Le plastique est devenu un véritable fléau planétaire. Alors qu’il s’en produit dix tonnes par seconde dans le monde, seuls 9 % sont recyclés. Mais la donne pourrait bien changer. La start-up française Carbios, qui vient tout juste de lever 27 millions d'euros, a mis au point une enzyme qui permet de recycler le PET, principalement utilisé dans les bouteilles, de façon infinie et en gardant les mêmes qualités que le plastique vierge. Son procédé avait fait la Une de la prestigieuse revue Nature en avril dernier.

L’information est passée – presque – inaperçue. En pleine crise du Coronavirus, Carbios, une start-up française, faisait la une de la prestigieuse revue scientifique Nature. Sa promesse de recyclage à l’infini de l’un des plastiques les plus utilisés au monde, le PET (polyéthylène téréphtalate), a été consacrée au niveau mondial. L’entreprise a en effet mis au point une enzyme capable de transformer de façon biologique les déchets plastiques PET avec un taux de dégradation de 90 % en seulement dix heures. Un record !
"Cette innovation est une véritable avancée pour le recyclage et la production de PET. Grâce à la technologie novatrice développée par Carbios, l’industrie du PET deviendra vraiment circulaire. C’est une attente majeure de tous les acteurs de cette industrie, à commencer par les metteurs sur le marché de produits plastiques, les producteurs de PET et plus largement la société civile dans son ensemble" a réagi le Dr. Saleh Jabarin, membre du Conseil Scientifique de Carbios.
Un PET recyclé comme neuf
Avec 70 millions de tonnes par an, le PET vierge, fabriqué à partir de pétrole, sert notamment à fabriquer des bouteilles, des t-shirts ou des emballages alimentaires. Mais son recyclage, mécanique, entraîne une dégradation qualitative du plastique d’autant plus importante lorsque les emballages sont colorés ou mélangés à d’autres matériaux, rendant difficile la réutilisation de la matière recyclée. Le procédé de Carbios est en ce sens novateur puisqu’il permet de reconstituer du PET recyclé avec les mêmes propriétés pétrochimiques que le vierge.
Un démonstrateur industriel, dont la construction vient de débuter près de Lyon, doit être opérationnel d’ici juin 2021. La start-up auvergnate a déjà signé un accord de collaboration avec plusieurs grands groupes très consommateurs de plastique, comme L’Oréal, Nestlé Waters, Pepsico, Suntory. "Ce démonstrateur sera la vitrine de Carbios permettant de valider la performance économique et technique de notre procédé (…)", explique son directeur général délégué Martin Stephan. Un succès qui n’est plus à confirmer après la levée de fonds spectaculaire de 27 millions d’euros réalisée ce jeudi 23 juillet.
La recherche de moyens biologiques pour décomposer d’autres types de plastiques progresse ailleurs dans le monde. En mars, des chercheurs allemands avaient identifié un insecte se nourrissant de polyuréthane, alors qu’aucun procédé industriel simple n’est à ce jour connu pour permettre le recyclage de ce plastique utilisé dans les couches, la peinture et les isolants. D’autres travaux avaient montré que les larves de fausse teigne, un papillon très répandu, pouvaient quant à elles dégrader les sacs en polyéthylène.    
Concepcion Alvarez @conce1

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