 Your new post is loading...
 Your new post is loading...
Une longue « ère du silence » - Le cas de Salonique - Les autres communautés - La situation au début du xxie siècle : bref bilan
La mémoire de la Shoah - Les témoignages - Enseignement. Mémoriaux. Mémoire collective
Conclusion
La nostalgie des temps socialistes se révèle être un phénomène vivace dans la plupart des pays post-socialistes (Boym 2001, Stan 2005, Todorova et Gille 2010, Lankauskas 2006, Velikonja 2010). La Yougoslavie ne fait pas figure d’exception et ce, en dépit des nombreuses spécificités du socialisme yougoslave, y compris la désintégration violente du pays. Lorsqu’ils évoquent la nostalgie, les médias post-yougoslaves se réfèrent le plus souvent aux « perdants de la transition », ces vieilles générations qui n’ont pas réussi à s’adapter aux exigences des systèmes capitalistes et démocratiques (Petrovic in Horvat et Stiks 2015).
Si la Yougoslavie a en effet été un pays socialiste(1), elle était néanmoins dissemblable du reste du bloc soviétique et des pays d’Europe de l’Est, satellites de l’URSS (Calic 2013). Dès 1948 et suite à la rupture prononcée entre Tito et Staline, la Yougoslavie s’émancipe du régime soviétique. Les années 1990, qui marquent le début de la transition démocratique pour les pays de l’Europe de l’Est, sont pour la Yougoslavie, le début d’une décennie de guerres.
Cet article présente une synthèse des résultats d’une recherche effectuée autour de trois pays : la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie, notamment en raison de leurs trajectoires transitionnelles différentes, mais aussi au regard de leur développement économique et politique, et de leur rôle dans la dissolution de la Yougoslavie.
Nous traitons ici de la Yougonostalgie d’un point de vue spécifique – le point de vue de la génération dite des derniers pionniers (2). Ces femmes et ces hommes yougoslaves, aujourd’hui trentenaires et quadragénaires, n’ont été des citoyens yougoslaves que pendant leur enfance. Cette génération est la plus pertinente pour comprendre les formations identitaires des nations postsocialistes et ex-yougoslaves en transition. Nous adoptons la définition de la génération offerte par Todor Kuljic, dans son ouvrage La sociologie de la génération : « appartenir à une génération veut dire prendre part aux mêmes événements, qu’ils soient réels ou construits » (Kuljic 2009: 5).
La recherche s’appuie sur des entretiens semi-directifs réalisés à partir d’un échantillon constitué dans les trois pays étudiés : la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie. Cet échantillon de derniers pionniers est composé de répondants de sexes féminin et masculin, tous nés entre 1974 et 1982. Nous avons conduit au total 22 entretiens en 2012 : 7 en Bosnie-Herzégovine, 9 en Serbie, 6 en Slovénie. Les enquêtés étaient tous des citoyens éduqués vivant « en province » ou dans les capitales des pays respectifs.
La nostalgie dont nous parlons dans cet article est comprise comme « nostalgie réflective » (Boym 2001), une forme de nostalgie tournée vers le présent et qui comprend des éléments de contre-mémoire. Nous empruntons aussi le concept de Svetlana Boym : les espaces de lutte contre « la confiscation de la mémoire » (Boym 2001:52). Cette forme de nostalgie se manifeste différemment de la nostalgie évoquée dans les médias, que l’on pourrait qualifier de banale et de touristique.
Via Géographie de la ville en guerre
Cette conférence a été donnée dans le cadre de la première Semaine de la mémoire, organisée en partenariat avec la fête de la Science, qui s'est déroulée en Basse−Normandie du 15 au 20 septembre 2014. Camille Varnier est doctorante en géographie (ESO-Caen, UMR 6590, Université de Caen).
