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Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement : « Le nucléaire est l’une des énergies les plus coûteuses »

Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement : « Le nucléaire est l’une des énergies les plus coûteuses » | Think outside the Box | Scoop.it

Coût, souveraineté, avenir de la filière… Dans une tribune au « Monde », l’avocate écologiste et ancienne ministre de l’environnement entend corriger sept « contre-vérités » sur le nucléaire.

 


A quelques exceptions près, la présentation faite actuellement sur le nucléaire dans les médias et la parole publique s’inscrit dans un mouvement qui prend malheureusement de l’ampleur : celui de la vérité alternative, chère à Poutine, à Trump et à quelques autres. Celle-ci a notamment pour fâcheuse conséquence de raconter une histoire complètement fausse, appliquant le fameux adage : « Plus c’est gros, plus ça passe. »

On peut être un partisan du nucléaire, en raison de la priorité absolue donnée à la lutte contre le dérèglement climatique, en arguant que jamais les énergies renouvelables ne permettront un volume d’électricité suffisant. C’est de moins en moins exact, mais c’est une thèse qui peut s’entendre. En revanche, à force d’entendre des contre-vérités, les Français sont aujourd’hui convaincus d’une série d’inepties :

« L’énergie nucléaire est la moins chère. » C’est faux. Si la France a effectivement bénéficié d’une énergie bon marché durant de longues années, grâce au nucléaire payé par les Français, l’énergie nucléaire elle-même est aujourd’hui une des plus coûteuses. Amory Lovins, dans un entretien accordé au Monde le 31 octobre, précise : « Les analystes de Bloomberg New Energy Finance disent qu’un nouveau kilowattheure nucléaire coûte cinq à treize fois plus cher qu’un nouveau kilowattheure solaire ou éolien. »

Choix financiers totalement déraisonnables

« L’énergie nucléaire est la seule à pouvoir assurer l’indépendance de la France. » C’est totalement faux. Le vent, le soleil, l’eau dont bénéficie notre territoire assurent notre indépendance. Il n’en va pas de même de l’uranium, qui est extrait de pays « complexes », comme le Niger ou le Kazakhstan. Les combustibles eux-mêmes nous rendent dépendants à 30 % du russe Rosatom, comme si le précédent du gaz ne nous avait pas suffi. D’ailleurs, l’Allemagne n’a jamais compté le nucléaire comme une énergie assurant l’indépendance du pays.

« La filière industrielle nucléaire est le fleuron de l’industrie française. » Elle l’a été. Elle ne l’est malheureusement plus. Aucun EPR n’a été vendu à l’étranger depuis les deux réacteurs d’Hinkley Point, en réalité vendus à EDF, puisque British Energy appartient à EDF. Inutile de s’appesantir sur Olkiluoto (dix-neuf ans de retard) et Flamanville 2 (un coût de 19,1 milliards contre 3,3 milliards prévus et toujours pas démarré).

 

Nucléaire : l’interminable saga de l’EPR finlandais Olkiluoto 3

 

« Les déboires actuels du nucléaire trouvent leur responsabilité chez les écologistes qui ont obtenu la fermeture de Fessenheim. »

 

C’est évidemment totalement faux. Les déboires actuels du nucléaire trouvent leur responsabilité chez les propres acteurs du secteur. 
En cause : des choix financiers totalement déraisonnables, des investissements compris entre 10 milliards et 20 milliards de dollars perdus à l’étranger, l’absence d’entretien à un niveau convenable du parc français.
En particulier, onze ans après Fukushima, les centrales qui, pour des raisons purement financières, ont décidé de recourir à la sous-traitance, plutôt que de maintenir un niveau élevé de personnel qualifié.
Quant à Fessenheim, sa fermeture incombe au choix d’EDF de ne pas investir, à partir de 2018, dans cette centrale qui devait effectivement fermer si Flamanville ouvrait.
Ce choix a conduit à devoir fermer en 2020, faute d’avoir réalisé les travaux minimaux, alors même que Flamanville n’était pas ouvert, et que la centrale pouvait donc continuer à fonctionner.
De plus, cette fermeture s’est accompagnée de centaines de millions d’euros payés à EDF pour une prétendue perte dont elle est en réalité largement responsable.

 

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Chantal Jouanno : « Le débat sur le nucléaire est empreint de défiance car les politiques ont été marquées par le secret et les décisions imposées »

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Nucléaire: pourquoi (malgré un séisme de magnitude 5,4) l'alarme de Cruas ne s'est pas déclenchée

Nucléaire: pourquoi (malgré un séisme de magnitude 5,4) l'alarme de Cruas ne s'est pas déclenchée | Think outside the Box | Scoop.it

Située à l'entrée de la commune, les tours de refroidissement des quatre réacteurs de la centrale sont facilement visibles depuis le centre de cette coquette commune de moins de 3.000 habitants.

 

Comme les responsables de la centrale nucléaire, les habitants autour de la centrale se veulent plutôt rassurants après ce tremblement de terre qui a touché l'Ardèche et la Drôme. La CGT, elle, s'inquiète du retard (6 heures...) des autorités à décider la mise à l'arrêt des réacteurs. Quant aux associations environnementales (Next-Up et Greenpeace), elles manifestent leur inquiétude pour toutes les autres centrales comme celle du Tricastin toute proche, aux structures abîmées et dépourvues de système antisismique.

 

Cela a été leur "premier réflexe": juste après le séisme de lundi, les habitants de Cruas (Ardèche) ont vérifié que leur centrale nucléaire continuait à cracher ses panaches de vapeur, signe que "tout (allait) bien".

"Quand ça a bougé, on est sorti de la mairie et on s'est tourné vers les tours de la centrale et on voyait que ça +fumait+", raconte le maire de la commune Philippe Touati.

"Pour les gens très initiés, ils comprennent tout de suite qu'il n'y a aucun souci. Après, pour les moins initiés, ils voient de la fumée. C'est comme d'habitude; tout va bien", ajoute l'édile.

Située à l'entrée de la commune, les tours de refroidissement des quatre réacteurs de la centrale sont facilement visibles depuis le centre de cette coquette commune de moins de 3.000 habitants.

 

Un séisme de magnitude 5,4 et pas de sirène d'alarme

L'épicentre du séisme, de magnitude 5,4 sur l'échelle de Richter, se situait à une quinzaine de kilomètres de là. De quoi susciter nombre de questionnements... surtout en dehors de Cruas, selon l'édile.

"Peut-être que nous, d'avoir la centrale dans le voisinage, on s'y est habitué. Maintenant ce n'est pas une raison pour minimiser le risque potentiel", a-t-il ajouté.

Devant l'école, une assistante maternelle de 35 ans, Vanessa Charlot, dit ne pas s'être alarmée après le séisme. "Il n'y a pas eu de sirène; donc je n'ai pas eu d'inquiétude".

À ses côtés, Laurie Ménart, mère au foyer de 34 ans, s'est surtout inquiétée "de la coupure de courant". "Ce séisme était très impressionnant. J'ai mis une demi-heure à comprendre ce qui s'était passé", confie-t-elle.

Pourtant, quelques heures après le tremblement de terre, décision a été prise de mettre à l'arrêt les trois réacteurs sur les quatre qui étaient en fonctionnement, pour un "audit approfondi".

 

Lire aussi : Séisme en Ardèche : EDF retarde le redémarrage des réacteurs nucléaires de Cruas

 

"Un capteur a signalé une secousse cinq fois moins importante que le seuil de sûreté", a précisé à la presse le directeur adjoint de la production nucléaire d'EDF, Régis Clément.

Cruas est la seule centrale du parc français à disposer d'appuis parasismiques en élastomères, afin d'absorber de possibles secousses.

"Aujourd'hui, clairement, aucun désordre n'a été observé sur les installations", a-t-il poursuivi, en indiquant que des inspections visuelles étaient en cours.

EDF prévoit un redémarrage progressif des réacteurs durant la première quinzaine de décembre, a-t-elle annoncé jeudi, mais "on ne redémarrera qu'après l'accord de l'ASN", l'Autorité de sûreté nucléaire, a prévenu M. Clément.

Le dispositif antisismique a empêché l'alarme de se déclencher

Selon le secrétaire CGT du comité d'établissement, Franck Santos, "toutes les centrales sont prévues contre les problèmes sismiques, mais les bâtiments réacteurs de Cruas ont cette spécificité de reposer sur des plots en élastomère donc il n'y a pas eu d'alarme sur le réacteur".

"La seule chose qu'on regrette, c'est que la décision nationale de la mise à l'arrêt a mis six heures à arriver et aurait pu être prise plus tôt", a ajouté le syndicaliste.

En veste jaune fluo, Thomas Reynaud, échaffaudeur à la centrale, se montre également rassurant : "Pour moi qui voit un peu comment ça se passe à l'intérieur, je me dis que c'est quand même assez sécurisé".

Inquiétudes pour les centrales comme Tricastin sans dispositif antisismique

Le coordinateur de l'association environnementale Next-Up, Serge Sargentini, a souligné pour sa part un "paradoxe".

"Le problème, ce n'est pas Cruas qui a cette conception antisismique, mais c'est Tricastin qui nous inquiète car elle est d'une autre conception et les conduites y sont abîmées", estime le militant.

La centrale nucléaire du Tricastin, dans la Drôme, plus éloignée de l'épicentre du séisme, n'a pas été arrêtée, aucun seuil d'alerte n'ayant été mesuré.

[La centrale du Tricastin n'a pas été touchée par le séisme de magnitude 5,4 sur l'échelle de Richter. Infographie La Tribune / Cartographie OpenStreetMap (CC BY-SA). Cliquez sur l'infographie pour l'agrandir.]

De son côté, Greenpeace compte demander des "clarifications" à l'ASN.

"En principe, en France, pour la construction des centrales, on se base sur un séisme de magnitude 4,7 ou 4,8 mais celui qu'on vient de connaître (de 5,4), a dépassé ce seuil. On se demande si, en ajoutant une marge de sécurité de 0,5, les centrales sont dimensionnées pour un séisme de 5,9", a souligné le chargé de campagne nucléaire Roger Spautz.

 

Par Marjorie Boyet, AFP

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Nucléaire français : la fuite en avant ou l'effondrement 

Nucléaire français : la fuite en avant ou l'effondrement  | Think outside the Box | Scoop.it

Ce texte est écrit à partir d’un document gardé secret tant le contenu dérange mais que l’ACRO, qui se bat pour qu’il soit rendu public, a pu consulter dans l’objectif de faire progresser la transparence.

 

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) publiée au Journal Officiel du 18 août 2015, vise à préparer l’après pétrole et à instaurer un modèle énergétique robuste et durable. En ce qui concerne le nucléaire, elle s’est fixé comme objectif de réduire sa part dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025. La part du nucléaire étant de l’ordre de 75% actuellement, c’est donc environ un tiers du parc qui doit être arrêté pour atteindre cet objectif, soit environ 19 réacteurs sur 58. A priori les plus anciens.

 

Or, le combustible MOx, qui permet de recycler le plutonium extrait à l’usine de retraitement d’Orano à La Hague, est utilisé dans les réacteurs les plus anciens du parc. Leur arrêt à l’horizon 2025 aura donc un impact énorme sur l’activité de cette usine et de celle de Melox qui fabrique le combustible. Cela mérite que l’on s’y attarde, surtout quand un débat national sur le plan de gestion des matières et déchets radioactifs est en préparation.

 

Dès 1997, le directeur de la sûreté des installations nucléaires a indiqué à EDF qu’il souhaitait disposer d’une approche globale de la sûreté du combustible nucléaire. Depuis, EDF a transmis plusieurs dossiers, tous secrets. La dernière mise à jour était demandée pour le 30 juin 2016 par l’ASN qui précisait également les scénarios devant être étudiés afin de tenir compte de l’objectif fixé par la loi pour la transition écologique et pour la croissance verte. EDF a rendu sa copie le 29 juin 2016, dans un dossier intitulé « Impact cycle 2016 » qui n’est pas plus public que ses prédécesseurs. L’ASN a aussi demandé une expertise sur ce dossier à l’IRSN. Le rapport n’est pas public, mais l’ACRO a pu l’examiner.

 

Selon l’IRSN, le scénario qui conduit donc à l’arrêt de 19 tranches de puissance unitaire 900 MWe et à une production électrique d’origine nucléaire abaissée de 420 TWh à 305 TWh en 2025, conduit à la saturation des piscines de la Hague et des réacteurs nucléaires en moins de 5 ans après la première fermeture. Tout le parc nucléaire devra donc s’arrêter pour cause d’occlusion intestinale après la mise à l’arrêt de moins de 9 tanches utilisant du MOX ! Les résultats de la simulation de l’IRSN confirment la conclusion d’EDF.

 

EDF a un projet de piscine centralisée bunkérisée pour augmenter ses capacités d’entreposage des combustibles usés. Le rapport IRSN mentionne une ouverture en 2030. Ainsi, toujours selon l’IRSN, le report à 2035 de la limitation à 50 % de la production d’électricité d’origine nucléaire, décale de 10 ans les dates de saturation des piscines, ce qui est compatible avec le calendrier prévisionnel de mise en service de la piscine d’entreposage centralisé, prévue à l’horizon 2030. Et, comme par hasard, le premier ministre a profité de la vacance au ministère de la transition écologique pour annoncer le report de 10 ans de la limitation à 50 % de la production d’électricité d’origine nucléaire…

Rien ne dit qu’EDF terminera sa piscine en 2030. Et, en attendant on ne pourrait pas arrêter le retraitement et le MOx. Pour M. Jean-Bernard Lévy, président-directeur général d’EDF, « si je devais utiliser une image pour décrire notre situation, ce serait celle d’un cycliste qui, pour ne pas tomber, ne doit pas s’arrêter de pédaler. » Il tentait de justifier la construction de nouveaux EPR lors de son audition, le 7 juin 2018, par la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires. Cela s’applique aussi aux usines de retraitement de la Hague et Melox qui doivent pédaler sans relâche pour éviter l’arrêt complet du parc nucléaire.

 

Le retraitement consiste à séparer l’uranium, le plutonium des combustibles usés qui sortent des réacteurs. L’uranium, qui représente encore 95% de la masse des combustibles usés, est officiellement recyclable, mais n’est pas recyclé. Comme il ne nécessite pas de stockage en piscine, il est envoyé à Pierrelatte dans la Drôme. Les éléments les plus radioactifs sont concentrés, vitrifiés et entreposés à La Hague en attendant un stockage définitif. Reste le plutonium, moins de 1% de ce qui sort des réacteurs, qui ne peut pas être accumulé pour des raisons de prolifération. Il sert à faire du combustible MOx qui est utilisé dans 22 réacteurs (ceux du palier CPY à Dampierre, Gravelines, Le Blayais, Tricastin, Chinon et Saint Laurent). Le MOx n’est pas retraité ensuite.

 

C’est ce petit pourcent qui peut bloquer toute la machine. Toute l’industrie nucléaire est donc dans une situation très fragile, car on peut imaginer des aléas qui entraîneraient un arrêt prolongé d’une des mailles de cette chaîne du plutonium. Et le maillon faible, ce sont les évaporateurs de l’usine de retraitement de La Hague qui assurent la concentration des produits de fission. Ces équipements, conçus pour une durée de fonctionnement de trente ans, se corrodent plus rapidement que prévu lors de leur conception. Selon l’ASN, cette corrosion est de nature à remettre en cause à moyen terme la sûreté de l’installation. En effet, la tenue de ces équipements à la pression de leurs circuits de chauffe ou au séisme pourrait être remise en cause dans les prochaines années et potentiellement dès 2018 pour l’évaporateur le plus dégradé. Des fuites sont déjà apparues.

 

En cas d’arrêt des évaporateurs de l’un des ateliers, l’usine correspondante devrait également être arrêtée. Ainsi, le dossier d’EDF postule un aléa d’exploitation de 6 mois d’arrêt survenant uniquement sur l’une des deux usines de La Hague. Dans ce cas, l’autre usine seule devrait assurer le traitement des combustibles usés. Mais l’IRSN considère qu’un aléa peut survenir sur les deux usines simultanément et qu’un évènement sur un équipement dont le caractère générique nécessiterait l’arrêt d’équipements similaires, ne peut pas être écarté. La situation correspondant à l’arrêt temporaire des deux usines, même pour quelques mois, n’est cependant pas étudiée par Orano Cycle. En tout état de cause, une diminution des capacités de traitement de ces usines pourrait conduire à terme à la saturation des entreposages des combustibles usés.

