité lointaine, mais c’est pour se rendre à une manifestation, par exemple les Olympiades des métiers. L'idée c'est de les ouvrir à leur environnement métier, les déplacements qu’on leur propose sont en lien avec leur orientation. Le parcours comporte une semaine consacrée à la mobilité, afin qu’ils acquièrent plus de confiance en en eux. C’est nécessaire, parce que pour certains jeunes, il n’était pas, au départ, question qu’ils bougent de chez eux. Utilisez-vous des outils particuliers ? Chaque jeune a un carnet de compétences, une sorte de carnet de voyage sur lequel vont apparaître les compétences acquises. Au début de son parcours, on fait un point sur les compétences transverses qu'il a pu acquérir dans tel ou tel contexte d'apprentissage, en situation professionnelle ou en centre de formation tout simplement. On essaie de dégrossir tout ça, et d’effectuer un travail de remise en confiance de soi. Ce petit livret permet de mesurer l'écart entre le moment de son arrivée et son départ, en termes de compétences acquises. C'est comme un portfolio qui valorise le futur apprenti et qui lui apprend à se vendre, parce que c'est bien là aussi la problématique, trouver l'employeur qui va correspondre à son profil et à ses attentes. Combien de sessions avez-vous mis en place ? C’est vrai que ça n’est pas un dispositif qui a permis de développer le nombre de contrats d’apprentissage. En un an et demi, nous avons eu assez peu de sessions, une dizaine sur le plan national pour la fédération compagnonnique, principalement à cause du sourcing. Et les effectifs restent faibles, au maximum 4 ou 5 apprenants. Cela dit, si on veut vraiment accompagner chaque jeune sur son projet, c'est mieux de gérer des petits groupes. Même avec peu de participants, on peut créer une certaine émulation avec ce public. À mon sens, c'est mieux que de le traiter individuellement. Avec un collectif, on arrive à construire, parce que les jeunes peuvent s'identifier et on les fait grandir ensemble. Le problème, c’est que ça fait beaucoup d'énergie pour peu de publics, ça fait partie de notre questionnement par rapport à la Prépa apprentissage. Pour l’instant, quels résultats avez-vous enregistré ? Nous avons observé que, pour les publics fragilisés, l’accompagnement en amont, le positionnement initial et le repérage des difficultés d’apprentissage, a permis de sécuriser l’entrée vers l’apprentissage, même si 3 mois c’est rapide. Je pense que sans la Prépa, on aurait perdu ces publics. Même pour un public différent, avec un projet plus abouti mais qui connait des difficultés à trouver des entreprises, on pourrait aider à finaliser les contrats en se servant de Prépa apprentissage grâce aux outils qu’on a mis en place. Ce serait un sas d’accompagnement à l’apprentissage. C’est en tout cas la question qui se pose aujourd’hui dans notre réseau. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
|
Scooped by
Cap Métiers NA
September 19, 2019 10:24 AM
|
Libournais, la mobilité au cœur de l’insertion
En matière d’insertion professionnelle ou d’accès à la formation, la question de la mobilité revient très souvent, au point qu’elle constitue un enjeu majeur pour le retour à l’emploi. Conscient de cette problématique, le conseil départemental de la Gironde a pris la décision de créer en 2015 des « plateformes mobilité ». C’est le cabinet Alter Ego Conseil, spécialisé dans les questions de mobilité et insertion, qui a été retenu pour animer celle du territoire Libournais (de Fronsac à Sainte-Foy-la-Grande, en passant par Coutras, Castillon, Branne…). « Nous travaillons avec tous les partenaires du Libournais pour répondre aux différents besoins que rencontrent les personnes en difficultés face aux déplacements. La plateforme intervient après une prescription par un entretien individuel et par le biais d’un diagnostic établit des préconisations à court moyen et long termes », explique Lydia Bellanger, responsable de la plateforme mobilité du Libournais. « Nous nous déplaçons dans les maisons de service au public, les mairies, les associations, en résumé les lieux de vie des gens. Nous répondons à des demandes très diverses, qui vont de la demande de cartes de transport, des aides financières pour l’accès au permis, l’accompagnement dans certaines démarches administratives, des conseils pour lutter contre les freins psychologiques et cognitifs. » Les personnes sont