Les cimetières sont des objets spatiaux qui matérialisent la mémoire des morts. Ces espaces particuliers, riches de marquages sociaux et culturels, représentent des empreintes matérielles de la mémoire individuelle et collective qui existent dans tous les pays. En Amérique latine, l’étude des cimetières reflète en grande partie le monde des vivants : les rapports à la mort et au temps, les inégalités sociales très importantes, la grande diversité des rites et des croyances religieuses. Loin de se limiter à l’appréhension des cimetières comme miroir des sociétés, cette communication vise à mettre en lumière des mécanismes et processus inhérents aux sociétés étudiées : jeux de pouvoir, logiques de domination, ségrégation, exclusion, etc. Pour cela, l’accent est mis sur les groupes indigènes qui restent aujourd’hui largement marginalisés et exclus. Par le biais des mobilités, on étudie les changements entre les rapports à la mort dans des espaces ruraux et dans les villes. En effet, en plus des identités culturelles, les modes d’appropriation de l’espace du cimetière varient en fonction des espaces géographiques dans lesquels les individus et les groupes sociaux s’inscrivent. L’analyse des cimetières montre comment la mémoire des morts est socialement sélective.
Une comparaison de la représentation du traumatisme dans les musées de la religion et des cultures juives après la Seconde Guerre mondiale et au National Museum of the American Indian (NMAI) de Washington, créé en 2004, éclaire les possibilités et les limites des musées qui répondent à une histoire de génocides dans les pays où les victimes et leurs descendants continuent de cohabiter avec ceux qui les ont persécutés et leurs héritiers. Le pouvoir et le désir de se représenter sur le mode muséal sont prolongés par une discussion sur des concepts associés au traumatisme – l’autoguérison, zakhor (se souvenir), tikkun olan (reparer le monde), l’orientation temporelle, la survivance et la résilience – en lien avec leurs manifestations muséologiques.
C’est dans une tension exacerbée entre l’affichage d’une mémoire ouvrière et la transformation profonde du paysage urbain que se situe l’intérêt de ce cas d’étude. Villeurbanne permet de mettre en évidence les processus de filtrage des lieux de mémoire, entre marques-mémoires légitimées et traces-mémoires fragilisées. La récente ouverture du Rize, « centre mémoires, cultures, échanges » municipal, révèle les contradictions inhérentes à un découplage entre mise en valeur des mémoires et prise en compte des patrimoines architecturaux et urbains.
Cet article interroge dans un premier temps la toponymie et la tradition orale d’un haut lieu de la traite négrière sur l’ancienne « Côte des Esclaves », et dans un second temps relate l’entreprise symbolique engagée en 1998 afin de faire la lumière sur ce passé ténébreux : de la mémoire au travail de deuil.
- Mémoire, patrimoine, immigration - De la mémoire immigrée aux « communautés imaginées » de l’immigration - Les deux voies de la patrimonialisation - Patrimoine, imaginaire, immigration - Les imaginaires de l’altérité - Continuités et discontinuités entre colonisation, exotisme et immigration dans les imaginaires sociaux : l’ambiguë communauté
La thématique de la mémoire est peu investie par les Géographes, contrairement à celle du patrimoine, presque exclusivement abordée sous l’angle de son inventaire et de sa conservation. Les relations unissant la mémoire à l’acte d’aménager l’espace, qu’elles soient implicites ou clairement explicitées, constituent pourtant l’expression de choix politiques qui soulèvent des enjeux géopolitiques majeurs susceptibles d’intéresser le géographe. Ceci est d’autant plus vrai que leur formulation est bousculée de nos jours par une mondialisation et une urbanisation qui brassent des populations d’origine diverse dans le maelström de la grande ville. Ce phénomène touche également peu à peu et de manière croissante les petites villes. L’instrumentalisation de la mémoire soulève dans ce contexte la question de sa valorisation ou de son oubli, celle de sa finalité économique, identitaire et sociale, celle de sa capacité à rassembler autour d’un projet humaniste partagé.