 

Ainsi, au regard de la situation actuelle des évaporateurs, l’IRSN relève que l’aléa forfaitaire de six mois retenu ne peut pas être considéré comme enveloppe. Un arrêt des deux usines pour une durée supérieure aux six mois pourrait conduire à une saturation des piscines d’entreposage. L’IRSN demande donc à Orano cycle et EDF de revoir leur copie sur ce sujet et de préciser la durée d’indisponibilité qui conduirait à la saturation des piscines. La réponse est facile à estimer puisque la place disponible à La Hague ne serait plus que de 7,4% : la saturation interviendrait au bout d’une année environ.

 

L’industrie nucléaire française a donc mis en place un système que l’on ne peut pas stopper sur décision politique, sans risque d’un effet falaise qui arrêterait tout le parc en peu de temps. Mais ce système est extrêmement fragile et le piège pourrait se refermer sur ces concepteurs, à la suite de pannes. Pourtant, François de Rugy, alors président de l’Assemblée nationale, a affirmé : « Ce n’est plus EDF qui fait la politique de l’énergie en France » (AFP, 12/07/2018). Vraiment ?

 

L’utilisation de MOx dans les réacteurs les plus récents de 1 300 MWe en remplacement des réacteurs les plus anciens n’est pas simple à mettre en œuvre. Cela demande des études complètes sur le fonctionnement des cœurs des réacteurs et des travaux conséquents à instruire et valider. Il faudrait aussi revoir la fabrication des combustibles et leur transport car ils n’ont pas la même longueur dans les réacteurs anciens et les plus récents.

Reste donc l’option d’arrêter les réacteurs les plus récents en premier pour pouvoir continuer à utiliser le combustible MOx ! En effet, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte ne stipule pas les réacteurs qui doivent être fermés avant 2025. Ou encore d’arrêter des réacteurs anciens et récents pour satisfaire à la loi sans entraîner l’arrêt complet du parc en 5 ans par effet falaise. L’IRSN montre que c’est possible avec l’arrêt d’autant de réacteurs anciens de 900 MWe que de réacteurs récents de 1 300 MWe. Avec une telle option, les activités des usines de retraitement de fabrication de MOx seraient réduites de moitié.

 

Quoi qu’il en soit, EDF devrait aussi augmenter rapidement ses capacités d’entreposage de combustibles usés.

 

Tous ces éléments auraient dû être rendus publics en amont du débat national qui a eu lieu sur la Programmation Pluriannuelle de l’Energie. Ils doivent l’être avant le nouveau débat sur le Plan de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs.

 

ACRO

Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest

 

 

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Non, le nucléaire ne sauvera pas le climat !

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La filière nucléaire, toujours promue dans l’Hexagone, n’apportera pourtant aucune solution à l’urgence climatique, estiment plus de 70 personnalités signataires de cette tribune.

 

Devant l’urgence climatique, l’énergie nucléaire est souvent évoquée en France, malgré les risques qui s’y attachent, comme une solution crédible au niveau mondial à la lutte contre le réchauffement climatique, à l’égal des économies d’énergie et des énergies renouvelables.

Aujourd’hui, la production d’origine nucléaire représente 10% de la production d’électricité mondiale (en régression de 7 points depuis 1996), à peine 2% de la consommation d’énergie finale, et ne permet d’éviter que 2,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre ! L’âge moyen du parc mondial continue  d’augmenter et atteint 30 ans en 2018. Pas étonnant puisque le nombre des débuts de construction de nouveaux réacteurs a chuté  de 44 en 1976 à 15 en 2010 et 5 en 2017.

La production d’origine nucléaire ne permet d’éviter que 2,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre !

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Alors que 260 milliards de dollars ont été investis au monde dans les filières photovoltaïque et de l’éolien en 2017, dont les coûts d’investissement et de production décroissent de façon continue depuis une décennie, seuls 16 milliards l’ont été dans la filière nucléaire dont les coûts ont subi un facteur deux d’augmentation durant la même période1. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique ne s’y trompe d’ailleurs pas quand elle s’inquiète de la baisse prévisible de la participation du nucléaire au bilan énergétique mondial en 2030.

Il est totalement invraisemblable de prétendre assurer à court et moyen terme (2030-2040) un développement mondial du nucléaire capable de sortir cette filière de la marginalité actuelle des émissions de gaz à effet de serre qu’elle évite.

Il faudrait en effet pour sortir de la marginalité climatique et atteindre des chiffres de l’ordre de 10% des émissions évitées, démarrer un nouveau réacteur chaque semaine, sans qu’on ait la moindre idée des pays susceptibles de les accueillir sur leur réseau, des pôles industriels à développer intensivement et de l’origine des sommes gigantesques à rassembler pour financer ces investissements à haut risque et à temps de retour de cinq ou six décennies.

Sans compter la multiplication exponentielle des risques d’accident majeur, l’accumulation de déchets à haute activité et très longue durée de vie dont personne ne sait que faire, mais aussi les risques de prolifération vers les activités militaires que susciterait une dissémination trop rapide des technologies nucléaires dans des pays qui ne disposent ni de la stabilité politique, ni des infrastructures ni de la culture de sûreté et de sécurité indispensables.

La France, dont les émissions de gaz à effet de serre, contrairement à ses propres engagements au titre de l’accord de Paris, ont augmenté de 3% en 2017, devrait-elle échapper à cette analyse ? C’est la conviction que tentent de continuer à nous imposer l’industrie nucléaire, une bonne partie de la classe politique française, le gouvernement et la haute administration.

Les signaux d’alerte se multiplient dangereusement : l’opérateur historique s’avère incapable de maîtriser techniquement et financièrement le chantier de l’EPR de Flamanville

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Les signaux d’alerte se multiplient pourtant dangereusement : l’opérateur historique s’avère incapable de maîtriser techniquement et financièrement le chantier de l’EPR de Flamanville supposé préfigurer le parc nucléaire des années 2030. L’Autorité de Sûreté Nucléaire se voit contrainte d’accorder des dérogations injustifiables à EDF pour lui permettre la poursuite de sa construction, dont la mise en service recule d’année en année. Le devis du « grand carénage » indispensable à la mise aux normes de sûreté du parc français actuel dépasse déjà le coût d’investissement initial de ce parc, sans qu’EDF puisse assurer pour autant une prolongation significative de production d’électricité sans risque. L’Etat s’est vu dans l’obligation d’aligner 5 milliards d’euros pour éviter la faillite d’Areva, englué dans les aventures minières, le surcoût de l’EPR en Finlande et les suites des falsifications effectuées dans son usine Creusot Forge.

C’est pourtant dans ce contexte délétère qu’EDF, qui a déjà réussi à convaincre le gouvernement de décaler d’au moins dix ans le calendrier de fermeture de la vingtaine de centrales nécessaire au respect de la loi de transition énergétique de 2015, tente, pour maintenir coûte que coûte son parc au niveau actuel, d’imposer sa vision d’un nucléaire « sauveur du climat ». La solution proposée par EDF consiste à faire augmenter le plus rapidement possible la consommation française d’électricité, stagnante depuis plusieurs années, de telle sorte que la part du nucléaire redescende « naturellement » à 50% du total vers 2030, rendant inutile toute fermeture de centrale.

Sous le prétexte d’une « transition bas carbone » de bon aloi, c’est en fait d’une promotion discrète mais intense du nucléaire qu’il s’agit

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Sous le prétexte d’une « transition bas carbone » de bon aloi, c’est en fait d’une promotion discrète mais intense du nucléaire qu’il s’agit. Quitte à proposer des scénarios improbables sur le plan technique et économique de pénétration massive de l’électricité dans les transports individuels (en particulier sous forme d’hydrogène) et le triplement des exportations d’électricité vers nos voisins européens, avec les problèmes d’extension massive des lignes haute tension transfrontières et les aléas politiques et économiques que suppose une telle stratégie.

Il faut revenir à la raison : une telle aventure est beaucoup plus risquée du point de vue technique, beaucoup plus onéreuse, moins efficace et beaucoup plus longue à mettre en œuvre que des politiques d’économie d’énergie (dont les économies d’électricité) et de développement des énergies renouvelables. Elle présente des risques majeurs, d’abord pour nos concitoyens, mais aussi pour nos voisins européens : risque d’accident majeur qui augmente avec le dérèglement climatique, risque de restriction de la production en cas de canicule, risque de rupture d’approvisionnement d’uranium d’origine géopolitique, risques provoqués par l’aval du cycle, le démantèlement des centrales et le traitement des déchets nucléaires, risques de prolifération vers les armes atomiques.

La filière nucléaire n’a aucune chance d’apporter une solution à la hauteur des enjeux climatiques au niveau mondial dans les délais nécessaires, d’ici 2030 ou 2040

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A ceux, encore nombreux, qui pensent que le nucléaire est un « mal » mais un « mal nécessaire », voire indispensable, vue l’urgence climatique, nous disons que cette filière n’a aucune chance d’apporter une solution à la hauteur des enjeux climatiques au niveau mondial dans les délais nécessaires (d’ici 2030 ou 2040).

La France, si elle s’obstine seule dans cette voie d’une primauté au nucléaire, s’isolera donc chaque jour davantage dans le concert des nations qui se sont engagées résolument dans une transition énergétique rapide fondée sur les trois piliers que sont la sobriété, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

Elle devra en assumer tous les risques qu’elle fait courir à ses voisins, sans en recueillir de profits économiques, tout en retardant d’un bon demi siècle son entrée dans la modernité énergétique.

 

 

Benjamin Dessus et Bernard Laponche

Jacques Le Bris's insight:

Les signataires :

Jean David Abel, membre du Conseil Economique, Social et Environnemental; Maryse Arditi, membre du directoire de France Nature Environnement ; Jacqueline Balvet, membre d’Attac ; Gilles Barthe, vice-président d’Alter Alsace Energies; Jean-Louis Basdevant, physicien; Jacques Beall, vice-président de Surfrider Foundation Europe; Jean Paul Besset, ancien député européen; Guillaume Blavette, Collectif STOP-EPR ni à Penly ni ailleurs ; Edgar Blaustein, membre de l’association Global Chance ; Dominique Bourg, Université de Lausanne, Faculté des géosciences et de l’environnement; Dominique Boutin, expert auprès de l’Autorité de Sûreté Nucléaire; Jean-Claude Bragouletgroupe local Sortir du nucléaire Touraine ; Pierre Calame, auteur du "petit traité d’oeconomie", président honoraire de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme ; Loïc Chappoz, membre de l’Association Global Chance ; Madeleine Charru, directrice de Solagro ; Philippe Chartier, ancien directeur scientifique de l’ADEME; Martial Château, vice-président de sortir du nucléaire 72 ; Christian Chavagneux, éditorialiste (Alternatives Economiques) ; Michel Colombier, directeur scientifique de l’IDDRI,; Pierre Combaz, au nom du CA du Réseau Sortir du Nucléaire.; Maryse Combres, conseillère Régionale Nouvelle-Aquitaine ; David Cormand, secrétaire national de EELV ; Pierre Cornut, Webmestre de l’association Global Chance ; Christian Couturier, président de l’association négaWatt ; François Damerval, conseiller régional d’Île-de-France ; Benjamin Dessus, président d’honneur de l’association Global Chance ; Michel Dubromel, président de France nature environnent (FNE); Joël Dujeux, représentant CFDT à la CLI de CHOOZ ; Guillaume Duval, éditorialiste (Alternatives Economiques) ; Philippe Frémeaux, éditorialiste (Alternatives Economiques) ; Daniel Fuks, ingénieur retraité ; Jean Gadrey, professeur honoraire d’économie à l’Université de Lille ; Natacha Gondran, enseignante-chercheur ; Claude Gruffat, président de biocoop ; Joël Guerry , docteur-ingénieur en énergie et pollution ; André Guillemette, membre du conseil scientifique de l’ACR ; André Hatz, président de stop Fessenheim ; Jean-Marie Harribey, coprésident du Conseil scientifique d’Attac ; Sylvain Houpert, architecte et docteur en Sciences de l’Ingénieur ; Nicolas Imbert, directeur de Green Cross ; Yannick Jadot, député européen ; Alain Joffre, coordinateur du Collectif Sortir du Nucléaire Sud Ardèche ; Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France ; Françoise Kobylarz, Collectif Antinuc de  Dieppe  ; Michel Labrousse, ingénieur et économiste, membre de l’association Global Chance ; Jean-Paul Lacote, représentant d`Alsace Nature à la CLIS de Fessenheim ; François Michel Lambert, député des Bouches du Rhône ; Raymond Lang, économiste ; Bernard Laponche, physicien nucléaire, membre fondateur de l’association Global Chance ; Thierry de Larochelambert, physicien, professeur et chercheur à l’Institut FEMTO-ST ; Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’Environnement ; Alain Lipietz, économiste, ancien député européen ; Gérard Magnin, président de Jurascic, fondateur d’Energy Cities et ex-administrateur d’EDF ; Fulcieri Maltini, Ingénieur docteur, SMIEEE life, PES, COMSOC, FM Consultants Associates ; Noël Mamèreancien député écologiste ; Michel Marie, ex porte-parole du Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (CEDRA)  ; Yves Marignac, Wise Paris ; Jean-Marie Matagne, président de l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN) ; Christophe Milin, ingénieur ; Jacques Mirenovitcz, corédacteur en chef de la Revue Durable ; Christian Mouchet, président du conseil de fondation de la Fondation Charles Léopold Mayer - FPH ; Pierre Perbos, membre du Réseau Action Climat ; Barbara Pompili, députée de la Somme ; Benoit Praderie, président de Planète Eolienne ; Jean-Jacques Rettig, président du CSFR ; Arthur Riedacker, coprix Nobel de la Paix au titre du GIEC ; Michèle Rivasi, députée européenne, fondatrice du CRIRAD ; Robert Rochaud, président de la SCIC Poitou Énergies Citoyennes. ; Barbara Romagnan, Generation.s ; Daniel Roussée, coprésident des Amis de la Terre Midi-Pyrénées ; Marc Saint-AromanRéseau sortir du Nucléaire ; Thierry Salomon, vice président de négaWatt. ; Sylvie Sauvageexpertise citoyenne ; Jacques Terracher, association pour la cohérence environnementale en Vienne. ; Thierry Touche, vice président de sortir du nucléaire 72 ; Patrick Viveret, philosophe, magistrat honoraire à la Cour des Comptes ; Dominique Voynet, médecin, ancienne ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement ; Jean Claude Zerbib, ingénieur en radioprotection, membre de l’association Global Chance.

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Une conférence de l'ONU se conclut par l'adoption d'un Traité « historique » sur l'interdiction des armes nucléaires

Une conférence de l'ONU se conclut par l'adoption d'un Traité « historique » sur l'interdiction des armes nucléaires | Think outside the Box | Scoop.it

Le Mémorial de la Paix d’Hiroshima, ou Dôme de Genbaku, fut le seul bâtiment à rester debout près du lieu où explosa la première bombe atomique, le 6 août 1945.

 

7 juillet 2017 – Les Etats participants à la Conférence pour la négociation d'un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires ont adopté vendredi à New York un Traité rendant illégales les armes nucléaires.

 

 

 

les Etats participants à la Conférence ont approuvé le Traité, par 122 voix pour, une contre (Pays-Bas) et une abstention (Singapour).

 

 

 

« Nous allons quitter cette salle aujourd'hui avec la satisfaction du devoir accompli, (…) forts du désir des peuples du monde entier de forger un monde sans armes nucléaires », a déclaré la Présidente de la Conférence, Elayne Whyte Gómez, du Costa-Rica. « C'est un message historique pour l'humanité », a-t-elle ajouté.

 

 

 

« Nous sommes sur le point de dire aux 'Hibakusha' qu'après tant de décennies, nous avons enfin jeté les bases d'un monde sans armes nucléaires », a poursuivi la Présidente, en présence de deux survivants d'Hiroshima venus assister, visiblement émus, à l'adoption du texte, Setsuko Thurlow, Ambassadrice de la paix d'Hiroshima, et Toshiki Fujimori, Secrétaire général adjoint de la Confédération japonaise de l'organisation des victimes des bombes A et H (Hidankyo).

