Autrefois, c’était l’ancienne maison du garde champêtre. Après restauration par la mairie de Saint Macaire (Gironde), elle héberge depuis 2 ans le « campus connecté » porté et animé par la mission emploi formation du Pôle Territorial Sud Gironde, un syndicat mixte réunissant plusieurs communautés de communes.
Le bâtiment comporte une salle spacieuse avec une grande table de travail, un équipement de visioconférence, une salle informatique, des espaces de travail. « C’est un lieu que nous avons voulu plaisant, accueillant et convivial », décrit Fiona Joseph, coordinatrice-tutrice. « Cette maison a vraiment une âme. Ce n'est pas juste une salle fonctionnelle et un peu impersonnelle. Les étudiants s’y sentent bien, c'est un peu leur deuxième maison. »
Les Campus Connectés sont des lieux d'études labellisés à l'échelle nationale par le ministère de l'Enseignement supérieur de la recherche et de l'innovation. La France en compte aujourd’hui 86, dont 9 implantés en Nouvelle-Aquitaine. Ils sont majoritairement portés par des collectivités territoriales, mais peuvent aussi l’être par des structures associatives.
Leur rôle est d'accueillir et d'accompagner des étudiants de tous âges, aussi bien des jeunes en formation initiale, des primo étudiants qui viennent d'obtenir le bac, que des actifs en reprise d'études qui entament un nouveau parcours de formation à distance. Ils doivent respecter un cahier des charges, ainsi qu’établir un partenariat avec un établissement universitaire dit de proximité, qui n'est pas nécessairement celui auprès duquel les étudiants suivent leur formation. Pour le Campus Connecté du Sud Gironde, il s’agit de l’université de Bordeaux qui est partenaire de six Campus Connectés de la région.
Une autre vie étudiante
« Notre campus comporte 15 places, donc on est plutôt sur des micros effectifs. Bien évidemment, il s'agit d'une autre expérience étudiante que celle qu'on peut connaître sur un grand campus universitaire. Au sein d’un de nos groupes, il y a vraiment des profils très variés en âge, en parcours de vie, en formations suivies. Tout au long de l'année il peut y avoir des entrées et des sorties du dispositif, qui se veut très souple. Je pense que c'est ce qui fait son charme auprès des bénéficiaires, à savoir qu’il convient autant aux formations courtes, aux formations longues, qu'à celles qui se déroulent à cheval sur deux années universitaires, etc. »
Plusieurs éléments essentiels caractérisent un campus connecté. Il s’agit avant tout d’un site équipé et connecté, ouvert aux étudiants du territoire qui disposent ainsi d’un lieu où se rendre pour progresser dans leur formation à distance. Autre élément important, ils offrent un accompagnement individuel des étudiants, un tutorat qui peut prendre plusieurs formes, du coaching au conseil. Il ne s’agit pas nécessairement d’un accompagnement pédagogique, mais plutôt d'un soutien à l'étudiant et d'un accompagnement dans ses démarches tout au long de sa formation.
« La dernière dimension est la dynamique collective qui s’opère au sein des campus, et qui contribue à motiver les étudiants inscrits. On ne leur demande qu’une chose, être présents sur le site 12 heures minimum par semaine. Les étudiants n'arrivent pas toujours à respecter ces conditions, mais c'est l'engagement de départ. C’est nécessaire pour que je puisse faire mon travail de tutrice, que je puisse assurer le suivi individuel et que la notion de dynamique et d'animation collectives du campus prenne tout son sens. »
Les animations prennent des formes diverses, sur la base de thématiques. Par exemple, « bien s'informer, bien raisonner, bien parler, dans le monde d'aujourd'hui et de demain ». A cette occasion, des animateurs de Cap Sciences et l’association « les Débatteurs » ont effectué un travail avec les étudiants sur la prise de parole en public, l'éloquence, les présentations orales, etc. Pour sa part, l’association « IMS Project » (Informations pour le Monde Suivant) est venue inciter les étudiants à s’interroger sur la qualité de leurs sources d’informations.
Autre exemple avec un projet qui portait sur le thème « cultiver son bien-être ». Dans ce cadre, ont été organisés des ateliers yoga, des séances de basket, une randonnée culturelle pour aller à la découverte de Toulouse-Lautrec, enfant du pays, et une formation aux premiers secours dispensée par l'union départementale des sapeurs-pompiers. Ont également été organisées des visites d'entreprises, des rencontres avec des professionnels, avec le sous-préfet de l'arrondissement de Langon venu présenter l'organisation des compétences sur le territoire.
Répondre à un véritable besoin
Au regard des deux premières années du campus, il s’avère que la formation à distance répond effectivement à un besoin. « Je pense que beaucoup n'auraient pas envisagé de suivre des études s’ils ne pouvaient pas bénéficier de cette solution à distance. Pour certains, notamment les plus jeunes, les primo étudiants qui viennent d'obtenir le bac, il s'agit souvent d'un choix par défaut. Parfois, ils ne trouvent pas de place en présentiel à l'issue de la campagne Parcoursup. La limite, c’est que la formation à distance est une formule exigeante. Il faut être organisé, autonome, discipliné et régulier. C'est difficile à faire si on est tout seul. Le campus connecté offre justement ce cadre qui aide beaucoup à ne pas décrocher. »
Le Pôle Territorial Sud Gironde met à disposition une quinzaine d’ordinateurs portables financés par la Région Nouvelle-Aquitaine. Si la plupart des étudiants sont déjà bien équipés, ils peuvent s’en servir pour des besoins ponctuels, ou faire un emprunt pour la durée de leur formation. Le campus dispose également de moniteurs, de claviers et de souris, si les étudiants veulent se créer un poste de travail un peu plus confortable.
« Très tôt il y a eu un dialogue qui s'est mis en place avec les établissements, les lycées du territoire, publics et privés. Ce dialogue perdure. Chaque année, j'interviens dans les lycées pour faire connaître le dispositif. En revanche, nous sommes un peu surpris d’avoir relativement peu de primo étudiants, et plus d'actifs en reprise d'étude que ce à quoi on s'attendait. Ces derniers représentent presque 50% des adhésions. »
Pour la suite, le campus connecté aimerait accueillir davantage de personnes en formation professionnelle, pas seulement sur des formations diplômantes, mais aussi des formations certifiantes et professionnalisantes. Il pourrait accueillir des demandeurs d’emploi qui suivent une formation à distance dans le cadre de leur accompagnement par Pôle Emploi. Ce n’est pas le public envisagé au départ, mais qui pourrait être plus nombreux dans les années à venir.
En Sud Gironde, le Pôle Territorial envisage de déployer le dispositif. Une nouvelle antenne ouvrira ses portes à La Réole en septembre prochain. A terme, une troisième antenne devrait voir le jour à Bazas. La volonté est de multiplier les lieux pour que les résidents du Sud Gironde puissent avoir accès au dispositif au plus près de chez eux.
« Ce qui est formidable avec le campus connecté, c'est qu’il suscite tout un maillage autour de lui, un réseau d'intervenants vers lesquels il est facile de se tourner pour parler mobilité, service civique, travail à temps partiel… Au-delà de la mission d'accompagnement en termes de tutorat, ce qu'on apporte aux étudiants est bien plus large. Nous créons les conditions de mise en relation avec tout un ensemble d'acteurs du territoire, un accompagnement qui va bien plus loin que celui d’un tuteur dans l'enseignement supérieur. »