|
Cet article rouvre la question de l’art de la mémoire en la mettant à l’épreuve de la reprise actuelle d’une pratique ancienne, la transmission orale du conte. Une des difficultés rencontrées par les conteurs actuels tient à ce qu’ils doivent en passer par des textes écrits. Cet article prend ainsi le parti de s’intéresser aux écrits d’un conteur : annotations dans les marges de recueils de contes, réécritures de textes, classement dans des fichiers d’ordinateur. À la suite d’une anthropologie de l’écriture résolument pragmatiste, l’article montre comment ces écrits remettent en cause l’opposition entre l’objet texte et la performance. Examinant certains procédés mnémotechniques de ce conteur, l’article redéfinit l’art de la mémoire comme un art de la déambulation et de l’habiter. Il montre que ce sont les excès, bien repérés, de l’art de la mémoire qui font perdre de vue l’importance du parcours dans les lieux de mémoire. Il envisage enfin ce que cette mémoire-trajet fait au conte.
En quoi le patrimoine immatériel affecte-t-il la notion de patrimonialisation ? La reconnaissance patrimoniale de spécificités locales est-elle conciliable avec un contexte mondial d’homogénéisation ? Comment construire une connaissance distanciée sur une mémoire conflictuelle et récente ? Les médiations documentaires et numériques se réduisent-elles à un rôle de conservation ou d’illustration des patrimoines ? N’assurent-elles pas la continuité de la mémoire sociale de patrimoines disparus et le renouvellement des pratiques patrimoniales de la société ?
L’ouvrage aborde ces questions à travers la problématique de la relation entre la mise en mémoire et la patrimonialisation. Ce point de vue caractérise les chercheurs français et brésiliens qui se sont rassemblés pour rendre visible un domaine de recherche qui leur est transversal et pour lesquels la nouveauté patrimoniale réside dans le renouvellement de la conception de la production des patrimoines à travers la place donnée à la mémoire.
La tyrannie du silence qui caractérise la mémoire de la Partition du Raj britannique le 14 août 1947 continue à diviser et à opposer l’Inde et le Pakistan. L’histoire académique et scolaire constitue le principal vecteur de cette occultation dont les gouvernements indiens et pakistanais tirent parti afin de mobiliser leur population l’une contre l’autre. L’émergence d’une histoire « contestée » de la Partition se concentrant sur la dimension humaine de cette dernière et se fondant sur les mémoires individuelles et collectives que cet événement charrie a permis de renouveler l’écriture de l’histoire de cet événement. Plusieurs initiatives civiles de part et d’autres des frontières tentent de faire la paix avec la Partition.
Cet article propose de s’intéresser aux objets exposés dans les musées consacrés à la mémoire de la Shoah, érigés dans quelques grandes villes mondiales après le génocide. Points de connexion entre ici (le musée) et ailleurs (le Yiddishland, les ghettos, les camps, les centres de mise à mort), les objets permettent de construire des passerelles entre ces différentes échelles spatiales et temporelles. Ils dotent ces espaces hantés par la mort de multiples qualités ; agissent-ils comme s’ils étaient animés et vivants parce que les émotions qu’ils provoquent sont à la fois situées et dynamiques, ou bien sont-ce les dispositifs eux-mêmes qui fabriquent l’illusion d’une âme des choses pour toucher l’âme des mortels ?
Dire l’espace dans la région de Mesḥāla Māryām (Manz, Éthiopie), c’est décrire, à partir de vestiges au sol et de points remarquables du paysage, un camp royal qui se serait implanté dans la région au milieu du xve siècle. Cette géographie légendaire est une concrétion de la mémoire à partir de différentes strates historiques. Le propos de cet article est de comprendre comment espace et mémoire se sont articulés pour fabriquer ce camp royal légendaire, en se fondant notamment sur l’analyse des généalogies recueillies sur place. Celles-ci témoignent de deux moments forts dans l’histoire du Manz : l’installation d’un roi chrétien dans la région, fondateur de l’église de Mesḥāla Māryām, au milieu du xve siècle, et la reconquête de la région à la fin du xviie siècle par un certain Gērā après le jihad mené par l’imam d’un sultanat voisin, suivi des migrations de populations qui s’en sont suivies et qui ont transformé le paysage religieux et politique de la région pendant un peu plus d’un siècle.
Ce carnet de séminaire vise à approcher la question des acteurs du patrimoine urbain (au sens large et au-delà des monuments classés ou historiques) et celle des conflits de mémoire que la patrimonialisation engendre.