 

 

 

« Nous sommes sur le point de dire à nos enfants que, oui, il est possible d'hériter d'un monde exempt d'armes nucléaires pour les générations futures », a insisté Mme Whyte Gómez, avant de saluer les négociateurs du texte pour avoir travaillé « sans relâche » à l'élaboration du texte.

 

 

 

Point d'orge de la Conférence, cette adoption est en effet venue ponctuer plus de trois semaines de négociations acharnées entre Etats membres, marquées par les apports significatifs des représentants de la société civile et la présence médiatisée de plusieurs survivants d'Hiroshima et de Nagasaki – les « Hibakusha », dont le Traité reconnait les souffrances. Au fil des négociations, entamées le 15 juin dernier, ce qui était un projet de convention est devenu un « projet de traité sur l'interdiction des armes nucléaires », composé d'un préambule de 24 alinéas et de 20 articles.

 

 

 

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'est félicité de l'adoption du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires, rappelant qu'il s'agit du premier instrument multilatéral juridiquement contraignant pour le désarmement nucléaire qui ait été négocié en 20 ans.

 

 

 

« Le Secrétaire général espère que ce nouveau traité favorisera un dialogue inclusif et une coopération internationale renouvelée visant à atteindre l'objectif déjà attendu du désarmement nucléaire », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.

 

 

 

« L'impulsion pour le traité reflète les inquiétudes croissantes concernant le risque posé par la continuation de l'existence d'armes nucléaires ainsi que la prise de conscience des conséquences humanitaires catastrophiques qui résulteraient si les armes nucléaires étaient toujours utilisées », a ajouté le porte-parole . « Le traité représente une étape importante et une contribution à l'aspiration commune d'un monde sans armes nucléaires ».

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Les trois "embrouilles" des défenseurs de la centrale de Fessenheim

Les trois "embrouilles" des défenseurs de la centrale de Fessenheim | Think outside the Box | Scoop.it
KRUKOF2

 

 

La communication qui a été faite de l'accord qui aurait été donné par le conseil d'administration d'EDF à la fermeture de Fessenheim ne correspond en rien à la réalité.

 

Tout d'abord, Fessenheim ne fermera pas au cours du quinquennat de François Hollande. Ce n'est pas un scoop car, dès 2013, après que Delphine Batho ait soutenu devant le conseil d'État la thèse de EDF et ainsi obtenu un arrêt du conseil d'État jugeant qu'il n'y avait aucun risque à Fessenheim, la messe était dite. Elle l'était définitivement après que le gouvernement ait refusé de se donner les moyens d'appliquer sa politique énergétique et de décider de la fermeture des centrales nucléaires qu'il jugeait utile pour atteindre l'objectif qu'il se fixait. Aujourd'hui, le dernier espoir que devait avoir le président Hollande de pouvoir se prévaloir d'un projet de fermeture disparaît, le conseil d'administration d'EDF ayant remis à un conseil d'administration ultérieur, la décision de déposer une demande de fermeture en bonne et due forme. En effet, le prétendu avis favorable n' en est pas un puisqu'il est assorti de conditions dont la réalisation est renvoyée à après l'élection présidentielle.

 

En second lieu, aucun accord n'a été donné par le conseil d'administration contrairement à ce qui a été publiquement indiqué. En effet, au terme d'un marchandage aussi scandaleux sur le plan politique sur le plan de la sécurité, le conseil d'administration d'EDF subordonne le dépôt d'une demande de fermeture à la délivrance de 2 autorisations qui ne devraient pas l'être. La première concerne Paluel. Cette centrale a été victime d'un accident très grave puisque un générateur de vapeur dont la chute était selon EDF impossible, est effectivement tombé sur le réacteur. La centrale ayant été arrêtée depuis mai 2015, si elle n'a pas redémarré en mai 2017, son redémarrage nécessite une nouvelle autorisation. Celle-ci devrait faire l'objet d'une procédure complète ce que veut absolument éviter EDF puisqu' elle nécessite une étude d'impact et une enquête publique. EDF veut donc une autorisation de redémarrage avant cette date. Et EDF surtout veut faire l'économie de toute procédure publique ce qui apparaît comme totalement illégal compte tenu de la gravité de l'accident qui est survenu. La même pression est exercée sur Flamanville dont l'autorisation vient à expiration en avril 2017. Une nouvelle autorisation est donc nécessaire et devrait être soumise, sauf dérogation, à une procédure complète ce que là aussi EDF veut éviter. C'est la raison pour laquelle le conseil d'administration a subordonné le dépôt d'une demande de fermeture de Fessenheim à une double violation de la loi au bénéfice de Paluel et Flamanville.

 

Enfin, la question de l'indemnisation mérite d'être posée. En effet, il se pourrait bien que nous soyons en face d'une situation qui celle de l'arroseur arrosé. En effet, pour pouvoir prolonger ad aeternum ses centrales, EDF avance toujours l'argument selon lequel la loi française ne prévoit aucune durée pour la vie des centrales nucléaires. C'est exact et pose problème dans la mesure où les décisions données par l'ASN tous les 10 ans ne sont pas analysés par le conseil d'État comme des autorisations de prolongation de la durée de vie mais comme de simples avis. Mais, si les autorisations ne sont pas fixées dans le temps, alors EDF ne peut prétendre à aucun droit à indemnisation pour quelle que durée que ce soit puisque précisément il n'existe pas de délai.

 

On ne peut pas en même temps prétendre que les décisions de l'ASN qui interviennent tous les 10 ans ne prolongent pas la durée de vie pour 10 ans et en même temps prétendre qu'elles donnent un droit à fonctionner pendant 10 ans. Autrement dit, sur un plan strictement juridique, le droit à indemnisation d'EDF est éminemment contestable.

Cerise sur le gâteau, Ségolène Royal a prétendu le 25 janvier au micro de Jean-Jacques Bourdin que de toutes façons EDF ne pourrait plus prélever de l'eau pour faire fonctionner la centrale car les normes avaient changé. C'est vraiment un comble . En effet, l'ASN a délivré en 2016 à EDF des autorisations de rejet et de prélèvements d'eau totalement dérogatoires à toutes les normes, c'est-à-dire en réalité parfaitement illégales tant au niveau du droit français que du droit communautaire. Dès lors, oser prétendre que la loi sur l'eau serait appliquée à EDF et à Fessenheim relève vraiment de la « réalité alternative » mise à la mode par Donald Trump.

 

Quelles leçons tirer de cette situation?

  • La première évidemment est simple: l'État est dans l'incapacité d'imposer son choix en matière de politique énergétique. C'est EDF qui décide de tout alors que l'État est actionnaire à hauteur de 85 % et que c'est lui qui fixe les règles du jeu. Cela signifie que la loi sur la transition énergétique, en ce qui concerne la baisse de la part du nucléaire dans le mix énergétique relève du marchand de sable, de la poudre aux yeux et de la communication qui ne cherche même pas être convaincante. Si l'État est incapable d'imposer la fermeture d'une centrale vieillissante et critiqué dans toute l'Europe comme dangereuse, comment pourrait-il imposer un changement de politique énergétique.

  • La seconde est tout aussi évidente: EDF est prête à tout pour obtenir le feu vert sur Flamanville. La pression qu'est exercée sur l'Etat à travers la non décision du conseil d'administration est exercée de manière encore plus forte sur le président de l'autorité de sûreté nucléaire. La presse regorge d'articles sur le dénigrement systématique exercé sur cette autorité par le lobby nucléaire, de manière à obtenir contre vents et marées une autorisation pour Flamanville qui ne devrait jamais être donnée.

  • Plus que jamais, contrairement à la Une du journal l'Express, le nucléaire ne doit pas être sauvé parce qu'il ne peut pas l'être sans entraîner notre pays dans une spirale infernale. Le jour où le scénario Negawatt confirme le rapport de l'Ademe sur la faisabilité d'un scénario renouvelable à 100% en 2050, ou l'Ademe elle-même confirme la rentabilité la compétitivité des énergies renouvelables, il est plus que temps de gérer sur la durée le parc nucléaire tel qu'il existe aujourd'hui en fermant progressivement les centrales les plus exposées au risque. Nous avons le temps de permettre au personnel d'EDF de se former aux techniques du démantèlement pour ceux qui voudraient rester dans la filière nucléaire, aux techniques de la maintenance pour la mise à l'arrêt des réacteurs pour ceux qui souhaiteront rester dans les centrales existantes, aux techniques du renouvelable tous ceux qui voudraient accéder aux nouvelles technologies. Nous avons le temps de programmer une reconversion au voisinage des sites concernés pour permettre le maintien d'une activité locale. Mais, plus nous attendrons, plus EDF sera confronté à la falaise financière dont le président de l'ASN a dit récemment qu'elle posait désormais problème en terme de sécurité. Plus nous attendrons, plus les énergies renouvelables et les techniques de sobriété et d'efficacité énergétique se développeront, seront compétitifs et seront entre les mains de sociétés étrangères. Plus nous attendrons, plus la révolution énergétique avancera et moins nous serons à même d'assurer notre autonomie énergétique, le développement de nos propres marchés et notre compétitivité économique puisque l'énergie française deviendra une des plus chère du monde. Il est plus que temps d'agir en regardant l'avenir et non le passé.

 

 

Corinne Lepage

 

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L'addiction idéologique des candidats au nucléaire est un risque suicidaire pour l'ensemble des Français

L'addiction idéologique des candidats au nucléaire est un risque suicidaire pour l'ensemble des Français | Think outside the Box | Scoop.it

Centrale de Civaux, France,

 

En définitive, la plupart des candidats de droite, à l'exception de Nathalie Kosciusko-Morizet et d'Alain Juppé qui ont pris la mesure de l'urgence du développement des énergies renouvelables, restent figés dans une posture qui a au moins 20 ans de retard.

 

En entendant Fillon, Sarkozy et Copé défendre un mix énergétique tout-nucléaire, lors du débat de la primaire de la droite et du centre, je me disais qu'il était bien dommage qu'ils n'aient pas fait un tour à la COP22 à Marrakech pour voir ce qu'il se passe dans le reste du monde, plutôt que de rester le compteur plombé sur les années 70. Mais en entendant François Fillon ce vendredi matin chez Jean-Jacques Bourdin affirmer que l'énergie nucléaire était la moins chère du monde et traiter Jean-Jacques Bourdin d'écologiste militant parce qu'il osait dire que le renouvelable était moins cher, je me suis dit que mon bien-aimé pays se dirigeait tout droit vers la catastrophe.

 

Chacun a le droit d'être pro-nucléaire, de considérer que le nucléaire pourrait être une technologie d'avenir et même défendre l'idée qu'il n'y a pas de raison de fermer des centrales nucléaires qui ne présentent pas de risque. En revanche, personne n'a le droit de débiter des contrevérités de plus en plus flagrantes et d'affirmer que le nucléaire est l'énergie la moins chère, donnant un avantage compétitif à la France alors qu'elle est en passe de devenir la plus chère créant un désavantage compétitif pour la France. De même, chacun a le droit peut-être même le devoir de défendre EDF qui est une grande entreprise nationale. En revanche, se mettre le bandeau sur les yeux en refusant de mesurer le risque auquel cette entreprise est confrontée qui est de la même nature que celui auquel Areva été confronté il y a quatre ou cinq ans est parfaitement suicidaire. Comment un candidat qui se veut celui de la crédibilité et du sérieux peut-il se montrer si léger face à une catastrophe financière annoncée qui pourrait bien se doubler d'une catastrophe nucléaire si les investissements indispensables pour la sûreté ne sont pas faits.

 

Le sujet de l'énergie n'est pas un sujet central de la campagne présidentielle et c'est bien regrettable car l'addiction idéologique des candidats au nucléaire est un risque suicidaire pour l'ensemble des Français. Il n'est pas question de sortir du nucléaire rapidement. En revanche, il est question de regarder la réalité en face. Elle est claire et brutale:

 

Nous ne pouvons plus financièrement faire face au mur que représente la poursuite du programme nucléaire. Le rapport que vient de sortir Greenpeace sur la réalité des comptes d'EDF devraient entraîner l'ouverture immédiate ou la poursuite de l'information déjà ouverte à la demande des syndicats sur la réalité des comptes de cette société.

 

Le coût de revient du nucléaire actuel ne cesse de monter pour être aujourd'hui à peu près au niveau du coût de l'éolien et très légèrement inférieur à celui du solaire photovoltaïque. Ces coûts qui ont baissé de 80% en l'espace de quelques années vont encore baisser dans les mêmes proportions selon les experts de l'agence internationale de l'énergie. Cela signifie que le coût de revient du kilowattheure nucléaire dans les nouvelles centrales sera deux à quatre fois supérieur au coût de revient du solaire et de l'éolien terrestre

Les progrès en matière de stockage sont spectaculaires et permettront d'ici peu de répondre complètement à la question de l'intermittence du renouvelable.

EDF n'a provisionné selon la Commission européenne que 30 % de ce qui aurait dû l'être pour le démantèlement et sa seule solution est donc aujourd'hui de reporter d'au moins 50 ans le démarrage de toute opération. Pour une énergie propre et durable, c'est un comportement pour le moins incohérent!

Et surtout, les autorités publiques sont en train de nous préparer à admettre l'irréparable c'est-à-dire les conséquences d'un accident nucléaire majeur en France. En effet, le projet qui consiste à multiplier par cinq les doses journalières maximales admissibles sur le territoire n'a que pour seul objectif de faire accepter aux populations de vivre dans un univers contaminé. Et la raison en est simple: il est impossible d'évacuer sur un rayon de 50 ou 60 km les populations autour d'une de nos centrales nucléaires. Bordeaux, Lyon, Dunkerque, Strasbourg sont concernées. Et Paris n'est qu'à 100 km à vol d'oiseau de Nogent-sur-Seine!

Or, les difficultés financières d'EDF rendent très difficiles les investissements indispensables pour assurer une sûreté nucléaire de qualité à des installations vieillissantes. C'est la raison pour laquelle il faut remercier l'autorité de sûreté nucléaire de savoir résister aux pressions croissantes qui s'exercent sur elle et d'exiger un contrôle approfondi des 21 réacteurs qui sont aujourd'hui à l'arrêt.

En définitive, la plupart des candidats de droite, à l'exception de Nathalie Kosciusko-Morizet et d'Alain Juppé qui ont pris la mesure de l'urgence du développement des énergies renouvelables, restent figés dans une posture qui a au moins 20 ans de retard. Au prétexte d'une forme de haine de tout ce qui peut ressembler de près ou de loin de l'écologie, la défense du nucléaire à tout prix est devenue un totem, un marqueur de la droite. Mais, ce que ces responsables n'ont pas compris c'est que la question n'est plus écologique; elle est économique et financière. Ils jouent donc allègrement contre leur camp en refusant par idéologie et par un sectarisme enfantin, de reconnaître une nouvelle réalité qui est pourtant celle de tout le reste du monde. Nous n'avons pas eu raison avec le Minitel. Nous n'avons pas eu raison avec le plan calcul. Et nous n'aurons pas raison avec le tout nucléaire.

 

Corinne LepageAvocate, Ancienne députée européenne Cap21, ancienne ministre de l'Environnement

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EPR de Flamanville, nouvelles anomalies repérées

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Les soupapes de sûreté du réacteur nucléaire EPR de Flamanville rencontrent des « difficultés de fonctionnement » auxquelles l'exploitant EDF va devoir « répondre », a indiqué l'IRSN (Institut de Radioprotection et de sûreté nucléaire) lundi 8 juin.

L’Institut réagissait à une information du site Médiapart qui a fait état d'un « rapport confidentiel » de l'IRSN datant du mois de février et portant sur de « graves dysfonctionnement de pièces importantes de l’EPR », déjà confronté à un sérieux problème sur sa cuve. Les soupapes permettent de réguler la pression de l'eau dans le circuit primaire du cœur nucléaire.

« Il n'y a pas de “rapport confidentiel” car nous n'en sommes qu'à la phase d'instruction », a précisé Thierry Charles, directeur général adjoint de l'IRSN. « Mais il y a eu une réunion préparatoire avec l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) au cours de laquelle ont été présentés des transparents ». « Les essais réalisés par EDF ont montré des difficultés sur les questions d'ouverture et de fermeture des soupapes », a détaillé M. Charles. Ces essais ont débuté en 2014 et se sont poursuivis en 2015.