prescrites par les MDSI, Pôle emploi, le PLIE, les missions locales, les mairies et CCAS, les structures d’insertion. Tous les publics sont pris en compte, sous réserve de résider sur le territoire. L’objectif est de toucher autant que possible les bénéficiaires du RSA mais également toute personnes qui souhaitent élargir leur environnement de déplacement pour faciliter leur insertion sociale et professionnelle. Dans la pratique, les personnes issues des structures médico-sociales sont de plus en plus nombreuses (ESAT, entreprises adaptées, Instituts thérapeutique éducatif et pédagogique, Services d'Education Spécialisée et de Soins à Domicile). « Lors d’un premier entretien, nous faisons un audit individuel orienté vers les capacités et la volonté de la personne à aller vers le déplacement. On travaille avec elle sur son projet, pour lui proposer des orientations à court, moyen et long terme. Suivant les cas, nous pouvons rencontrer la même personne plusieurs fois, mais le plus souvent nous effectuons un suivi à distance, par téléphone, ou en lien avec le prescripteur, auquel nous adressons un compte rendu. » La plateforme met également en place des actions collectives, comme des ateliers découverte des transports en commun, de formation à la conduite de vélo électrique, de voiturette ou de cyclomoteur, des randonnées urbaines utilisant le bus, le train et le tram. « Toutes nos actions visent à permettre à une personne de retrouver un emploi, le conserver ou entrer en formation. La mobilité, c’est un véritable projet de vie. Notre approche c’est de considérer chaque personne avec sa problématique propre, de la comprendre et d’élargir son environnement de déplacement de manière à ce qu’elle puisse répondre à des offres. ll faut tenir compte des choix de chacun, on ne peut rien forcer. » Depuis le mois de mai, la plateforme mobilité s’est installée dans la toute nouvelle « maison de la mobilité solidaire » de Fronsac, qu’elle partage avec plusieurs partenaires. On y trouve une auto-école solidaire (association D-PLACE), un garage de location et de réparation des cyclomoteurs et un service de prêt de deux roues (régie LibRT), un garage de location de voitures (association APREVA). Depuis sa création, la plateforme mobilité et son équipe de trois personnes, a mené un millier d’entretiens. Elle a largement fait preuve de son utilité, et prouvé que la demande existait, sans toujours être exprimée. « Avec les personnes qui nous sont envoyées par les prescripteurs, nous arrivons à lever des freins au niveau de la mobilité, mais pas seulement. Les entretiens ont d’autres effets positifs, notamment sur l’insertion sociale. C’est important pour éviter que les gens se coupent de l’extérieur et finissent par sombrer… surtout pour le public très éloigné de l’emploi. Par exemple, le fait d’avoir le code, même si décrocher le permis peut ensuite prendre du temps, remobilise la personne, lui redonne confiance pour aller de l’avant, aller en formation, etc. C’est tout son parcours qui est redynamisé. »
|
|
Scooped by
Cap Métiers NA
October 11, 2023 5:29 AM
|
La voiture, vecteur de mobilité et de solidarité
APREVA 47 est à la fois garage et loueur social. L’association fait de la location et de la réparation de véhicules pour toute personne vivant en dessous du seuil de pauvreté, dans le cadre d'un maintien ou retour à l'emploi. Pour 2 euros par jour, un bénéficiaire peut emprunter une voiture, assurance comprise et kilométrage illimité, pour se rendre sur son lieu de travail ou de formation. Il peut aussi l’utiliser pour tous ses besoins quotidiens, à l’exception d’éventuels départs en vacances. « Nous sommes le premier loueur social de France » précise Thomas Pinet, directeur général. « Entre le Lot-et-Garonne et la Gironde, nous réalisons 30 000 journées de location par an, pour une centaine de véhicules qui sillonnent les départements quotidiennement. » Autre particularité, les véhicules, uniquement des voitures thermiques, qui constituent le parc disponible sont tous issus de dons. Dons faits par les entreprises comme ENEDIS au début, aujourd’hui plutôt par des particuliers, à raison d’une trentaine par an. Parmi ses projets, l’association, qui possède deux garages en Lot-et-Garonne (Aiguillon, Agen) et un en Gironde (Lormont), avait eu l’idée de créer des « unités mobiles de garage » pour aller au contact de la population, développer