Je vais vous raconter par petits bouts la longue vie du père de mon père, parce que mes nièces et mes enfants ne l’ont pas connu et Léon il mérite à être connu et si je ne raconte pas qui se souviendra de lui .Mes premiers souvenirs de lui remontent à bien longtemps et il allait fêter ses soixante-douze ans quand je suis venue au monde. J’ai eu la chance qu’il vive encore presque vingt ans.
Il nous racontait les bottes en feutres, le froid et le papier en guise de chaussettes. Il racontait sa jument blanche . Il racontait, on écoutait c’était mieux que les westerns ses histoires même si aujourd’hui je sais que tout n’était pas exact. Mon grand père était un héros. Il racontait avec son accent indescriptible, rugueux et sa voix forte. Il était assis dans un fauteuil Chesterfield et moi sur un repose -pieds balancelle recouvert de velours. Il était élégant. Toujours en costume. Toujours avec un gilet à poches, chaque matin, il fixait le col à sa chemise et nouait son noeud papillon. Il se rasait au sabre, buvait chaque matin des oranges pressées à la main et y ajoutait une cuillère de gelée royale. Ne voyait plus grand chose mais entendait encore tout sauf quand il ne voulait pas.
Lire la suite >>