 

Avis définitif rendu cet été

« Pour l'instant, on ne peut pas encore conclure que c'est grave car on n'a pas encore jugé complètement la qualité » de ces fameuses soupapes, a-t-il dit. « Nous sommes en train d'examiner le dossier remis par EDF en vue du démarrage de l'EPR. Sur tous les sujets, on a des remarques. C'est classique », a-t-il souligné.

L'IRSN devrait être en mesure de rendre à l'ASN son avis technique sur les soupapes sans doute « dans le courant de l'été », a-t-il estimé. Il reviendra alors à l'ASN de demander à EDF des compléments d'information sur la conception des soupapes afin de s'assurer que ces éléments fonctionnent bien. EDF va devoir « apporter des réponses » pour montrer que la soupape est « prête à assurer sa fonction », a souligné M. Charles.

Interrogé par l'AFP, le groupe Areva, concepteur de l'EPR, a assuré que « tout ceci fait partie du travail normal de qualification des équipements mené avec l'IRSN ». De son côté, EDF indique qu'il enverra son « rapport final » à l'ASN et à l'IRSN « au cours du second semestre ».

Le réacteur EPR n'en finit pas d'accumuler les problèmes techniques. En novembre, EDF a annoncé un nouveau report, à 2017, de la mise en service de ce réacteur. Puis en avril, l'ASN a signalé une « sérieuse anomalie » dans la composition de l'acier du couvercle et du fond de cuve du réacteur fabriqué par Areva.



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C’est maintenant au nucléaire de prouver qu’il coûte moins cher que les renouvelables

C’est maintenant au nucléaire de prouver qu’il coûte moins cher que les renouvelables | Think outside the Box | Scoop.it

L’explosif rapport de l’Ademe montre que le nucléaire n’est plus compétitif face aux renouvelables, mettant la politique nucléariste dans l’obligation de justifier sa légitimité. Il faut lancer sérieusement ce débat soigneusement escamoté jusqu’ici par les pouvoirs publics.

A la lecture du scénario « Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 » de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) qu’a révélé Mediapart dans son édition du 8 avril 2015, 

on comprend pourquoi les services du ministère de l’Ecologie et de l’Energie ont tout fait pour qu’il reste le plus longtemps possible dans un tiroir.

 

Certes, d’autres, notamment Négawatt et Global chance, avaient montré depuis plusieurs années qu’une sortie du nucléaire au profit des renouvelables était non seulement possible mais souhaitable en termes économiques et environnementaux.

Mais il ne s’agissait guère que d’experts « indépendants » qu’on pouvait soupçonner de parti pris écolo. Mais si l’Ademe, appuyée d’un centre d’études du propre sérail du Corps des mines (Armines Persée), se met à justifier en détail ce genre de scénario, la menace devient sérieuse.

100 % de renouvelables en 2050

L’Ademe démontre en effet, chiffres à l’appui, que l’idée d’un système électrique totalement renouvelable à l’horizon 2050 est non seulement techniquement, mais aussi économiquement crédible : des coûts d’électricité de 11,5 à 12 centimes d’euro par kWh (contre 9,1 centimes actuellement) qui risquent fort de se révéler inférieurs à ceux associés à une poursuite de la politique nucléaire actuelle.

On sait bien effet aujourd’hui, grâce au dernier rapport de la Cour des comptes, que la réhabilitation du parc (pour dix ou vingt ans supplémentaires) va augmenter les coûts de 3 à 4 c/kWh sans pour autant régler l’épineuse question du renouvellement du parc qui restera néanmoins indispensable dans vingt ans. Et les nouveaux malheurs de l’EPR, dont la cuve n’inspire pour le moins pas confiance, vont encore plomber son coût, si jamais il voit le jour, ce qui paraît de plus en plus improbable.

Dans ces conditions, il ne suffit plus de nier l’existence d’une politique crédible, différente de la politique actuelle, il va falloir démontrer que la politique actuelle est la meilleure…

Relancer un débat escamoté

En effet, si une politique tout renouvelable est possible, avec ses avantages évidents en termes d’environnement, d’indépendance énergétique et d’emploi, on voit mal pourquoi on s’obstinerait dans une politique dont les risques environnementaux (accident majeur, déchets, etc.) et industriels sont d’une autre ampleur.

C’est maintenant aux services du ministère, soit d’apporter la preuve que le scénario de l’Ademe ne tient pas la route, soit de montrer les avantages d’une poursuite de la politique actuelle.

En tentant de réduire l’Ademe au silence, le ministère de l’Ecologie ne chercherait-il qu’à gagner le temps nécessaire à la mise en place d’une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) dans la continuité de la politique passée, au besoin avec quelques inflexions ?

Ce serait une grave erreur, car, si finalement, c’est la perspective d’un système électrique à dominante renouvelable qui doit finalement l’emporter à long terme, c’est dès la prochaine programmation pluriannuelle énergétique (PPE) qu’il faut en prendre acte. Nous n’avons pas le loisir de perdre cinq ans de plus avant de prendre les mesures qu’imposerait cette nouvelle orientation, en particulier en termes d’infrastructures de transport et d’économie d’électricité.

C’est donc sans attendre qu’il faut lancer et arbitrer ce débat soigneusement escamoté jusqu’ici par les pouvoirs publics avec la complicité active du lobby nucléaire.

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Le terrifiant train nucléaire russe sera opérationnel en 2018

Le terrifiant train nucléaire russe sera opérationnel en 2018 | Think outside the Box | Scoop.it

Interdit par le Traité de désarmement nucléaire américano-soviétique STARTII, à nouveau autorisé dans le nouveau traité START négocié cette fois entre les Etats-Unis et la Russie, le train nucléaire voyageant discrètement avec en permanence des missiles balistiques prêts à être lancés fait son retour. Il devrait commencer à être opérationnel en 2018 et les détails donnés par le blog Foxtrotalpha spécialisé dans les questions de défense n’ont rien de réjouissant. L’équilibre de la terreur pourrait ne plus être seulement une expression du passé et du temps de la guerre froide.

On se croirait dans un vieux film de James Bond. Le «Système de missiles de combat ferroviaire», c’est comme cela qu’il est appelé par l’armée russe, est en quelque sorte le système de missiles balistiques d’un sous-marin nucléaire basé à terre. Il présente l’avantage d’être beaucoup moins coûteux à mettre en œuvre. Le fait qu’il soit en déplacement permanent, qu’il soit «caché à la vue de tous» et difficile à distinguer de trains ordinaires de marchandises et de passagers qu’il côtoie en permanence sur les voies en fait une cible pas facile à repérer et un armement nucléaire idéal dit de seconde frappe ou de riposte. Les wagons de «Barguzin», le surnom de ce train qui est celui d’un vent de l’est puissant qui balaye le lac Baikal, ressemblent à des wagons frigorifiques ordinaires.

Chacun de ces trains, 5 sont programmés, devrait transporter six missiles RS-24 capables chacun d’emporter 4 têtes, cela représente 24 têtes thermonucléaires par train capable chacune de rayer une grande ville de la surface du globe. Le RS-24 est à peu près impossible à intercepter, il atteint une vitesse de l’ordre de mach 20 et a une précision de l’ordre de 50 mètres après un vol de plus de 10 000 kilomètres.

Le train nucléaire est la démonstration de la volonté russe de moderniser son arsenal nucléaire et de réinstaller un équilibre de la terreur avec l’occident. D’autant plus que la Russie de Vladimir Poutine a également décidé d’investir dans son aviation à longue portée et sa flotte sous-marine.

Mais avec une économie aujourd’hui en chute libre et une profonde récession attendue en 2015, la question est de savoir si Vladimir Poutine aura toujours les moyens de ses ambitions militaires. Si en dépit de ses difficultés économiques, la Russie poursuit la modernisation de ses systèmes d’armement nucléaire, ce serait bien la démonstration que Vladimir Poutine a adopté et surtout réussi à imposer une stratégie à son pays qui s’apparente grandement à celle de la guerre froide. Le Moscow Times évoque déjà une nouvelle course à l’armement.

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Nucléaire, solaire : le gouvernement français sait-il vraiment ce qu’il veut ?

Nucléaire, solaire : le gouvernement français sait-il vraiment ce qu’il veut ? | Think outside the Box | Scoop.it
OPINION [Tribune d'Olivier Daniélo]
Il n’y a pas qu’en matière de politique économique que le gouvernement socialiste (« social-libéral » ?) est dans le flou. Il ne sait pas non plus ce qu’il veut en matière de politique énergétique.

François Hollande a été élu sur la promesse de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique national d’ici 2025, ce qui a naturellement été compris, du moins par les personnes de bonne foi, comme fermer environ 20 GW sur les un peu plus de 60 GW de réacteurs nucléaires que compte la France.

Mais par une étrange pirouette, deux ans après avoir été élu et une fois la fièvre post-Fukushima un peu retombée, François Hollande et Ségolène Royal ont décidé de suivre à la lettre les recommandations d’Henri Proglio, PDG d’EDF. Ce dernier a expliqué que, compte-tenu de la hausse de la demande électrique consécutive à la croissance démographique, ainsi qu’à l’adoption de nouveaux usages de l'électricité comme la voiture électrique, alors la part du nucléaire baissera mécaniquement. Sans qu’il faille fermer de réacteurs.

Un goût amer de trahison

Pourquoi François Hollande n’a-t-il pas expliqué cela clairement juste avant les élections ? Au final le projet de Loi sur la transition énergétique a comme objectif de simplement plafonner la capacité nucléaire. L'article 55 « pose les principes d’un plafonnement à son niveau actuel de notre capacité de production nucléaire (63,2 GW) ». Tout au plus la fermeture de la centrale de Fessenheim (fermeture qui n'est pas encore certaine) sera compensée par l’ouverture de l’EPR de Flamanville. Bref, la transition énergétique au niveau zéro. La stagnation, c’est maintenant.

Le renoncement de l’esprit de la promesse électorale de François Hollande en matière énergétique a franchit récemment un nouveau cap. Dans son discours fin août devant le MEDEF le premier ministre Manuel Valls a déclaré fermement que « la filière nucléaire est plus que jamais une grande filière d'avenir », reprenant ainsi le flambeau d’Arnaud Montebourg en la matière.

« La France ne sait toujours pas ce qu'elle veut »

Dans une interview pour le magazine Plein Soleil (en ligne sur le blog Tecsol dans un billet daté du 8 septembre) Cédric Philibert, expert en énergies renouvelables auprès de l’Agence Internationale de l’Energie, constate amèrement cette réalité : « la France ne sait toujours pas ce qu'elle veut. Quand on pense que François Hollande le jour de l'ouverture de PVSEC (Photovoltaic Solar Energy Conference, la plus importante conférence internationale en matière de recherche et développement photovoltaïque ndlr) a préféré aller inaugurer une installation d'énergie marine. Il semble qu'il n'a pas la juste appréciation de ce qu'est une énergie d'avenir.» 

Mais il y a aussi un facteur plus profond. « Il semble aussi que le milieu énergétique français fuit le PV plus que tout autre chose » estime Cédric Philibert. « Les tenants de l'atome voient la percée du solaire comme la peste » A certaines heures de la journée la production solaire (qui peut d'ailleurs traverser la frontière germano-française) parvient à pénétrer en zone jusqu’à présent réservée au nucléaire. Du coup les réacteurs nucléaires se transforment en vaches à lait moins rentables.

Les énergies marines mises en avant par EDF sont en réalité un moyen particulièrement habile (ou pervers, à chacun son analyse) de détourner l'attention du grand public et des responsables politiques du solaire photovoltaïque, une filière à très gros potentiel, très populaire, de plus en plus compétitive, et qui menace directement les perspectives de l'industrie nucléaire non seulement à l'échelle nationale mais mondiale.

L'hydrolien, que les amis de l'atome font miroiter, appartient au groupe des filières EnR les plus coûteuses. Et même dans l'hypothèse d'une acceptation d'un coût du kWh très élevé, il a un potentiel qui reste relativement limité. Seule une nouvelle approche, le « marélien » d'Hydrocoop, c'est à dire l'hydrolien à concentration qui augmente la vitesse des courants de marée - et donc la production d'électricité - grâce à un système de digues, système ingénieux permettant d'utiliser des hydroliennes simplifiées et ainsi moins coûteuses, permettrait de faire baisser massivement les coûts et ainsi une production appréciable. Mais EDF ignore cette approche.

Etant donné qu’EDF obéit à une logique d’intérêts privés et de protection d'actifs, le groupe ne voit pas d'un bon œil le développement du solaire en France et dans les pays voisins. Compte-tenu du flou réglementaire en France, les investissements régressent. Les énergies renouvelables, formidables moteurs de croissance économique et de créations d'emplois, sont en panne dans l'hexagone.

« Le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits. » (proverbe africain)

Une question fondamentale se pose. Le rôle des femmes et hommes politiques élus par les français est-il d’obéir aux logiques de profit d'un lobby historiquement couplé à l'appareil étatique ? Ou de tenir leurs promesses électorales, de respecter le pacte de confiance qu’ils ont établi avec leurs électeurs ?

Pour Corinne Lepage, ex-Ministre de l’Environnement du Gouvernement d’Alain Juppé entre 1995 et 1997 et qui publie le 11 septembre 2014 « L’Etat nucléaire » chez Albin Michel, en France « le nucléaire est totalement imbriqué dans l'État. C’est ce qui explique que, malgré le coût exorbitant, nous continuons, seuls au monde, à vouloir le tout-nucléaire.»

Sans confiance, on ne peut pas gouverner. En matière d’énergie, qui est à la base de toute activité, la démocratie française est malade. Un pays qui n'a pas de perspective claire et démocratiquement choisie en matière d'avenir énergétique n'a pas d'avenir tout court.

Par Olivier Daniélo

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Des réacteurs nucléaires dimensionnés pour 40 ans?

Des réacteurs nucléaires dimensionnés pour 40 ans? | Think outside the Box | Scoop.it
Tandis qu’EDF demande la prolongation des centrales nucléaires françaises au-delà de 40 ans, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui remettra ses premières recommandations en 2015, a rappelé à l’Assemblée nationale qu’elle n’était « pas acquise ».


Les réacteurs nucléaires français resteront-ils en fonctionnement au-delà de 40 ans ? La question est loin d’être close. D’abord parce qu’aucune loi, aucun texte réglementaire ne fixe de durée de vie aux réacteurs. Même si, selon Pierre-Franck Chevet, président de l’ASN, de par leur conception, « les centrales ont été dimensionnées pour 40 ans ».

>> Lire aussi : La durée de vie des centrales fait toujours débat

Auditionné par la commission d’enquête sur la filière nucléaire, le 20 février à l’Assemblée nationale, ce dernier, sans répondre fermement à la question, a souligné qu’une autorisation de fonctionnement des centrales au-delà de 40 ans « n’est pas acquise ».

Car « bien des sujets de sûreté majeurs » sont « à regarder à cette échéance », précise-t-il. « Il peut y avoir des phénomènes de vieillissement sur certains composants des centrales, qu'on doit regarder d'autant plus attentivement que ces composants ne sont pas nécessairement remplaçables », a-t-il souligné.

De son côté, EDF, exploitant du parc nucléaire français, et représenté pour cette audition du 20 février par Dominique Minière, directeur délégué à la direction Production-Ingénierie, a détaillé l’ensemble de son plan de maintenance et d’amélioration, en guise d’argument à cette prolongation.

Pour ce « grand carénage », EDF prévoit de mener pour 55 milliards d'euros de travaux de maintenance sur ses 58 réacteurs français à l'horizon 2025 : 10 milliards d'euros consacrés à la mise aux normes des centrales après la catastrophe de Fukushima ; 20 milliards d'euros d'investissements pour améliorer la sûreté des réacteurs ; 15 milliards pour « la maintenance lourde des grands composants » et 10 milliards « au titre d'autres projets patrimoniaux (environnement, risque incendie, risque grand chaud-grand froid) ».

