Evgeny Morozov, chercheur d’origine biélorusse établi aux Etats-Unis, remet en question les utopies associées aux nouvelles technologies. Evgeny Morozov, chercheur d’origine biélorusse établi aux Etats-Unis, remet en question les utopies associées aux nouvelles technologies.
Les objets connectés, dits intelligents, se multiplient dans notre quotidien. Est-ce un progrès, un risque, ou les deux ?
Deux problèmes se posent : l’un concerne ce que j’appelle «l’automatisation cognitive» - soit, grosso modo, à quel point nous sommes à l’aise avec l’idée de déléguer à des machines nos pensées, intuitions et émotions. L’autre touche au rôle croissant que jouent les données personnelles - sans lesquelles nombre d’appareils et de plateforme ne seraient pas «intelligents» - dans les champs politique et économique d’aujourd’hui. De façon générale, je dois avouer que je suis un grand fan de l’automatisation. Il n’y a aucune raison pour que les humains accomplissent des tâches quotidiennes ennuyeuses qui peuvent être faites par des machines. Mais chaque citoyen devrait avoir un socle de compétences, même si ces compétences sont devenues technologiquement obsolètes. Dans certains cas l’automatisation consiste à repousser les limites de la déqualification, sauf que ce sont des capacités cognitives, intellectuelles, et bientôt peut-être émotionnelles, que nous acceptons de perdre...