du « aller vers », offrir une solution de mécanique légère de proximité sur des territoires reculés. Trois unités ont été déployées dans les Quartiers Politique de la Ville du Libournais et de Bordeaux métropole. Mécanique à domicile Dans la pratique, un mécanicien intervenait pour effectuer des réparations de mécanique légère « en pied d’immeuble » : échange de pneus, plaquettes, vidange, etc. Mais il est très vite apparu que les besoins étaient beaucoup plus poussés. « En réalité, les publics les plus précaires, ne se rendent pas chez le garagiste pour faire une simple vidange. C’est qu’ils ont attendu, attendu, trop attendu, au point que leur véhicule a subi des dégâts parfois importants. Ils n’ont pas toujours la capacité à financer les réparations. » Problème, un mécanicien « volant » n'est pas équipé pour réaliser des opérations « lourdes » sur un parking ou dans un petit local improvisé. Avec un coût annuel de 40 000 euros par garage mobile, le modèle n’a pas été facile à mettre en place. Et pour en assurer la pérennité, il était impossible de se reposer uniquement sur la prestation mécanique. Seul moyen de le faire perdurer, que le salaire du mécanicien soit pris en charge à 100% par des aides publiques. Autrement dit, accepter que cet outil ait avant tout une vocation sociale. Illustration des problèmes de financement, les devis gratuits étaient établis pour les personnes qui devaient ensuite prendre en charge le coût de l’intervention. Mais l’association s’est rendu compte qu’elle faisait beaucoup de diagnostics et peu de réparations sur les véhicules, tout simplement parce qu’il était ensuite moins cher de les faire réaliser par un ami ou une connaissance, au noir, plutôt que de les régler à l’association. « Nous avons pris le parti d'arrêter ces garages mobiles, et de réfléchir différemment, à une échelle plus raisonnable. D’autant que notre offre ne pouvait pas s’aligner économiquement sur les grandes surfaces automobiles, par exemple pour les vidanges. Aujourd’hui, nous sommes toujours sur le modèle du mécanicien mobile, mais qui se déplace pour faire de la prévention et de la pédagogie plutôt que de la réparation. » La nouvelle approche consiste à travailler en amont des problématiques, au lieu d’intervenir pour réparer les dégâts, sur la base de trois grandes thématiques : l'entretien quotidien de son véhicule (usure des pneus, des plaquettes, niveau d'huile, etc.), les pièges à éviter quand j'achète mon véhicule, parce que les escroqueries sont nombreuses pour des véhicules proposés à 1 500 euros sans contrôle technique. Le troisième sujet est lié au projet de Zone à Faibles Emissions à Bordeaux. Il s’agit de faire de la prévention, afin d’éviter que des gens s'endettent en achetant une voiture qui ne pourra plus, à terme, circuler sur une grande partie de la métropole. « Là où c'est toujours un peu compliqué, c'est que nos actions s'adressent à une minorité. Les solutions qu'il faudrait mettre en place ne sont financièrement pas rentables, par exemple des modes de transport en commun durables et pérennes. Dans nos territoires, la plupart des gens n’ont aucun moyen de mobilité à l'exception de la voiture. Nous devons apporter des solutions sur mesure, de la dentelle, mais elles engendrent quand même des coûts. Il faut arriver à jongler, trouver des équilibres en permanence. » L’accès aux services d’APREVA se fait sur prescription d’un acteur du social ou de l'emploi qui oriente les demandeurs sur le site Internet de l’association, que ce soit pour une location ou une réparation. Pour louer un véhicule, il faut produire un contrat de travail ou une convocation en formation, et un justificatif de ressources. Un outil de suivi permet de répertorier toutes les demandes, les prescripteurs, le profil des bénéficiaires, leur situation, etc. ce qui permet d’établir des statistiques précises. Prochaine étape, implémenter une enquête post location pour savoir comment les personnes auraient pu faire sans la location, afin de disposer d’une sorte d’observatoire de l’activité. APREVA est également atelier et chantier d'insertion. Elle forme ainsi des personnes au métier de mécanicien. La volonté initiale était de créer le cercle plus vertueux possible. Quand une voiture est donnée à l’association, elle est retapée dans ses ateliers, par des personnes en cours de formation, sur un parcours de 2 ans en AFEST. Pour