De quoi convaincre l’ASN de donner son feu vert ? Pas sûr. « Nous estimons qu'on sera en mesure d'émettre un premier avis en 2015; l'avis final générique pourrait intervenir en 2018 ou 2019, sachant que de toutes manières nous serons ensuite amenés à nous prononcer réacteur par réacteur », a réagi le président de l’ASN.

Avec AFP

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Transition énergétique : les « élus du nucléaire » contre François Hollande ?

Transition énergétique : les « élus du nucléaire » contre François Hollande ? | Think outside the Box | Scoop.it
Jean-François Julliard
Directeur de GreenpeacePublié le 29/08/2013 à 17h14

 

 

L’énergie figure parmi les dossiers prioritaires de la fin d’année 2013 pour François Hollande. Le gouvernement va en effet révéler cet automne le projet de loi qui devra permettre au Président de tenir son engagement de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire en 2025 et d’amorcer concrètement la transition énergétique en France.

Mais cet engagement, qui figurait en bonne place parmi les promesses du candidat en 2012, semble aujourd’hui bien fragile tant celui-ci est attaqué par différents groupes de pression qui menacent l’autorité présidentielle.

Leur objectif est à peine masqué : maintenir l’hégémonie du nucléaire dans le mix énergétique français et saboter tout effort de développement significatif des énergies renouvelables et de réduction de notre consommation d’énergie.

Certains de ces groupes de pression sont, en théorie, des grands serviteurs de l’Etat chargés de mettre en œuvre l’ambition politique du Président élu sans aucune considération partisane. C’est le cas d’EDF, dont l’Etat est l’actionnaire ultra majoritaire, et du corps des Mines, des ingénieurs de très haut niveau censés servir avec discipline l’Etat. Et pourtant, aussi bien EDF que le corps des Mines outrepassent leurs missions pour défendre avec obstination la place écrasante du nucléaire en France. Greenpeace a rassemblé des éléments sur ces groupes d’influence.

Des élus à la merci du nucléaire

Cette remise en cause du pouvoir du chef de l’Etat vient également du propre camp politique de François Hollande. En cette rentrée parlementaire, des élus de gauche vont se joindre à ceux de l’opposition et sortir des rangs pour empêcher la moindre fermeture de centrale nucléaire. Ces « élus du nucléaire » défendent l’atome au-delà du raisonnable.

Ils agissent ainsi parce qu’ils doivent souvent beaucoup à cette industrie qui a implanté ses sites de production nucléaire sur leurs territoires. Parmi eux, on retrouve :

Jean-Michel Baylet (président du Parti radical de gauche) ;Patrice Prat (député du Gard) ;François Brottes (député de l’Isère) ;Christian Bataille (député du Nord) ;Delphine Bataille (sénatrice du Nord) ;Didier Guillaume (sénateur de la Drôme) ;Michel Destot (député-maire de Grenoble) ;Jacques Moignard (député du Tarn-et-Garonne)…

La manne financière du nucléaire profite largement aux habitants de ces territoires : taxes d’habitation particulièrement faibles, ressources fiscales élevées, infrastructures nombreuses et luxueuses, etc.

La contrepartie de la présence toute proche d’une installation nucléaire est parfois particulièrement visible : une piscine olympique et ses deux bassins supplémentaires à Bagnols-sur-Cèze (commune de 18 000 habitants, à proximité du site nucléaire de Marcoule), une piste surélevée de rollers en marbre à Valence d’Agen (centrale de Golfech), les deux piscines d’été et d’hiver de Golfech et Valence d’Agen (situées à 5 km l’une de l’autre)…

Un confort de vie payé au prix fort

Tant mieux pour les habitants de ces territoires dopés au nucléaire, pourrait-on croire. Mais c’est oublier que ce « confort de vie » a des coûts élevés.

Celui d’abord de l’abandon de tout sens critique de ces élus pour une industrie qui expose leurs électeurs à des risques non discutables. Ensuite, celui d’une absence coupable de vision à moyen terme. Beaucoup d’installations nucléaires vont devoir fermer dans les prochaines années, quoi qu’il arrive, du fait de leur âge avancé.

Comment faire face, dans le futur, aux frais d’entretien de ces équipements collectifs (piscines, stades…) de dimension pharaonique ? Comment expliquer aux habitants que leur taxe d’habitation va un jour augmenter fortement car leur élu n’a pas anticipé de changement de politique économique et industrielle ? Ces territoires sont pris au piège du nucléaire en raison de l’aveuglement des élus locaux qui refusent de prévoir une transition économique et sociale pourtant inévitable.

Intérêts personnels liés à ceux de l’industrie nucléaire

Au-delà de leur région, ces élus locaux exercent aussi un mandat national de parlementaire et vont donc participer au prochain débat parlementaire sur le projet de loi de transition énergétique. Certains se sont aussi positionnés stratégiquement à la tête des instances parlementaires les plus importantes sur l’énergie en France : Commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale, Office parlementaire d’étude des choix scientifiques et technologiques (OPECST)…

Pour eux, discuter de production d’électricité revient exclusivement à défendre l’énergie nucléaire. Impossible dans ces conditions d’aborder sereinement le développement des énergies renouvelables, un élément pourtant fondateur de toute transition énergétique. Leurs intérêts personnels sont trop liés à ceux de l’industrie nucléaire.

On doute sincèrement de la volonté de ces élus, qui détiennent en partie les clés de la future loi sur l’énergie, de respecter la parole de François Hollande de réduire la part du nucléaire. Le Président aurait-il perdu toute autorité en son Etat et en son camp politique ? La partie ne sera pas facile mais le chef de l’Etat doit tenir son engagement et se montrer ferme avec sa majorité.

Gageons que cette démonstration d’autorité restaurera la capacité d’un Etat comme la France à se tourner vers un projet de société ambitieux, respectueux de l’environnement et porteur d’une dynamique économique particulièrement recherchée en ce moment.

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Le nucléaire européen va-t-il être relancé par la finance verte?

Le nucléaire européen va-t-il être relancé par la finance verte? | Think outside the Box | Scoop.it

Vue du tunnel sur le site souterrain de Bure (France) où est mené le projet Cigeo sur le stockage de déchets radioactifs sous la responsabilité de Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

 

CHRONIQUE. L'Europe a décidé d'inclure le nucléaire parmi les énergies non carbonées pouvant prétendre à des investissements verts. Cette décision est d'autant plus importante que, grâce au progrès technologique, cette énergie pourrait être produite à partir des déchets nucléaires qui sont en abondance. Ce qui pose la question de la relance de la filière française. Par Didier Julienne, spécialiste des marchés des matières premières (*).

L'accord européen sur la taxonomie des activités économiques vertes inclus le nucléaire dans les énergies non carbonées susceptibles d'être financées par des investissements verts, dans le but que l'Europe atteigne la neutralité climatique d'ici à 2050. C'est intéressant dans la perspective de la transformation des déchets nucléaires en un nouveau carburant et pour plusieurs milliers d'années.

Revenons en arrière une minute. À la suite du tsunami qui frappa Fukushima, les 37 réacteurs japonais furent mis sous cocon. Depuis, 9 ont redémarré et 17 demandent à rediverger, deux ont été construits. L'Allemagne et la Belgique se sont engagées vers des fermetures définitives de centrales nucléaires La France, la Russie ou les États-Unis en ferment quelques-unes, mais en construisent de nouvelles, la Chine ajoute 12 réacteurs à ses 47 déjà opérationnels. Au total, la planète en compte 443 qui produisent 10 % de l'électricité mondiale.

Le Kazakhstan produit plus de 40 % de l'uranium mondial

La production minière d'uranium a progressé jusqu'en 2016, elle a baissé depuis d'environ 15 % pour s'adapter à l'affaissement de la demande. L'exploitation minière à faible impact environnemental par la technologie de lixiviation in situ permet de produire plus de 55 % des volumes mondiaux.

Le premier producteur mondial est le kazakh Kazatomprom, le français Orano vient en deuxième et le canadien Caméco en troisième. Par pays, le Kazakhstan produit plus de 40 % de l'uranium mondial, suivi du Canada, de l'Australie, de la Namibie, de la Russie et du Niger. Chacun approvisionne les trois grands consommateurs que sont les États-Unis, la France et la Chine. Bien que sa distribution profuse et son marché banal, voire ennuyeux, soient la garantie pour les consommateurs d'uranium d'une énergie peu onéreuse, ces derniers ont constitué des stocks de matière parce qu'elle est stratégique pour leurs politiques énergétiques.

 

Les prix de l'uranium au plus bas

Chacun le constate, comparé au pétrole, au gaz ou au charbon, le marché de l'uranium est très simple, nous sommes très loin d'un pic géologique de production et il y a peu de risque de pénurie, les acteurs sont peu nombreux, tous plus moins reliés à leurs propres Etats et à des organisations supra nationales en charge de tracer la matière et de contrôler les surplus. Les échanges sont donc d'autant plus matures que les investisseurs ont peu de produits structurés pour lier leur risque. En conséquence d'un marché imbelle, les prix sont au plus bas, 25 dollars la livre sur le marché spot et 32 dollars à long terme.

Portons nous à présent vers l'avenir du nucléaire. L'un des aspects sexy est le traitement des déchets de combustion. En fonction du prix de l'enrichissement et de celui de l'uranium, un réacteur classique brûle entre 1% à 5 % de sa charge. En fin de cycle, le solde est stocké sous forme de déchets à recycler. Cette réserve est immense. En effet, si toutes les ressources mondiales d'uranium naturel contenues dans la croûte terrestre, celles qui sont consommées dans les réacteurs classiques, correspondent à une réserve électrique de 1, les ressources contenues dans nos déchets atomiques, ceux qui seront consommés dans les futurs réacteurs à neutrons rapides (RNR), représentent une réserve électrique de 100.

Les déchets, une réserve de plusieurs milliers d'années de consommation

Cette réserve qui est donc équivalente à plusieurs milliers d'années de notre consommation électrique n'est pas au fond d'une mine, mais disponible sur étagère pour être transformée en électricité. C'est pourquoi les pays qui choisiront de consommer ces déchets s'épargneront l'extraction et la consommation d'uranium naturel pendant une période de plusieurs millénaires.

La Russie, la Chine, les États-Unis, le Japon et l'Inde développent sous diverses variantes cette filière RNR. Lorsque l'on parle énergie et industrie dans ces pays, on ne le fait pas en amateur. En France, il y a plusieurs années, alors que nous échangions paisiblement avec le directeur d'une ONG antinucléaire sur l'espoir du recyclage des déchets via les RNR, celui-ci m'exprima son effroi à l'égard de ma formule : « économie circulaire du nucléaire ». Il fallait comprendre la logique de sa situation : une économie circulaire du nucléaire éliminant les déchets en produisant de l'électricité, tout en réduisant la dépendance à l'uranium minier anéantissait la raison d'être de son organisation.

De fait, récemment, le programme de recherche français des RNR, Astrid, était abandonné. Les investissements verts de l'Europe nous permettront-ils de financer un vaste programme de recherche européen pour le remplacer, ou bien plus tard nous faudra-t-il acheter cette technologie auprès de la Chine, des États-Unis, de la Russie, du Japon ou bien de l'Inde ?

 

Par Didier Julienne

 

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Le projet de loi énergie-climat nous prend pour des imbéciles

Le projet de loi énergie-climat nous prend pour des imbéciles | Think outside the Box | Scoop.it

Un manifestant réclame la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, le 3 février 2018 à Strasbourg.

 

Cette loi de régression énergétique valide par exemple la durée de vie à 50 ans de nos réacteurs, faisant prendre un risque vital à de nombreux concitoyens.

 

Le projet de loi énergie-climat devrait changer d'intitulé pour être dénommé loi de régression énergétique. En effet, ce texte au demeurant très court n'est destiné qu'à valider plusieurs reculades majeures du gouvernement sur nos objectifs climatiques, reculades au demeurant probablement incompatibles avec nos engagements communautaires.

À titre préliminaire, on soulignera le caractère paradoxal de ce projet de loi qui intervient alors même que la ville de Grande-Synthe et les associations regroupées autour de "l'Affaire du siècle" poursuivent l'État pour une inaction climatique. La démonstration de cette inaction -on pourrait même parler d'action contre-productive- est parfaitement illustrée par ce texte qui prend nos concitoyens pour des imbéciles.

En effet, le gouvernement ayant décidé, en dépit de toute rationalité économique, financière et industrielle, de renforcer la part du nucléaire dans le mix énergétique (alors que celle-ci n'a jamais été aussi faible puisqu'elle est passée de 77 à 68% entre 2005 et 2017), toute la logique de la politique énergétique s'en trouve inversée. La place des énergies renouvelables, malgré les envolées lyriques, reste congrue et la meilleure preuve en est que les investissements R&D sont d'un facteur 1 à 100 entre le renouvelable et le nucléaire (ce qui montre le mensonge flagrant dans les déclarations étatiques sur la volonté de pousser les énergies renouvelables). Et l'accent ne doit surtout pas être mis sur la réduction de la consommation énergétique; en effet, il faut vendre l'électricité nucléaire. D'où la substitution à la règle du facteur 4 –c'est-à-dire de la réduction par quatre de nos émissions de gaz à effet de serre pour 2050- pourtant fixée dans le droit communautaire, d'une règle de neutralité carbone qui n'a aucune valeur juridique et surtout aucune réalité technologique. Il s'agit en effet de prétendre compenser les émissions de gaz à effet de serre -qui donc théoriquement peuvent continuer à croître- par l'absorption de ces mêmes gaz. Cette prétention est à la fois stupide et tragique. Elle est stupide dans la mesure où malheureusement les puits de carbone que constituent la forêt et les océans jouent de moins en moins leur rôle et que nous ne disposons pas de technologies permettant aujourd'hui de stocker de manière définitive et sûre le carbone. C'est donc un pari lancé par les mêmes ingénieurs, disciples du Docteur Folamour, qui il y a 50 ans affirmaient pouvoir régler la question des déchets nucléaires. C'est tragique dans la mesure où la France fait un choix suicidaire, à l'opposé de celui des autres pays tout en prétendant vouloir servir d'exemple. C'est pathétique!

Ce choix majeur étant fait, il ne reste plus qu'à en tirer les conséquences qui sont celles de la régression.

Cette régression est tout d'abord de reculer la réduction de la part du nucléaire à 50% en 2025 à une date ultérieure -ce qui aurait été parfaitement atteignable puisque nous sommes à 68% et que donc plus d'1/3 du chemin entre 75 et 50 a déjà été fait sans fermeture d'aucun réacteur. Au passage, la loi valide la durée de vie à 50 ans de nos réacteurs, ce qui, quand on sait l'état plus que préoccupant de nos vieux réacteurs -reconnu au passage par l'ASN- consiste à faire prendre, en toute connaissance de cause, un risque vital à nombre de nos concitoyens.

 
Limiter à 2° la température impose et de diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre et de trouver de surcroît des solutions de compensation pour les émissions qui resteront. Le projet français est un très mauvais signal, venant d'un pays qui prétend à l'exemplarité climatique, pour tout le reste du monde.

Ensuite, la régression concerne la diminution de nos ambitions en termes de consommation d'énergie finale par rapport à 2012 (fixé par la conférence environnementale de 2013) puisque l'objectif intermédiaire de 20% en 2030 est ramené à 17%, rendant impossible l'atteinte de l'objectif de 50% en 2050, ce dont nos gouvernants actuels se moquent éperdument puisqu'ils ne seront plus là à cette époque. Quant à la réduction de la consommation d'énergie fossile, elle reste bien théorique puisque si quatre centrales à charbon doivent être fermées, le gouvernement ne cesse de délivrer des permis d'exploration pétrolière à Total, renforçant ainsi à terme la production de pétrole et par voie de conséquence l'augmentation de la consommation d'énergie fossile.

De toute façon, les émissions de gaz à effet de serre sont revues à la hausse puisque l'objectif de plafond de 254 millions de tonnes CO2 initialement prévu pour 2023 est remonté à 277 millions tonnes dans le projet PPE, accessoire de la loi climat énergie.

