Le gouvernement britannique prévoit d’instaurer une nouvelle loi visant à lutter contre la déforestation illégale et à protéger les forêts tropicales. Les entreprises vont devoir tracer leurs chaînes d’approvisionnement pour éliminer les risques sous peine d’amende. Une démarche qui s’inscrit dans la mouvance du renforcement du devoir de vigilance au niveau européen.

Alors que la forêt amazonienne connait un nouveau record de déforestation, le Royaume-Uni vient d’annoncer une nouvelle réglementation pour lutter contre la déforestation importée. Celle-ci interdirait aux grandes entreprises opérant au Royaume-Uni d’utiliser des produits cultivés sur des terres déboisées illégalement. Les entreprises s’exposeraient à des amendes si elles ne faisaient pas preuve de diligence raisonnable sur leurs chaînes d’approvisionnement en publiant des informations montrant d’où proviennent les produits clés – par exemple le caoutchouc, le cacao, le soja ou l’huile de palme – et s’ils sont produits conformément aux lois locales protégeant les forêts.
"La protection des forêts est essentielle pour lutter contre le changement climatique, la déforestation représentant 11 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La grande majorité (80 %) est causée par la production de produits agricoles et la plupart des coupes (jusqu’à 90 % dans certains pays) sont illégales", rappelle le ministère britannique de l’Environnement, dans un communiqué. Or, "la destruction et la dégradation de ces habitats vitaux augmentent également le risque d’événements météorologiques extrêmes, entraînent la perte de biodiversité et exacerbent la propagation des maladies infectieuses".
Un premier pas encore insuffisant selon les ONG
Les entreprises sont un maillon essentiel dans cette lutte. Si certaines pionnières ont bien commencé à travailler sur la traçabilité et l’impact de leurs achats, une législation était nécessaire pour embarquer l’ensemble du marché, précisait la Global Resource Initiative, un groupe indépendant missionné l’an dernier par le gouvernement pour "écologiser" les chaines d’approvisionnement. Les ONG saluent cette annonce, mais beaucoup restent vigilantes sur les détails de sa mise en œuvre. Pour Greenpeace, rendre illégale l’importation de produits non conformes aux lois locales est en effet très insuffisant au regard des législations des pays visés, qui privilégient souvent l’expansion agricole au détriment de la protection des forêts, Brésil en tête.
L’ONG insiste aussi pour s’attaquer au cœur de l’offre proposée par les entreprises. "Il n’y a rien pour remédier au fait que certains producteurs de produits de base peuvent avoir une ligne ‘durable’ mais continuer à détruire des forêts ailleurs, ce qui ne fait que déplacer le problème dans la cour de quelqu’un d’autre. Ils doivent réduire la quantité de viande et de produits laitiers qu’ils vendent et abandonner immédiatement les destructeurs de forêts de leur chaîne d’approvisionnement", plaide l’association environnementale.
D’autres comme la coalition Core, qui est spécialisée sur les questions de responsabilité des entreprises (RSE), demandent d’aller plus loin en imposant "un devoir de diligence avec une responsabilité juridique pour tous les dommages environnementaux et humains", à la manière du devoir de vigilance français et alors qu’une loi européenne de ce type est prévue pour le printemps 2021. 
Béatrice Héraud, @beatriceheraud   

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