Les projets de renouvellement urbain sur des espaces hérités de l’industrie constituent des lieux d’observation privilégiés pour saisir les processus d’actualisation, de sélection et de transmission de mémoires. Considérant ces processus dans cinq villes françaises (Saint-Etienne, Nantes, Clermont-Ferrand, Givors et Saint-Chamond), cet article interroge les différents contextes de mobilisation de la mémoire dans les projets urbains et invite à envisager ce qui pourrait justifier et construire des catégories générales à même d’instruire la comparaison, voire d’organiser une typologie, ayant trait aux usages politiques et sociaux de la mémoire dans les projets d’aménagement urbain.
Avec la création en 2008 de la Commission nationale de lutte contre le génocide, l’État rwandais s’est doté d’une institution autonome en charge de la mémoire du génocide. Cet article se penche sur l’évolution des actions mémorielles développées à partir de 2003, année du vote de la troisième Constitution de la République rwandaise, ainsi que sur la réalisation d’une politique publique de la mémoire du génocide. En se concentrant sur les acteurs et le cadre légal, l’article propose une analyse des enjeux de l’après-génocide, entre mémoire et réconciliation.
L’article présente les modalités contrastées de l’usage social de la mémoire relative à la traite esclavagiste dans le contexte actuel de deux villes-ports au lourd passé négrier : Bristol et Bordeaux. Alors que la première a réalisé une mise en exposition spectaculaire de son passé, la seconde ne s’est engagée que timidement dans une entreprise de reconnaissance. Cette opposition renvoie aux grandes options politiques gouvernant les deux pays concernés : le multiculturalisme d’un côté, le modèle républicain de l’autre.
L’émergence de « l’immigration » dans l’espace public français pose la question essentielle des malentendus entre histoire et mémoire et souligne la nécessité d’une révision critique du grand récit national. Le lien entre mémoire collective et mémoire nationale est remis en cause par ces débordements qui font que d’autres récits confinés jusqu’alors au registre de mémoires clandestines trouvent place sur la scène médiatique et culturelle. A l’heure où une Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration ouvre ses portes, cet article interroge l’héritage de l’immigration comme expérience vécue. Il tente de mettre en perspectives les conditions de reconnaissance d’une mémoire politique des luttes des oubliés de l’histoire favorisant une remise en cause des anciennes hiérarchies dans l’écriture de l’histoire. Mais il souligne aussi les travers possibles d’une patrimonialisation de l’immigration qui, loin d’une reconnaissance effective, pourrait participer d’une instrumentalisation publique de la mémoire.
Particulièrement mobilisée autour de la double célébration du Centenaire de la Première guerre mondiale et du 70ème anniversaire de la Libération, de la Résistance et de la lutte contre la barbarie nazie, l’académie de Nice a décidé de se doter d’un outil numérique qui permet de suivre l’actualité des commémorations et de répertorier l’ensemble des projets pédagogiques associés au déroulement des deux cycles mémoriels. Elaboré avec le réseau CANOPE et la DAAC, le site internet « Territoires de mémoire, mémoires des territoires » a ainsi pour vocation d’offrir un panorama complet des actions pédagogiques, éducatives et culturelles mises en œuvre dans l’académie durant le cycle mémoriel 2014-2018 et de mettre à disposition des professeurs un ensemble de ressources faciles à mobiliser et à utiliser. Notre académie est dotée d’un patrimoine mémoriel particulièrement riche, varié et reconnu. Ce patrimoine est une ressource essentielle pour assurer le travail de mémoire collectif qu’il nous faut mener en direction des jeunes générations. Dans cette perspective, le site « Territoires de mémoire, mémoires des territoires » est conçu comme un outil d’aide et d’accompagnement adressé à tous les professeurs qui souhaitent ancrer leur enseignement des deux guerres mondiales dans l’espace régional. Il contribuera, à n’en pas douter, à faire découvrir aux élèves de notre académie les richesses mémorielles du territoire sur lequel ils vivent.
|