En définitive, c'est donc bien une régression qui est envisagée et non pas du tout le projet ambitieux présenté par Monsieur de Rugy. Espérons que les organismes concernés, à savoir le CESE et le Conseil d'État auront le courage de rappeler au gouvernement ses engagements et ses devoirs, les uns et les autres étant manifestement ignorés par le projet. En effet, ce texte devra être confronté aux différents textes communautaires qui viennent d'être adoptés (directives du 11 décembre 2018 relative aux énergies renouvelables d'une part et l'efficacité énergétique d'autre part, le règlement sur la gouvernance de l'Union de l'énergie et de l'action pour le climat du 11 décembre 2018). Or, la prémisse de départ c'est-à-dire l'oubli du facteur 4 n'est pas compatible avec les orientations communautaires. En effet, limiter à 2° la température impose et de diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre et de trouver de surcroît des solutions de compensation pour les émissions qui resteront. Le projet français est un très mauvais signal, venant d'un pays qui prétend à l'exemplarité climatique, pour tout le reste du monde. C'est un très mauvais coup porté à tous les jeunes qui s'emparent aujourd'hui de la question climatique.

 

Corinne Lepage

Avocate, Ancienne députée européenne Cap21, ancienne ministre de l'Environnement

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Réduire l'activité des déchets nucléaires d'un million d'années à 30 minutes, le prix Nobel de physique y croit

Réduire l'activité des déchets nucléaires d'un million d'années à 30 minutes, le prix Nobel de physique y croit | Think outside the Box | Scoop.it

Gérard Mourou, professeur émérite à l’École polytechnique et récompensé du prix Nobel de physique 2018 pour ses travaux sur les lasers.

 

Le 2 octobre, le physicien français Gérard Mourou a reçu le prix Nobel de physique pour ses travaux sur les lasers. Dans un article publié sur The Conversation, le chercheur explique l'une des applications possibles de sa technique : réduire considérablement la durée de vie des déchets nucléaires. Annonçant une collaboration avec le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives), Gérard Mourou donne rendez-vous dans dix ans...

 

Et si nous parvenions à réduire la durée de vie des déchets nucléaires d’un million d’années à... 30 minutes ? C’est la promesse incroyable formulée par Gérard Mourou, professeur émérite à l’École polytechnique. Le mardi 2 octobre, il a reçu le prix Nobel de physique 2018 pour ses travaux sur les lasers avec le physicien américain Arthur Ashkin et la chercheuse canadienne Donna Strickland.

Le coup de sabre laser dans la poubelle radioactive serait bienvenu. La gestion des déchets nucléaires est un sujet explosif. Cet automne, en France, un débat public doit ouvrir sur le plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR). En parallèle, le projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) situé à Bure (Meuse) suscite des débats houleux.

 

Dans un article édité par Benoît Tonson et publié sur The Conversation (reproduit ci-dessous), Gérard Mourou explique le fonctionnement de la technique qui lui a valu le prestigieux prix Nobel. Le scientifique confie aussi qu’il va travailler avec le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) pour proposer quelque chose d’ici dix à quinze ans. Ses recherches pourraient également servir dans la chirurgie de l’oeil.

Conversation avec Gérard Mourou, prix Nobel de physique 2018 :

Gérard Mourou, professeur émérite de l’École polytechnique a été récompensé par le prix Nobel de physique 2018. Il partage cette récompense avec la Canadienne Donna Strickland pour avoir conjointement élaboré une méthode de génération d’impulsions optiques ultra-courtes de haute intensité, ainsi qu’avec Arthur Ashkin pour l’invention des pinces optiques et de leurs applications médicales. The Conversation l’a rencontré à l’École polytechnique, le jour de l’annonce du prix.

 

La technique qui m’a valu le Nobel

 

J’ai obtenu le Nobel pour l’invention d’une technique laser appelée chirped pulse amplification (CPA) : une méthode de génération d’impulsions optiques ultra-courtes de haute intensité. Elle permet d’obtenir des puissances considérables, d’aller dans des domaines de la physique qu’on ne pouvait pas atteindre. Les puissances de laser atteintes aujourd’hui sont de l’ordre de 1021 W/cm2. Elles permettent d’obtenir des pressions, températures et champs électriques extrêmement élevés en laboratoire.

Avant le développement de cette technique, on était gêné car on arrivait à un certain seuil de puissance où on ne pouvait plus amplifier. Le champ électrique laser était tellement élevé que l’on endommageait le matériel optique lui-même.

C’est en 1983, avec mon étudiante Donna Strickland avec qui je partage ce Nobel que nous avons imaginé la CPA.

Notre idée était d’étaler dans le temps les composantes de fréquence et allonger les pulsations de quelques femtosecondes (10-15 secondes) à quelques nanosecondes (10-9). Cela diminue leur intensité et permet de les amplifier sans saturation. Un second système de réseaux recomprime ensuite les pulsations amplifiées. Un énorme gain en intensité est réalisé. C’est comme au karaté : on délivre une puissance très importante dans un temps très, très bref.

Lorsque j’ai soumis cette idée à Donna, en lui demandant de la mettre en œuvre, elle m’a répondu que c’était "facile" et que ça "ne constituait même pas un sujet de thèse". Je peux lui dire aujourd’hui, qu’elle avait raison ce n’était pas un sujet de thèse, c’était un sujet de prix Nobel !

 

 

 

Un laser surpuissant pour la chirurgie de l'oeil

 

La plus connue des applications, c’est la chirurgie de l’œil : c’est notre invention !

Ce que l’on appelle la chirurgie femtoseconde réfractive de l’œil et de la cornée. L’impulsion est tellement courte que l’on peut faire une ablation alors que la matière n’a pas le temps de suivre, donc rien n’est détruit autour. Le risque d’effet délétère pour le patient est ainsi minimisé et notre technique a permis de corriger la vue de millions de personnes.

Tout est parti d’un accident : au début de l’utilisation de ce laser, un étudiant était en train de monter son expérience, d’aligner le laser. D’un coup "pof", il prend un coup de laser dans l’œil ! On l’amène à l’hôpital et quand l’interne l’a examiné, il s’est exclamé : "incroyable ! Qu’est ce que c’est comme laser ?" L’œil était endommagé, mais là, la blessure était "parfaite". C’est-à-dire qu’il y avait une tâche, nette, sans débris autour, alors qu’habituellement une lésion provoquée par un laser ressemble à un volcan. On a pensé qu’il y avait là, matière à essayer cette technologie dans le domaine de l’ophtalmologie. Deux ou trois jours après, le médecin m’a téléphoné en me demandant de faire partie de notre équipe, et nous avons travaillé ensemble à l’élaboration de cette technique.

 

Une idée pour les déchets nucléaires

 

Celle qui me tient particulièrement à cœur est le traitement des déchets radioactifs avec nos techniques lasers. Je m’explique : prenez un noyau atomique : il est composé de protons et de neutrons, si on met un neutron en plus ou si on enlève un, ça change absolument tout. Ce n’est plus le même atome, ses propriétés vont alors totalement changer. La durée de vie de ces déchets est changée fondamentalement : on peut la réduire d’un million d’années à 30 minutes !

On est déjà capable d’irradier avec un laser à grand flux beaucoup de matière d’un seul coup, la technique est donc parfaitement applicable et théoriquement rien ne s’oppose à une utilisation à échelle industrielle. C’est le projet que je suis en train de lancer en collaboration avec le CEA. Nous pensons que d’ici 10 ou 15 ans nous pourrons vous montrer quelque chose.

C’est vraiment ce qui continue à me faire rêver : toutes les applications futures de notre invention. Lorsqu’on travaille, c’est la passion qui nous anime, pas les espoirs de Prix Nobel. C’est notre curiosité qu’il nous faut assouvir. Après mon prix, je vais continuer !

 

Benoît Tonson, Éditeur Science + Technologie, The Conversation

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

 

 

 

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En poursuivant dans la voie du nucléaire, la France fonce droit vers une triple impasse

En poursuivant dans la voie du nucléaire, la France fonce droit vers une triple impasse | Think outside the Box | Scoop.it

En poursuivant dans la voie du nucléaire, la France fonce droit vers une triple impasse.

 

La poursuite du maintien d'une nucléarisation massive du pays se heurte à une triple impasse économique, technique et surtout financière.

 

Le sujet du nucléaire en France est relativement peu abordé au niveau politique et en tout cas traité comme un sous-sujet de la question énergétique, ce qui évite bien évidemment que nos concitoyens puissent prendre pleinement conscience du caractère totalement central du sujet tant pour l'économie que pour l'industrie et pour les finances de la France. Faisant comme si la situation de 2017 était en tout point comparable à celle de 1973 ou 1981, comme si le nucléaire était une énergie d'avenir rentable, assurant l'indépendance énergétique et correspondant à un savoir-faire d'excellence français, nos dirigeants ont décidé d'opter pour le déni de réalité, même si les coûts croissants de la filière nucléaire et son impact majeur sur les finances publiques ne peuvent plus être dissimulés. Son addiction au nucléaire conduit indubitablement EDF tout d'abord dans une impasse économique et industrielle.

 

L'impasse économique et industrielle

La physionomie du monde de l'énergie est en plein bouleversement. D'une part, toutes les perspectives d'une croissance infinie des besoins en électricité sont mises en échec, au moins dans les pays industrialisés. Depuis 1970, on assiste en réalité à un découplage entre la croissance du PIB et celle de la consommation électrique due à une amélioration de l'efficacité énergétique. Celle-ci s'est considérablement accrue au cours des 10 dernières années. L'augmentation de la part des services qui consomment globalement six fois moins que l'industrie explique également cette situation qui en France s'est doublée d'une désindustrialisation très importante. Or, EDF n'a en rien anticipé cette situation et ce d'autant plus qu'elle a volontairement construit huit réacteurs nucléaires de plus que ce que justifiaient les besoins français estimés en 1975. Les gaziers ont agi de même, de telle sorte que la surproduction a fait baisser les prix de gros de l'électricité au moment même où les énergies renouvelables devenaient dans un certain nombre de pays d'Europe tout à fait compétitives.

 

D'autre part, la baisse imprévue et colossale des coûts de production de l'électricité renouvelable et en particulier du photovoltaïque (une baisse de 70% des coûts en cinq ans à laquelle devrait s'ajouter une nouvelle baisse de même niveau dans les trois à cinq ans à venir) rend ces énergies compétitives. Les derniers appels d'offres ont été passés au prix de 62 euros le mégawattheure soit six centimes le kilowattheure, c'est-à-dire la moitié du kilowattheure facturé par l'EPR (s'il est un jour mis en route). Il est à 5,38 centimes d'euros en Allemagne, au Danemark, l'éolien offshore atteint des niveaux comparables. Au Texas, dans les pays du golfe, au Maroc, les immenses centrales solaires qui se construisent produisent une électricité en moins de quatre centimes du kilowattheure. Le nucléaire n'a donc plus aucune rentabilité et cette situation n'est évidemment pas propre à la France. Ainsi, aux États-Unis, la construction de deux réacteurs qui étaient en cours en Caroline-du-Sud a été abandonnée, alors que 40% des infrastructures étaient réalisées, au motif que le projet n'était pas rentable.

 

Le coût de construction d'une centrale nucléaire est 10 fois celui d'une centrale gazière moderne et la moitié des centrales nucléaires américaines perd de l'argent. Dans la mesure où elles ne sont pas renflouées par l'État comme en France, les entreprises les ferment et s'enfoncent dans le rouge. Ainsi, Westinghouse a déposé le bilan et entraîné dans sa chute Toshiba qui cherche à se débarrasser de cette filiale qui la plombe. La plupart des pays d'Europe (mis à part l'Europe de l'Est pour des raisons historiques et la Grande-Bretagne mais l'avenir est incertain) ont abandonné le nucléaire : Allemagne, Belgique, Italie, Suisse, Suède. La Corée du Sud, par la bouche de son nouveau président, Monsieur Moon a annoncé au mois de juin son retrait progressif du nucléaire. Aucun pays à économie libérale ne peut aujourd'hui opter pour le nucléaire compte tenu de la nécessité absolue de faire subventionner par l'Etat une filière qui n'est pas rentable et qui devient la plus coûteuse de toutes les énergies.

 

Un récent rapport publié en août 2017 par des chercheurs de Stanford affirme que 139 pays du monde pourraient à l'horizon 2050 ne dépendre que de l'énergie renouvelable créant ainsi 24 millions d'emplois. Dès 2030, 80% de l'énergie pourrait être renouvelable. Au passage, ces bouleversements permettraient de réduire massivement la pollution atmosphérique et donc d'améliorer la santé humaine mais aussi de ne pas dépasser les 2° d'augmentation de la température voire peut-être de parvenir à 1°5.

Inutile de souligner que la France est bien loin de cette logique. Même si un objectif de 50% de nucléaire à l'horizon 2025 est affirmé, notre faiblesse volontaire dans la production d'énergie renouvelable (16 à 17%) rend très difficile cet objectif, les 23% auxquels nous nous sommes obligés dans le cadre communautaire apparaissant comme hors d'atteinte. Il suffit d'entendre les cris d'orfraie de tous ceux qui n'ont pas compris que le monde a changé lorsqu'il est question de respecter la loi transition énergétique pour apprécier les progrès qui restent à faire en particulier dans les consciences. Le drame est que non seulement notre choix économique est catastrophique dans la mesure où le maintien d'un nucléaire massif va peser très lourdement sur le coût de l'électricité et donc sur la productivité économique et sur les ménages.

Il est également catastrophique car il nous a privé durablement du développement d'une filière forte dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique alors que nous disposions de toutes les technologies utiles grâce au CEA et à l'Inès. Mais, l'industrie nucléaire a toujours bloqué le développement industriel de ces technologies afin de protéger son fleuron devenu obsolète. Dès lors, même si EDF énergies renouvelables est une filiale prometteuse d'EDF, elle ne représente qu'un pour cent de son chiffre d'affaires et nous ne disposons pas d'ETI puissantes. Heureusement, Engie semble faire sa révolution et opter pour le Nouveau Monde. C'est une chance pour l'économie française. Mais cela signifie que la compétition avec l'opérateur historique risque de plomber encore un peu plus ce dernier et le pousser à mener les combats d'arrière-garde contre l'autoconsommation, l'énergie locale, la décentralisation énergétique, l'installation des éoliennes, etc.

En réalité, la poursuite de ce qui est devenu une forme d'utopie, à savoir le maintien d'une nucléarisation massive de la France se heurte à une triple impasse économique, technique et surtout financière.

 

Corinne Lepage

Avocate, Ancienne députée européenne Cap21, ancienne ministre de l'Environnement

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The Dream of Cheap Nuclear Power Is Over

The Dream of Cheap Nuclear Power Is Over | Think outside the Box | Scoop.it

For much of my life, I loved the idea of nuclear power. The science was so cool, futuristic and complicated, the power plants so vast and majestic. I devoured science-fiction novels like “Lucifer’s Hammer,” where a plucky nuclear entrepreneur restarts civilization after a comet almost wipes us out. I thought of accidents like Three Mile Island and even Chernobyl as stumbling blocks to a nuclear future.

Then, in 2011, two things happened. First, a tsunami knocked out the nuclear reactor at Fukushima, forcing a mass evacuation and costing Japan hundreds of billions of dollars. Second, I learned that progress in solar power had been a lot faster and steadier than I had realized. I started taking a closer look at whether nuclear was really the future of energy. Now I’m pretty convinced that my youthful fantasies of a nuclear world won’t come true anytime soon.

Nuclear Power

Safety is part of the problem -- but a much smaller part than most people realize. The Fukushima accident caused an enormous area to be evacuated -- a 12-mile (20-kilometer) radius surrounding the most damaged of the plants, totaling about 160,000 people. But recent research shows that the reaction might have been overdone -- radiation levels for people exposed to the leak was substantially less than many had thought.

Meanwhile, countries are getting better at burying their nuclear waste. Finland is excavating a storage area deep underground that will hold radioactive waste safely for 100,000 years. France, which gets a lot of its energy from nuclear plants, also stores waste deep underground.

 

So nuclear hazards, while significant, are probably less than many believe. And compared with fossil fuels -- which turn whole cities into toxic deathtraps, foul the atmosphere with gigatons of carbon and can lead to huge oil spills -- nuclear looks downright clean.

The biggest problem with nuclear isn’t safety -- it’s cost. The economics of nuclear are almost certain to keep it a marginal part of the energy mix, especially in the U.S.

