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Parmi les usagers potentiels du centre de formation PERF, implanté à Tarnos, nombreux sont ceux pour lesquels la distance peut constituer un frein. Leur offrir la possibilité de se former depuis leur domicile en limitant le nombre de déplacements est une des solutions susceptibles de leur donner accès à l'offre de formation.

 

C’est pourquoi, dans le cadre de son centre de ressources labellisé APP et de son pôle orientation insertion, le centre a mené une réflexion en 2019, afin de proposer les certifications Cléa et Tosa en formation à distance. Pour Marc Benquet, formateur, « cette solution correspondait à une évolution constatée, la nécessité de s'adapter aux nouvelles contraintes des gens, aux nouvelles conditions de vie, et la possibilité de déployer notre offre de formation en limitant l'impact de l'éloignement. »

 

Tarnos est situé à l'extrémité sud-ouest des Landes, un territoire qui dispose d’assez peu de passerelles avec le bassin de Bayonne. 3 ans auparavant, l’APP de Bayonne avait fermé ses portes. Par conséquent, il subsistait assez peu de structures capables de proposer ce service. Pour autant, les partenaires du centre cherchaient eux aussi des solutions, et faisaient remonter régulièrement des besoins.

 

Un public qui évolue

 

« En tant que formateurs, nous avions déjà réfléchi à nos pratiques, à la façon de les améliorer grâce aux nouveaux outils. Cela correspond à une évolution des publics, que nous n'avons pas été les seuls à constater. Donc notre projet était de déployer sur le territoire un accès aux certifications par la FOAD en zone périurbaine et en zone rurale. En raison des contraintes de mobilité et d'éloignement, afin d’améliorer les chances de chacun, il fallait lever certaines limites et certaines barrières en s’appuyant sur les moyens technologiques. »

 

Les publics visés étaient des personnes qui n'avaient jamais eu de relation avec le centre. Cependant, leur profil est le même que celui des bénéficiaires de ses formations. Ils ont été en majorité dirigés vers PERF, du moins dans un premier temps, par des prescripteurs habituels, Pôle emploi, le PLIE de la CDA, la mission locale. Par la suite, l'offre de service a été relayée auprès des apprenants de l'ensemble des pôles de formation, ce qui a contribué à alimenter les effectifs avec un recrutement « interne. »

 

L’offre était pensée dans un cadre précis, celui de l'individualisation. Il s’agissait de proposer un service qui s'adapte à chaque personne, à ses particularités, son équipement, ses contraintes de mobilité. « C’était déjà dans nos pratiques d’individualisation au niveau du centre de ressources APP. Nous étions déjà très régulièrement confrontés à des demandes de la part de nos stagiaires sur les compétences clés et accompagnements spécifiques. Pour apporter une réponse, nous avions mis en place une plateforme pédagogique de façon à gérer au mieux les parcours individualisés. En fonction des modalités, présentielles ou distancielles. C’était déjà une partie de l’offre du centre. »

 

Pour chaque stagiaire, un premier échange, une sorte de négociation individuelle, permettait de déterminer quels étaient les temps qui pouvaient être organisés à la demande selon son niveau d'équipement et de compétence. La partie du public pouvait choisir de venir au centre. Celle qui n'était pas particulièrement préparée à ces pratiques ou pas suffisamment autonome et qui préfère le présentiel, le contact avec les formateurs.

 

« Les deux modèles cohabitent et au fond ils sont complémentaires. Mais puisque l'objectif était de former les gens et de les certifier sur des compétences numériques, cela faisait sens de leur proposer des modalités de formation qui prennent déjà en compte l’outil numérique. On s'est rendu compte que l'immense majorité des gens étaient équipés. Pour ceux qui en avaient besoin, nous pouvions les accompagner dans la prise en mains de leur ordinateur. Bien sûr nous avons des locaux équipés et connectés ou les personnes qui ne disposaient pas d’un matériel adapté pouvaient venir. »

 

Travailler à son rythme

 

En ce qui concerne les certifications, la FOAD a eu pour effet d’ouvrir l’éventail des bénéficiaires. Avoir la possibilité de mieux maitriser son temps et de travailler à son propre rythme, permettait à des personnes déjà en emploi, avec des projets de reconversion, de se former en fonction de leur emploi du temps quotidien. L’ensemble des modalités existantes étaient ouvertes pour s’adapter à tous les cas de figure : synchrone ou asynchrone, échanges en temps réel ou par écrit, etc.

  

Le projet s’est terminé début 2021. Pour Marc Benquet, il a renforcé une logique et une vision des choses qui petit à petit ont pris place dans les esprits et dans les pratiques des formateurs. Progressivement, ils ont développé des outils, des compétences, des moyens pour mettre en place des cycles de formation à distance. Ces modalités étaient déjà en partie présentes, mais elles se sont développées et accélérées. Le projet a montré que c’était possible, et surtout souhaitable, que cela apportait des réponses et un certain confort.

 

« Mon premier constat en tant qu’opérateur, formateur FOAD, c’est la satisfaction d’éprouver une façon de travailler innovante, avec des outils modernes, qui apportent des solutions concrètes, un matériel qui s’adapte aux situations et aux nouvelles réalités de nos apprenants. »  Sans ce service, les bénéficiaires de l’action n’auraient pas pu avoir cet accès à la formation. Particulièrement les stagiaires dont les limites de mobilité étaient inhérentes à des problématiques de santé.

 

« Il y a eu des éléments positifs côté opérateur et côté bénéficiaires. Même si ça ne révolutionne pas la façon de former les gens, parce je pense qu’il y aura toujours besoin d’un temps d’échange en présentiel. D’ailleurs souvent nos publics viennent chercher du lien social, du contact direct, de la resocialisation. On l’a bien vu pendant la crise sanitaire. Même s’ils disposaient tous d’outils modernes, certaines personnes étaient en situation de fragilité morale et psychologique, et partaient dans le lâcher prise et dans l’échec. »

 

« La FOAD est un plus, c’est une possibilité de mieux faire, de faire différemment. Mais ça ne résout pas tout et ça ne correspond pas à tous les besoins. On est véritablement dans l’accompagnement individualisé, la possibilité d’apporter des réponses à des problématiques personnelles. »