Évincée le temps de l'Euro, une figure de la mouvance islamiste de retour à Toulouse | Toulouse La Ville Rose | Scoop.it

De retour à Toulouse, Farouk Ben Abbes reste sous le coup d'un contrôle judiciaire.

 

C’est une figure bien connue des services de renseignement français, surveillée pour sa proximité avec la mouvance islamiste. Après un séjour de deux mois à Brienne-le-Château, dans l’Aube (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine), Farouk Ben Abbes est de retour à Toulouse, où il est toujours assigné à résidence, du fait de sa proximité avec des affaires terroristes.

 

Une décision qui soulage le maire de Brienne-le-Château, Nicolas Dhuicq, qui s’était vivement positionné contre le transfert de Farouk Ben Abbes de Toulouse vers l’Aube, qu’il jugeait extrêmement dangereux. Un transfert effectué sur ordre du ministère de l’Intérieur et censé durer le temps de l’Euro 2016 de football, la présence du trentenaire dans la Ville rose pendant cette période étant considérée comme une « menace particulièrement grave pour l’ordre public ».

Lundi 8 août 2016, alors que Farouk Ben Abbes quittait Brienne-le-Château escorté par les gendarmes, le maire de la ville a posté le message suivant, sur sa page Facebook.

« Il avait toute liberté de circulation dans la commune, à condition de pointer à la gendarmerie. Les gens l’ont vu faire son footing aux alentours du château ou se promener en ville et il aurait même reçu des visites », raconte Nicolas Dhuicq à Côté Toulouse, tout en indiquant avoir reçu de nombreux messages, « notamment de la part de jeunes mères de famille », qui demandaient le départ de Farouk Ben Abbes de la commune.

Un jeune homme de Brienne-le-Château, que je connais bien, a même menacé M. Ben Abbes avec un fusil qui n’était pas chargé, poursuit Nicolas Dhuicq. Il a terminé en garde à vue mais au lieu de calmer les esprits, cet événement a ravivé les tensions. Les habitants ont continué à demander l’expulsion de Farouk Ben Abbes.

Son nom cité dans plusieurs affaires terroristes

Jamais condamné pour des faits de terrorisme, Farouk Ben Abbes, la trentaine, a vu son nom cité dans plusieurs affaires récentes : en 2009, d’abord, lors de l’attentat du Caire, en Égypte où une jeune lycéenne française, Cécile Vannier, avait perdu la vie. Puis en 2010, lorsqu’un projet d’attentat contre une salle de spectacle, le Bataclan, est découvert. Deux ans plus tard, il bénéficie d’un non-lieu.

En 2015, après les attentats du 13 novembre, à Paris, il est assigné à résidence et fait l’objet d’une surveillance, les autorités mettant en cause sa proximité avec Fabien Clain, une autre figure locale du djihadisme dont la voix a été identifiée sur la revendication audio des attentats de Paris.

 

Parce qu’il ne respecte pas son assignation à résidence, Farouk  Ben Abbes est interpellé et condamné, en mars 2016, à trois mois de prison ferme. Incarcéré à Seysses, il est exfiltré de la prison toulousaine avant l’Euro de football et le Tour de France, pour être transféré dans l’Aube, dans le fief de Nicolas Dhuicq, maire de Brienne-le-Château et député de la première circonscription de l’Aube.

 

Une expulsion vers la Tunisie annulée au dernier moment

Le 22 juillet 2016, le Belgo-Tunisien a bien failli être expulsé vers la Tunisie. Sous le coup d’un arrêté d’expulsion émanant du ministère de l’Intérieur, l’homme a été escorté par les gendarmes jusque dans l’avion. Mais au dernier moment, l’appareil a reçu l’ordre de ne pas décoller, l’arrêté d’expulsion étant incompatible avec l’interdiction de quitter le territoire dont Farouk Ben Abbes fait encore l’objet.

D’après les informations du Parisien-Aujourd’hui en France, le ministère de l’Intérieur estimait que Farouk Ben Abbes était « susceptible, à tout moment, de fomenter, commettre ou apporter un soutien logistique à une action terroriste en France ». Malgré cela, Farouk Ben Abbes, sous contrôle judiciaire en France, n’a pas quitté le territoire.

Ça a été malheureusement un raté. Une erreur de procédure regrettable dans un cas comme celui-ci… dénonce Nicolas Dhuicq.

Le ministère de l’Intérieur, qui publie régulièrement sur son compte Twitter, des avis d’expulsion de personnes suspectées d’appartenir à la mouvance islamiste, n’a pas commenté le cas de Farouk Ben Abbes. Il n’a pas non plus répondu au courrier de Nicolas Dhuicq, qui s’étonnait d’avoir été mis devant le fait accompli. Le maire de Brienne-le-Château avait en effet été informé du transfert de Farouk Ben Abbes 48 heures avant son arrivée dans l’Aube.

 

Amandine Briand

Journaliste, chef de projet à Côté Toulouse