Many energy sources involve relatively small upfront costs. To increase solar power, just build more panels. Fracking also has lower fixed costs than traditional oil drilling. But nuclear’s fixed costs are enormous. A new nuclear plant in the U.S. costs about $9 billion to build -- more than 1,000 times as much as a new fracking well, and more than 3,000 times as much as the world’s biggest solar plant.

Raising $9 billion is a daunting obstacle. It’s more money than Apple Inc., the U.S.’s most valuable company, borrowed in 2016. The plucky young entrepreneur raising enough money to build his own nuclear plant in “Lucifer’s Hammer” was pure fantasy; in reality, nuclear plants get built by giant corporations such as General Electric Co. and Toshiba Corp., with huge assistance from the government in the form of loan guarantees.

It’s hard to raise money for projects with giant fixed costs and long horizons for repayment, because they’re inherently risky. If something goes badly wrong with the project, all of that up-front money is lost. If competition makes a project un-economical in five or 10 years in the future, the financiers will take a big loss. It’s very hard to make predictions of more than a few years, especially about competing technologies.

For nuclear power, that’s the main risk -- rapid advances in competing technologies. Solar power is already cheap and is plunging in price, while energy storage is also becoming much more affordable. If these trends continue, a nuclear power plant that’s economical today will be out-competed in a few years. In other words, there will be no way the owner could recover the fixed costs.

What’s worse, nuclear doesn’t look like it’s getting any cheaper. A recent paper by the Breakthrough Institute shows that in most countries, nuclear costs haven’t changed much in recent decades:

America's Nuke Cost Problem
Annual change in nuclear plant construction costs.
Source: "Historical Construction Costs of Global Nuclear Power Reactors," Jessica R. Lovering, Arthur Yip, Ted Nordhaus

Constant or rising nuclear construction costs, matched with dramatically falling solar and storage costs, mean that anyone who ponies up the $9 billion to build a nuclear plant today is taking a gargantuan risk.

Another source of risk is safety -- not the well-known threats of accidents and storage leaks, but the unknown unknowns. If terrorists figure out how to bomb nuclear plants, or hackers find ways to invade their software and cause them to melt down, the destruction could be catastrophic. But no one really knows how likely or remote those threats will be a decade from now. And even if those risks can be prevented, doing so will probably will cause large unanticipated costs.

So nuclear power hasn’t become the futuristic dream technology the old science-fiction novels envisioned. Instead, it’s a huge, risky government-subsidized corporate boondoggle. Someday we may have fusion power or small, cheap fission reactors, and the old dream of nuclear will be realized. But unless one of those breakthrough technologies comes to fruition, nuclear isn’t the power of tomorrow.

This column does not necessarily reflect the opinion of the editorial board or Bloomberg LP and its owners.

To contact the author of this story:
Noah Smith at nsmith150@bloomberg.net

To contact the editor responsible for this story:
James Greiff at jgreiff@bloomberg.net

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L’ASN parle d’un "risque industriel" pris par EDF sur la cuve de l’EPR

L’ASN parle d’un "risque industriel" pris par EDF sur la cuve de l’EPR | Think outside the Box | Scoop.it

Malgré les investigations en cours sur la cuve de l’EPR, EDF a fait le choix de l’installer au cœur du bâtiment réacteur de l’EPR de Flamanville. L’ASN pourrait pourtant estimer que cette pièce est inutilisable.

 

 

Mercredi 18 janvier, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) présentait ses traditionnels vœux à la presse. Il y a un an, le Président Pierre-Franck Chevet rappelle qu’il évoquait "un contexte préoccupant à moyen terme", aujourd'hui, il assure que "le contexte est préoccupant tout court". L’année passée a vu l’émergence d’une anomalie générique sur le parc qui a conduit à la mise à l’arrêt temporaire de 12 réacteurs d’EDF et à la découverte de falsifications dans l’usine Areva du Creusot.

Même s’ils vont demander encore des mois de travail, tous ces dossiers sont désormais pris en charge. Mais de nouveaux sujets se présentent à l’autorité. Comme la préparation de la première visite décennale des usines du cycle du combustible ou la gestion des sources radioactives utilisées sur les chantiers pour tester les soudures. Mais de tous les dossiers, c’est sans doute son avis à venir sur l’utilisation de la cuve de l’EPR en construction à Flamanville (Manche) qui est le plus attendu.

Pas de plan B

La découverte de concentrations anormales de carbone dans le couvercle et le fond de cette cuve a poussé à l’ASN à demander à EDF de justifier la solidité de cette pièce au sein de laquelle se déroule la réaction de fission nucléaire. L’électricien a transmis son dossier et ses mesures à l’ASN en fin d’année 2016. Cette dernière pense pouvoir rendre son avis à l’été 2017. Lors d’une visite récente du chantier, les responsables EDF assuraient qu’il n’y avait pas de plan alternatif à celui où la cuve serait validée par l’ASN.

"Nous avons autorisé la mise en place de la cuve dans le bâtiment réacteur mais nous avons demandé à EDF de prévoir un plan B", explique Pierre-Franck Chevet. "Si EDF n’en a pas, ils devront s’en remettre à notre décision (…) EDF a pris un risque industriel, ils assumeront". En cas de rejet de la cuve par les experts de l’autorité, celle-ci devra être réparée ou remplacée. Dans les deux cas, il faudra la sortir du bâtiment réacteur, une opération, lourde, coûteuse et destructrice. EDF, de son côté, assure que les mesures réalisées sur la cuve de l’EPR montre qu’elle est utilisable en toute sûreté.

 

LUDOVIC DUPIN

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L’État islamique assure être en mesure d’acquérir l’arme nucléaire

L’État islamique assure être en mesure d’acquérir l’arme nucléaire | Think outside the Box | Scoop.it

L’État islamique serait-il en mesure d’acquérir l’arme nucléaire ? C’est en tout cas ce qu’il assure dans Dabiq, l’un de ses magazines de propagande. Libération, qui relaye l’information, explique que la personne désignée comme étant l’auteur de l’article, l’otage britannique John Cantlie, reconnaît que le scénario est « tiré par les cheveux » mais qu’il est « infiniment plus possible aujourd’hui qu’il ne l’était il y a tout juste un an ».

 

« L’État islamique a des milliards de dollars dans ses caisses donc il peut appeler ses filières au Pakistan pour acheter une bombe nucléaire grâce à des revendeurs liés à des officiels corrompus de la région. Et s’il ne s’agit pas d’une bombe, pourquoi pas quelques milliers de tonnes d’explosifs au nitrate d’ammonium ? C’est assez simple à fabriquer », écrit l’auteur de l’article.

 

Les différents médias qui ont relayé cette information soulignent que Daech aurait énormément de mal à mettre son projet à exécution. Conflict-News considère même ses chances comme « ridiculement basses ». Selon Joe Cirincione, un spécialiste du nucléaire, auteur d’une tribune dans pour le Huffington Post, le risque n’est toutefois pas nul et il est nécessaire de renforcer la protection des sites nucléaires.

 

L’auteur supposé de cet article, John Cantlie, est l’un des plus anciens otages de l’État islamique. Journaliste, il est apparu dans plusieurs vidéos et « reportages », a priori contraint et forcé, pour le compte de l’organisation terroriste.

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Fuites d’eau en série et mensonges à la centrale de Fessenheim : les associations antinucléaires alsaciennes et le Réseau

Fuites d’eau en série et mensonges à la centrale de Fessenheim : les associations antinucléaires alsaciennes et le Réseau | Think outside the Box | Scoop.it

Ce 21 avril 2015, les associations Réseau 'Sortir du nucléaire', Stop Fessenheim, Stop Transports – Halte au nucléaire, le CSFR et Alsace Nature, soutenus par le Réseau Fukussenheim et Les Citoyens Vigilants des environs de Fessenheim, déposent plainte contre EDF, exigeant la condamnation de l’exploitant de la centrale nucléaire de Fessenheim pour les infractions commises lors des fuites survenues les 28 février et 5 mars 2015.

 

Deux fuites consécutives largement minimisées

Le 28 février 2015, EDF déclarait la mise à l’arrêt du réacteur n° 1 de la centrale de Fessenheim suite à un « défaut d’étanchéité » sur une tuyauterie. Ce sont en réalité plus de 100 m3 d’eau [1] qui ont jailli, suite non pas à un défaut d’étanchéité mais à une rupture de tuyauterie, et qui se sont déversés dans la salle des machines, éclaboussant des boîtiers électriques et provoquant un défaut d’isolement sur un tableau électrique.

Le 5 mars, la tuyauterie a été remise en eau, contrairement aux engagements pris par EDF auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et sans qu’aucune évaluation des causes de la rupture de la tuyauterie ni des impacts de la fuite n’ait été réalisée. Quelques minutes après, elle se rompait de nouveau, à un autre point, en présence des inspecteurs de l’ASN…

Le 10 mars, interrogé lors d’une séance de la CLIS (Commission locale d’information et de surveillance) sur ce double incident, le directeur de la centrale a clairement failli à son obligation d’information, passant volontairement sous silence la réalité de l’événement.

 

Une communication d’EDF vivement critiquée par l’ASN

Le mercredi 15 avril, lors de la présentation devant l’Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Techniques du rapport annuel de l’ASN, son président, Pierre-Franck Chevet, a vivement critiqué la communication d’EDF, la qualifiant de «  décalée », déclarant ne pas être « content de la manière dont ils ont informé » et s’inquiétant de « l’empressement [de l’exploitant] à vouloir redémarrer le réacteur ». Un procès-verbal pourrait d’ailleurs être transmis à la justice.

 

Une plainte contre un exploitant délinquant

D’après EDF, la première rupture de tuyauterie serait due à une fatigue vibratoire... C’est donc l’usure qui aurait eu raison de celle-ci.

Cet événement met en lumière le mépris de la sûreté dont EDF a une nouvelle fois fait preuve. L’exploitant de la centrale de Fessenheim n’a pas su tirer les leçons de l’« incident » survenu en avril 2014 [2]. Quant aux agissements d’EDF - minimisation de l’incident, mensonge à l’ASN, omission auprès de la CLIS – ils laissent plus que songeur quant à l’attitude que l’entreprise adopterait en cas d’accident de grande ampleur !

C’est pourquoi les associations antinucléaires ont décidé de porter plainte contre EDF et contre Thierry Rosso, directeur de la centrale au moment des faits. Les associations espèrent une condamnation sévère de l’exploitant délinquant. Le dépôt de plainte officiel aura lieu ce 21 avril dans l’après-midi.

Rendez-vous est donné à 15h30 devant la CLIS de Fessenheim, rue Messimy à Colmar. Après une déambulation avec mise en scène dans les rues de Colmar, la petite délégation se rendra devant le Palais de Justice (Tribunal de grande instance de Colmar) vers 16h30. Une copie de la plainte sera symboliquement déposée au Tribunal pendant que nous transmettrons officiellement la plainte par fax et lettre recommandée au Parquet de Colmar. Un point presse aura lieu suite à l’action et des copies de la plainte seront distribuées aux journalistes présents.

Les associations réitèrent leur demande d’arrêt immédiat de la centrale et prévoient d’amplifier leur mobilisation. Elles appellent également à un rassemblement large lors de la manifestation tri-nationale qui se tiendra le dimanche 26 avril à 11h30 devant Fessenheim.

 

Consultez le dossier juridique :
http://www.sortirdunucleaire.org/Fessenheim-fuites-en-serie

Contacts presse :

André Hatz – 06 82 02 69 79
Rémi Verdet – 06 13 36 71 89
Marie Frachisse – 07 62 58 01 23

Chargée de communication : Charlotte Mijeon – 06 75 36 20 20

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Perte record en vue chez Areva

Perte record en vue chez Areva | Think outside the Box | Scoop.it

Le groupe devrait afficher un déficit net de l'ordre de 4 milliards d'euros. Il planche sur un plan d'austérité et de reconfiguration stratégique. Mais l'État devra mettre la main à la poche.

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C'est un sinistre industriel et financier qui s'annonce. Le 4 mars, Areva publiera ses comptes 2014 et donnera le coup d'envoi à un plan de restructuration qui s'annonce douloureux pour le groupe public, ses salariés… et les finances de l'État.

Côté chiffres, l'addition sera salée. De sources concordantes, Areva s'achemine en effet vers une perte nette de l'ordre de 4 milliards d'euros pour 2014, comme l'a évoqué L'Opinionmardi. Un chiffre encore susceptible d'évoluer du fait des travaux en cours et qui correspond peu ou prou à l'équivalent des capitaux propres du groupe. Areva se refuse à tout commentaire.

L'État, actionnaire à 87%, sait déjà qu'il n'aura pas le choix et qu'il devra recapitaliser le groupe français leader mondial du nucléaire. Ce renflouement n'interviendrait cependant pas avant plusieurs mois; il viendra boucler l'équation financière d'Areva une fois engagés, et chiffrés, les autres chantiers de la restructuration.

L'année 2014, qualifiée «d'éprouvante»

Areva avait commencé à préparer le terrain au début du mois, en publiant son chiffre d'affaires en recul de 8% sur l'ensemble de l'année 2014, qualifiée «d'éprouvante» par le nouveau directeur général Philippe Knoche. Le groupe prévenait alors qu'il envisageait d'importantes provisions supplémentaires qui s'ajouteront à celles déjà constituées au premier semestre - conclu sur une perte de près de 700 millions d'euros.

Depuis, le groupe nucléaire, endeuillé par le décès de son ancien patron Luc Oursel, a décidé de passer ses comptes à la paille de fer, sous la pression financière et sous celle de l'État. Éreinté par des années de provisions sur le chantier finlandais d'Olkiluoto, de dépréciations sur l'acquisition d'Uramin et sur ses activités dans les énergies renouvelables, endetté de 4,5 milliards d'euros à fin 2013, Areva a vu sa notation dégradée en catégorie spéculative, tandis que son cash-flow est passé dans le rouge.

Le groupe, dont le conseil d'administration a réuni mercredi ses comités d'audit et de la stratégie, planche d'arrache-pied tout comme les équipes de Bercy, au cabinet d'Emmanuel Macron et à l'Agence des participations de l'État (APE), sous l'œil vigilant de l'Élysée.

Le 4 mars, Areva devra lever le voile sur l'ampleur de ses difficultés. Ce sera donc provisions et dépréciations à tous les étages. Une grande partie du milliard d'impôts différés inscrits à son bilan passera ainsi à la trappe. Il y aura aussi des provisions sur «perte à terminaison de contrats» à constituer. De sources concordantes, cela atteindra environ 600 millions d'euros sur le désormais tristement célèbre réacteur EPR d'Olkiluoto 3 en Finlande.

Business plans irréalistes

Il faudra aussi couvrir les projets de modernisation de certaines installations, comme le réacteur de recherche du CEA à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône. Mais surtout, Areva - enfin - ajustera la valeur de ses actifs industriels à la réalité de son activité.

Et le choc est rude. La crise financière de 2008, les crises souveraines, l'«hiver nucléaire» qui a succédé à la catastrophe de Fukushima en mars 2011 et la renaissance des énergies fossiles ont fauché toutes les belles perspectives d'une entreprise, dont la patronne Anne Lauvergeon avait fondé ses ambitions sur le renouveau du nucléaire. «Le marché d'Areva est aujourd'hui 40% ou 50% inférieur aux projections que le groupe avait faites à l'époque», explique un proche du dossier. La situation ne s'arrange pas: au second semestre 2014, le groupe a encore dû constater des décalages d'investissements, en Chine par exemple mais aussi en France où EDF tarde à donner le coup d'envoi du «grand carénage» de son parc nucléaire.

Mais Areva avait engagé, entre 2005 et 2008, un programme de 10 milliards d'euros d'investissements à l'appui de ses ambitions. Pis, le groupe et ses dirigeants successifs se sont longtemps voilé la face sur la crise qu'ils avaient à affronter. Même après le premier plan d'économies lancé en 2012 par Luc Oursel, Areva restait accroché à des business plans irréalistes, affirme un bon connaisseur du dossier.

Conséquences sociales

Exemple avec Comurhex II, l'outil de conversion d'uranium - la première étape de la transformation du minerai en combustible - des sites de Tricastin et de Malvési. Le projet a été lancé en 2007 avec une enveloppe de 610 millions d'euros d'investissements à la clef. Sept ans plus tard, le chantier est toujours en cours et son coût dépasse le milliard d'euros. Une somme sur laquelle Areva s'apprête, selon nos informations, à constater une dépréciation massive, de plusieurs centaines de millions d'euros.

