L’indicateur de progrès véritable : est-ce lui qui va remplacer ou compléter le PIB ? | Nouveaux paradigmes | Scoop.it

La carrière des indicateurs est une chose intéressante. Certains semblent installés pour des lustres pendant que d’autres aspirent à les détrôner ou à les compléter. Leur carrière future dépend des « réseaux d’intéressement » (termes de sociologues de l’innovation) qui se forment pour les défendre, et de l’influence de ces réseaux sur les décisions politiques, lesquelles sont seules en mesure de décider que tel ou tel indicateur sera désormais placé en haut de l’agenda politique et donc statistique.

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En fait, cet IPV, une variante de ce qu’on appelait les « PIB verts », existe depuis les années 1990 mais essentiellement aux Etats-Unis où il est né, à l’initiative d’une fondation californienne, «Redefining Progress» www.rprogress.org

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Dans mon billet de 2008, je menais des critiques de ces indicateurs et de leur façon de tout transformer en monnaie afin d’être directement comparables au PIB, ce qui est leur atout « communicationnel » majeur. Je ne vois pas de raison de modifier mes critiques de l’époque. Mais en voici une autre qui ajoute au trouble. (...) si le progrès véritable est si véritable que cela, le pays qui, parmi les pays riches, bat tous les records sur le plan des inégalités, de la pauvreté, des violences, de l’exclusion, des émissions de gaz à effet de serre, de l’empreinte écologique par habitant, des OGM, des gaz de schiste, de la consommation d’eau, et bien d’autres records de ce type, devrait être très mal classé !

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Le drame est que même les plus écolos des économistes restent (presque tous) des économistes… Leur réponse est double :

 

1) l’IPV n’est pas un indicateur de soutenabilité, mais un indicateur de « bien-être économique » (c’est-à-dire lié aux activités économiques) très supérieur au PIB ;

2) « il vaut mieux avoir approximativement raison que précisément tort » (p. 55).

 

Bonne formule, mais, avec l’IPV, ont-ils « approximativement raison » ou largement tort ? Cet indicateur nous indique-t-il ou non un bon cap ? Je ne crois pas que les PIB verts feront carrière. L’ampleur de la crise écologique est telle qu’ils seront débordés.