effectuer des périodes de mise en situation professionnelle, elles sont accueillies au sein d’un réseau de partenaires. Pérenniser l'action L’association limite son parc à une centaine de véhicules, dans le but de sécuriser son renouvellement et de ne pas se mettre en difficulté. Car plus de véhicules, c’est aussi plus de personnel pour les gérer, sans la garantie que le flux de dons se maintienne. « Notre mission, avant même d'aider les gens, c'est de pouvoir se maintenir aussi longtemps que le besoin existe. Si nous aidons 2 000 personnes mais que dans 3 ans, nous mettons la clé sous la porte, cela voudrait dire que notre modèle n’est pas pérenne et efficace pour le territoire. Parfois il nous faut refuser des offres, n’accepter que ce que nous avons la capacité de traiter. » Parmi les solutions envisageables, récupérer des voitures tout juste éligibles à la prime à la conversion, ce qui permettrait d’écarter les véhicules les plus polluants au profit de plus récents. Mais la législation ne le prévoit pas. Pourtant, cette formule présenterait plusieurs vertus, notamment en matière de sécurité routière et d’impact environnemental. « Notre prochain projet consiste à devenir une entreprise d’insertion de « rétrofit », de transformation de véhicule thermique en électrique. Pour moi, l'électrique va être la fracture sociale de demain. Dans les groupes de concertation sur les ZFE, j’ai constaté que la dimension sociale était totalement exclue du débat. L’analyse est très froide et mathématique : les véhicules les plus polluants, c’est 3% du parc. Donc l’interdiction ne concernera que 3% d’utilisateurs, ce qui est considéré comme peu. » « J’ai rappelé que si les gens utilisent des voitures très polluantes ce n’est pas par militantisme anti écologique, mais leur en retirer l’usage revient à leur mettre la tête sous l’eau, alors qu’ils ont déjà des problématiques d’emploi, de logement, de santé, de malnutrition, etc. Si on veut un système plus solidaire, une société plus juste, il faut faire des compromis. Nos publics ne sont pas ceux qui polluent le plus, tout simplement parce qu’ils se déplacent moins. Mais le risque c’est qu’ils soient tout de même les plus pénalisés par les ZFE. »
|
Scooped by
Cap Métiers NA
July 28, 2022 8:01 AM
|
En Mellois, un emploi près de chez soi
Constatant sur son territoire un gros problème de mobilité des demandeurs d'emploi, l’agence Pôle emploi de Melle (Deux-Sèvres) a décidé de mener une action délocalisée sur 6 territoires du bassin. Aux obstacles à la mobilité s’ajoutent des problèmes de connexion, de zone blanche ou tout simplement de manque de maitrise de l'outil Internet. Difficile dans ces conditions pour les conseillers de suivre un public qu’ils ne voient très rarement en agence pour participer aux ateliers, ou le recevoir pour un entretien puisqu’il n’est le plus souvent joignable que par téléphone. L’IRFREP des Deux-Sèvres a été retenu début 2022 pour intervenir auprès de groupes de 8 à 12 personnes, un par territoire, constitués de demandeurs d’emploi très éloignés du monde du travail sans condition d’âge ou de niveau de formation. « Pôle emploi voulait que l’on travaille avec eux sur leurs compétences et leurs savoir être, » explique Martine Roy, coordinatrice de l’IRFREP 79. « Ensuite que l’on prenne un temps pour faire une analyse du territoire et des entreprises existantes que les personnes ne connaissent pas forcément, même si elles habitent à proximité. La dernière phase de notre accompagnement était de leur faire découvrir les outils numériques, les aider à rechercher plus efficacement de l'emploi sur leur territoire. » Le programme « Un emploi pour moi en Mellois » s’est déroulé de début avril à fin juin. Il comprenait 6 semaines d'accompagnement à raison d’une demi-journée par semaine, matinée ou après-midi. Il se concluait la septième semaine par une journée entière, où était organisé dans un premier temps un mini job dating avec les entreprises du territoire et sur la deuxième partie de la journée, un temps de bilan pour chaque groupe où participait également chaque conseiller référent Pôle emploi territorial. Ces briefings ont également été l’occasion d’exprimer ce qu’ils avaient pensé de l’action. Deux formatrices sont intervenues sur le dispositif, en changeant régulièrement de territoire et de groupe, de manière que les participants ne rentrent pas dans une routine, qu’on