«L'objectif, martèle un proche du dossier, c'est de restaurer la compétitivité d'Areva.» Le groupe, qui a réalisé 750 millions d'euros d'économies environ depuis fin 2011 (sur le milliard prévu sur la période 2012-2016), va lancer une nouvelle cure d'austérité. Selon plusieurs sources, elle devrait atteindre 1 milliard d'euros sur trois ans qu'il faudra gagner sur les achats mais aussi sur les frais de personnel.

Les salariés en sont conscients et s'attendent, pour la première fois, à des mesures de réductions d'effectifs en France, à la fois au niveau industriel et dans les fonctions support et de siège (en 2012, l'Hexagone avait été épargné, notamment sous la pression du gouvernement de l'époque). Les représentants du personnel ont cependant à ce stade assez peu de visibilité sur l'ampleur de la saignée, la direction étant pour l'heure engagée dans une phase de partage du diagnostic sur la situation du groupe. «Des mesures de réduction des personnels sont très clairement à l'ordre du jour. Mais elles seront scrutées à la loupe par les pouvoirs publics, explique un proche du dossier qui veut croire que le groupe pourra surtout jouer sur la pyramide des âges. Environ 20% de la masse salariale a plus de 50 ans, cela ouvre des pistes pour juguler de façon naturelle les effectifs.»

Bourbier finlandais

Areva n'en a pas fini avec son cauchemar finlandais. De nouvelles provisions, de l'ordre de 600 millions selon nos informations, aggraveront encore le dérapage de 3,9 milliards déjà constaté et qui a porté la facture globale à 7,4 milliards. Côté calendrier, Areva ne donne plus de date de fin de chantier ou de mise en service. Deux à trois ans minimum, estiment plusieurs sources, «en supposant que les deux parties coopèrent», précise l'une d'elles. Mais entre Areva et son client TVO, l'incompréhension réciproque est totale. Chacun réclame à l'autre de l'ordre de 2 milliards d'euros dans le cadre d'un arbitrage international. Selon certains experts, l'idéal serait évidemment de pouvoir se rasseoir à la table des négociations avec TVO et de suspendre cet arbitrage qui fait peser un risque sur les deux parties.

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Sûreté nucléaire de l'EPR de Flamanville : EDF navigue à vue

Sûreté nucléaire de l'EPR de Flamanville : EDF navigue à vue | Think outside the Box | Scoop.it

ANALYSE. Alors que l’EPR de Flamanville (Cotentin) est en construction depuis sept ans, EDF n’a toujours pas apporté de réponse satisfaisante à des questions fondamentales de sûreté nucléaire. A tel point que les experts officiels qualifient de « régression » un choix récent d’EDF pour la sûreté de l’EPR. Le temps commence à manquer à l’électricien, qui ne dispose plus que de quelques mois pour boucler la démonstration de sûreté de l’EPR.

 

Par Louis Germain et Martin Leers

 

Si l’EPR[1] de Flamanville n’en finit pas avec les surcoûts, retards et malfaçons, la conception même de la sûreté nucléaire du réacteur est, elle aussi, toujours en chantier. L’EPR est pourtant présenté par EDF comme un réacteur nucléaire « doté d’un niveau de protection très élevé ». Pour Areva, le concepteur et fournisseur de l’EPR de Flamanville, c’est « un réacteur d’une sûreté sans équivalent, extrêmement résistant aux incidents internes comme aux risques externes. »

L’expertise de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) donne un autre son de cloche.

Un rapport de l’IRSN, porté à la connaissance du public le 4 décembre dernier, explique qu’EDF a fait un choix technologique sur un équipement capital pour la sûreté du réacteur EPR qui « constitue une régression en termes de sûreté par rapport à la conception des réacteurs du parc en exploitation[2]. » Quelle est cette pièce importante pour la sûreté de l’EPR ?

Il s’agit de la soupape de sûreté du pressuriseur[3]. A l’image de la soupape d’une cocotte-minute qui permet de relâcher la pression pour éviter que la cocotte n’explose, la soupape de sûreté permet de relâcher la vapeur au cas où la pression devient trop importante dans le circuit primaire. Cette soupape se situe sur le pressuriseur, chargé de réguler la pression et la température du circuit primaire, qui contient le combustible nucléaire et où circule de l’eau pour le refroidir. Une surpression non maitrisée pourrait conduire à la rupture de la cuve, un accident majeur.

Inversement, une soupape de sûreté qui ne se refermerait pas et relâcherait en continu la vapeur, pourrait conduire en association avec d’autres dysfonctionnements, à la vidange du circuit primaire et à la fusion du cœur. Le directeur du service des centrales nucléaires de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Thomas Houdré nous confirme que le rôle de cette soupape est « d’éviter les accidents, d’éviter la rupture du circuit primaire et d’assurer le confinement des substances radioactives ».

Une des causes principales de l’accident nucléaire majeur de Three Mile Island (Etats-Unis) en mars 1979 provenait d’une vanne du pressuriseur qui ne s’était pas refermée. Dès le lancement du parc nucléaire français, des défaillances sur des soupapes de sûreté du pressuriseur ont mené à leur remplacement par des soupapes « en tandem » : une deuxième soupape en aval de la soupape de sûreté permet de fermer cette dernière si elle s’y refuse.


EDF demande une dérogation pour un élément clé de la sûreté de l’EPR

(...)

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L'escroquerie Nucléaire

L'escroquerie Nucléaire | Think outside the Box | Scoop.it
Charlie Hebdo le site – Fabrice Nicolino


C’est un peu con d’écrire comme Le Monde, mais le nucléaire est à un tournant. Même si les services de propagande d’EDF et d’Areva font tout pour le cacher, la folle aventure de l’atome se barre en sucette. En couille, pour être franc. La dernière blague — en cours — est belge. Le réacteur numéro 3 de la centrale de Doel, en Flandre, a été arrêté après des contrôles aux ultrasons qui ont révélé l’existence de 10 000 anomalies dans la cuve. Et, parmi elles, des milliers de fissures, dont les plus grandes atteignent 20 mm. On appelle cela une catastrophe industrielle.


Un qui s’en fout, c’est le fabricant de la cuve, le groupe néerlandais Rotterdamsche Droogdok Maatschappij, disparu sous ce nom en 1996 après avoir vendu vingt cuves du même type dans toute l’Europe et sur le continent américain. Mais la France n’est pas la Belgique, non? Ben, on se demande: au moment où Charlie boucle ce hors-série, on apprend que les réacteurs nucléaires français ont, eux aussi, leurs fissures. Mais, comme le serine la chanson officielle, rien à voir avec celles des si minables cuves belges.

Le merdier est partout. L’Allemagne a renoncé au nucléaire et prend trente ans d’avance sur nous en misant sur le soleil et le vent. Fukushima a démontré qu’aucune technologie, aussi «avancée» qu’elle semble, ne met à l’abri de la catastrophe majeure. Chez nous, Areva a perdu plus de deux milliards d’euros en 2011 et doit à n’importe quel prix fourguer son nouveau réacteur expérimental, l’EPR, à des pays solvables, aussi stables que la Chine, au bord du gouffre. Mais les deux prototypes d’EPR en construction, en Finlande et en Normandie, sont la risée générale, multipliant les (énormes) retards, explosant les coûts, accumulant les embrouilles et… les fissures.

En résumé, tout va bien

En résumé, tout va bien. Mais les enjeux sont tels qu’il faut continuer à sourire sur les photos de groupe. C’est ce moment que choisit Charlie pour raconter à sa façon une histoire profondément française. Notre journal est né en même temps que le programme électronucléaire. Son premier numéro, après l’interdiction de Hara-Kiri Hebdo, date du 23 novembre 1970. Six mois plus tard, sous l’impulsion de Fournier, soutenu par Cabu, Cavanna, Reiser et tous les autres, Charlie lançait la première grande manif antinucléaire, à Bugey, dans l’Ain. Ceux qui ont connu cet été 1971 n’en sont pas revenus. Charlie non plus. La contestation du nucléaire et de ses inimitables méthodes est dans nos gènes. Non, on n’aime pas les salopards qui ont créé, sans le moindre débat, cette industrie de la terreur. Oui, on veut la fin du cauchemar. Vous allez découvrir dans ce hors-série de Charlie quantité de choses que les gazettes arrosées de pub atomique ne vous ont jamais dites.

Des personnages sortis de la naphtaline, comme Guillaumat, Mendès, de Gaulle, Messmer, s’apprêtent à prendre la parole pour dire enfin ce qui s’est vraiment passé. La commission Peon, qui aura à peu près tout décidé en notre nom, fait un coming out on ne peut plus involontaire. EDF et le CEA, qui donna naissance à Areva, apparaissent enfin pour ce qu’ils sont: des machines de guerre. Car voilà la vérité cachée de ce dossier infernal: une poignée de soi-disant responsables jouent notre avenir commun à la roulette russe. Contrairement à ce qui a été affirmé pendant quarante ans par les joyeux atomistes associés, le risque d’accident grave est réel. Et, du même coup, cinglé. Qui a envie de fuir un nuage radioactif? Qui a envie de vivre dans une France privée à jamais du Cotentin ou de la vallée du Rhône ? Qui se souvient que la centrale de Nogent-sur-Seine n’est qu’à 80 kilomètres de Paris?

Contrairement à ce que les bons esprits racontent dans les salons, il n’y a pas de compromis possible avec le nucléaire. Demander moins de nucléaire, c’est réclamer de moins mourir. Les socialistes au pouvoir ont massivement choisi: le gouvernement en place, bien loin des fausses frayeurs du candidat Sarkozy, est empli de militants du nucléaire. Au fait, qui a déclaré: «je crois au contraire que le nucléaire [...] justifie pleinement l’organisation d’un vaste débat dans notre pays ; enfin informés, les Français pourront se prononcer par référendum»? Qui? François Mitterrand en 1981. Il n’est jamais trop tard pour tenir une promesse. Charlie, après bien d’autres, réclame un véritable référendum sur l’avenir du nucléaire. Il permettra d’enfin tourner la page. Chiche ?


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Hollande sur le point de condamner la France au nucléaire

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Pour la députée européenne Corinne Lepage, le président de la République a peu de chances de tenir ses promesses sur le nucléaire.

 

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La 38ème des 101 propositions de François Mitterrand en 1981 était la suivante : «L’approvisionnement énergétique du pays sera diversifié. Le programme nucléaire sera limité aux centrales en cours de construction, en attendant que le pays, réellement informé, puisse se prononcer par référendum. Les crédits en faveur des énergies nouvelles ou des techniques nouvelles d’exploitation des énergies traditionnelles (charbon) seront très considérablement augmentés». On sait ce qu’il en fut. Les deux tiers des réacteurs nucléaires furent construits ou mis en activité au cours de ses septennats, aucun référendum bien entendu n’a été organisé et, mis à part Plogoff, aucune décision de limitation du nucléaire n’a été prise.

Paradoxalement, le quinquennat de François Hollande sur ce sujet pourrait bien aboutir à un résultat comparable. Certes, le président de la République a pris l’engagement de réduire à 50% la part du nucléaire dans le bouquet électrique en 2025. Mais, pour y parvenir, il faudrait fermer un certain nombre de centrales à commencer par Fessenheim et développer, à hauteur au moins correspondante, les énergies renouvelables. Chacun sait que les énergies renouvelables sont particulièrement maltraitées, malgré les envolées lyriques, et que la France ne sera même pas en capacité d’atteindre les engagements qu’elle a pris au niveau communautaire, soit 23% d’énergies renouvelables en 2020. Par ailleurs, si la ritournelle de la fermeture de Fessenheim en 2016 est parfaitement rodée, sa réalisation effective à la date prévue a plus que du plomb dans l’aile. Enfin, très tranquillement, au lendemain de la deuxième conférence environnementale qui n’a eu de concret que le volet rénovation énergétique des bâtiments, il est annoncé que la prolongation à 60 ans de la durée de vie des centrales est quasiment un fait acquis, concrétisée par un plan d’investissement de 50 milliards d’euros, avec la bénédiction de l’Autorité de sûreté nucléaire.

Un choix suicidaire

Ce qui est étrange, c’est le silence assourdissant de ceux qui ont fait un ultimatum de la taxe diesel, qui n’est pas venue, et qui semblent considérer comme tout à fait normal cette décision fondamentale qui conduit vraiment à s’interroger sur l’intérêt et le sens du débat national sur la transition énergétique. En effet, le scénario voulu par le lobby nucléaire, qui s’est bien gardé de le défendre directement lors du débat national sur la transition énergétique, laissant le scénario Négatep défendu par une association prendre sa place, est en train de se dérouler dans une quiétude totale. Ce scénario est très simple : prolongation de la durée de vie des centrales à 60 ans, remplacement des centrales arrivées en fin de vie par quelques EPR (à la condition bien sûr qu’EDF soit capable d’en mettre un en service, ce qui n’est pas garanti) et mise en route des réacteurs de la quatrième génération puisque le gouvernement, dès son arrivée aux affaires en juillet 2012, a donné son feu vert.

Cette stratégie pose trois problèmes majeurs :

Le premier, qui est plus important, est celui de savoir si ce choix sur le plan économique, industriel et financier n’est pas purement et simplement suicidaire. En effet, le coût croissant de l’électricité d’origine nucléaire, alors que les coûts de production des énergies renouvelables baissent considérablement, la capacité de stocker l’électricité qui est en passe d’être une réalité et qui résout le problème de l’intermittence du renouvelable, le développement de filières industrielles nouvelles créatrices d’activité économique et d’emplois, sont autant de raisons de douter du bien-fondé d’un tel choix. De plus, le risque croissant d’un accident nucléaire majeur en France, alors que le président de l’Autorité de sûreté nucléaire reconnaît lui-même la possibilité d’un risque systémique affectant tout ou partie des réacteurs, paraît traité avec le plus grand mépris. Pourtant, dans une telle hypothèse, que personne n’ose même envisager, notre pays serait anéanti. Rappelons simplement que l’évaluation du coût d’un accident majeur varie de 500 milliards à 5 000 milliards pour l’IRSN alors même que le montant de l’assurance aujourd’hui prévue par EDF est de 91,5 millions ! Mieux vaut en rire qu’en pleurer.

La population française écartée

Le second problème est de nature démocratique. Certes, un débat national sur la transition énergétique a eu lieu. Mais outre le fait que l’immense majorité de la population française n'y a pas participé et n’y a pas été associée, ce débat n’a aucunement porté sur ce sujet là. Autrement dit, on a laissé disserter sur les différents scénarios possibles sans jamais mettre en débat le fait que le choix était déjà fait et que ce choix n’était précisément pas dans le débat. A cet égard, même si on peut comprendre la difficulté de la position des ministres verts, l’honnêteté élémentaire devrait les conduire au moins à reconnaître la vérité et leur incapacité à peser sur le choix. Mais en tout cas, le gouvernement s’apprête à engager la France sur 30 ans au moins, sans même que l’avis de nos concitoyens n’ait été requis. En bref il n’y a guère de progrès depuis 1973, la commission PEON et le gouvernement Messmer.

Le troisième problème tient aux relations franco-allemandes et à l’évolution d’une Europe de l’énergie. La politique totalement divergente menée par la France au regard de tous ses voisins (Belgique, Allemagne, Italie et même Suisse), à l’exclusion de la Grande-Bretagne où EDF a mis la main sur British Energy (pour défendre le nucléaire et disposer d’un allié en Europe), rend impossible la création d’une Europe de l’énergie. En effet, il faut un minimum de convergence sur la place à donner aux énergies renouvelables, sur l’efficacité énergétique, sur la généralisation de la méthanisation en agriculture, pour pouvoir précisément construire cette Europe de l’énergie. L’addiction française au nucléaire, unique au monde, induit un modèle centralisé - alors que le modèle allemand est décentralisateur -, condamné aux pointes génératrices de CO2, immobilisant des centrales le reste du temps inutiles, faisant découvrir des risques immenses et donc condamné à une opacité et une absence démocratique inévitables.

Est-il dit que le quinquennat de François Hollande sera celui de la condamnation de la France au nucléaire pour tout le XXIème siècle ?

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