leur propose différentes approches et façons de fonctionner. Reprendre confiance « La première demi-journée, on a plutôt senti une réserve chez les demandeurs d'emploi, leur inquiétude étant qu’on leur demande des comptes, qu’ils soient surveillés. D’emblée nous leur avons expliqué qu'on était là pour les aider à reprendre confiance en eux, les motiver, les mobiliser. D’autant que dans ces zones très rurales, ils sont souvent seuls, sans véritablement de lien social. Et ils n’ont pas forcément l'envie d'aller vers les entreprises qui se trouvent sur ces territoires. » Les 2 premières demi-journées étaient consacrées aux positionnements individuels, compétences et savoir être. En conclusion, chacun élaborait une petite carte de visite à remettre lors du job dating. 2 autres demi-journées portaient sur l'analyse du territoire et des entreprises, et les 2 dernières à travailler sur les services numériques pour la recherche d'emploi. Le contenu proposé était adapté à chaque groupe, pratiquement à chaque session en fonction des demandes des personnes. Parfois, sur un point précis, elles avaient besoin d’un temps d’échange un peu plus long que ce qui était prévu initialement. Les entreprises sont mobilisées par les chargés de relation de Pôle emploi. Elles étaient présentes lors du mini job dating, organisé lors de la dernière journée. Elles ont toutes des offres à proposer aux demandeurs d'emploi qui ne viennent pas avec un leur CV, mais juste avec leur carte de visite élaborée pour l’occasion. Les employeurs sont préparés à les recruter sur la base de leurs compétences, plutôt que par rapport à leur parcours professionnel. Ils sont prêts à les former si besoin est. Toutes les solutions de sortie sont ouvertes, stages, contrats, immersions, formations, etc. A ce stade, Pôle emploi reprend la main sur la suite des parcours. Des solutions de proximité « Un des buts de l’action est d’amener ce public, parfois privé de moyen de locomotion, à aller vers les entreprises qui se trouvent tout près de chez eux. Souvent, ils n’y pensent pas, ou, pour eux, ça n’est pas envisageable de démarcher une entreprise. Grâce à notre accompagnement, ils ne vont plus avoir peur de proposer spontanément leur candidature. Cela dit, sur certains groupes, nous constatons qu’avant de les réinsérer dans l'emploi, il y a toute une démarche d'accompagnement individuel à faire, notamment sur la dimension sociale ou de santé. » « Par ailleurs, c'est très intéressant pour nous d'entrer en contact avec les entreprises de ces territoires, même si nous ne sommes pas amenés à travailler avec elles. Mais ça peut nous aider d'avoir ce répertoire d'employeurs pour nos stagiaires qui doivent trouver des périodes de stage, et qui ne sont pas tous de Niort. Je pense aussi que cette action doit nous amener à réfléchir à délocaliser nos prestations. Si ce dispositif se poursuit, je pense qu’il serait intéressant d’associer les entreprises plus en amont, les faire intervenir lors des demi-journées consacrées à la présentation du territoire. » Autre bénéfice de l’action constaté par les animatrices de l’IRFREP chez les participants, des changements de comportement, une redynamisation, de nouvelles façons d’agir. Et la capacité de mettre en avant les compétences acquises lors de leurs différentes expériences professionnelles, mais également dans leurs activités extra professionnelles. Alors que pour beaucoup d’entre eux, la notion de compétences ne s’appliquait qu’au milieu professionnel. Le dispositif devrait être reconduit dès la rentrée de septembre. Le format des 7 semaines, par demi-journée, semble adapté à un public qui ne travaille plus depuis des années, ne se lève plus tôt le matin et qui doit à nouveau s’habituer à gérer des contraintes d’emploi du temps. « Dans le cadre de ces groupes, je pense que les demandeurs d'emploi ont été capables de nous dire ce qu'ils ne voulaient plus faire, ce qui leur est plus difficile quand ils parlent à leur conseiller. C'est venu naturellement dans les échanges. Le fait que nous soyons quelqu'un d'extérieur et que nous leur disions bien qu'on n'avait pas d'a priori et qu’on ne les jugeait pas, a rendu le dialogue plus facile. Sur chaque groupe, il y a eu une très bonne dynamique. Ma seule crainte c'est qu’elle retombe rapidement avant qu’elle se concrétise par du concret. Je ne sais pas encore par quel moyen la faire durer. »
|